"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide
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jeudi 24 novembre 2016
Bon vent
J'ai trouvé la liberté dans les crins d'un cheval qui virevoltaient dans le grand galop me portant à travers les Cévennes.
J'ai trouvé quelques minutes de paix en haut de montagnes démesurées dont l’ascension douloureuse valait bien plus de mille fois la vue que j'y ai trouvé.
J'ai trouvé tant d'amour et de rires au fil de tous mes séjours avec des enfants, au rythme des jeux, des rires et des découvertes.
J'ai trouvé des amis et des personnes tellement incroyables que parfois j'ai encore du mal à croire à tous ces souvenirs hautement riches en couleurs et en aventures.
J'ai trouvé de la bienveillance partout ou j'ai eu l'occasion d'aller, le plus souvent sans même la rechercher.
Peu importe la désapprobation, empreinte d'amour et d'inquiétude, probablement, de ma famille, car je n'aurai de cesse de leur expliquer que je m'enrichis de ces expériences et pas de l'argent qui gouverne leur vie en grande partie.
Que tous les dangers m'attendent au seuil de ma porte, alors autant les braver heureux et libre.
Peu importe la peur qui tente de m'étreindre quotidiennement, l'incertitude de mes lendemains, le vieux syndrome d’échec si bien connu depuis toutes ces années qui ne me lâche pas et refait surface systématiquement à chaque difficulté.
Peu importe toutes les désillusions, les faux pas, les moments de perdition et les peines.
Désormais j'attrape ma peur et la berce au creux de moi en lui intimant avec indulgence de se calmer. Je n'ai aucun cas de conscience ni aucune difficulté à aller chercher de l'aide quand j'en ai besoin, et j'en ai eu souvent tellement besoin
J'accepte le contrat qui me mène à l'autonomie et au savoir avec son lot de tristesses et de renoncement. Je ne sais avec certitude ce qu'est le bonheur mais je pense pouvoir affirmer que je m'oriente vers lui, à tâtons et avec acharnement.
Les séparations sont terriblement difficiles mais certaines retrouvailles sont une des plus belles choses qu'il m'ait été donné de vivre.
Je suis partie il y a longtemps, mais la différence est qu'aujourd'hui je ne fuis plus. Je me construit, brique après brique, et je souhaite du plus profond de moi même, ne jamais cesser d'apprendre.
"Et à ceux qui mettent les voiles, car ils savent qu'ils ont quelque chose à découvrir au delà de l'horizon, on peut seulement leur dire "Bon vent" "
jeudi 22 janvier 2015
Solitude peuplée
Je ne sais si ce n'est par pudeur ou par peur de ne pas savoir parler d'eux assez bien qu'il y a certaines personnes que je n'évoque jamais et dont rien que le nom peut faire se briser ma voix contre une montagne de souvenirs heureux et tranchants. J'ai eu la chance de croiser sur ma route des gens qui ont su fermer les yeux sur mes vices, mes bassesses, qui ne m'ont pas jugé, qui m'ont accepté sans jamais me forcer à rien d'autre qu'à toujours ouvrir mes yeux et à réfléchir avec plus de bienveillance. Des gens qui m'ont appris à m'aimer en m'aimant eux même, qui m'ont considéré avec attention et patience, m'ont aidé à mettre sur pieds mes projets et les accomplir. Je craint de parler d'eux et d'en écorcher le souvenir, ne pas retranscrire exactement tout ce qui a pu se passer et combien je leur dois, à tout ceux qui malgré mon obstination, ma mauvaise foi, mes colères et ma tristesse n'ont jamais cessé de me faire confiance et de me guider quand je demandais de l'aide. Ils m'ont aimé au plus mal, ils m'ont appris l'amour quand je les rejetais, le pardon quand je me haïssais, la douceur quand je hurlais. J'ai érigé des remparts autour de mon âme et ils les ont toujours respecté sans jamais les franchir. J'ai eu peur d'eux comme aujourd'hui j'ai peur de ne jamais les retrouver. J'ai compris trop tard.
Je t'entend encore m'expliquer patiemment : "La politique ça n'appartient pas qu'aux politiciens ou à une histoire de gauche ou de droite, loin de là, chacune de mes actions, chacun de mes choix est politique. Tout est politique.". J'ai mis du temps à comprendre ce que tu voulais dire, et aujourd'hui je me demande encore si on peut raisonnablement vivre comme ça, dans des espaces ou rien n'a vraiment de valeur ou de sens, faire de ses choix ses armes, ses convictions ses batailles, s'associer à d'autres qui croient comme nous pour devenir plus grands, rejeter l'inutile... C'est tout ce à quoi j'aspire mais je ne peut m'empêcher de me demander si c'est viable et de me dire que tu aurais répondu à mes questions si tu étais encore là.
Vous avez transformé ma vie. Vous m'avez appris à tout questionner, toujours. A ne jamais se satisfaire de réponses incomplètes, ne jamais rien admettre juste parce que c'est comme ça, toujours vouloir tout comprendre, parce que comprendre c'est déjà résister dans un monde ou si peu essaient. Vous m'avez réappris à jouer, "le jeu c'est la base de tout apprentissage", j'entends si bien vos voix et vos rires, "ah c'est marrant ça", toujours rire, parce que tout n'est qu'un jeu. Vous m'avez démontré, sans jamais en prononcer les mots, votre foi en l'éducabilité de toute personne, en commençant par la mienne.
lundi 12 janvier 2015
Hétéronomie
Chez l'être humain, l'hétéronomie représente l'impossibilité concrète ou l'incapacité morale à se donner ses propres lois et à se régir d'après elles ; l'autonomie est chez l'humain la faculté de vivre et d'agir selon ses propres forces, motivation et morale. Source
Je ne peut m'en séparer. Il est là parfois même quand je ne l'attends pas, que je le fuis ou que je le cherche il reviens toujours. Parfois il déserte ma route, mais jamais longtemps, jamais assez.
Jamais en paix, jamais seul avec soi même. Toujours cette présence en arrière plan comme une brume installée dans l'esprit. Un rempart entre la douleur du monde et moi, ne me permettant que de me concentrer sur la mienne, si peu véritable. Cette douleur grandit chaque jour à son contact, me coupe les jambes et me prive de mes forces, pourtant c'est maintenant plus que jamais qu'il faut se battre. Il n'est pas trop tard pour le secouer, l'envoyer bousiller d'autres destins. Il n'est pas trop tard mais il est si insistant. Impossible de le sortir de ma tête et de rejeter une certaine idée que je me fais de la fatalité. Car mon mépris un peu triste est encore teinté d'affection pour cet ancien ami adoré par le passé, qui fait aujourd'hui plus de mal que de bien.
Quand je l'évite, il me rappelle à son existence le plus souvent possible. Il me traque jusque dans mon sommeil, s'invitant dans des nuits noires de peur et d'insomnie. Quand je joue avec des gosses, je peut penser à autre chose, mais lui ne m'oublie jamais. Il connait tous mes amis, s'entend très bien avec certains et nourris l'angoisse de ceux qu'il poursuit comme moi. Il règne en despote sur des contrées imaginaires et instaure l'hétéronomie de chacun de ses sujets. Nous ne sommes plus totalement maitres de nos décisions. Nous ne sommes plus totalement libres.
Alors je ne sais pas ou je dois chercher la volonté et le courage d'arrêter la machine, je ne sais pas quand je parviendrai à m'écarter de cette influence néfaste et à me défaire de mon ambivalence à son égard, mais il est nécessaire de le faire. Parce que je ne veux pas me regarder prendre peur lentement jusqu'à être paralysée de terreur. Je l'ai laissé rentrer dans ma vie, et un jour il faudra bien lui demander de la quitter.
samedi 3 janvier 2015
La peur comme complice
Quand c'est la peur qui choisit pour toi, tu n'es qu'une raclure. Laisser la peur prendre les décisions c'est la fin du libre arbitre. Je pense que énormément de gens agissent en fonction de ce qui les effraie : la peur de ne plus avoir d'argent, la peur d'avoir l'air étrange, de ne plus être aimé ou reconnu, la peur de ne pas être comme tout le monde... Ne plus pouvoir se fondre dans la masse. Ce n'est pas l'idée d'être comme tout le monde qui me rend malade, c'est celle que tout le monde puisse souhaiter être pareil.
La souffrance est un sentiment universel connu de tous les êtres vivants. Je ne peut me résoudre à me dire que je pourrais avoir tort quand j'essaie de guider mes actions de manière à causer le moins de souffrance possible. Je n'ai pas l'impression que je répare mes blessures ou que je tente de me donner bonne conscience. Au contraire je crois que les blessures s'élargissent. Mais comment accepter d'être complice ?
Ce serait plus reposant d'être "adapté", conforme à servir des desseins imaginés par d'autres que nous, se glisser dans le moule et laisser filer. La sécurité d'être comme tout le monde, dans un monde modérément froid. Une capacité infinie à fermer les yeux sur tout ce qui pourrait secouer l'équilibre des croyances dans lesquelles on s'abrite. Ce serait si simple de se protéger en refusant de voir ou d'admettre ce que souffre le monde pour que nous puissions vivre un quotidien sans prise de positions. Se draper dans l'hypocrisie de ceux qui ne savent pas, ne savent jamais, ceux qui ne veulent pas savoir. Ne pas choisir.
A ceux qui se mettront en quête d'un absolu en rejetant le saint juste milieu, sauveur des consciences, la route est longue et parallèle à la folie. Démontrer une incapacité à penser ou agir selon la norme témoigne d'une personnalité instable. Sont sains d'esprits ceux qui ne remettent pas le fonctionnement en question tandis que ceux aux prises de l'extrémisme sont des sujets pensés comme en crise, voire dangereux. En vouloir au genre humain s'apparente à la schizophrénie. Dans l'imaginaire collectif, la frontière est mince entre exclu et sénile, militant et violent, différent et débile.
Alors il y en a qui se jurent de ne jamais renoncer à la liberté. Il y en a qui agissent. Qui refusent de rester dans leur coquille et tentent à tout prix d'éclore, et de donner un sens aux choses. Qui se réveillent après des années passées sous un chloroforme institutionnalisé à l'échelle du monde et tentent de le regarder autrement. Et qui sans se laisser prendre à l'utopie de croire qu'ils vont tout changer, refuseront jusqu'au bout d'être complice de mauvaises actions générales. Tout ceux là ont en commun d'espérer et de garder la foi en la capacité de chacun à s'éduquer et à devenir la personne qu'il est réellement dans l'idée d'un bien commun.
Si on juge que la norme est mauvaise, notre folie aux yeux des autres nous apparaitrait-elle comme une preuve de santé mentale ?
samedi 6 décembre 2014
Au nom de la liberté
Si nous n'étions assujettis qu'à la liberté, serait ce un esclavage tout aussi semblable aux autres ? Sainte liberté. Tous les jours on se lève avec la possibilité de construire quelque chose qui pourra permettre de ne pas regretter hier. Nous sommes potentiellement aptes de renouveler, d'écrire, de faire au mieux. Capables de lutter, de comprendre et d'avancer. D'un simple geste on pourrait aussi bien tout bousiller. Perdre le contrôle dans un accès maniaque, et détruire désespérément. Dans une déviance de la liberté... La plupart vivent bien souvent entre les absolus, ne parvenant pas à rejoindre un extrême, à part pour certains une modération extrême. Ne pas choisir pour ne pas avoir à s'opposer, à se positionner. Par delà le bien et le mal, on peut suivre les garde-fous. Décider de ne jamais rien décider. Au nom de la liberté, les uns mettent le monde à feu et à sang, quand d'autres se construisent des remparts en espérant que personne jamais ne viendra les y chercher. C'est la peur qui parle, la toute puissante peur qui renvoie à la fragilité de leur vies.
Mais il y a ceux qui toujours tendent à se rapprocher de ce qu'ils pensent être le bien, qui sans emmerder personne tenteront de faire leur chemin dans ce qu'ils croient être le plus juste. Ceux qui s'en fichent que la vie soit pas facile tant qu'elle est vouée à permettre de se regarder en face sans honte, en se disant qu'ils n'ont jamais laissé la peur ou la lassitude guider leur choix. Et si un jour, alors qu'on aura toujours espéré, avec l'espoir le plus humain, avoir fait au mieux, on se rendait compte en se retournant qu'on avait fait fausse route? Se pourrait-il que ce soit ceux là qui aient tort ?
J'entends distinctement le murmure stérile de ceux qui font des projets à la pelle et ne bougent jamais une phalange. Ils parlent longtemps et disent très peu de choses. Je m'en imprègne afin de me rappeler ce à quoi je dois m'opposer. La fatigue de leurs regards mangés par l'inertie me consterne. En les voyant je me répète : "je ne veux plus jamais avoir peur. Je ne veux pas finir comme eux."
Et quasiment tout de suite après : "et si un jour j'étais comme eux ?"
"Et si j'étais déjà comme eux ?"
samedi 1 novembre 2014
Mauvais voyage
Un corps crispé au dessus du vide, dans la bataille entre le chimique et de l'inconscient, avec au dessus de ses yeux cinglés, le plafond qui bouge et se déforme. Sale plafond, arrête de faire n'importe quoi! Ca rend fou, et c'est si long, tellement long qu'on pourrait oublier que ça va finir un jour. Il faut toujours s'en rappeler, bientôt on dormira, bientôt on pourra fermer les yeux, tout oublier. S'oublier, oublier cette enveloppe corporelle qui nous cloue au sol perpétuellement, la douloureuse existence physique dans un spasme halluciné. Oublier la mort si présente, partout autour, dans l'obscurité comme la lumière, dans les ombres sur les murs blancs, les ombres qui se déplacent et s'essaient à rentrer dans nos âmes et pourtant le désespoir de souffrir comme seule une personne parfaitement en vie en est capable. Le buste n'est plus qu'une nausée gigantesque. Et ce plafond qui n'arrête pas de bouger. Le sang se fige dans un froid assassin, il n'est possible ni de rester en place, ni de bouger, la douleur est totale. Les yeux qui cherchent une présence, une vie autre à laquelle se raccrocher, comme à une bouée dans la noyade, une main pour s'agripper à un espoir, une voix. Une voix peut retenir à la vie, écouter un murmure qui tranche avec le silence des angoisse. Des paroles qui nous emmènent ailleurs, nous font voyager hors des murs qui se referment sur nous, hors de la psychose, une histoire sans autre prétention que d'esquiver la terreur en faisant marcher l'esprit plus vite qu'elle. Dès qu'elle s'arrête, le cauchemar recommence. C'est très rapide, et les larmes inondent les joues fiévreuses, quand est ce que ça va cesser, il faut que ça cesse... On ne cède pas à la panique. Jamais. Il faut garder conscience de ce qui se passe, parler encore. Parler jusqu'à revivre. Créer de toute pièce un monde mental ou la souffrance n'existe pas. C'est long, ça demande du temps de retrouver la raison après un voyage si éprouvant, la raison elle a comme disparu, on dit des choses sans aucun sens, mais les pensées retrouvent couleur, nos encéphales tournent à plein régime mais sont moins agités. Et commence un second voyage à l'apogée de l'imagination, avec le soulagement de constater qu'on n'est pas morts, qu'on n'est pas fous non plus, juste un peu abîmés. On sait qu'il va nous falloir du temps avant de comprendre tout ça, avant de pouvoir se raconter réellement ce qui s'est passé, et de se remettre de ces heures de lente aliénation, de cette violence insensée.
Alors on demande : si rien n'est important pourquoi on s'obstine à faire des choses ? Pourquoi on a parlé, pourquoi on s'en est sorti ? Pourquoi on se lève quand même, qu'on range le carnage, qu'on rince nos épidermes fatigués, qu'on s'alimente même péniblement ? Pourquoi on baise, pourquoi on va à l'école, pourquoi on s'obstine à travailler pour des salaires, pourquoi chaque jour on essaie de devenir meilleur, ou de s'en tirer du mieux possible ? Si rien n'est important, pourquoi on prend des drogues, et pourquoi on s'aime ? Est ce qu'on s'acharne à donner du sens à tout ça pour mettre de côté le fait que nos existences sont désespérément vides d'absolu ? Nos vies sont infiniment petites. On ne saura peut-être jamais ce qui est important. Chercher plus loin que ce qu'on perd à chaque fois qu'on se regarde, les yeux qui cherchent à se comprendre... Peut-être que c'est à nous de décider ce qui doit être important dans nos vies.
jeudi 29 mai 2014
De ceux
Je veux pas être de ceux qui se laissent vivre, de ceux qui ne se battent pas. Je veux pas être de ceux qui sont terrifiés tout le temps, qui se mangent les lèvres dans une foule de sentiment hasardeux, laissant les démons s'infiltrer partout. Je veux pas être des faibles, des opprimés, des malheureux, faire partie des trouillards prèts à prendre la fuite à tout instant, des oubliés, des paumés en pleine névrose d'échec. Je ne veux pas être des gens qui s'enferment dans le mensonge ou dans des mécanismes dangereux, qui creusent leur propre tombe et qui se sabordent eux même, ceux qui ont tellement peur qu'ils ne vivent pas. Je ne veux pas être de ceux qui n'ont confiance en rien, qui ne rêvent plus et ratent toujours tout ou presque. Je ne veux pas être de ceux qui maigrissent par peur de prendre de la place, des drogués qui se nourissent d'illusions, je ne veux faire partie ni des filles tristes ni des gars violents. Je ne veux pas être de ceux qui se blessent eux mêmes, qui mordent et ne lachent plus prise, qui ne se sentent vivants qu'en crise, je ne veux pas être de ceux qui oublient la vie ou méprisent la paix. Je ne veux pas être de ceux qui se tordent les mains, qui se rongent les ongles, je ne veux pas être de ceux qui s'en veulent et qui pleurent sans raisons, des camés qui vacillent. Je ne veux pas être des fous, des pyjamas violets dans les hopitaux, je ne veux pas être de ceux qui s'endorment pour survivre ou qui explosent dans une tempête. Je ne veux pas faire partie des dépressifs, des solitaires, de ceux qui se noient. Je voudrai être un de ceux qui arriveront à comprendre la mécanique du coeur et à s'en extraire. Je ne veux plus jamais avoir peur. Je ne veux plus jamais avoir peur. Je ne veux plus jamais avoir peur.
jeudi 5 décembre 2013
Sainte tristesse
Cette période affreuse de l'année ou les jours diminuent de durée inlassablement est bientôt terminée cependant le froid s'accentue insidieusement, les rues semblent si tristes partout ou je vais. Le soleil se couche tous les après-midis dans un ciel sanglant, flambant insolemment derrière des arbres nus et maigres, telle la lueur d'espoir qui s'éteint pour laisser place au doute et à l'obscurité tranchante de la nuit. J'ai roulé pendant des heures et des heures dans ce noir total en espérant pouvoir oublier la comédie insupportable des relations humaines qui me heurte en permanence, rêvant de l'amour comme guérison. Triste enfant idéaliste, à qui rien n'appartient, vagabonde au possible.
Je crois que l'on peut endurer beaucoup de choses très longtemps tant qu'un peu de merveilleux brille derrière et devant nous. Derrière car il faut l'avoir connu pour y croire, et devant car il faut perpétuer l'espoir de connaitre ce merveilleux à nouveau. Cependant quand le poids de nos erreurs vient souiller les souvenirs de cet absolu et rend impensable la possibilité que cela se reproduise à nouveau, tout ce que l'on subit depuis très longtemps sans desserrer les dents devient absurde à nouveau. Pourquoi se lever le matin ? Pour quoi faire ? Qui m'attends ? Tout est redevenu abscons, idiot, terne. Tous ces efforts que l'on déployait sans ciller du matin au soir, tout ça parce qu'on avait un but, ou plutôt quelque chose à quoi se raccrocher, paraissent désormais vains. J'ai le sentiment d'une grande dégringolade au sein d'un esprit désordonné, la réalité qui prend à nouveau ses droits et rappelle l'homme à sa condition fragile. Vivre se résume à subsister. La sérénité devient proscrite. Votre coeur vous tient lieu d'âme, et votre âme saigne comme un coeur.
dimanche 20 octobre 2013
Petits matins
évasion |
"Vous voulez vous foutre sur la gueule ? Allez y foutez vous sur la gueule. C'est bon, vous êtes calmés ? Comment ça y en a un qui a mal ? Vous sentez le gout du sang là ?"
10 octobre, il neige. Je flanche.
Tous ces petits matins dont je n'arrive pas à cerner la magnificence, ou je n'ai personne pour me tenir la main, à peine quelques âmes égarées qui traversent ma solitude silencieusement. En cavale, ni belle, ni tragique, j'erre à la recherche de quoi passer le temps, car on s'en fout de tout quand on attends. Patiemment je vois les jours passer, le soleil se lève imperturbablement pour aller se recoucher au même endroit tandis que ses enfants se déchirent. J'ai l'impression de vivre dans un grand cirque. Entourée de singes savants qui connaissent bien leurs leçons, je passe pour le clown, triste parfois. Je voudrai juste te retrouver, c'est tout ce que j'attends, et que tu me mordes les doigts encore. Belle nuit qui vient, sans vie, belle nuit pour les insomniaques. Pour toi, de l'autre côté du pays, derrière mille montagnes et mille vallées et tout ce qui nous sépare dans le creux d'un oubli réconfortant qui permet de vivre malgré le fracas de tout ce qu'on a perdu qui se brise comme du verre sur le carrelage, quand je lancais encore des objets même s'ils m'ont au moins évité les contendants. J'ai un passé poids lourd, alors que j'aurais voulu m'envoler légère, vers toi, telle une plume libre de tout emmerdement. Je sais que j'en ai trop pris, toi, peut-être pas assez, j'ai eu des expériences par le passé pas dorées à l'or fin, c'est sans doute ça qui fais que je suis ainsi maintenant. Aujourd’hui quand la nausée et la terreur grimpent comme une envie de vomir, j'essaie de penser à ceux qui m’aiment comme ça. Imparfaite. J'essaie de croire que malgré tout ça marchera, qu'on esquivera le blizzard qui me poursuis depuis mes années mortes. A force le monde se vide et oui c'est vrai tout se vide autour et on se demande pourquoi, comme si on ne le savait pas. De toute manière à la question pourquoi on sait très bien qu'il ne faut jamais répondre sinon on ne comprendrait même pas ce qu'on fait ensemble, pourquoi on continue à écrire un roman baclé, absurde, à quatre mains qui se tiennent, qui s'empoignent, qui aimeraient ne pas se quitter, mais les têtes, elles, elles ne sont pas d'accord et elles s'inventent des excuses à des kilomètres pour partir, partir toujours plus loin pour poursuivre une liberté qui n'existe même pas. Je sais que je peut te faire peur parfois quand dans ma tête ça galope comme ça à pein régime mais j'y peut rien j'espère que tu le comprends, ça se contrôle pas, c'est la frénésie qui me pousse à faire des trucs pas nets, et tu me regarderas d'un air ébahi faire des choses bizarres dans un mouvement halucinatoire, sans trop saisir comment on peut en arriver jusque là.
Et même si un jour je m'ennuyais, si tu partais je devrais te retrouver. Je ne pourrais jamais aussi bien m'ennuyer avec un autre
jeudi 19 septembre 2013
Conversation de gens soucieux
Prends une chaise et assieds toi. Raconte moi. Tu peut parler avec moi tu sais. Raconte moi tes nuits dehors quand tu as peur et que tu as froid, sous la pluie, seule dans le noir et rien au monde pour te garder un peu d'espoir, juste la pensée que demain est un autre jour. Raconte moi la galère, les après-midi passés au Pole Emploi, au CCAS; les rendez-vous avec les assistantes sociales, les psychiatres et autres conseillers, les journées à attendre sur un banc que le temps s'écoule un peu, les fiches de paie, les attestations de domicile, la carte vitale qui ne fonctionne plus, le découvert impossible à rembourser. Raconte moi ou en sont tes rêves, toutes ces grandes choses que tu voulais faire, tes espérances les plus folles, les plus bancales, ou tu en es de la route que tu comptais te tracer avec ta liberté et toutes les belles valeurs que tu portais à bout de bras. C'est sur que tout n'es pas allé comme tu voulais, ça s'est un peu cassé la gueule en chemin mais tu vas sans doute te relever, c'est possible, en tout cas moi j'y crois. Tu peut pas tout plaquer à chaque fois que tes rêves se fissurent, tu l'as compris maintenant, enfin c'est ce que tu essaies de montrer. Ne lache pas prise, tu peut y parvenir si tu y crois, si tu y crois comme moi. Moi j'ai confiance, ça va bien se passer même si la route est longue, même s'il faut s'accrocher. Raconte moi comment c'était quand tu étais heureuse, ces moments d'harmonie ou on ne voyait que ton sourire à l'horizon, abrités de la malchance et de tout ce qui enferme. Tu sais que ça recommencera, on sera à nouveau bien, sans faire semblant, et tu pourras sourire très très longtemps. Raconte moi tes angoisses qu'on les chasse au loin, qu'on exorcise les démons et soigne tes peines les plus amères et tes cicatrices les plus douloureuses. Parle mo de ce qui te fait douter et te donne envie de fuir, ce qui te pousse à prendre de la drogue quotidiennement pour te faire penser à autre chose, faire passer les minutes pls vite, s'endormir plus rapidement, tard le soir ou tôt le matin, quand tu trouves enfin un lit. Mais c'est pas ça la solution, tu le sais mais tu essaies de l'ignorer, tu as l'impression de soigner le mal par le mal, et d'autres pensées abstraites, tu te laisses percher sur un nombre de choses absolument incaculable, ça va trop vite dans ta tête, trop souvent tu paniques pour des trucs tous bêtes et quand tu t'expliques c'est confus. Quand t'es dans la rue, tu croises des gens "biens" en polo et jean propre, un sourire discret aux lèvres, des gens qui ont sans doute un crédit et une voiture à leur nom, des revenus stables, des enfants en école de commerce, l'air heureux même s'ils ne le sont pas forcément. Un bonheur tranquille et préconçu qui baigne leur quotidiens malgré les quelques maux qui les agitent. Tu te demande pourquoi t'es pas comme eux. Pourquoi t'es pas sage et jolie, cultivée, avec un appart et de bonnes études, un poisson rouge et de gentils amis. Pourquoi toi tu as mal tourné, tu as fait de ta vie une lutte permanente contre les croques-morts silencieux qui t'entourent, te surveillent en permanence. Ils ont volés l'âme de tes meilleurs amis, de tes compagnons de route sans qui tu tente de continuer ton chemin malgré tout. Raconte moi comme il est long ce chemin, comme tu t'y sens seule parfois. Comme tu aimerais qu'il pense à toi parfois de son appartement au chaud, dans sa jolie vie bien rangée qui n'avait pas de place pour toi. Raconte moi comme parfois c'est dur et qu'il te manque, même si tu retiens ces souvenirs comme étant les plus belles choses que tu as pu connaitre. Comme tu es heureuse d'avoir pu connaitre au moins une fois de se coucher à côté de quelqu'un que l'on aime, se réveiller en pleine nuit pour se dire rout ce qu'on ne raconte pas le jour, de te cacher à l'écart d'un monde qui te terrorise quelques instants avant de repartir au combat. Tu sais que peut-être tu ne le retrouveras jamais car tu as placé ta liberté au dessus de tout ce pour lequel tu peut te battre. A la fin des hostilités, tu retourneras en territoire de paix, mais il sera sans doute trop tard. Mais moi je suis là et je ne te lacherai pas. Tu ne seras plus jamais seule.
mardi 30 juillet 2013
La lettre à Elise
"La muerta es una calle sin salida" - La mort est une rue sans sortie. |
" Tu nous entends la mort ? Est ce que tu nous entends ? Si oui, saches que déjà, on a pas peur de toi. On t'as déjà vu de très très près, on sait à quoi tu ressembles avec ta sale gueule de cadavre et tes griffes gigantesques qui essaient de nous tirer vers toi dès qu'on a un instant de faiblesse. Mais c'est pas parce que tu nous fait pas peur que tu peut pas aller te faire enculer bien profond, t'entends ? Parce qu'on a pas besoin de toi, ni aujourd'hui, ni plus tard, parce qu'on sait que parfois tu préviens pas avant de débarquer mais là c'est pas pareil, t'as pas le droit d'être là, de nous prendre, de nous emmener, t'as pas le droit de faire ça. De nous voler notre jeunesse. Parce qu'on est des gamines encore. Parce qu'on l'a pas mérité ce qui nous arrive. Parce que c'est pas de notre faute.
Mais tu sais quoi, vas te faire foutre la mort, on veut pas de toi, tu peut aller te faire voir ailleurs, très loin, chez les vieux, les miséreux, ceux qui n'ont plus que leurs cheveux blancs et l'attente de crever tranquillement dans tes bras. Alors perds pas trop ton temps avec nous, parce que même si tu nous as beaucoup affaiblies, avec tes copines l'angoisse et la dépression, on ne baissera pas la tête une nouvelle fois encore, on ne se laissera plus faire si facilement. Alors oui c'est vrai, encore une fois on va devoir tout reprendre à la case départ, mais nous on a ce truc que toi t'as pas, qui s'appelle l'espoir et qui vas nous permettre de continuer la bagarre encore longtemps. Faut qu'on te dise quand même, tu fais chier la mort, tu fais chier, parce que sans toi et tous les trucs ignobles que tu impliques, on avait tout, tout pour être heureuses. Mais on le sera à nouveau, j'en suis certaine. Quand on t'aura enfin déglingué définitivement, quand on t'aura sorti de nos têtes, quand on aura rattrapé la vie que tu essaies de nous voler. Des fois on a envie de te gueuler dessus, de te hurler, de te crier, mais enfin, pourquoi tu t'acharnes sur nous, sale pute ? Tu crois pas que tu fais déjà assez de mal comme ça ? C'est ça ton kiff, ton trip, c'est ça qui te fait prendre ton pied ? Tuer impunément, comme ça, des gosses perdues qu'ont rien demandé, des âmes perdues qui tentent juste de retrouver un peu de sérénité. Mais promis juré, on se laissera pas faire. C'est fini maintenant les conneries. On te le redis une dernière fois: tu peut aller te faire foutre. De nos cendres nous renaîtrons, et si derrière toi tu laisses des plaines et des ruines dévastées, sur celles ci se dresseront de vaste champs d'amour et d'espoir. "
Parce que j'ai rencontré la vraie Elise de la lettre et c'était sans doute la plus belle et la plus triste personne de la terre.
La Lettre à Elise- Beethoven
dimanche 7 juillet 2013
Deux âmes en accord ou deux amants en corps à corps
Est ce qu'on peut accuser l'alcool, la drogue, la chaleur ou la fatigue pour nos actes? Est ce qu'on avait besoin d'être bourrés pour faire ce qu'on a fait ? Disons le autrement, l'aurai t-on fait sobre ? Se réveiller le matin la tête en vrac, dans des draps sales en ayant mal au dos, sans aucun souvenir de la veille. Les doigts enchevêtrés dans d'autres qui ne sont pas ceux qu'on voulait. Parce qu'on s'est loupés sur toute la ligne, quand ceux qu'on aime sont à des centaines de kilomètres, on essaie de se trouver d'autres bras, d'autres bouches à aimer mais on a plus aucun espoir. C'est pas parce qu'on ne se deteste pas ou qu'on n'est pas amoureux qu'il y a de la place pour l'amitié. Et c'est comme ça qu'on reste vides, à force d'accueillir momentanément les âmes, sans leur faire de place réelle. Des grands garçons passent, piétinent un peu sur leur passage et déménagent aussitôt. Se confondre avec un autre l'espace d'un instant dans des étreintes brèves et décevantes, se permettre parfois d'y humilier des années d'amitié qui valaient bien mieux. Parce que c'est pas comme si on se contentait de dormir avec des inconnus, des gens de passage, sans blesser personne. Pour une caresse, un geste déplacé, on arrive à rabaisser ce qu'on construit depuis longtemps avec des êtres qu'on apprécie au rang de rapport désuni entre deux corps. Tant de pertes pour si peu, des grimaces gênées, des lendemains sans aveux... Et ça peut aller très loin. Car personne n'a de respect pour des gosses qui n'en ont pas pour eux mêmes et personne ne les aidera à en avoir. S'installe alors la censure qui use patiemment les consciences au point de les rendre honteuses d'elles-mêmes. On ne sait plus trop qui on est, partagés par trop de courants contraires. Les gens qu'on aimait ne nous aiment plus. Alors on continue à essayer de fuir. Mais c'est sans fin.
jeudi 23 mai 2013
Question d'amour et d'espoir
Je suis désolée d'avoir fui.
mardi 12 février 2013
Vieilles histoires
Je ne change le monde qu'avec des "si". Avec vous j'perd tout le temps. On dit que l'important ne sont pas les batailles mais la guerre. Malgré tout, on ne peut remporter la guerre sans gagner aucune bataille.
Je pense à la drogue, de celle ou tu es obligé de rester avec de personnes de confiance prètes à t'enfermer dans une cave si tu pètes trop les plombs. On veut tous avoir notre dose, shoot d'effroi désarticulé. On parle de nos spasmes, de nos migraines et des heures qui passent. Et puis il y a ces voix dans ma tête... Celles qui vont à droite, à gauche et qui rendent fou. On ne s'entend pas alors qu'on hurle. On se déchire pour au final restés collés le plus longtemps possible. On se cherche juste des excuses pour pas avoir de peine le jour ou on crève. La mort, le trip, les putains d'évasions... Face à moi même, dans l'enfer du décor. Je suis comme ça moi quand je tend les bras. Je veux tout ou rien. On n'a jamais fait dans la demie mesure.
" donne moi le courage d'aller bouffer tous les nuages"
Un pas en avant, deux pas en arrière, il faut que je t'explique, je crois, pourquoi je marche de travers. Qu'est ce qu'on était bien au milieu de rien. Maintenant se dressent devant moi tant d'obstacles, et je me tue à me répéter que c'est moi qui ai voulu tout ça, la migraine me porte le coup fatal et dans le RER je fond en larmes silencieusement le visage caché contre ton épaule. Je me noie dans un verre de café, et je regrette le temps béni, le temps perdu ensemble à refaire le monde. J'ai plus l'impression de faire partie de ta vie, plus d'éternité partagée, juste des moments arrachés de justesse à une spirale infernale.
Paris, ville de la frénésie. C'est la course, les obstacles sur la route, les pavés dégoulinants, la Seine, noire, surmontée d'une gerbe de lumière. Ca serait tellement beau de me jeter dedans et de m'y noyer, juste comme ça, pour le geste. A l'image des mégots que j'y ai balancés.
Le malaise s'installe. Moi je voulais mourir de bonheur dans tes bras, mais les gens heureux n'ont pas de talents parait il. Amertume. Il n'y a pas de désespoir plus absolu que celui qu'on rencontre lors des premiers instants de nos premières grandes peines, quand on n'a pas encore connu ce que c'est de souffrir et guérir, d'être désespéré et de s'en remettre. On donnera rendez-vous à la chance au palais du hasard. On partira en fumée...
samedi 26 janvier 2013
Qu'est ce que vous croyez ? Ici il faut marcher droit.
Est ce que tu entends l'enfant qui est en toi ? Te souviens tu seulement de qui il est ? Ses grands yeux ronds choqués par le monde, ses petites mains qui veulent tout empoigner à la fois, ses cheveux décoiffés parce qu'il s'en fout, tu t'en rappelles ? Demande à tes parents, ils s'en souviennent car à l'époque ils étaient fiers de toi. Le sont-ils encore? Tu as fait parfois couler des larmes de tristesse de leurs yeux, mais combien de fois les as tu fait pleurer de joie? Te rappelles tu seulement avoir vu tes parents heureux grace à toi ? L'enfant en toi vis également dans le regard de tes géniteurs, qui s'accrochent à son souvenir désespérément en attendant la fin du naufrage. Et que penserai ce môme de tout ça ? De ce monde que tu as construit autour de toi, avec toutes les guerres, les catastrophes naturelles et les tueries que cela implique? Du chemin que tu as accompli jusqu'ici et de l'écart entre ses rêves et ta réalité ? Est ce que tu pourrais le regarder en face et lui expliquer tes choix? Lui raconter ce qui s'est passé depuis que tu l'as quitté ou juste t'excuser d'avoir merdé sur toute la ligne ? Parce que tu n'as pas respecté le plan, n'est ce pas? Vous aviez passé un accord sur votre vie future et aujourd'hui qu'en est-il ? Est-elle mieux que prévue, ou bien pire ? Quand viendra l'heure de faire les comptes, il vaut mieux pour toi que tu ai construit plus que tu n'ai détruit, que tu ai aimé plus que tu n'ai haï et que tu ne regrette rien de tes actes passés. Espérons que le bilan soit positif et que tu n'as que peu dévié de ce qui était prévu. La confiance est aussi fragile que ce qui retiens fébrilement la cendre au foyer d'une cigarette, malgré le fait que les enfants pardonnent. Peut être entendra tu ce môme hurler de chagrin au fond de toi même, mais tu ne l'écouteras pas. Après tout, aujourd'hui c'est trop tard. On a rangé les Legos depuis un certain temps, on ne va plus à la piscine en vélo et on ne cherche plus les oeufs de Paques dans le jardin. Maintenant on se drogue, à n'importe quoi pour oublier que l'existence n'est finalement pas si belle dans l'absolu. Et que tout ce qui nous retient à la vie, c'est cet enfant en nous qui refuse de mourir.
lundi 7 janvier 2013
Quitte moi
Mon dernier joint, le seul. Fumé dans la voiture en faisant un petit tour. Je ne te cherchais pas, j'ai abandonné. J'ai compris. Tu ne reviendras pas. Tu as changé d'adresse, effacé toutes les traces de nous. Quand je t'appelle c'est sur ta secrétaire que je tombe. Il n'y a jamais de rendez-vous de libre. Je voulais juste te parler, pouvoir m'ouvrir à toi et déverser mon flot de paroles sur ton bureau bien rangé. Je ne suis plus une patiente prioritaire. On m'a dit que c'est parce que je n'étais plus vraiment malade. J'ai repris du poids, j'ai un meilleur teint et je dors la nuit, c'est vrai. Mais ce n'est pas à cause de ça que tu ne veux plus me soigner. C'est pas parce que je vais mieux que tout ce qui me reste c'est ta signature sur mes anciennes ordonnances. C'était toi que je voulais, ton regard désapprobateur sur mes plaies, nos discussions sans fin sur la maladie et le reste, et pas juste tes instructions au bout d'un répondeur. Mais ça tu t'en fous hein? C'est pas important? Mes larmes TU T'EN FOUS HEIN? Espèce d'égoïste, d'arrogant, de sale type. Quand on est médecin, de quoi on a besoin de toute manière ? Pas d'une folle maniaco-dépressive sans doute... Une tarée de plus, une tarée de moins... Tu les guériras toutes, sauf moi. Tu ne te tourmenteras plus. Je n'ai même plus droit de passage à la salle d'attente, j'en suis exclue comme si j'avais la pire des maladies. Alors je te laisse, avec ton uniforme blanc, tes livres compliqués et ton emploi du temps frénétique. On se retrouvera aux urgences, le temps de quelques cachets...
A toi. A ta poésie, ta littérature, à tes ratures sur ta feuille, à tes livres aux pages cornées, ton stylo plume bousillé, à force de trop écrire. A ton sourire innocent et lumineux, tes lèvres douces et aimantes, à tes mains qui ne me retenaient pas assez fort.
J'irai demain au cimetière déposer sur ta pierre des fleurs à ton souvenir.
C'est les autres qui parlent, mais c'est ta voix que j’entends...
samedi 8 décembre 2012
La cachette
C'est une cachette. Un petit bout de chaleur au creux d'un grand hiver, vous appelez ça les saisons, j'appelle ça le monde. Et doucement, on se remet de tout ce qui abime, incise les coeurs. J'oublie petit à petit quand je dors, et tout m'éloigne.Je disparais de la surface. Psychopathes.
C'est vrai. C'est aussi vrai que quand je te dis que si tu me détestais, au lieu de te gueuler dessus je te mettrais des kicks. Je te foutrai, dehors, en l'air, au paradis. C'est l'amertume de nos jours qui est à la limite du masochisme... Et quelle ingratitude. Comme si on allait si bien que ça, comme si tout était normal et qu'on pouvait tous se regarder et sourire ensemble. Ou fumer de la beu dans le Colorado... Et ce sera tout pour ce soir.
vendredi 16 novembre 2012
Extrémisme
Toutes ces cicatrices que l'ont tait, toutes ces choses que l'on ne dit pas, jamais, ne jamais chier la ou on mange, c'est tout, toujours à contre temps, coutre courant au bras de la rivière, des flots de la mer, ma mère qui pleure, dans la galère, amère est la souffrance quand on est plus bas que terre. Illicite désillusion, dans la matrice de toutes les passions, l'amour, la tristesse, le sel dans la gorge et les larmes aux yeux les pieds dans l'eau, mon coeur, inondés, dépassés, observons une minute de silence à nos ames meurtries pleines de bleus, et elles l'ont bien méritées ces salopes... On voudra peut-être vouloir faire ressentir notre douleur à la société... Quand on sera des génies du mal.
Et à la fin ils se suicident tous, on ne sais pas trop pourquoi. Il faut de la patience pour comprendre, et beaucoup d'humanité, mais ça ça n'existe plus tellement, c'est mal vu de vouloir aider les gens, on peut pas entrer dans leurs vies comme ça on est plus des enfants qui déboulent n'importe ou sans envoyer de mail de confirmation. On devient adulte, on est content d'avoir une machine à laver qui fait aussi seche linge et d'avoir acheté un balai assorti au tire bouchon, on se couche l'un a coté de l'autre tous les soirs sur le même lit, à la même place, pleins d'espoir mais quand même loin de nos rêves de gosse, de faire l'ENA, d'adopter un chiot, de sortir tous les samedis soirs avec nos meilleurs copains et de bosser le dimanche à la B.U. , aller dans des expos et nous réconcilier avec nos exs, être tous en harmonie et heureux, alors on s'entoure de licornes artificielles, dans une vie faussement fastueuse mais qui nous plait, après toutes ces épreuves, bon. Des mondes parallèles ou on rigole tous les soirs et ou on fais nos devoirs ensemble. De l'extrémisme un peu dans ce monde de merde désespérément modéré...
Tu protestes, tu protestes on se débat , c'est émouvant et tout, dans un monde à part... La jungle ou l'anarchie? quitte à choisir je préfèrerais la jungle, ici c'est plutôt une ruche, on fume l'aprem devant le batiment F à Nanterres, c'est des primates qui sont nos profs, dans mon paradis j'ai pas envie que tu y sois, j'ai de la beu, du whisky, des calissons d'Aix avec des cascades et des loutres, est ce que j'ai besoin de toi? T'es pas indispensable, qui l'est quand on a 18 ans, les yeux bleus, et tout à piller jusqu'à nos derniers centimes pour un peu de drogue? Qui? Pas toi pas moi, personne. C'est une escroquerie ce grand mot "d'amour", ca n'existe pas et tout le monde se couvre les yeux, c'est ça notre distil d'espoir, qu'on achète à bas prix chez le dealos qui se déplace en scooter mais qui est quand même moins bien que l'ancien. Mais bon, on a pas trop les moyens de faire autrement, merde.
jeudi 15 novembre 2012
Gandhi était un anorexique allumé du bocal
On m'a demandé de cesser-s-il-te-plait-gabrielle d'écrire des textes tristes, "on" représentant ici la demande générale (oui, oui, au moins tout ça). C'est plutôt difficile étant donné que la seule chose dont j'ai envie de parler actuellement est pourquoi, nom de dieu, pourquoi dés que j'essaie de faire bien tout se passe toujours mal? Le dernier exemple en date étant que mes moules spécial micro-ondes on fait explosé le dit four micro-ondes en question, immergeant ma cuisine dans un brouillard digne de celui de 20 toxicomanes empilés dans une salle de bain de 3 m².
Ceci ajouté au fait que Noé a une tumeur, que le petit Léon, nouveau rat engagé sur le radeau de la galère pour tenir compagnie au sus-nommé Noé, s'avère être plutôt idiot, et que d'ailleurs il va bientôt avoir bien mal au ventre vu qu'il a mangé mon savon au chocolat, le con, que mon copain est assis dans mon lit à côté de moi à lire BIBA en faisant des blagues sur les bambous, bref, tout va à veau-l'eau, de mal en pis et nous brûlerons tous dans les flammes de l'enfer. Sans aucun doute.
Ceci est donc un message un peu creux, sans fond ni formes, des phrases dans le vide comme on en entend par milliers en zappant sur TF1. Voici de la non-information, juste quelques mots pour vous dire que je suis vivante et pour vous rappeler que vous l'êtes aussi, on aurait tendance à l'oublier. J'écris ce soir comme beaucoup parlent, sans avoir rien à dire, et pourtant je continue tout de même, comme toute personne se devant d'être insignifiante le ferait. De toute manière, pourquoi parler de choses importantes, de sujets qui nous tiennent à coeur ? Dans ce monde ou rien n'est fait correctement, ou plaider sa cause est vain, dans un pays des droits de l'Homme ou ceux-ci pleurent en silence chez eux, ceux dans la rue pleurent à haute voix de gros sanglots le ventre gonflé d'alcool pour se tenir chaud...
Nous sommes des choses futiles. Si petites et vulnérables. On se parle d'amour pour oublier la misère, on s'invente des passions pour pallier à la guerre, des rêves pour diluer l'absurdité de nos vies désunies, on se tient la main pour ne pas songer que certains tiennent le monde dans la leur et on rit juste pour ne pas penser à nos peurs. Tout est factice ici. Nous sommes assemblés pièces par pièces, coordonnés, rassemblés et lâchés en semblant de liberté sur des pelouses cloisonnées ou l'on a pas le droit de marcher parce que l'herbe repousse. Alors ? Alors quoi, parler, me trouver une cause à défendre et aller au bout de mes idées? Me révolter ? Dénoncer, manifester, me débattre? Alors que je peut juste rester au chaud chez moi, Noé roulé en boule sur mon ventre, et me cacher de ce monde que je hais ? En sortir pour en rire de temps en temps et me perdre sur la belle voie de l'échec scolaire, m'enfermer pour pleurer, faire l'amour ou tout casser si l'envie me prend. Méditer sur mes névroses jusqu'à ce qu'elles soient ancrées au plus profond de moi pendant que celles de l'humanité empirent. Voilà ma vie et sachez que Gandhi n'était qu'un anorexique complètement allumé du bocal.
lundi 12 novembre 2012
Cavalière
par Marie HGT |
Si ce n'est pas le cheval qui t'arraches ta vie, c'est la vie qui t'enlève ton cheval. Et ça, ça te démolit. Ca te brise. Il n'y a rien de plus puissant que l'amour qui lie un cavalier à son cheval. Un cheval qui s'éteint c'est tout un monde qui s'écroule. Un jour tout s'effondre et on ne se relève jamais. On n'en parle pas. On ne dit pas. On ne trahit pas sa peine, on ne devrait pas souffrir d'un animal, non. Ca n'est pas acceptable...
Mais on a une faille à l'intérieur de nous même, qui ne se remplit pas. Le cheval nous a démoli. Plus jamais on ne pourra prononcer ce nom sereinement, se séparer de ses affaires et laisser la vie reprendre un cours normal. La mort nous a achevé sans préméditation. Les chevaux n'auront plus jamais d'âme, la vie n'est plus la même avec cette lourde pierre au fond du coeur.
à elle qui me manque tant |
En retrait, loin de ces sabots, on voit nos proches continuer dans leur voie, alors on s'entoure de remparts infranchissables, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Qui pourra leur raconter mes nuits à trembler dans une tristesse infinie ? Qui pourra leur dire que quand elles courent vers le podium, moi c'est seulement à ma perte. Un monde désenchanté s'offre à nous, ici bas. Plus de passion puisqu'elle est morte. Ils s'appelaient Isidor, Kiss, Kelly... Ils construit ma vie pour la détruire enfin. Il en reste des lambeaux, quelques vieilles connaissances qui m'épargnent un peu leur récits d'aventure, un porte clé sur mon trousseau aux couleurs de mon ancien club, des prixs et récompenses, foutus à la poubelle lors du déménagement. Rien chez moi ne me rappelle à eux, j'ai tout brulé, jeté aux ordures, rangé au fond du garage, hors de ma vue. Je n'en parle jamais. Et je ne remonterai sans doute jamais. Je manquerai d'air là haut, les larmes m'étoufferai, et rien ne me ramènera Kelly ou Kiss. Tout a une fin, même si c'était un peu tôt. Il parait qu'à la fin tout ira bien... Vu que tout ne va pas bien, est ce que ça veut dire que ce n'est pas la fin?
Dorénavant, dans leurs yeux, je lis seulement mes propres peurs. Ma tristesse. C'est un monde trop dur pour les gens aimants.
"Kelly est morte, j'ai plus rien à regretter, c'était la seule qui valait la peine que je me batte, maintenant j'en ai plus rien à faire, ceux qui ne donneront pas de nouvelles n'en auront pas des miennes... J'ai des choses plus importantes à faire, me reconstruire en premier. Ca prend du temps. " juin 2011
"Je me mords l'intérieur des joues, je regarde ailleurs pour ne pas montrer à quel point les larmes débordent de partout mais le maquillage laisse des grandes traces sur mon visage malgré tout... Jai pas encore réalisé pour Kelly, cest juste une parenthèse, je sais pas ou elle estm ais elle va revenir, cest sur. Elle me manqurait tellement sinon... Ce serait juste impossible, invivable sans elle. Elle est pas morte, j'y crois pas moi." juillet 2011
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