"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide
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dimanche 11 février 2018

Indestructible



J'en ai marre d'être triste. J'en ai marre de savoir pertinemment que personne ne viendra me sortir de cette tristesse mais de continuer à chercher quand même. C'est cet espoir ténu qui refuse de crever qui continue à m'envoyer violemment dans les murs. J'en ai marre d'attendre que ca aille mieux. Dépressive à vie. C'est le verdict. Vers ou tu veux aller une fois que tu as compris que la tristesse te traquerait jusqu'à la fin de tes jours ? J'en ai presque marre aussi de ces moments de bonheur éclatants qui redorent tous les événements de merde passés,qui redonnent un semblant de sens à cette histoire. Alors que ça n'a aucun sens. Depuis le début. J'en ai marre de suer sang et eau pour être moi même à tout prix. J'en ai marre de que ce soit si infâme d'être dans ma peau en ce moment. J'en ai marre de ne pas comprendre les gens et leurs petits bonheurs. J'en ai marre de me sentir seule tout le temps et de me saouler la gueule tous les soirs pour me permettre de parler à des gens à qui je n'aurai jamais l'audace de raconter ne serait-ce qu'un cinquième de ce que je suis. Personne n'a vraiment l'air de comprendre. Je suis triste et j'ai l'impression que j'ai presque oublié ce que c'était de ne pas être triste comme ça.
Et pourtant je rigole encore. Pourtant je sors encore de mon lit quand la vie frappe au carreau pour venir me chercher. J'ai en moi cet indestructible espoir qui refuse de crever. Ce besoin d'aller marcher dans la montagne, de sourire à d'autres êtres humains, de sentir la fièvre dans le sang. Je continue à croire que coute que coute je ferai quelque chose de ma vie et qu'un jour tout ira mieux alors que je n'y crois plus vraiment depuis longtemps. Je sais désormais qu'il n'y a pas de limites à la souffrance qu'on puisse endurer mais il n'y a pas de limites au bonheur non plus. La vie vacille et tressaute entre ces deux extrêmes impalpables.

Le rire de Aurélia est rassurant dans la nuit. Vingt-deux heures trente, il n'est pas tard mais la lassitude est là. Je suis à ramasser à la petite cuillère mais je pensais que ce serait pire. Entre gouttes d'eau et hématomes, tout se traîne dans un vacarme épuisant. A quel point j'ai envie de faire disparaître certaines choses de ma vie ? 
Seule et personne à qui faire la gueule. A fixer le mur de cette chambre que j'ai fait de mes propres mains et que personne ne viendra partager. Mais je connaissais le prix de la liberté. L'indépendance présente sa fiche de frais.  Mais tant que j'ai un doudou à serrer à m'en faire mal aux mains, un grinder plein et un sourire qui transperce toujours, est ce qu'il peut vraiment m'arriver quelque chose ? Cette infâme douleur, je vais m'y habituer au bout d'un moment. Alors, il n'y aura plus que moi. Et les montagnes de choses qu'il me reste à accomplir. Trouver des gens pour remplir ma chambre, sourire encore à s'en décrocher la mâchoire, faire des projets sur la lune et aimer à en garder la raison. Peut-être qu'à un moment ce sera tellement bien que je regarderai cette période triste de ma vie en me disant que ça valait le coup. En attendant je me mors les dents. J'ai franchis la ligne qui me séparait de mon avenir, et même si c'est dur, pour rien au monde aujourd'hui je ne voudrais revenir sur mes pas.


samedi 7 octobre 2017

Lâcher prise



"Après, si il faut que tu le fasses tu le feras. Tu me raconteras ce que ça fait, d'avoir lâché prise."

Tu voulais que je te raconte ce que ça fait de lâcher prise, enfin, disons le, de baisser les bras, d'abandonner. Il me serait difficile de te regarder dans les yeux et de te dire tout ça.
J'ai fumé, pour la première fois depuis 6 mois.
Je n'essaierai pas de te dire que je regrette. Je ne dirai pas non plus que c'était la bonne chose à faire.

Je veux seulement raconter.

La sensation est physique. Je suis engourdie, ralentie, légère. Je suis soulagée. Mon sens du toucher est sur-développé. Ma vue se trouble et mon ouïe devient sélective. Je n'entends plus les autres, ni le reste. Mes déplacements sont lents et réfléchis. Je suis seule au milieu des autres.

Sais tu qui sont ces autres ? Moi non plus. Je vis au milieu d'inconnus. Ne connais pas mon propre visage, qui change tous les jours.

Tout est doux et tranchant.

Je suis absente et mille fois plus présente.

Je ne rigole pas mais j'ai le sentiment de tout comprendre.

Et je t'écris; sur le papier mon stylo est épileptique. Tu ne pourras jamais voir ça de tes yeux, cette envie énorme de tout, Tout raconter. J'écris pour la première fois depuis six mois.

Ce pet, c'était la chose la plus rassurante que j'ai vécu pendant ces six mois. D'une certaine manière, ça m'a confirmé que j'avais bien fait d'arrêter.

Quand je suis partie, personne ne m'a dit au revoir. J'étais invisible. Comme avant d'arrêter de fumer. Comme après.

Ce pet m'a conforté dans l'idée que je n'étais juste pas à la bonne place. Je ne me sens pas bien. Mais ce n'est pas du à une substance chimique ou à une position géographique.

C'est quelque chose en moi qui est cassé.

Et il convient vivement de le réparer.



samedi 24 juin 2017

Ma putain de carte Pastel





Hier j'ai retrouvé ma carte Pastel. Ca faisait un an que je la cherchais, pour prendre les transports à Toulouse, ma putain de carte Pastel. J'ai du en payer des tickets de métro parce que je ne la trouvais pas et que j'avais la flemme d'en refaire une. J'avais abandonné mes recherches depuis un certain temps, je ne m'y attendais plus, je pensais que c'était fini, ça m'a fait un choc de la voir, petit carton bleu dans un étui plastique épais, avec une photo dessus, une photo de ma tête d'il y a trois ans, quand j'ai fait faire ma carte Pastel.
C'est en cherchant autre chose, car c'est toujours comme cela que les histoires commencent que je l'ai trouvée tout au fond d'un grand tiroir à Versailles, avec plein d'autres choses que j'avais oubliée depuis longtemps également. Il y avait dans ce tiroir une dizaine de dossiers de toutes les couleurs avec écrit en gros dessus « Important » et que je n'avais pas touché depuis des années. Je ne me souviens plus ce qui peut être si important dans ces dossiers. Il y avait aussi du maquillage, je pensais que j'avais tout jeté ; depuis le temps. Des mots d'anniversaire de ma grand mère, des dessins d'enfants, des vieux contrats de travail, des cartes de Barcelone, de Sanary-sur-Mer, de Rome. Des brochures d'endroits ou j'aurais voulu mais ou finalement j'ai jamais foutu les pieds. Des feutres fins et des Posca, de quand je passais mes journées à dessiner. Et tout un tas de conneries dont je ne savais pas vraiment quoi faire mais que je n'avais pas voulu jeter : des pierres de volcans, des sachets de thé, des crins de cheval, des autocollants, des bouts de papiers...
Qui a mis tout ça dedans ? Est ce que c'est moi qui ai tout entassé et fermé le tiroir très vite, pour cacher ma carte Pastel en dessous et ne jamais me rappeler ou elle était ? Est ce que c'est ma grand mère qui a voulu m'aider à ranger et qui s'est un peu plantée ? Est ce juste le temps qui s'est chargé de réunir tous ces objets dont je suis le seul lien, de les mélanger et de les vider de sens ?

J'aurais pu t'appeler avec un accent de triomphe dans la voix pour te dire que ça y est j'avais retrouvé ma putain de carte Pastel et que j'allais à nouveau pouvoir prendre le bus pour quedalle, mais je l'ai pas fait. J'avais pas envie de t'appeler et puis je me sentais pas du tout triomphante. Je me sentais triste, dans les roses, avec le sentiment d'avoir encore raté quelque chose. Avec ma putain de carte Pastel dans la main et une grosse boule dans la gorge je me demandais pourquoi j'étais à Versailles, parce que ma carte Pastel ne me servait strictement à rien ici, à part à craner devant les gens et à dire « ouais moi j'ai une carte Pastel » mais à Versailles les gens s'en foutent, ils ne savent même pas ce que c'est. Je me suis demandée quand est ce que j'allais pouvoir rentrer à Toulouse pour m'en servir de ma putain de carte Pastel, et je n'ai pas trouvé de réponse, ça m'a donné envie de pleurer. Je me suis dit que c'était bien la peine d'avoir une carte Pastel si c'était pour ne pas s'en servir quand on en avait besoin, et de la retrouver une fois qu'elle était complètement inutile.

Je me suis rendu compte qu'avoir une carte Pastel soulevait beaucoup de questions auxquelles je n'aurais jamais pensé et était accompagné d'un sentiment de peur très vif. Cette peur, que j'avais cru vaincue, piétinée, écrasée, détruite par la force de mon intelligence et de mon courage, la peur de perdre, la peur d'être seule, la peur d'échouer, la peur d'avoir tort, la peur de souffrir, la peur d'être malheureuse, la peur, quoi, et bien cette peur n'avait jamais disparue. La peur était depuis tout ce temps cachée dans le fond d'un tiroir à Versailles à côté de ma putain de carte Pastel. 



dimanche 28 mai 2017

Fils de connard

Fils de connard.
Je ne sais pas trop ce que je ressens. J'ai l'impression que mon sang a cessé de couler à travers mes veines, que mon coeur a cessé de pomper un instant. Je descend de la voiture, je lache "bonne journée", je prends mon sac à dos et je claque la porte.
Gros fils de connard.
Quand la main s'est posée sur le haut de ma cuisse, la réaction a été épidermique. J'ai pris la main et je l'ai balancée loin de moi. La main est revenue. J'ai gueulé "non!".
Le propriétaire de la main a dit : "allez quoi ! on peut s'envoyer en l'air."
Je suis complètement incrédule. Je ne peux pas croire que ça se passe comme ça, que c'est en train de se passer.
J'ai répété : "non", plus fort. J'ai joint mes mains et les ai posé sur mes genoux.
"Mais ça va, allez, on est bien, j'ai envie moi. T'es bonne."
Je ne bouge pas, je ne dis rien, mais tout mon corps est en alerte.
"Pff ok, mais bon faut me comprendre, c'est tentant. Faut pas se vexer pour ça hein. "
Fils de connard.
"C'est tentant quand même."

Je sors de la voiture.
J'ai rien putain.
J'ai rien, j'ai rien, j'ai rien. Il ne m'a rien fait.
Mon sang recommence à traverser mon corps par à-coups.

Mille pensées me viennent. Qu'est ce que j'aurais du faire ? Je ne l'ai pas insulté. Je ne pense pas que ça aurait changé les choses. Je n'ai pas essayé de lui faire la leçon. Je pense que quand on a cinquante balais passé on SAIT que ce n'est pas une chose à faire de toucher une fille sans lui demander quand vous êtes tous les deux seuls dans une voiture qui roule à 90 km/h. Je pense que tout le monde le sait en fait. C'est juste qu'il s'en fout, c'est pas possible autrement. Je ne vais pas essayer de l'éduquer, de lui expliquer pourquoi c'est mal. Je ne lui ai pas dit ce que je ressentais. Je ne lui ai pas dit que je me sentais humiliée, incomprise et en danger. Je n'ai pas fait un scandale, je n'ai pas crié, J'étais en colère, mais surtout j'avais peur.
 J'ai juste dit non. J'ai été claire. J'ai gardé mon calme, j'ai dit non et je suis sortie de la voiture dés que j'ai pu. Qu'est ce que j'aurais du faire ? A mes yeux, après avoir revécu cette scène de nombreuses fois dans ma tête, je ne vois pas. Et pourtant j'aurais voulu faire plus. Ne pas laisser passer. Ne pas être silencieuse. J'ai crains pour ma sécurité, j'ai eu peur d'envenimer les choses.
Je n'ai rien dit. Je n'ai pas demandé ce qu'il se passait dans la tête de cette personne pour croire que j'avais envie de coucher avec un mec qui a l'age de mon père que j'avais rencontré cinq minutes plus tôt sur la nationale entre Rodez et Albi. Je n'ai pas demandé qu'est ce qui avait pu lui mettre l'idée en tête que toucher comme ça le corps d'une fille à laquelle on a dit trois mots dans une voiture qui roule à toute vitesse c'était bien.
Je ne lui ai pas envoyé une grande gifle dans sa sale gueule de fils de connard.
Qu'est ce que j'aurais du faire ?

Et puis : qu'est ce qui se serait passé si il avait insisté ?


J'ai repensé à tous les gens qui disent que le féminisme en France c'est abusé, que la condition de la femme va très bien et que faut pas déconner. J'ai pensé qu'on vivait dans un pays, dans un monde ou on pouvait toucher une fille dans une situation de faiblesse démesurée et qu'il ne se passerait rien parce qu'il ne pouvait rien se passer. J'ai pensé que beaucoup d'hommes ne ressentirais jamais la peur physique et intense de sentir un autre corps rentrer dans le sien de force.

J'ai pensé que j'avais beaucoup de chance.
Et que j'étais terrifiée.







lundi 15 mai 2017

Partager le silence





"Et vivre à la belle étoile avec la femme que l'on aime est de toutes les vies la plus totale et la plus libre." Stevenson 

 Dans les rues froides, c'est l'hiver, non c'est le mois de mai, et qu'importe après tout ? si la vie n'est qu'un enchaînement de jours sans toi, si les seuls à me juger seront des dieux qui n'existent pas. Je ne t'en veux pas pour ton silence, je ne t'en veux pour rien. Le silence c'est ne pas laisser les mots tout détruire et à la fois c'est se convaincre soi même. Etre seule, écouter le silence, ça m'a terrifié pendant longtemps, aujourd'hui c'est une nécessité. J'ai besoin d'être seule comme j'ai besoin de dormir. Mais ce que je voulais t'expliquer, c'est qu'on pouvait partager le silence. Est ce que je m'accroche à une vieille idée ? Je te propose de partager le silence avec moi.

Je veux réussir à décrire ce sentiment avec des mots exacts, précis, être capable d'expliquer ce qui se passe à la respiration près. Partager ce sanglot de bonheur, qui roule à l'intérieur de mon ventre la pointe de sel qui me transperce l'oeil, la canine qui cloue le coin mes lèvres dans un vif entêtement. C'est plus fort que tellement de choses, c'est tellement fort que si on m'avait dit que ça existait, j'aurais rigolé, ou je me serais mise à pleurer, ou à insulter mon interlocuteur. C'est un bruit sourd à l'arrière de la nuque, point de départ de la moindre de mes sensations, un bruit sourd obsédant et toujours présent. C'est mes tatouages sur les poignets, l'aiguille qui raconte, sans les mots, juste tout le reste, absolument tout. Le silence que je te propose, c'est la vérité la plus précise du monde, de celle qui ne se trahit pas. Un silence qui dénoue, pose tout à plat et donne du sens, explique, ne juge pas. Un silence qui est aussi grand que combien l'on est capable d'aimer.

Partager ce silence, avec toi, qui connait la part de moi que j'élude par peur de la rencontrer au détour d'un chemin, qui respecte le moindre de mes mouvements au point de me voir disparaître par instants, c'est atteindre la forme de solitude la plus parfaite qui soit; seule avec toi c'est être seule avec moi en entier.





jeudi 30 mars 2017

Marcher



J'ai l'impression que si je m'arrête de marcher, je vais crever instantanément. Marcher, pour rien, vers rien, marcher comme ça, sans s'arrêter, sans regarder les paysages, forcer mon corps à m'obéir et m'émouvoir de tout ce que celui ci est capable d'accomplir alors que mon âme ploie sous la tristesse et l'incertitude. Impossible de savoir ce que je veux faire, impossible d'avoir la conviction que la décision horrible que je prends aujourd'hui me permettra de construire un meilleur demain. Chaque pas, par contre, chaque putain de pas est ardemment désiré, c'est moi qui décide, un pied devant l'autre et voilà, je marche, et l'air de rien, j'avance vers ce lendemain résolument, puisque, de toute façon, il n'y a pas le choix. Marcher, bien sur, c'est pas forcément avancer, mais c'est mieux que rien, mieux que rester là, à regarder ce que j'ai construit de mes mains pourrir et me tomber dessus, me fracturer le crane. Alors, je marcherai, aujourd'hui, demain, jusqu'à en avoir mal aux genoux, jusqu'à ce que mes pieds saignent, jusqu'à être capable de ne pas crever si je m'arrête.






lundi 13 mars 2017

Les murs blancs




J'ai balayé mon passé en ouvrant cette porte et en tombant nez à nez avec ces murs blancs. J'ai compris que les lieux aussi s'attachent aux personnes et qu'il ne faut pas les laisser seuls trop longtemps, mais c'était trop tard car j'avais juste ces murs blancs devant moi. Pendant quelques minutes j'ai eu beaucoup de mal à retrouver mes esprits. A comprendre qu'il n'y avait plus aucun lieu au monde que je pouvais appeler "chez moi". Que les murs que je considérais comme tels avaient fait le choix du vide et que je ne pouvais pas leur en vouloir, déjà parce que j'avais décidé de ne plus jamais en vouloir à personne, et ensuite parce que je comprenais le besoin de vide. C'est comme ça qu'on essaie d'oublier l'absence, supprimant tout ce qui rappelle la présence. Les murs blancs, ce n'est plus mon absence, c'est l'absence tout court.
Je suis revenue pour retrouver cet endroit, et je ne le retrouverai plus jamais. Je ne suis pas triste car j'ai aussi décidé de ne plus jamais être triste. Je me sens extrêmement libre au point que c'en est presque indécent. Je ne peux pas vivre entre des murs blancs. Je ne peux pas vivre dans l'oubli de mon absence. Maintenant que je ne vis plus ici, je peux vivre partout. Je vis de toute ma présence, peu importe ou je suis, peu importe le blanc des murs, je me souviens de tout.





jeudi 24 novembre 2016

Bon vent




J'ai trouvé la liberté dans les crins d'un cheval qui virevoltaient dans le grand galop me portant à travers les Cévennes.

J'ai trouvé quelques minutes de paix en haut de montagnes démesurées dont l’ascension douloureuse valait bien plus de mille fois la vue que j'y ai trouvé.

J'ai trouvé tant d'amour et de rires au fil de tous mes séjours avec des enfants, au rythme des jeux, des rires et des découvertes.

J'ai trouvé des amis et des personnes tellement incroyables que parfois j'ai encore du mal à croire à tous ces souvenirs hautement riches en couleurs et en aventures.

J'ai trouvé de la bienveillance partout ou j'ai eu l'occasion d'aller, le plus souvent sans même la rechercher.

Peu importe la désapprobation, empreinte d'amour et d'inquiétude, probablement, de ma famille, car je n'aurai de cesse de leur expliquer que je m'enrichis de ces expériences et pas de l'argent qui gouverne leur vie en grande partie.

Que tous les dangers m'attendent au seuil de ma porte, alors autant les braver heureux et libre.

Peu importe la peur qui tente de m'étreindre quotidiennement, l'incertitude de mes lendemains, le vieux syndrome d’échec si bien connu depuis toutes ces années qui ne me lâche pas et refait surface systématiquement à chaque difficulté.

Peu importe toutes les désillusions, les faux pas, les moments de perdition et les peines.

Désormais j'attrape ma peur et la berce au creux de moi en lui intimant avec indulgence de se calmer. Je n'ai aucun cas de conscience ni aucune difficulté à aller chercher de l'aide quand j'en ai besoin, et j'en ai eu souvent tellement besoin

J'accepte le contrat qui me mène à l'autonomie et au savoir avec son lot de tristesses et de renoncement. Je ne sais avec certitude ce qu'est le bonheur mais je pense pouvoir affirmer que je m'oriente vers lui, à tâtons et avec acharnement.

Les séparations sont terriblement difficiles mais certaines retrouvailles sont une des plus belles choses qu'il m'ait été donné de vivre.

Je suis partie il y a longtemps, mais la différence est qu'aujourd'hui je ne fuis plus. Je me construit, brique après brique, et je souhaite du plus profond de moi même, ne jamais cesser d'apprendre.



"Et à ceux qui mettent les voiles, car ils savent qu'ils ont quelque chose à découvrir au delà de l'horizon, on peut seulement leur dire "Bon vent" "


vendredi 27 mai 2016

Le héron de Amsterdam





Amsterdam. Il fait nuit et je suis seule. Une redescente d'une violence vibrante et agréable d'un tout premier trip aux psychédéliques me ramène dans un monde monstrueusement vide et plein en même temps. Les lampadaires immenses reflètent leur lueur sur les canaux tellement paisibles qu'on pourrait croire des miroirs. Je décide de marcher jusqu'à comprendre quelque chose.
Chaque pas sensé me ramener à moi même par la force des choses et de l'habitude ne fait que m'éloigner physiquement de chez moi. J'ai marché pendant plus d'une heure, les sens en veille, et me suis arrêté en me rendant compte que j'étais déjà très loin et que je ne pouvais pas espérer de mon corps qu'il continue sa route et revienne sur ses pas plus tard. J'étais sur un grand quai, d'une géométrie exemplaire, qui donnait sur la mer. J'avais peur mais je ne savais pas de quoi, comme ça m'arrivait souvent à cette période là, quand je n'avais pas encore compris que les choses les plus sombres qui me terrifiaient étaient profondément ancrées en moi même. Et sur ce quai gigantesque ou ne se trouvait pas un seul bateau ou âme, j'ai été frappée par ce grand lieu commun qu'est l'absence totale de sens. Tout était plus que jamais désespérément vide et plein.

J'ai pris le chemin du retour, ma peur sous le bras, les jambes alertes mais un peu fébriles. Les méninges crispés toujours dans cette même volonté de comprendre qui n'aboutit pas.

Je me rappelle avoir écouté High Voltage Queen sur la fin du trajet et y avoir pris un pied absolument incroyable que seuls peuvent comprendre ceux qui ont vécu l'association virulente de drogue et de musique, capable de remuer, indomptable, tout ce qu'on a soigneusement enfoui dans les tréfonds de notre inconscient depuis si longtemps. Jamais les tremblements de cette chanson ne cesseront de parcourir ma peau, comme l'application ferme d'une loi juste. Jamais je n'oublierai la rue déserte et droite qui menait jusqu'au terrain de basket devant la péniche ou nous habitions depuis quelques jours. Tout transpirait une sérénité absolue dont je m'imprégnais sans tenter de le faire, la musique obsédante s'occupait de tout, il n'y avait plus besoin de réfléchir. Tout allait bien.

J'ai grimpé sur le pont de la péniche et suis tombée nez à nez avec un héron qui avait l'air habitué des lieux. On s'est regardés pendant quelques temps, parfaitement calmes, lui lissant ses plumes et vaquant à ses activités d'oiseau, et moi roulant un joint, nous faisions partie du même monde, on ne se dérangeait pas, silencieux. Au petit jour, je suis allée réveiller L. pour partager avec lui la douceur de cet univers que je découvrais petit à petit, qui cependant avait probablement toujours été là. Nous nous sommes installés sur le pont, enlacés. Le héron était parti.

J'étais à ce moment là, lovée dans la chaleur humaine après des heures de pèlerinage solitaire, recrachant une fumée de la même couleur que mes songes, très proche d'une forme d'amour considérée comme pur, incroyablement vide et incroyablement pleine.  



mardi 26 avril 2016

vingt et un plus un

occupation de la BNP à Toulouse. 20/04/16


Dix heures du matin. Dans le miroir, la personne en face de moi a des rides au coins des yeux, et des grandes cernes noires. Elles sont toujours là maintenant, que je dorme dix heures ou que je ne dorme pas, je suis "fatiguée de la vie", qui épuise, qui me jette dans les coins. Et j'ai des petites rides, des rides quand je souris, des rides d'espoir. Je me souris un peu pour voir.
Je m'étire. J'ai des courbatures un peu partout. Hier j'ai participé à l'occupation d'une banque avec Nuit Debout Toulouse pour protester contre la fraude fiscale entre autre choses, et pendant deux heures nous avons dansé comme des dingues à l'intérieur, à grands renforts de colliers de fleurs et de confettis. On s'est fait traîner dehors par les forces de l'ordre, pour moi c'était la première fois. J'ai fait la teuf dans une banque. Ca me fait marrer.
Hier j'ai croisé E., drôle de fantôme d'un passé douloureux et très fort. "T'as l'air épanouie" qu'elle me dit. Je lui ai répondu que je grandissais énormément, tous les jours, et qu'accessoirement j'en prenais plein la gueule mais qu'il me semblait que l'un n'allait pas sans l'autre. Elle a dit que j'avais sans doute raison. On a cessé de parler car l'Assemblée Générale de la Nuit Debout a commencé et qu'on voulait toutes les deux écouter. Puis je suis partie sans lui dire au revoir.
J'ai peu travaillé cette année, j'ai eu le temps de réfléchir à beaucoup de choses. Je sais désormais qu'il est indispensable que je vive debout et que je me batte. Je n'ai pas encore de certitudes sur la manière dont ça doit se faire mais ça se précise doucement. Tout dans mon corps est vivant et révolté, tout dans mon esprit me mène à la lutte.

Il pleut. Je suis toute seule. Je sais qu'à partir de maintenant je serai toute seule très souvent. Mais tout va bien. Hier j'ai fumé un joint. Ca faisait 7 mois que je n'avais pas fumé, que je me suis débarrassée d'une addiction qui me poursuivait depuis 5 ans. Oui décidément j'ai beaucoup de choses à fêter aujourd'hui.
Vingt-deux ans. Cet age trop symétrique ne me plait pas trop. Disons vingt et un plus un. Vingt et un bis. J'ai de l'espoir plein le bide, tellement que ça commence à faire vraiment mal.


dimanche 10 avril 2016

dimanche après-midi




Nos deux corps enchevêtrés 
dans le silence d'un dimanche après-midi
Et nos respirations qui se suivent, dans l'annonce d'un été, 
le printemps revenu
Putain, que j'aime vivre 
dans ce monde que j'ai construit
La peur abolie et les détresses disparues, 
Tranquille pause dans les combats
Ce pourquoi l'on s'est battu
Ceux pour qui l'on ne se battra pas
Se contenter d'être là
Ou tout est beau
Ou il n'y a rien à rater
Et rien à réussir
Ou il faut juste être là
être présente 
Car ce dimanche après-midi 
ne recommencera pas
Et tous les petits matins
Ou je me lève sans toi
Sont tous aussi pénibles
Et différents à la fois
Mais ce n'est pas aujourd'hui
Et même si c'est demain
Aujourd'hui tout va bien. 


jeudi 10 mars 2016

Questions plus ou moins pertinentes cherchent réponses




Est ce qu'aimer la liberté c'est laisser les autres partir si loin qu'ils pourraient se blesser au point d'en crever ? Est ce que permettre aux gens qu'on aime de courir à leur perte c'est vraiment les rendre libres ?

Est ce qu'on se remet jamais de l'absurdité totale de nos échafaudages internes ? Combien de temps ça prend de tout déconstruire puis reconstruire quand on a été monté de travers et qu'on a fait qu'accumuler par dessus ça depuis le début ?

Est ce qu'on a le temps dans une vie de se soigner de ces aberrations pour ensuite tenter d'aller soigner le monde, qui est également dans un état dramatique niveau incohérences ?

Est il possible de n'avoir aucun besoin de reconnaissance au point d'être en capacité de parler dans le vide indéfiniment ?

Est ce qu'on aimerait mieux les autres si on parvenait à s'aimer pleinement nous même ? Est ce qu'on s'aimerait mieux si on cessait d'aimer les personnes qui nous blessent ?




vendredi 4 mars 2016

Couleurs




Des insomnies noires et des petits matins tous blancs
Des angoisses multicolores absolument formidables
La certitude qu'à la fin de l'histoire il y aura quelqu'un
Devant une grande tasse jaunie par tous les thés successifs
Qui se demandera impunément ce qui lui a pris
De ne pas laver cette tasse avant.

Dans le ciel gris se découpe la silhouette des palmiers un peu verts
Qu'on ne voyait pas dans la nuit daltonienne
Frémissant sous les assauts du vent qui existait avant eux
Et dont on ne connais pas vraiment le but
Si les palmiers sont lassés, ils ne le laissent pas savoir,
Sans doute qu'à force, ils ont appris à l'aimer.

Peut être que l'amour est comme un arbre qui est toujours capable de grandir
Malgré qu'il soit soumis aux bon désirs de la météo
Enfin c'est probablement ce qu'il devrait être
Dans les entrailles rougeoyantes de chacun d'entre nous
Ce matin en tout cas la peur recule un peu, mais l'altruisme reste
Désespérément abordable et incroyablement loin.



mardi 9 février 2016

2012-2016




Gros coup de vieux
PAn dans les dents
J'ai 21ans et ça fait 4 ans que je traine ici.
Je suis arrivée avec A., et je sortais tout juste d'une période d'une noirceur sans nom.
J'en ai connu d'autres depuis mais jamais pire que ça
Il y a des gens qui m'ont remis debout, qui m'ont appris à me battre pour moi. Il y a des gens qui ont cru en moi et j'ai une sacrée chance.
Parce qu'aujourd'hui je crois en moi aussi.
Bref
C'était super marrant
Et ça ne fait que commencer
Ces derniers temps j'ai moins écrit parce que je me heurtais à des prises de conscience qui me dépassaient complètement. Et aussi parce que je ne vois plus la nécessité de parler de choses qui ne concernent que moi.
J'ai beaucoup voyagé, et ce n'est que le début.
En 2016 je me remet au travail
Et il y a tellement de choses à faire que je ne sais pas trop par ou commencer.







jeudi 31 décembre 2015

S'il faut résumer les choses



Huit heures du matin,
Assis sur la berge, au pied du mur de Berlin,
Après une nuit zébrée noire et blanche
Et l'impression d'avoir compris infiniment,
Le corps secoué de reconnaissance.

Dix heures du matin
Puis s'éveiller dans une tente après un sommeil trop court,
Dans les hurlements des gens heureux et la musique,
La drogue et le soleil qui percent la cornée
Une certaine idée de la paix intérieure.

Midi et demie.
Tom est mort.
J'ai perdu mon meilleur ami.

Quinze heures.
Intense végétation, handicap physique et mental
Pourquoi réfléchir, si ça ne mènera qu'à souffrir un peu plus
Alors qu'on peut juste se droguer jusqu'à l'os
Et dormir encore...

Dix sept heures
Jouer avec des enfants,
Eux qui parviennent toujours à surprendre
Qui réinventent le monde, qui vaudront toujours la peine.
Dans une douceur inquantifiable.

Vingt heures.
Genou cassé, les limites du corps.

Vingt et une heures
Décès.
Les limites du coeur.
Et des dizaines de personnes en deuil.
Une impuissance sans limites.

Vingt deux heures.
Il nous faudra accepter de l'aide.

Minuit.
Voyager pour mieux revenir, 
Rentrer retrouver ceux qu'on aime, 
Ceux qu'on aime tellement que c'est complètement insensé
Qu'après toutes ces années ça fasse encore cette boule dans l'estomac
Que l'amour soit toujours quelque chose d'aussi réel
D'aussi sain
Auquel je n'ai pas peur de m'accrocher de toute mes forces
Ce n'est pas une échappatoire
C'est un moteur...



Ambivalence absurde de cette année décousue. Et un pas de plus vers l'autonomie, et un autre pour la liberté.



mercredi 4 novembre 2015

Des adultes enfantins



Je suis une vingtaine, une centaine, des milliers d'enfants, je suis des filles et des garçons, des petits et des grands, je suis leurs rires et leurs chagrins, leurs embrouilles pour des broutilles, leurs vêtements sales, leurs jouets et leurs vieux doudous . Je suis le repas difficile à avaler, je suis la gorge nouée car la maison manque, la tristesse d'être loin de ceux qu'on aime souvent, tout le temps, je suis la joie d'en aimer d'autres, extrèmement fort, je suis la blague nulle qui fait sourire, je suis les bras qui réconfortent, même si ce ne sont pas ceux souhaités, je suis les promesses du soir. Je suis les jeux toute la journée, je suis le soleil qui mange la peau, la pluie qui complique tout, le froid qui pose problème, je suis la boue et le sable, les cailloux et l'herbe, je suis celui qui grimpe aux arbres, qui se roule par terre, qui ris à perdre haleine. Je suis les grosses colères et les coeurs gros, je suis le vague à l'âme et les valises sous les yeux, la fatigue mordante, la bêtise de certains, l'intelligence des autres, je suis la méchanceté gratuite à effacer, je suis l'expression d'une douleur sourde, je suis les apparences. Je suis la possibilité de dépasser le négatif, je suis les calins collectifs, les fous rires, les folies, la folie pure, je suis les amitiés puissantes, inoubliables, je suis les rencontres électriques, je suis unique et tellement multiple, je suis un bout du futur. Je suis des adultes enfantins, des âmes pleines d'espoir d'un bon demain, je suis la pédagogie, la patience, je suis une certaine idée de la sagesse, je suis la justice et l'équité, je suis des valeurs inébranlables. Je suis la remise en question perpétuelle, les couchers tardifs et les réunions houleuses, je suis les prises de tête, la lassitude, je suis le chemin tortueux vers la paix, je suis les progrès incontestables. Je suis la liberté immense, je suis le bonheur véritable, je suis un amour infini.  


mardi 29 septembre 2015

Résister



"Nous avons toujours un choix, et ne serait-ce que de ne pas nous incliner devant ceux qui nous en privent." Kunze


Mounier Gabriel
Caporal
Mort pour la France le 01/08/1944 à l'age de 21 ans

Nécropole de Vassieux-en-Vercors.
Partout ici l'émotion est immense. Les nazis ont massacrés les Résistants maquisards et les habitants du Vercors durant la guerre. Les enfants et moi nous circulons dans ce haut lieu de mémoire entre les tombes sobres de centaines de martyrs. La moyenne d'âge des Résistants est de 24 ans, le plus jeune en avait 17. Et l'un d'entre eux portait le même prénom et avait le même age que moi. Chaque tombe représente une somme de souffrance incroyable. Et celle ci me questionne : tu aurais fait quoi toi ? Qu'est ce que tu raconteras à tes gosses ? Que tu as passé ta vie la bouche noire de cendre et le corps asphyxié à force de fumer des joints, les yeux Fermés ?
Tant de gens qui ne m'ont jamais connu sont morts pour ma liberté et tant de gens luttent aujourd'hui pour la leur. Qui suis-je pour m'en foutre ?
Chaque jour j'essaie d'être un peu plus grande, un peu plus forte, un peu plus sensée que la veille, chaque jour j'essaie d'apprendre et de comprendre un peu plus. Je me suis toujours dit qu'il fallait que je m'en sorte, que je me devais de m'en sortir mais pour moi seulement. Il est temps de délaisser l'égoïsme qui nous cloître chez nous. Il est temps de s'engager sans esprit de compromission. Il est temps de résister contre l'époque qui nous enferme dans notre petit corps infâme.
Il est grand temps de se battre.
L'oeil nervuré d'espoir, je me remercie pour les routes longues et sans éclairages qui valent absolument la peine qu'on les emprunte. L'âme désormais secouée par l'ambition de vivre sans faillir.

Sens tu la liberté qui tempête en toi et ne demande qu'à te guider ?


lundi 22 juin 2015

Fidèles




Je n'ai jamais eu moins peur de marcher seule dans la nuit qu'en ce moment. Il ne peut plus rien m'arriver d'autre que cette douleur intense et dégueulasse. La violence est inouïe rien que quand je me surprends à tourner la clé dans la serrure dans le mauvais sens... Là bas c'est vers la gauche mais pas ici. Tandis qu'ils pointent leur doigt vers moi en disant : "tu vois, ça lui arrive à elle aussi" comme pour m'enlever de la valeur je sais qu'il n'y pas trop d'excuses que je puisse m'accorder, j'ai vraiment été pareil qu'eux, voire pire. Parce que moi je savais très bien l'importance que ça avait et j'aurais du me démener pour aller jusqu'au bout de mes idées quand bien même elles auraient été mauvaises... Exploser en plein vol et retomber au sol en flammes. Errance et solitude, chevaux de bataille fidèles toujours capables de me retrouver à n'importe quel moment. Les platitudes qu'ils me débitent sans trop y réfléchir et les grimaces qu'ils font pour tenter de me dérider ne font que rendre la douleur encore plus magistrale. Je les remercie sans chaleur et m'éloigne, bonne à rien et sachant pertinemment que plus rien de bon ne se passera avant longtemps. A quoi ils s'attendaient quand ils me demandaient si ça allait alors que mes larmes battaient le pavé, sans honte mais sans pudeur? A ce que je ris à gorge déployée pour tromper d'un mensonge ridicule la tristesse ? Que je reste cloitrée chez moi à pleurer pendant des semaines ou que je devienne tarée et que je prenne toutes les drogues qui me passent sous la main ? Le temps me rappellera à l'essentiel, en attendant je me contenterai d'exister. Je sais que tout ira bien puisqu'on l'a décidé.




jeudi 30 avril 2015

Cointreau




Et c'est comme un petit miracle qu'on soit tous là le nez blindé de morve et passant aléatoirement du rire aux larmes dans une douce frénésie. A toi, à ta droiture, à ton sourire. Un verre de cointreau pour tout ceux qui désormais ne dormiront plus, ne comprendront jamais. Tu nous laisse des cratères à la place du coeur et du vide qui passe au travers, le chat est roulé en boule sous nos mines défaites, qui souffrent vivement de la même tristesse sans parvenir parfaitement à la partager. Attendre une mise en terre qui ne marquera en rien l'apaisement de la douleur, attendre. A toi, à tous ceux qui tiennent encore debout, et à tout ce qu'on te doit. Les mots dont je dispose ne sont pas assez précis ni assez superbes pour raconter ce que nous traversons avec exactitude. Les mots n'ont plus leur place ici, terre dédiée à une immensité de silence, et dans nos regards misérables qui se croisent, dans un hommage alcoolisé, tu es plus présent que jamais. On est tous là au delà des apparences, sans aucun maquillage ou apparat pour nous protéger, juste tels qu'on est face au miroir, désespérément seuls.



jeudi 23 avril 2015

21





Les lumières s'éteignent... Pas de surprise.
Vingt et un ans, mais si on restait toujours gosse ?
Bougies qui crament, opium dans la rétine et les copains qui parlent d'amour perdues. Ballons qui grincent, jambe qui titube, incapable de se marrer, perdue ou juste trop alcoolisée, et monter sur les échafaudages d'une conscience cinglée. Crever de froid juste parce qu'on est pas assez couverts, pas préparés à tout ça. Passe moi des filtres qu'on brule moins vite, écouter Lucio Bukowski en boucle et très fort, réfléchis bien mais réfléchis juste.
Ce que disent les hommes qui ont bu est il plus vrai ? Question que se posent des milliers de femmes depuis des milliers d'années avant de se résigner et de nettoyer le vomi. Un petit coup d'eau sur l'épiderme déprimé et partir pendant que tout le monde, absolument tout le monde dort encore, plein de tequila dans le bide. Vingt et un ans ce matin et des cernes jusqu'aux genoux, violets de n'avoir pas pioncé, et un gout d'anis dans l’œsophage.  De la poésie collée au crane et du noir sous les ongles, crinière roussâtre dans la lumière insolente des petits matins.

"C'était le meilleur anniversaire de ma vie."
"Tu dis ça tous les ans."
"Ouais t'as raison.Mais n'empêche."