"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide
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jeudi 22 novembre 2012

Délit de fuite - Chapitre 6




Juin 2011 [flashback] -

Ça fait quatre jours. Quatre jours à ne rien faire, ne rien dire, ne rien manger, quatre jour à rester de côté, à l'écart, pleurer souvent, perdre l'équilibre, tomber et ne pas se relever. C'est une détresse comme on en voit peu, l'âme pleine de bleus qui se retourne pour lui faire face, et lui fait un doigt d'honneur. Les médicaments n'agissent pas. En réalité, ce n'est qu'une gosse, derrière ses longues mèches blondes et ses yeux trop noirs, son pétard à la main. A l’hôpital, c'est une gosse qu'ils ont voulu interner. C'est une gosse qui s'en est enfui. Quand la liberté importe plus que la survie.
Sur le toit, il y a quatre jours, elle avait peur et froid. La douleur était plus atroce que jamais, les sanglots étaient des cascades et rien ne semblaient pouvoir les arrêter. Vivre ou mourir. Sauter ou affronter le merdier derrière.
Le briquet a craqué quand elle a allumé son joint, elle a sursauté dans ses larmes, les pieds dans le vide. Rien n'arrêtera la chute. Son corps s'explosera sur le sol. Et ce sera la fin.

"La voisine m'a sauvé la vie", qu'elle expliquait à l'infirmière à l'hôpital la gosse. "Elle est passé dans la rue quand j'allais sauter, et elle m'a parlé pendant 2 heures, pour me faire descendre. A minuit. Quand je suis redescendue, j'ai prié jusqu'à arrêter de pleurer. Pourtant j'ai jamais cru en Dieu, mais là, cette nana là elle le méritait. Cette nuit là j'ai cru en Dieu, grâce à elle. Mais je suis venue ici parce que j'ai besoin d'aide vous comprenez. Puis de mes médicaments."
Mais la psychiatrie, c'est comme tout, plein de fissures. Elle a pris son iPod, son shit et son ordonnance et elle s'est cassée comme une voleuse. Ça fait quatre jour qu'elle est chez X. Il pleut. Des valises sous les yeux, le cœur à marée haute, la gosse a pleuré toutes les nuits. Elle souffre. Un cœur brisé a failli toucher le bitume.


Octobre 2011-

"Alors c'est à ça que ça ressemble les souvenirs. Se faire poursuivre par les moments les plus atroces de nos vies. C'était bien d'avoir tout oublié."


jeudi 8 novembre 2012

Délit de fuite - Chapitre 5


Septembre 2011

Tout d'abord, enchantée de savoir que tu vas bien, ça me tient vraiment à coeur. Après ce qui s'est passé, on aurait pu croire que tu serait déprimé, maladif, ou que sais-je? au bout du bout du fond du puit? Mais non. Tu as bien. Oui, enchantée de le savoir. 
Moi? Si je vais bien? Evidemment voyons. Non parce que quitte à venir aux nouvelles, autant prendre les bonnes et repartir. Puisque de toute façon on les oublie à force de ne se pencher que sur le passe. Alors oui, ça va. Je ne me suis pas tirée une balle, comme on le craignait. Tu me diras en même temps je n'ai pas de flingue. Personne n'est assez inconscient pour m'en mettre un entre les mains. C'est plutôt une bonne nouvelle ça, non ? 
En second lieu, je suis venir que je m'en vais. Je ne te laisserai jamais plus me faire souffrir du moins j'essaierai. Je regarde le plafond. Merde. Tu m'as vraiment usé, usé à la corde. Raide comme nos figures, ammaigries. Nos routes se séparent ici. J'en aime un autre, du moins je crois. 
Donc voilà. Tout a une fin, ici est la notre. Je te quitte 6 mois apres que tu m'ai quitté, oui c'est un peu tard, mais bon. En espérant que tout aille bien, et pour le mieux. Je vais essayer loin de toi un peu, pour voir comment ça fait. Après tout, ce n'est pas vraiment de ta faute si tu as foutu ma vie en l'air. 



dimanche 4 novembre 2012

Délit de fuite - Chapitre 4




Juillet 2011 - Service psychiatrique


"Je ne me rappelle plus tout cela. Ma mémoire me joue des tours.Qui êtes vous? Êtres en blouses blanches, aux chaussures en plastique, évoluant dans un dédale de couloirs aseptisés. Vous faites pleurer ma maman le soir. Vous voulez ma sécurité mais vous n'entendez pas qu'elle ne se trouve pas dans vos bras, ni dans ceux de substituts d'amour chimique. Qu'attendez vous de moi? Que je vous raconte ce qui s'est produit ? Je vous dit que je ne m'en souviens pas. Qu'y a t-il de plus à dire? Cela appartient au passé.
Vous évoquez la figure paternelle quand je vous parle d'amour. Je ne comprend pas vos questions. Vous ne savez rien de moi, je ne vous en ai pas tant dit. J'ai beaucoup parlé, certes, parce qu'une fois que beaucoup est déjà dit, il n'y a plus tant de place pour les questions. Séance de 45 minutes, 80 euros remboursé par la Sécu et la mutuelle. Je ne vous ai rien dit de lui, ni son nom, ni ce qu'il m'a fait, ni rien. C'est mon secret. Mon ultime cicatrice que je ne vous laisserai pas soigner, car derrière la camisole chimique, ce recel de souffrance, c'est ce qui me permet de me rappeller quej e suis encore en vie. C'est lui qui jugera de ma peine. Pour ce que j'ai fait, à moi, à lui. Au simuli de stabilité dont je l'avais convaincu. C'est lui seul qui en décidera. Tout le reste m'appartient.
Empire dévasté au seuil de l'asile de fous. Poignets abimés sur lequel un autre pose fermement la main. Cellule fermée à double tour, sans fenêtre sur l'extérieur. De l'espoir distillé dans des cachets au nom d'inspiration douteuse. Pour eux je suis sur la voie de la guérison. Ils ne savent pas que tu me rendras malade encore bien longtemps. Mon amour. "


mardi 22 mai 2012

Délit de fuite - Chapitre 3



mai 2011 -

Il l'a aimé comme il l'a quitté, sans vraiment savoir pourquoi. Fidèle à la vie, il lui a été infidèle à elle qui l'étouffait, elle qui pleurait sans arrêt, qui ne faisait plus le poids et ne pesait plus ses mots.
Il ne se rappelle plus à quel moment elle a commencé à devenir compliquée. Et c'était dur de la voir dans cet état, des lieux, décombres, c'était un gros bordel. Il préférait regarder ailleurs en fumant une cigarette. Même plus d'espoir, rien du tout. Il faudrait qu'elle prenne, merde!
Qu'elle prenne sur elle. 

Il observe, ne dit jamais rien. Elle ne pleure plus, elle raconte, les cicatrices, la peur, les nuits interminables, le rouge enfer des amours enfantines... Elle lui raconte tout. Il voudrait foutre le camp, mais pour ça il faudrait prendre une décision, à cause de cette foutue liberté. 
C'est bien beau la liberté. Mais merde quoi. Liberté de parole pour blesser les gens qui nous aiment et liberté d'opinion pour leur donner le droit de ne plus nous aimer. 

Il ne l'aime plus ou alors il s'en persuade. Peu importe au final, l'important c'est le résultat. Leurs regards qui ne se croisent plus, leurs corps qui ne supportent pas de se toucher, leurs discussions qui tournent court et les silences pleins de malaise, voilà le résultat. Il essaie de faire les choses bien, et si c'est pas possible, de limiter la casse. Voilà tout. 


La première chose qu'il fait au réveil c'est de fumer une clope.
Il est retourné à l'anormal. 
Il ne reviendra plus. 

mardi 10 avril 2012

Délit de fuite - Chapitre 2




Mai 2011 _
 Elle ne dort pas. Et elle ne dormira plus parce qu'elle en a marre de se réveiller tous les matins et d'espérer que la veille était juste un rêve. Parlons en des rêves ou plutôt de ses cauchemars. Tout se dérègle, alors elle traîne dans les bars, imbibe sa gorge de vodka, elle écrit et crie la nuit :


 "Maintenant quand on me parle d'amour j'ai l'impression d'entendre des menaces. Tous les soirs je verse des larmes sur mon bureau, pendant que mes doigts courent sur le clavier, sans but, juste écrire. Je me réveille les yeux complètement brouillés, parce que la nuit tout s'agite. Tu me guettes au tournant, car j'ai beau te fuir toute la journée, tu réapparait dans mes rêves. Et de me faire une raison: nous ne serons jamais plus amis. J'aimerai balancer ta vie par la fenêtre ce soir, la briser comme ce que tu as fait de moi... Je ne t'aime plus à la vie à la haine. Mais je regarde encore les cicatrices quand je vais mal, et celà me rappelle que tes mains si douces m'ont laissés des séquelles terriblement profondes.

 On ne compte plus les coups, les bleus, les peines, la joie qui ne perce plus malgré ses tentatives, les passions envolées qui étaient censées me tenir compagnie. On ne retiendra que les pièces enfumées par nos trop grands excès, les feuilles immaculées devenir noires de délires angoissés, les voyages imaginaires dans tes vastes contrées, ou je me suis engagée impunément, au cœur de mes sentiments pas encore enterrés, tout ce que j'aurais préféré oublier. Ton parfum court sur mes vêtements éteints reflétants mes rêves fanés. Le doux tourment de ma faiblesse m'emporte. C'était seulement six mois. Six mois, tu vois, tu t'en vas, et si moi je n'en m'en remettait pas ? J’avais les yeux qui racontaient la vérité, la rancœur, la douleur… Qui parlaient d’amour en fait. De toi."

Elle s'allume un joint, défaille. Les neurones valsent. Elle entame son traitement psychiatrique dans quelques jours, ou bien c'est lui qui l'entamera. Antidépresseurs, dans les vapeurs d'alcool, au creux des renfoncements d’alcôves versaillaises. C'est pour son bien disent-ils. C'est pour son bien. 




PS : désolée pour le manque de nouveautés, tous mes articles récents (dont celui là) sont des anciens textes remaniés. Je n'ai rien écrit ou dessiné depuis bientôt trois semaines, je suis submergée de travail, Science po approche, je m'épuise sans résultats, car selon monsieur Milza je suis " la forteresse volante de l'Empire de la dissertation Science pallienne." Ca finira mal. 

mercredi 4 avril 2012

Délit de fuite - Chapitre 1





Avril 2011- Son réveil sonne, il émerge et lui demande si ça va. Elle a passé la nuit à pleurer. Les yeux tous noirs, la chair de poule en débardeur et son cauchemar plein la tête, elle hausse les épaules. Sur son matelas à même le sol. On s'en fout de toute façon, si elle vais bien ou pas, c'est pas trop le sujet. On sait tous très bien que non. Et lui il pose pas de questions parce qu'il vois bien qu'elle a pas envie de lui parler. Il pose jamais de questions de toute façon.
 "J'ai toujours pas compris comment on en était arrivés là. J'ai beau retourner le truc dans ma tête j'y arrive pas. C'est possible qu'un jour on se réveille côte à côte, qu'on se regarde et qu'on ne s'aime plus ?"


[...]


samedi 31 mars 2012

Delit de fuite - Introduction




Ce n'est  pas une histoire d'amour, c'est une histoire de vide. Des vies ici et là vaguement entrelacées, puis qui se lassent, se délient et finissent par se séparer. C'est une histoire qui parle de bordel, de mensonges à tout va, de larmes et d'armure, de mégots de cigarettes, de l'attention qu'on tente d'attirer, de toi et de chute, mais surtout de vide. C'est comme ça! me direz vous. On ne peut pas toujours avoir tout ce qu'on dit vouloir et puis vous avez raison, "n'en parlons plus". Après tout... je serais raisonnable.
Donc une histoire, pas marrante, parce que (à part Noé) la perfection n'existe pas. Un couteau pour couper la parole, une fourchette pour planter le décor. Les os qui saillent au point que l'on peut poser des objets dessus sans qu'ils tombent. La gorge pleine de sang, comme-fut un temps- les poignets; demain peut être j'arrêterai. Et toi que feras tu ? Dans tout ce silence, puisqu'on tourne la page, j'erre parfois entre les lignes de ton absence, les aléas de mes cahiers. Un peu de bon sens, de la marche, je m'evertue à revenir, pas vers toi mais dans le droit chemin. J'y pense encore.
Une histoire de vide, qui bat son plein tel un sourd. Ils ont cru me retrouver morte, les paupières closes, pendue à ton cou. Et non. Depuis, j'ai pas mal pris ma vie en main, ainsi que des cuites. Il y a de ces soirs ou il est difficile de croire en quoi que ce soit.

[...] la suite coming soon, pour ceux qui s'en foutent un peu moins que les autres


Gab