Chez l'être humain, l'hétéronomie représente l'impossibilité concrète ou l'incapacité morale à se donner ses propres lois et à se régir d'après elles ; l'autonomie est chez l'humain la faculté de vivre et d'agir selon ses propres forces, motivation et morale. Source
Je ne peut m'en séparer. Il est là parfois même quand je ne l'attends pas, que je le fuis ou que je le cherche il reviens toujours. Parfois il déserte ma route, mais jamais longtemps, jamais assez.
Jamais en paix, jamais seul avec soi même. Toujours cette présence en arrière plan comme une brume installée dans l'esprit. Un rempart entre la douleur du monde et moi, ne me permettant que de me concentrer sur la mienne, si peu véritable. Cette douleur grandit chaque jour à son contact, me coupe les jambes et me prive de mes forces, pourtant c'est maintenant plus que jamais qu'il faut se battre. Il n'est pas trop tard pour le secouer, l'envoyer bousiller d'autres destins. Il n'est pas trop tard mais il est si insistant. Impossible de le sortir de ma tête et de rejeter une certaine idée que je me fais de la fatalité. Car mon mépris un peu triste est encore teinté d'affection pour cet ancien ami adoré par le passé, qui fait aujourd'hui plus de mal que de bien.
Quand je l'évite, il me rappelle à son existence le plus souvent possible. Il me traque jusque dans mon sommeil, s'invitant dans des nuits noires de peur et d'insomnie. Quand je joue avec des gosses, je peut penser à autre chose, mais lui ne m'oublie jamais. Il connait tous mes amis, s'entend très bien avec certains et nourris l'angoisse de ceux qu'il poursuit comme moi. Il règne en despote sur des contrées imaginaires et instaure l'hétéronomie de chacun de ses sujets. Nous ne sommes plus totalement maitres de nos décisions. Nous ne sommes plus totalement libres.
Alors je ne sais pas ou je dois chercher la volonté et le courage d'arrêter la machine, je ne sais pas quand je parviendrai à m'écarter de cette influence néfaste et à me défaire de mon ambivalence à son égard, mais il est nécessaire de le faire. Parce que je ne veux pas me regarder prendre peur lentement jusqu'à être paralysée de terreur. Je l'ai laissé rentrer dans ma vie, et un jour il faudra bien lui demander de la quitter.