"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide
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mardi 29 septembre 2015

Résister



"Nous avons toujours un choix, et ne serait-ce que de ne pas nous incliner devant ceux qui nous en privent." Kunze


Mounier Gabriel
Caporal
Mort pour la France le 01/08/1944 à l'age de 21 ans

Nécropole de Vassieux-en-Vercors.
Partout ici l'émotion est immense. Les nazis ont massacrés les Résistants maquisards et les habitants du Vercors durant la guerre. Les enfants et moi nous circulons dans ce haut lieu de mémoire entre les tombes sobres de centaines de martyrs. La moyenne d'âge des Résistants est de 24 ans, le plus jeune en avait 17. Et l'un d'entre eux portait le même prénom et avait le même age que moi. Chaque tombe représente une somme de souffrance incroyable. Et celle ci me questionne : tu aurais fait quoi toi ? Qu'est ce que tu raconteras à tes gosses ? Que tu as passé ta vie la bouche noire de cendre et le corps asphyxié à force de fumer des joints, les yeux Fermés ?
Tant de gens qui ne m'ont jamais connu sont morts pour ma liberté et tant de gens luttent aujourd'hui pour la leur. Qui suis-je pour m'en foutre ?
Chaque jour j'essaie d'être un peu plus grande, un peu plus forte, un peu plus sensée que la veille, chaque jour j'essaie d'apprendre et de comprendre un peu plus. Je me suis toujours dit qu'il fallait que je m'en sorte, que je me devais de m'en sortir mais pour moi seulement. Il est temps de délaisser l'égoïsme qui nous cloître chez nous. Il est temps de s'engager sans esprit de compromission. Il est temps de résister contre l'époque qui nous enferme dans notre petit corps infâme.
Il est grand temps de se battre.
L'oeil nervuré d'espoir, je me remercie pour les routes longues et sans éclairages qui valent absolument la peine qu'on les emprunte. L'âme désormais secouée par l'ambition de vivre sans faillir.

Sens tu la liberté qui tempête en toi et ne demande qu'à te guider ?


mardi 15 septembre 2015

Humanité




C'est la catharsis d'une année en Enfer
L'espoir qui jaillit de nos plaies les plus profondes, 
Un gigantesque point de chute pour toutes les utopies
La pluie qui bat son refrain sur des gens heureux. 

Tu apprendras à te fier à ton intuition et tu comprendras qu'elle est presque infaillible
Tu ne te méfieras plus de toi même, tu pourras t'aimer comme tu le mérites
Tu découvriras en l'autre un terrain immense de possibilités
De ces souvenirs qui façonnent l'âme en profondeur
Des milliers de battements de coeur. 

Zone de liberté temporaire.
Splendide humanité. 

"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent." 


vendredi 8 mai 2015

Vingt deux ans partis




En tailleur au dessus de la voix ferrée, a regarder les trains passer
Pensant que plus aucun ne pourra nous mener vers toi désormais, 
Les aiguilles des années tournent pour la vingt-deuxième fois aujourd'hui
Mais que faire si tu es déjà parti ? Espérer
Prier pour ce qu'il y a à réparer en nous maintenant, 
Cerveaux rouillés par les questions et des coeurs défaillants
Défiants à l'unisson le fait même d'être vivant
Incompréhension béante de ceux qui restent à l'égard des absents. 

Quand on se reverra, dans un rêve ou un cauchemars vers minuit
J'espère que j'aurai grandi, que j'aurai fait de ma vie un truc dont je pourrai être fière
Enfer ou paradis ? On cherche encore la lumière, 
Mais tout est en partie détruit, plongé dans le silence,
On tente de faire taire les voix qui qui soupirent qu'on avait pas tout dit
La bouche ronde ouverte dans une exclamation aphone, 
Le regard dénué d'intelligence, 
Des cicatrices pas refermées sur lesquelles on renverse du sel. 



mardi 5 mai 2015

Chère L


Tout d'abord je te prie d'accepter mes excuses pour la nullité de ma capacité à m'exprimer en te disant au revoir, muette devant l'envergure du vide à combler en toi. Je t'offre mes sourires comme tant d'espoirs de renaissances, peut être vains mais sincères.

Les gens me demandent comment ça va, si je tiens le coup, si je m'en sors et ça me parait absurde. Moi je pense à toi, à vous, qui êtes si droits et si forts, qui résistez vivement aux assauts de la tristesse, exemplaires. Je vous souhaite beaucoup de courage et de se serrer les coudes. On retiendra les leçons de tout ça et tu me le disais toi même, la vie ne tiens qu'à un fil alors prends soin des autres.

 Comment expliquer, raconter, décrire ce qui se passe ? Tout a dérapé d'un coup, il devait revenir, il devait être là... C'est un casse-tête qui niche dans nos encéphales pour comprendre ce qui est en train de se passer, tout ce dont il retourne. Le bide creux et les Pyrénées sous les yeux à forces de larmes qui érodent nos joues.

Mais je voudrais te dire que tout ira bien et que tu t'en remettras. Je voudrais te promettre qu'il y aura à nouveau des étés heureux, des rires insomniaques et de l'amour. Un jour...

Mes mots restent désespérément stupides, incapables de délier ce qui se passe dans mon crane, d'évoquer sans manquer de pudeur ou d'exactitude des souvenirs tranchants. Ce passé qu'on regrettera, qu'on regrette déjà et bientôt ce futur à l'horizon plus qu'incertain.

Les nuits seront blanches et froides longtemps. Mais tant qu'on est pas seuls, on est immortels et lui aussi. Jamais on ne pourra envisager d'en finir, de foutre le camp de manière définitive. 

J'aimerais te parler de ce qu'on reconstruira par dessus les ruines de cette époque une fois qu'on sera guéris. 

A vous tous, et à toi.

G

jeudi 30 avril 2015

Cointreau




Et c'est comme un petit miracle qu'on soit tous là le nez blindé de morve et passant aléatoirement du rire aux larmes dans une douce frénésie. A toi, à ta droiture, à ton sourire. Un verre de cointreau pour tout ceux qui désormais ne dormiront plus, ne comprendront jamais. Tu nous laisse des cratères à la place du coeur et du vide qui passe au travers, le chat est roulé en boule sous nos mines défaites, qui souffrent vivement de la même tristesse sans parvenir parfaitement à la partager. Attendre une mise en terre qui ne marquera en rien l'apaisement de la douleur, attendre. A toi, à tous ceux qui tiennent encore debout, et à tout ce qu'on te doit. Les mots dont je dispose ne sont pas assez précis ni assez superbes pour raconter ce que nous traversons avec exactitude. Les mots n'ont plus leur place ici, terre dédiée à une immensité de silence, et dans nos regards misérables qui se croisent, dans un hommage alcoolisé, tu es plus présent que jamais. On est tous là au delà des apparences, sans aucun maquillage ou apparat pour nous protéger, juste tels qu'on est face au miroir, désespérément seuls.



lundi 13 avril 2015

Encore une fois





et si l'alcool n'avait pas englué mes mots dans le fond de ma gorge j'aurais pu parler mieux, raconter les nuits vertes, bleues, sombres, passées les écouteurs battant le rythme des émotions comme s'ils les devançaient, la défaillance du coeur devant des événements qui me dépassent, les jambes mortes et le crane qui n'amortit plus, même malgré le bonheur violent qui traverse certains instants d'envolée. J'aurais pu dire le chemin parcouru depuis que je te connais, serrer ta main encore et m'abrutir d'un sentiment d'accomplissement immense devant la rétrospective d'événements minables et douloureux que j'ai traversé avant d'en arriver ici devant toi. j'aurais pu vous remercier, toi et tous les autres, saluer l'aide que vous m'avez apporté quand il était difficile de croire en quoi que ce soit, et la certitude que même dans la solitude la plus totale j'aurais toujours quelqu'un vers qui revenir au bout du compte. "Celui qui grimpe seul s’essouffle" alors heureusement qu'il y en a pour m'accompagner des insomnies aux moments de grace, sans juger ni contraindre, sans se désister malgré des absences passagères, sans jamais empiéter sur l'importance de la liberté. J'aurais pu rendre hommage à tous ceux qui contribuent à l'abolition de la peur qui est ancrée en moi par leurs mots et leur présence, qui m'apprennent à rester fidèle à moi  et à l'idée que je me fais de ce qui est bien. Encore une fois, la route est longue.
Encore une fois merci.


lundi 2 mars 2015

La route est longue

Long is the Way.



"Joli visage."
"Merci"
"Tu veux une bière ?"
"Non merci, la bière à dix heures du matin c'est pas trop mon truc"
"Ah je comprends. Tiens, prends de la vodka alors!"

Pas de surprise, pas de doutes. Oui, l'alcool ça réchauffe mieux que l'eau quand tu passes la journée dehors. Et ça fait passer le temps quand on s'ennuie, boire devient une activité en soi. Aucune hésitation. "Non merci c'est gentil." Rien d'autre à dire. A quoi bon essayer de les raisonner ?

"Qu'est ce que tu fais là mademoiselle ?"
"Je viens voir un copain."

Une vingtaine de personnes se tassent devant la petite porte de l'Accueil de jour, boivent de la Poliakov dans des gobelets en plastique, fument des cigarettes extorquées aux passants moitié compatissants, moitié écœurés, et parlent, parlent, parlent...

"Hé mais j'te connais toi ! Qu'ess'tu fous là?"

C'est S. qui m'a reconnu le premier. Il me serre dans ses bras, me fais la bise. On ne s'est pas vus depuis longtemps mais je me rappelle qu'il ne m'aime pas trop. Moi non plus, trop violent, trop agressif. Il ne me fait pas peur mais je n'apprécie pas ça. De toute façon si il viens me parler, c'est pour me demander du shit. "Désolée j'ai rien." Regard déçu. Je perd tout intérêt instantanément. Je pense à sa fille de 8 ans, me demande ou elle est, ce qu'elle fait quand son père est ivre mort du matin au soir, c'est à dire tous les jours.
Je croise J-M, un africain de 40 ans qui en parait 65. Lui ne me reconnait pas de suite. Il ne parviens pas à mettre un prénom sur mon visage, ni à se souvenir de ou on se connait. Pourtant on en a passé du temps ensemble dans le train à jouer aux cartes. Il sent l'alcool à plein nez. Je sais que parfois il dort à la Défense le soir quand il est trop saoul pour bouger jusqu'au CHU. Il a quasiment l'age d'être mon père et je relève l'absurdité de ceux qui ne conçoivent la misère sociale et le chômage que comme un problème de jeunes.

Je rentre dans le bâtiment, croise des gamins de mon age assis derrière un bureau, polis, peu souriants, peu bavards. Je commence mon activité préférée du matin, à savoir expliquer qui je suis et pourquoi je suis là. Ils sont moniteurs éducateurs et surtout les bras ballants. Je jette un œil à la liste des entrées : déjà 100 personnes sont venues prendre une douche, un petit-déjeuner, recharger leur téléphone ou faire une lessive. Le centre n'est ouvert que depuis une heure.  

On entend des hurlements dans la rue. Des mecs bourrés s'engueulent, insultent leurs mères respectives, se bousculent. "C'est normal ici. Ya rien à faire, tu attends qu'ils se calment." Je ne suis pas très convaincue, et encore moins quand un des gars sort un couteau et le pointe sous le nez de l'autre.

"Tu touches pas à mes enfants ! Personne touche à mes enfants sinon je le tue ! Je le plante, sur ma vie, je le bute celui qui touche à mes gosses."
"Personne vas toucher à tes gosses. Maintenant range ça de suite, ya les keufs juste là regarde."
"Tiens je te le laisse, prends le."

El la lame atterris dans tes mains. Tu désamorces une crise, me vois, grand sourire sous le début de calvitie. "Putain je pensais pas que tu viendrais, viens on va faire le tour." Tu ne me présentes plus comme ta petite sœur mais comme une futur éduc.
Le centre me parait d'une taille ridicule pour le nombre de personnes à faire entrer dedans. Parfois 250 en deux heures et demie et seulement deux assistants de service social. Une poignée d'éducateurs et de stagiaires, une dizaine de dames versaillaises bénévoles qui préparent le café ici depuis que leurs enfants ont quitté la maison. Avoir une utilité sociale... Des blancs, des noirs, des arabes, des asiatiques, des vieux, des jeunes,  très peu de femmes, venus manger un peu, mais surtout trouver de la chaleur humaine... Tout le monde s'exprime différemment, certains comme S. hurlent et tiennent des propos racistes contre les tibétains du foyer d'à côté, certains volent les stylos du bureau juste pour s'observer agir sur leur monde, certains ont juste besoin de rester assis et de regarder les autres passer en souriant.
Chacun est là pour se sentir vivre un peu. Toi comme les autres. Et moi aussi.

"Tu peux me dire que je suis un arabe, pour moi c'est pas une insulte, c'est ce que je suis. Par contre ne me traite pas de "sale arabe", tu sais moi je me lave deux fois par jour parfois trois, alors "propre arabe" si tu veux, mais pas "sale".

Je t'écoute parler à ces paumés, ces déficients et autres inadaptés, je te trouve tellement juste, si droit, j'ai tant à apprendre de toi. Et pourtant... je me rappelle très bien quand tu étais de l'autre côté de la barrière, quand c'était toi qui essayait de gratter un euro pour t'acheter un flash, quand tu étais ivre du matin au soir., ces semaines ou je vous quittais et te laissais mon appart pour que tu puisses t'abriter quelques nuits. Qui aurait cru à cette époque que tu parviendrais jusqu'ici ? Certainement pas toi.
 On y arrivera ensemble alors. Et toutes les prochaines fois ou on sera dans la rue ce sera pour tendre la main aux autre, plus pour s'y abimer.

Ca me donne envie de bouffer de l'espoir jusqu'à en crever, et le déverser partout. Aller dire à ceux qui ne croient en rien que c'est possible, que tu l'as fais, que moi aussi je vais le faire, qu'on peut y arriver: à s'en sortir. Agir avec amour, toujours, tout le temps.Se sortir les doigts du cul au lieu de se complaire dans tout ce qui ne va pas, parce que oui énormément de choses ne vont pas, mais ça peut marcher quand même. Si on s'aime, si on y croit, si on s'acharne et qu'on s'échine.

La route est longue. Le combat n'est jamais fini.
Mais peut on décemment renoncer à se battre ?


MERCI




jeudi 22 janvier 2015

Solitude peuplée




Je ne sais si ce n'est par pudeur ou par peur de ne pas savoir parler d'eux assez bien qu'il y a certaines personnes que je n'évoque jamais et dont rien que le nom peut faire se briser ma voix contre une montagne de souvenirs heureux et tranchants. J'ai eu la chance de croiser sur ma route des gens qui ont su fermer les yeux sur mes vices, mes bassesses, qui ne m'ont pas jugé, qui m'ont accepté sans jamais me forcer à rien d'autre qu'à toujours ouvrir mes yeux et à réfléchir avec plus de bienveillance. Des gens qui m'ont appris à m'aimer en m'aimant eux même, qui m'ont considéré avec attention et patience, m'ont aidé à mettre sur pieds mes projets et les accomplir. Je craint de parler d'eux et d'en écorcher le souvenir, ne pas retranscrire exactement tout ce qui a pu se passer et combien je leur dois, à tout ceux qui malgré mon obstination, ma mauvaise foi, mes colères et ma tristesse n'ont jamais cessé de me faire confiance et de me guider quand je demandais de l'aide. Ils m'ont aimé au plus mal, ils m'ont appris l'amour quand je les rejetais, le pardon quand je  me haïssais, la douceur quand je hurlais. J'ai érigé des remparts autour de mon âme et ils les ont toujours respecté sans jamais les franchir. J'ai eu peur d'eux comme aujourd'hui j'ai peur de ne jamais les retrouver. J'ai compris trop tard.

Je t'entend encore m'expliquer patiemment : "La politique ça n'appartient pas qu'aux politiciens ou à une histoire de gauche ou de droite, loin de là, chacune de mes actions, chacun de mes choix est politique. Tout est politique.". J'ai mis du temps à comprendre ce que tu voulais dire, et aujourd'hui je me demande encore si on peut raisonnablement vivre comme ça, dans des espaces ou rien n'a vraiment de valeur ou de sens,  faire de ses choix ses armes, ses convictions ses batailles, s'associer à d'autres qui croient comme nous pour devenir plus grands, rejeter l'inutile... C'est tout ce à quoi j'aspire mais je ne peut m'empêcher de me demander si c'est viable et de me dire que tu aurais répondu à mes questions si tu étais encore là. 
Vous avez transformé ma vie. Vous m'avez appris à tout questionner, toujours. A ne jamais se satisfaire de réponses incomplètes, ne jamais rien admettre juste parce que c'est comme ça, toujours vouloir tout comprendre, parce que comprendre c'est déjà résister dans un monde ou si peu essaient. Vous m'avez réappris à jouer, "le jeu c'est la base de tout apprentissage", j'entends si bien vos voix et vos rires, "ah c'est marrant ça", toujours rire, parce que tout n'est qu'un jeu. Vous m'avez démontré, sans jamais en prononcer les mots, votre foi en l'éducabilité de toute personne, en commençant par la mienne.

 


dimanche 15 juin 2014

Le cocard




Un oeil au beurre noir. C'est peut-être le meilleur cadeau que j'ai reçu de toi. Dans la violence de ton être, la rage que tu mettais à me remettre à ma place, moi la gosse indocile, dans le fracas de tes phalanges sur mon crâne, mon âme s'est redressée, incertaine. Je n'ai pas quitté tes yeux, je me suis relevée. J'ai fait mes bagages en silence, et j'ai fermé la porte derrière moi. Grace à toi et à la haine que tu m'as fait connaitre ce jour là j'ai découvert toute l'étendue de ma liberté. J'ai cru mourir de malheur, et puis finalement non, et j'ai bien du survivre. J'ai traversé d'étranges endroits, j'ai rencontré des gens qui ont prétendu te remplacer, et j'ai souffert encore à cause de toi. Mais plus jamais je n'ai douté que tu étais la personne qui m'avait fait le plus de mal dans ma vie, et que tout le reste de mon existence je devait tendre à tout l'opposé de ce que tu étais. Tu n'es plus qu'un nom pour moi, tu n'es qu'une grande balafre plus ou moins soignée, un mec qui en avait rien à foutre. Quelqu'un à qui j'aurais sans doute pu tout donner si il avait pris la peine de faire les choses correctement. Définitivement, ces baffes dans la gueule sont les meilleures choses que j'ai pu prendre de toi, tant elles m'ont amené à me connaitre et à mépriser ce que tu représentes, l'intolérance de tes propos, l'insuffisance de tes gestes, ton ego sans limites et le désamour que tu m'as voué. J'ai aboli le règne de la terreur que tu faisais vivre en moi, et j'ai volé loin de la cage dorée. Alors je te remercie de tout coeur pour ces coups, pour ce cocard qui m'ont permis de m'enfuir et d'aller chercher la paix ailleurs. La vie n'a jamais été aussi belle depuis.


vendredi 25 octobre 2013

Les visages ont changés mais c'est toujours nous dans le cadre.

 







Parfois à sillonner les routes de France dans tous les sens, on se sent seul. On porte des souvenirs en nous qui se dispersent souvent au gré des vents qui nous traversent. Malgré tout certains restent inébranlables, comme gravés dans le noyau d'une mémoire qui vacille sous les assauts du temps. Certaines images nous marquent tellement que dans la solitude des journées on a parfois envie de se conduire comme des maniaques et d'aborder des inconnus pour leur en parler.

Je leur parlerai d'un garçon, pourrai-je dire un homme, qui a marqué mon adolescence au fer rouge, que j'ai rencontré au lycée et n'ai jamais quitté, celui qui m'a vu grandir et qui me verra très probablement vieillir, à celui qui sait tout de moi, même si il oublie, celui qui sait tout lire dans le moindre de mes regards, qui comprend tout en un mot. Celui avec qui j'ai dormi, avec qui j'ai partagé les vacances à Versailles, des coups de fil les soirs ou ca n'allait pas, les devoirs de philo, fous rires, larmes, feu d'artifices du 14 juillet et autres fêtes de la musique. Celui qui menaçait de pendre par les couilles les garçons qui me faisaient du mal mais qui m'insulte à longueur de journées pour des torts fabulés dans son esprit tordu. Celui qui a marqué tous les bancs de Versailles, tous les parcs de souvenirs indélébiles. Celui que je considère comme mon frère, même si aujourd'hui je vis loin de lui, toujours à vagabonder tandis que lui joue sur son piano inlassablement. Celui qui a trouvé sa voie et n'a pas écouté les moqueries, les doutes, les réprimandes, qui a persévéré, n'a pas cédé, qui savait ce qu'il voulait et n'a rien fait à moitié, et que j'admire tant. Le plus fou, le plus gentil, le plus marrant de mes amis, un personnage formidable, un être entier, attendrissant. Oui je leur parlerai de lui. Je leur raconterai nos escapades nocturnes à faire mille et une conneries, nos jeux avec Noé, nos plans sur la comète, nos soirées au bois Saint Martin, nos grandes espérances. Je leur dirai comme je l'aime et comme il me manque parfois.

21 une photos comme ses 21 unes années, de notre première à notre dernière, 21 moments parmi tant d'autres que j'ai eu beaucoup de mal à choisir, et beaucoup d'amour, de rires et de dingueries. Les visages ont changés, mais c'est toujours nous dans le cadre. A lui, à ses 21 ans, à son piano, à mon meilleur ami.










Notre première photo.



mercredi 2 octobre 2013

Les nuits froides du bout de la France






On a parlé de beaucoup de choses et je n'ai pas tout retenu, mais j'ai retrouvé les plus belles heures de ma vie dans ton sourire qui me racontait l'été, la mer, les nuits entières passées à reconstruire le monde sans qu'il n'en sache rien, la douceur de nos rires dans l'éclat des vagues et les folies qui nous prenaient. J'avais essayé d'apprendre à sourire comme ça. On avait tous les deux ouvert le champagne pour fêter mon échec sur toute la ligne qui marquait le début de quelque chose de nouveau. Il faut dire que j'avais sacrément merdé sur ce coup là, c'était à peu près le point culminant d'une série de débâcles qui me hantaient depuis tellement longtemps. Ce jour là j'ai pleuré , car essuyer un échec n'est jamais agréable, tenons le nous pour dit, mais quelque chose comme deux heures après je n'y pensais plus. Voilà c'était fini, j'avais tout raté. Maintenant c'était soit aller se noyer dans la mer soit aller jouer avec les enfants sur la plage, parce que tout ce qu'il me restait c'était leur sourire. On veut pas vieillir, ça aussi c'est toi qui me l'as dit. Parce qu'être adulte c'est nul, on essaie d'y remédier, même si toi t'as déjà une ride et des cheveux blancs. Tu me racontait des histoires incroyables, on voyageait partout en ouvrant la fenêtre, je n'ai jamais autant rêvé. Après t'es parti sans laisser aucune trace. Je n'ai pas résisté. J'ai essayé de continuer à vivre comme j'avais appris de toi, en espérant que le vent te porterai quelque part ou tu serais bien et moi de même. J'aurais jamais pensé en être ici aujourd'hui. C'est en partie grâce à toi tout ça, ma nouvelle vie et toutes ces chances. Quand tu m'as dit "on se reverra" j'en ai pas cru un seul mot et pourtant un an et demi après c'est toi que je vois tous les jours. C'est ton rire qui rythme les après-midis. Nos discussions qui me tiennent éveillée le soir. J'ai accompli beaucoup de chemin en un an et demi. J'ai grandi, j'ai connu de grandes peines, et vu se briser beaucoup d'espoir, je n'ai pas accompli grand chose de bien, mais j'ai essayé de rester intègre et de mériter tout le bonheur que j'ai pu recevoir par ailleurs. Celui d'avoir vécu, d'avoir connu ce que c'est que de se lever le matin en en ayant envie. J'ai tenté de me tracer une trajectoire avec laquelle tu aurais été d'accord. Pour autant t'es loin d'être un mec parfait mais t'es pas comme les autres. Je pense qu'on se reconnait un peu l'un dans l'autre parce qu'on est tous les deux paumés même si on est pas pareils mais qu'on tente de mener notre kayak quand même en plein milieu du lac. Sauf que moi, être perdue ça m'angoisse alors que toi ça commence à t'user. Je sais qu'un jour je me lèverai et tu ne seras plus là, sans avoir prévenu, comme d'habitude. Un jour t'auras une femme et des gosses et tu rentreras dans le droit chemin, et moi je serais toujours une gamine en plein dans la débrouille. Tu me parles déjà comme un papa alors que t'es presque un frère, tu me fais des morales pendant des heures, c'est vrai que je suis une gosse mais je fais ce que je peux pour apprendre le plus vite possible. Ca prend du temps de comprendre ses erreurs et d'arriver à la ténacité de ceux qui tentent de marcher droit. Parvenir à se mettre des oeillères pour ne pas détruire tout ce qu'on tente maladroitement de construire. Je te jure que j'essaie et je vais même jusqu'à faire des projets, mais quand tu me demandes pourquoi ça se passerai pas bien je te réponds qu'il y a toujours une marge d'erreur à la quelle on ne peut pas faire grand chose à part essayer de la diminuer au maximum. Je sais pas combien de temps ça va durer cette histoire, ni comment ça va se terminer, ni si on va continuer à marcher ensemble longtemps, mais c'est pas très important. Je sais que dans les nuits froides du bout de la France, sur une route que j'ai tracé par hasard, j'ai trouvé un vrai ami.





mardi 30 juillet 2013

La lettre à Elise

"La muerta es una calle sin salida" - La mort est une rue sans sortie.

" Tu nous entends la mort ? Est ce que tu nous entends ? Si oui, saches que déjà, on a pas peur de toi. On t'as déjà vu de très très près, on sait à quoi tu ressembles avec ta sale gueule de cadavre et tes griffes gigantesques qui essaient de nous tirer vers toi dès qu'on a un instant de faiblesse. Mais c'est pas parce que tu nous fait pas peur que tu peut pas aller te faire enculer bien profond, t'entends ? Parce qu'on a pas besoin de toi, ni aujourd'hui, ni plus tard, parce qu'on sait que parfois tu préviens pas avant de débarquer mais là c'est pas pareil, t'as pas le droit d'être là, de nous prendre, de nous emmener, t'as pas le droit de faire ça. De nous voler notre jeunesse. Parce qu'on est des gamines encore. Parce qu'on l'a pas mérité ce qui nous arrive. Parce que c'est pas de notre faute.
Mais tu sais quoi, vas te faire foutre la mort, on veut pas de toi, tu peut aller te faire voir ailleurs, très loin, chez les vieux, les miséreux, ceux qui n'ont plus que leurs cheveux blancs et l'attente de crever tranquillement dans tes bras. Alors perds pas trop ton temps avec nous, parce que même si tu nous as beaucoup affaiblies, avec tes copines l'angoisse et la dépression, on ne baissera pas la tête une nouvelle fois encore, on ne se laissera plus faire si facilement. Alors oui c'est vrai, encore une fois on va devoir tout reprendre à la case départ, mais nous on a ce truc que toi t'as pas, qui s'appelle l'espoir et qui vas nous permettre de continuer la bagarre encore longtemps. Faut qu'on te dise quand même, tu fais chier la mort, tu fais chier, parce que sans toi et tous les trucs ignobles que tu impliques, on avait tout, tout pour être heureuses. Mais on le sera à nouveau, j'en suis certaine. Quand on t'aura enfin déglingué définitivement, quand on t'aura sorti de nos têtes, quand on aura rattrapé la vie que tu essaies de nous voler. Des fois on a envie de te gueuler dessus, de te hurler, de te crier, mais enfin, pourquoi tu t'acharnes sur nous, sale pute ? Tu crois pas que tu fais déjà assez de mal comme ça ? C'est ça ton kiff, ton trip, c'est ça qui te fait prendre ton pied ? Tuer impunément, comme ça, des gosses perdues qu'ont rien demandé, des âmes perdues qui tentent juste de retrouver un peu de sérénité. Mais promis juré, on se laissera pas faire. C'est fini maintenant les conneries. On te le redis une dernière fois: tu peut aller te faire foutre. De nos cendres nous renaîtrons, et si derrière toi tu laisses des plaines et des ruines dévastées, sur celles ci se dresseront de vaste champs d'amour et d'espoir.  "



Parce que j'ai rencontré la vraie Elise de la lettre et c'était sans doute la plus belle et la plus triste personne de la terre. 


La Lettre à Elise- Beethoven


jeudi 23 mai 2013

Question d'amour et d'espoir




Tu es sur ce lit d'hopital en ce moment, et moi j'ai fui encore une fois. Tu m'as appelé pour m'annoncer la nouvelle et quelques heures plus tard ma décision était prise: j'allais partir. Rien ne m'y obligeait, on n'était que mardi, j'étais en congé jusqu'à dimanche. Pourtant je me suis sentie acculée, au pied du mur, et dans la frénésie d'un départ immédiat. Le temps de boucler les valises et j'étais à la gare en direction de Rouen. Alors que rien ne m'attendait j'étais pressée d'arriver ailleurs. C'était juste ça le problème : ne plus être ici. Je sentais déjà que j'étais en train de m'endormir à force de fumer et de boire tous les soirs avec les gens qui passaient me rendre visite. C'était souvent les mêmes. On consommaient toujours les mêmes alcools, rhum, vodka-redbull, bière, vinasse à 2 euros chez le rebeu. Au début ce sont des moments agréables mais je m'en lasse très vite. Les conversations des gens bourrés ne m'amusent plus, j'ai mal au ventre, au crane, mon appart est vraiment très sale et personne ne respecte les lieux, beaucoup d'alcool est renversé, les murs sont abimés, le chat se cache ou sort dans la rue quand les gens arrivent. J'en ai vraiment marre que personne ne respecte un endroit ou ils sont invités. Le lendemain je me réveille dans un appartement dégueu et triste qui ressemble à Bagdad. Parfois j'ai beaucoup de mal à m'endormir dans l'odeur de cendrier et dans mes draps sales. C'est en partie à cause de cela que je suis partie, cette ambiance malsaine qui m'engourdit, me rend apathique et presque malheureuse. J'ai trop besoin de vivre et près de Paris j'étouffe. J'ai perdu mon espoir trop de fois dans ces rues. J'ai besoin d'ailleurs pour oublier toutes ces plaies qui ont torturé mon coeur si longtemps. Mais j'attendais de te voir avant de partir. Toi qui t'inquiètes tant pour moi, n'osant troubler le calme de mon exil pour prendre des nouvelles, respectant mes silences comme autant de promesses, et calmant tes peurs en espérant mon bonheur. Tu le sais quand tu me vois que je vais mieux, et je te suis tellement reconnaissante d'être parvenue à accepter mes choix même si ils t'effrayaient et d'avoir eu confiance en moi quoi qu'il arrive. Je voulais te voir et partir juste après t'avoir rassuré. Te dire que je vais bien et que je suis heureuse là bas maintenant. Que tout ça c'est aussi un peu grace à toi parce que c'est toi qui me l'a donné cet amour de la vie même si on ne l'a pas vécu de la même façon. C'est toi qui m'a appris le respect et le gout de la paix. Je ne cesse de penser à toi ces derniers jours. Ton arrivée précipitée aux Urgences a fait trembler quelque chose en moi qui m'a fait très peur. Je ne me suis pas sentie capable de rester plus longtemps pour te voir. Tu ne me l'as pas proposé. J'ai décidé de partir à Rouen, une ville vierge de souvenirs, ou je pourrais faire une escale en paix avant de retourner dans mon nouveau paradis. J'aimerais appeler 10 fois par jour pour savoir comment tu vas mais j'ai peur de te déranger ou que tu n'aies pas envie de me parler. J'ai tellement peur pour la suite. Comme on m'a souvent dit, il est difficile d'aimer une femme qu'on ne peut ni aider, ni changer, ni quitter. 
Je suis désolée d'avoir fui. 




vendredi 12 avril 2013

Adieu








Adieu mon désormais petit ange. Une semaine déjà nous sépare. Depuis ton départ je traine dans la solitude car je ne peut pas me résigner à ce que leurs mots salissent ce moment. Jamais deux sans trois, tu m'as fait de grosses frayeurs et la dernière était la bonne, maintenant plus jamais je ne verrais tes jolis yeux ronds, fous de découvrir ce monde de brute, si grand et impitoyable malgré toute ton innocence et ta gentillesse à revendre. Malgré ta petite taille tu m'as accompagné mieux que quiconque à travers mes plus grandes joies et mes plus immenses peines de ces deux dernières années. Tu as vu mon père me rouer de coups dans les escaliers, mes fugues à répétitions et mes angoisses terrifiantes la nuit, tu m'a accompagné à toutes mes colos, meilleur ami des gamins et mon meilleur collègue, fidèle au poste, infaillible et plein de générosité. J'étais folle de toi et je t'ai pourri gaté, je t'ai aimé comme personne, parce que plusieurs fois je me suis retrouvé sans rien, et dans ces moments là tu étais toujours présent. Je t'ai chéri comme on chérit un enfant, je t'ai présenté à tout le monde, famille, amis, ennemis et même à des gens que je connais pas. Tu as été mon nouveau monde quand l'ancien se délitait, mon frère quand les miens me tournaient le dos, mon espoir et ma paix quand la guerre faisait rage. Je t'ai porté partout, dans mon sac ou contre ma poitrine, nourri à la main toutes ces fois ou tu refusait de boire ou de manger, j'ai dépensé des semaines de salaires chez le vétérinaire et passé des nuits entières à ton chevet quand tu luttais contre les tumeurs. En deux ans, je me suis séparé de toi plus d'une semaine seulement à deux reprises chèrement payées pour mon moral. Tu étais notre idole, notre mascotte, moi sans toi ça n'existait pas, on était deux, aussi insignifiants cela soit-il face à 7 milliards de connards déchainés. Tu as été mon premier et trop souvent unique compagnon de galère. Tu as survécu à tellement de choses, avoir bu de l'eau de vie, mangé des barrettes de shit ou une demie tablette de chocolat, tes tumeurs qui ont failli t'emporter, c'est indécent de te retrouver sans vie sur le sol de ta cage avec Léon auprès de toi, fou de malheur d'avoir lui aussi perdu son meilleur ami. Tout est devenu triste et fade, sans gout, bête et abruti, moche du sol au plafond, gris comme le ciel de nos mauvais jours, malheureux, ingrat, raté, graisseux, déprimé, redondant et j'en passe. Tu es mort, sans un bruit, sans prévenir personne, et j'ai eu beau hurler, me mettre en colère puis me recroqueviller en pleurant comme un sourd, rien n'y a fait. J'ai ressenti la violence à l'état brut, celle des sentiments perdus. Je suis ruinée, au fond du trou comme je l'ai jamais été. Je passe mes journées à mal dormir et à me cacher de tout, ça me donne des sueurs froides de me lever le matin, d'ouvrir les yeux dans une réalité qui ne me convient absolument pas. Je n'ai pas de moyen de fuir, à pat définitivement. Foutre le feu à notre ancien paradis, et rester à l'intérieur, me jeter d'un pont, m'acheter un flingue. Le sommeil regorge de grandes embardées, de nausées acides qui nous font convulser des yeux en pleine nuit. Partir oui, j'y ai pensé. J'abandonne le peu qu'il reste, et je m'en retourne à mes premières amours, les enfants. Mais sans toi pour me réparer le soir après les brulures des réunions, les journées de 18 heures harrassantes, et du mal du pays, comment je vais y arriver ?  Sans ancrage, sans raison de me battre? Je fuis vers un avenir incertain, qui ne sera sans doute pas pire que quand tu étais là, mais dans lequel je serais seule à combattre. Je t'aime Noé. Tout n'est que souffrance depuis que tu m'as quitté. Dieu te garde.



jeudi 4 avril 2013

4 avril 2013




-Gabrielle? Cest moi. S'il te plait rapelle moi dés que tu as ce message. J'aimerais avoir de tes nouvelles, je suis inquiet. Je suis effondré. Je t'aime.
-Gabou, on a apris pour Noé, on pense tous très fort à toi, tiens le coup, garde courage ma grande. Bisous.
-Ca me fait pas rire Gab, sérieux appelle moi, ou es tu, que fais tu? J'aimerais tellement pouvoir être avec toi en ce moment même.
-Tu veux venir prendre un café à la maison?
-Ouais allo, t'es pas toute seule au moins ? Reste pas dehors surtout, c'est pas pour toi ça. Vas te mettre au chaud, appelle tes copains, je te rejoins plus tard.
-Gabrielle je t'ai cherché partout, je deviens fou, dis moi ou tu es pour que je puisse te rejoindre s'il te plait.

J'ai hurlé pendant quelques minutes, j'ai pris mon manteau et je suis partie, J'ai du revenir prendre mes clés. Je suis partie en laissant les portes ouvertes, en hurlant, en gémissant et en pleurant. J'avais mal au genou à cause de mon entorse et c'était dur de marcher mais je n'y pensais pas, j'avancais sous la pluie, c'était dur. Je ne voyais plus le sens de tout ça, et il y avait ces hurlements dans ma tête, et les miens qui couvraient le bruit des voitures qui roulaient à cent à l'heure et qui s'en foutaient que je pleure et que je crie et c'était pas plus mal. C'était pire que pas mal d'autres choses horribles que j'avais pu connaitre jusqu'à maintenant. C'était pire que ne pas avoir de drogue, avoir un plan cul qui part en cacahuète ou que de se casser le bras. C'était une douleur comme seul l'amour peut faire si mal, mon empire qui s'effondrait en inertie, j'étais terrifiée. Il pleuvait un déluge et je continuais de remonter l'avenue en boitant, sur mes joues se mélaient les gouttes de pluie, les larmes, la bave et la morve, tout ce qui pouvait sortir de mon visage, une tristesse infinie et tellement de peine. Plus je pleurais, plus j'avançais vite et je m'éloignais de mon ancien paradis, désormais déchu, je fuyais son cadavre et ma nouvelle solitude, et j'avais peur, tellement peur que tout ça me rattrape trop vite, sans que j'ai le temps de voir venir les fantômes qui allaient désormais me poursuivre. Et ça faisait mal, oh mon Dieu ça faisait tellement mal d'être aussi malheureuse. J'ai marché tant que j'avais des larmes, plusieurs kilomètres sous la pluie à attendre de me calmer, de pouvoir à nouveau tenter de maitriser en parallèle mes gestes et mes tristes pensées. Ca faisait vraiment mal à en crever, c'était très impressionant de souffrir comme ça même si je savais pertinemment que je vivais une de mes premières grandes peines, quand l'on ne sait pas encore ce que c'est  de souffrir horriblement et d'y survivre. C'était vraiment douloureux. Mon genou m'a laché et j'ai cessé de pleurer. Je me suis assise sur un banc, pris ma tête dans mes mains, allumé un joint qui trainait dans ma poche. Ca faisait très bizarre d'être confronté à la mort à nouveau, surtout dans ces circonstances et ces conditions. Continuer à respirer et tenter de s'affranchir de mes peurs pour voir un peu plus loin que les débris de verre et de stupeur. Je traversais mille états d'ame à la seconde. Que reste t-il à faire désormais sinon prier pour les gens que j'aime encore, les quelques uns qui me restent, et tenter de marcher droit? Tenter de consumer ma vie moins vite et moins trainer dans les gares le midi. Réparer les torts. Essayer d'endiguer ce sentiment profond d'impuissance, de tristesse et de nullité.
J'ai toujours les mains écartées, prète à rattraper des chances qui ne tomberont plus, et accuser le coup, ce constat terrible d'abandon, par mon compagnon de route depuis deux ans, Noé.


mercredi 26 septembre 2012

"Si le rat pesait 20kg, il serait le maître du monde." Albert Einstein

Le rat domestique, animal merveilleux victime de l'imaginaire collectif... Ou pas.

Voici maintenant un an que je partage ma vie avec un merveilleux petit être j'ai nommé le mignon et frêle Noé. Enfin ça c'était au début, maintenant il est devenu grand et bien gras... Mal-aimé de la plupart des gens, grande source de fascination chez les enfants, ce rat m'accompagne dans mon sac ou sur mon épaule depuis ses 5 semaines quasiment chaque jour que Dieu fait. Bien sur c'est une plaie, il pisse partout, il mange mes esquisses, mes cours, mes vêtements, il coute une fortune en vétérinaire... Il est inutile en plus, il y a des rats dressés à trouver des mines, lui il a pas encore découvert sa vocation, il doit chercher sa voie entre le grignotage de t-shirt et le grattage de couilles. Mais c'est une présence malgré tout, un animal pas si bête qui m'aime inconditionellement. 
Il y a le fait qu'il n'ai jamais appris à répondre à son nom, seulement au petit bruit si particulier que je fais en pincant les lèvres ou au bruit de plastique qui se froisse. Le fait qu'il n'ai aucun instinct de survie et que je doive le protéger des chiens avec qui il veut discuter comme des chutes de la fenêtre du premier, cette manie qu'il a de pisser constamment sur les jambes des garçons, ou encore quand il rampe pour venir se coller contre moi quand je dors, sans faire aucun bruit... Le soir il s'endort sur mon oreiller et le matin c'est un hyper-actif qui me rappelle son existence en retournant toute ma chambre. Il a survécu à plusieurs hordes d'enfants qui lui tirent les oreilles et la queue tous les mercredis et à chaque vacances, à la chaleur étouffante de Porquerolles, à des courses poursuites après le RER C, à avoir mangé une demie tablette de chocolat, à mes tribulations de l'été à voyager dans toute la France dans une boite de transport, aux poux, au froid et à la pluie, aux soirées enfumées dans des endroits insalubres, bref à tout ce que j'ai pu vivre cette année... 
On me demande si il m'aide à affronter l'avenir, à trouver un équilibre (comment ça j'ai des problèmes d'équilibre moi?). Non je ne crois pas, ce n'est qu'un rat acheté mi-septembre par hasard durant un périple à Paris avec deux amis, dans une animalerie de Pont-Neuf... Malgré tout il m'a suivi trois jours plus tard dans mon exil après que mon père m'aie battu et ne m'a plus quitté depuis. Aussi con soit-il, je l'aime, mon Noé. 

Noé et Gloups







dimanche 17 juin 2012

A Kelly


Passé foutu en l'air, bousillé, à la folie des grandeur de mon cul, il ne reste plus rien, que du vide, plus aucune passion, plus jamais de motivation, quand notre raison de vivre deviens la plus belle raison de mourir. 14 ans jetés par la fenêtre, comme si j'avais sauté du 7e ciel sans parachute. La chute est lente, tout autant que l’ascension a été rude. Des souvenirs démolis, des amitiés brisés, une passion morte et enterrée avec toi mon amour, morte, morte, morte, le volet du boxe fermé et le camion de l'équarrisseur, les larmes et les cachets, la honte qui m'étreignait de ne pas avoir été là, d'avoir vécu la même chose deux fois, la douleur, le coeur qui explose, la rancoeur contre ceux qui m'ont séparés de toi, et l'abandon. La terre ne s'arrête pas de tourner, c'est la vie qui suit son cours, loin de ma tristesse qui s'isole en silence, entre 4 murs par phobie des grands espaces, je fuit tout ce qui se rapporte à toi, aujourd'hui, je n'ai plus rien devant, j'ai tout laissé derrière moi...  Le temps passe et la mort vient. J'ai jamais pu remonter à cheval, j'ai jamais pu en parler à personne. Un an après j'en pleure encore mais seulement seule, et je crois bien que c'est la fin, oui 14 ans d'équitation plus tard, ce 17 juin là, c'était définitivement la fin. Parce que c'était toi, et que moi, je n'existais même plus. Je leur en veux de m'avoir tué. Je leur en voudrais toute ma vie.
Puis faudrait tout de même qu'un jour je songe à relever la tête mais j'y peut rien c'est plus fort que moi. J'y peut rien, c'est comme ça, t'es jamais revenue, tu reviendras pas, j'ai fait comme si il ne s'était rien passé, rien passé depuis 14 ans, donc enfait j'ai tout stoppé net. Et dans ma tête toujours la même chanson qui résonne, mon hymne à toi, et mes larmes qui parlent, puisque je me tais. On est seuls dans la mort. On avait toujours été seules toutes les deux, et aujourd'hui encore plus qu'avant...


Balance ton coeur de l'autre côté de l'obstacle, ton cheval te suivra... à celle qui m'avait redonné le gout de tout. La plus belle, la dernière étoile de mon ciel. Juste un cheval, juste ça. 






mercredi 23 mai 2012

Elle est comme ça

Elle a le profil type "hippie-bobo-artiste-musicienne". Le genre de fille qui sait tout faire, avec l'air de pas y toucher. Sauf les cours. Les cours elle sait pas trop faire. Enfin pas encore. Enfin déjà ça va beaucoup mieux qu'avant. Bref, c'est pas ça l'important. Donc elle sait tout faire. Et vas-y que je te joue de la guitare, et vas-y que je chante par dessus, et puis vas-y que j'écris mes paroles moi même. En anglais presque correct. Elle fait ses compos chez elle avec son matos, et elle a appris à jouer quasi seule. Elle fait des dessins psychédéliques avec un stylo bic noir. "quand elle s'ennuie".

Voilà, déjà ça donne le ton, elle est assez fondamentalement cool. Et comme elle est cool, elle a de beaux cheveux blonds vénitiens, elle est ultra mince, elle porte des jeans slims, le regard absent et son sac bandoulière sur l'épaule. Elle est pas bonne, elle est juste belle. Elle est réservée, mais elle mord pas. Elle est juste pas bavarde. Du coup, elle dit moins de conneries que la moyenne des gens. Elle demande jamais d'aide. Elle se débrouille toujours toute seule. Elle est blindée, depuis qu'elle travaille à Carrefour. Elle se plaint pas. Elle se fait chier dans ce boulot pourri, mais elle en rigole. Elle rigole souvent et ça la rend encore plus belle.

Alors forcément, elle est drôle. Rien que pour moi au début. On s'est connues comme ça, en fait, en se marrant. Bref, maintenant elle a un copain, cool lui aussi, et des amis parfois un peu moins cool. Elle rigole avec eux aussi, ça en fait un peu moins pour moi. Mais toujours, avec un petit coup dans le nez, et même parfois sobres, on se marre comme ça. Ca la fait chier quand je parle de politique, de mes lectures, de mes études. Mais en fait quand elle est là, c'est l'euphorie, je redeviens la personne que j'étais quand je l'ai connue, version améliorée. Je me dit que quand elle sera plus là, je me ferais sacrément chier. A Science Po l'humour c'est assez mal vu. Peut-être, avant de partir, on fumera la fin d'un pochon de weed sur un toit. On boira une bouteille. Sur le quai de la gare, mes valises sous les yeux, pour un nouveau départ, je sais qu'on s'appellera pas. On s'appelle jamais. J'espere juste qu'elle sera là à mon retour.

Elle est complètement folle.


samedi 5 mai 2012

Aire libre




J'ai 18 ans. Et en écrivant ces mots, je me souviens. 

L'an dernier, mon anniversaire avais gout de fracas, au son du meurtre de la meilleure amie de ma mère, du tourbillon science-pallien dans lequel je m'étais engouffré sans trop savoir comment et des rendez-vous psychiatriques qui commencaient. J'avais 17 ans, et je voyais là le dernier anniversaire de ma vie. Oui c'est une enfant qui parle, une gosse qui ne sait pas, qui n'a pas vécu. Un déménagement, une maladie, une rupture et c'est la fin. Mais les adultes ne mesurent les pertes qu'en choses matérielles. Je n'ai jamais été sans toit, j'ai recouvré la santé et des amours, j'en ai eu d'autres. 
Mais là, je vous parle à coeur ouvert, je vous parle d'une souffrance qui ne se mesure pas en euros, ni en années, ni en larmes. Un mal qui vient du fond de l'être, qui déploie des tentacules dans l'âme entière, qui la broie, la désintègre et la bousille. On peut parler de maladie, puisque j'ai vu des médecins. On peut parler de folie, puisque je ne contrôlais plus rien. On peut parler de crise d'ado aussi, puisque je n'étais-et ne suis- qu'une môme. Mais je ne parle pas dans le vide, je vous parle de ce que je sais, de ce dont je revient. Je vous parle de dépression, sans parler de "nerveuse" car ce n'est pas une affaire de nerfs qui lache; c'est bien pire. Quand on a peur de l'obscurité, tout devient noir. Une terreur absolue de l'abandon a étouffé mes amitiés les plus sincères. Des bouffées de panique m'ont contraint à tout détruire sur mon passage. Du rire aux larmes, lunatiques pour les uns, bipolaires pour les autres, et la sentence tombe : "vous souffrez de dépression majeure réactionnelle". 

Silence. Ah bon.

"On peut vous aider". J'aquiesce. 
C'est ce qu'on dit. 

Puis ras-le-bol. Les voix dans ma tête, le chaos total, une frénésie destructrice me guidait, je fumais et je buvais trop; j'essayais d'oublier, mais quoi? je ne savais même plus. J'était le boureau et la victime. Je ne pensais qu'au suicide, à la mort, à la douleur. Il n'y avait plus de place pour le pardon, le travail, la reconnaissance, il n'y avait plus de place pour rien. Avec mes ciseaux, je me dessinait les poignets quand sur des grandes feuilles blanches je tentais d'exorciser ma folie à coup de crayons. Tout était dans ma tête. Le désordre, le désequilibre, le "trouble mental". De tout ça, j'en suis revenue, j'en reviens encore, et je tente d'arriver parmi vous. De vous comprendre, d'apprendre et de vous apprendre, le peu que je sais. 

J'ai 18 ans. 
Je me souviens du reste. Des mains tendues qui tentaient de me tirer de mes errances, des appels à la raison, de la bienveillance. Des clopes et des sourires les jours de pluie. Je me souviens de tout. 
Ceux qui m'ont épaulé malgré mon mal de vivre, et sans m'appesantir sur le sujet je voudrais les remercier, ceux sans qui aujourd'hui, je ne sais pas ou j'en serai. J'ai eu la chance de connaitre beaucoup et souvent des personnes admirables et pleines d'humanité. J'ai été un calvaire qu'ils ont porté avec force. J'ouvre les yeux tous les jours sur tout l'amour dont j'ai bénéficié sans pouvoir le rendre. Ceci est un hommage, aux gens qui m'ont sauvés. 
Certains se reconnaitront, d'autres non, la liste est longue, des mères qui m'ont accueuillies chez elles aux amis qui m'ont soutenus, aux simples dialogues ou sourires, des rencontres qui ouvrent les yeux. 
De nouvelles personnes partagent ma vie aujourd'hui. Je guéris toujours. Je suis en paix et je souhaite à tous de la trouver un jour. Mes écrits sont jugés tristes, celui là se veut plein d'espoir. Il n'y a pas de honte à être aidé, tant que c'est dans le but de s'en sortir. Aujourd'hui, je compte vivre longtemps, assez longtemps pour remercier ceux qui m'ont aidé, assez longtemps pour aider ceux qui n'ont pas la chance d'avoir un entourage comme le mien. Je vais bien, et même si c'était mon combat, je vous doit beaucoup. 


Ici on veut tous voir nos cicatrices guérir. 

"Dépression : on n'a pas le droit d'utiliser ce terme sous n'importe quel prétexte. C'est lourd, ce mot, c'est sérieux. Parce qu'ils n'ont pas obtenus ce qu'ils convoitaient, parce qu'il pleuvait dehors ou qu'il faisait gris, ils ont dit qu'ils avaient la "déprime". Le mot et sa réalité recouvrent une autre tragédie, physique et psychique, un mystère, un mal, et ce mal, il est indispensable qu'on le traite, qu'on le soigne et, surtout, qu'on le dise, qu'on l'exprime. " P. Labro


mercredi 21 mars 2012

ma meilleure copine est un poulet qui ne vole pas

mon amour
"ma meilleure copine et moi, on est des gens cultivés, on a eu notre bac avec mention, on fait des études, on joue de la musique, on lit pleins de bouquins, on va à des concerts, on donne des cours, on travaille avec des enfants, on a des parents intelligents et compréhensifs, bonne famille, bonne situation, on regarde même des documentaires sur les bébés crocodiles sur arte. Bref, on est des gens super cultivés; alors pourquoi on parle que de cul ? "


Un point de repère fixe dans un monde étourdissant, je te conspue, je te vomis dans les yeux et je te crache à la figure, mais qu'est ce que j't'aime mon Arthur.