 |
évasion |
"Vous voulez vous foutre sur la gueule ? Allez y foutez vous sur la gueule. C'est bon, vous êtes calmés ? Comment ça y en a un qui a mal ? Vous sentez le gout du sang là ?"
10 octobre, il neige. Je flanche.
Tous ces petits matins dont je n'arrive pas à cerner la magnificence, ou je n'ai personne pour me tenir la main, à peine quelques âmes égarées qui traversent ma solitude silencieusement. En cavale, ni belle, ni tragique, j'erre à la recherche de quoi passer le temps, car on s'en fout de tout quand on attends. Patiemment je vois les jours passer, le soleil se lève imperturbablement pour aller se recoucher au même endroit tandis que ses enfants se déchirent. J'ai l'impression de vivre dans un grand cirque. Entourée de singes savants qui connaissent bien leurs leçons, je passe pour le clown, triste parfois. Je voudrai juste te retrouver, c'est tout ce que j'attends, et que tu me mordes les doigts encore. Belle nuit qui vient, sans vie, belle nuit pour les insomniaques. Pour toi, de l'autre côté du pays, derrière mille montagnes et mille vallées et tout ce qui nous sépare dans le creux d'un oubli réconfortant qui permet de vivre malgré le fracas de tout ce qu'on a perdu qui se brise comme du verre sur le carrelage, quand je lancais encore des objets même s'ils m'ont au moins évité les contendants. J'ai un passé poids lourd, alors que j'aurais voulu m'envoler légère, vers toi, telle une plume libre de tout emmerdement. Je sais que j'en ai trop pris, toi, peut-être pas assez, j'ai eu des expériences par le passé pas dorées à l'or fin, c'est sans doute ça qui fais que je suis ainsi maintenant. Aujourd’hui quand la nausée et la terreur grimpent comme une envie de vomir, j'essaie de penser à ceux qui m’aiment comme ça. Imparfaite. J'essaie de croire que malgré tout ça marchera, qu'on esquivera le blizzard qui me poursuis depuis mes années mortes. A force le monde se vide et oui c'est vrai tout se vide autour et on se demande pourquoi, comme si on ne le savait pas. De toute manière à la question pourquoi on sait très bien qu'il ne faut jamais répondre sinon on ne comprendrait même pas ce qu'on fait ensemble, pourquoi on continue à écrire un roman baclé, absurde, à quatre mains qui se tiennent, qui s'empoignent, qui aimeraient ne pas se quitter, mais les têtes, elles, elles ne sont pas d'accord et elles s'inventent des excuses à des kilomètres pour partir, partir toujours plus loin pour poursuivre une liberté qui n'existe même pas. Je sais que je peut te faire peur parfois quand dans ma tête ça galope comme ça à pein régime mais j'y peut rien j'espère que tu le comprends, ça se contrôle pas, c'est la frénésie qui me pousse à faire des trucs pas nets, et tu me regarderas d'un air ébahi faire des choses bizarres dans un mouvement halucinatoire, sans trop saisir comment on peut en arriver jusque là.
Et même si un jour je m'ennuyais, si tu partais je devrais te retrouver. Je ne pourrais jamais aussi bien m'ennuyer avec un autre