"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

samedi 3 janvier 2015

La peur comme complice




Quand c'est la peur qui choisit pour toi, tu n'es qu'une raclure. Laisser la peur prendre les décisions c'est la fin du libre arbitre. Je pense que énormément de gens agissent en fonction de ce qui les effraie : la peur de ne plus avoir d'argent, la peur d'avoir l'air étrange, de ne plus être aimé ou reconnu, la peur de ne pas être comme tout le monde... Ne plus pouvoir se fondre dans la masse. Ce n'est pas l'idée d'être comme tout le monde qui me rend malade, c'est celle que tout le monde puisse souhaiter être pareil. 
La souffrance est un sentiment universel connu de tous les êtres vivants. Je ne peut me résoudre à me dire que je pourrais avoir tort quand j'essaie de guider mes actions de manière à causer le moins de souffrance possible. Je n'ai pas l'impression que je répare mes blessures ou que je tente de me donner bonne conscience. Au contraire je crois que les blessures s'élargissent. Mais comment accepter d'être complice ?

Ce serait plus reposant d'être "adapté", conforme à servir des desseins imaginés par d'autres que nous, se glisser dans le moule et laisser filer. La sécurité d'être comme tout le monde, dans un monde modérément froid. Une capacité infinie à fermer les yeux sur tout ce qui pourrait secouer l'équilibre des croyances dans lesquelles on s'abrite. Ce serait si simple de se protéger en refusant de voir ou d'admettre ce que souffre le monde pour que nous puissions vivre un quotidien sans prise de positions. Se draper dans l'hypocrisie de ceux qui ne savent pas, ne savent jamais, ceux qui ne veulent pas savoir. Ne pas choisir.

A ceux qui se mettront en quête d'un absolu en rejetant le saint juste milieu, sauveur des consciences, la route est longue et parallèle à la folie. Démontrer une incapacité à penser ou agir selon la norme témoigne d'une personnalité instable. Sont sains d'esprits ceux qui ne remettent pas le fonctionnement en question tandis que ceux aux prises de l'extrémisme sont des sujets pensés comme en crise, voire dangereux. En vouloir au genre humain s'apparente à la schizophrénie. Dans l'imaginaire collectif, la frontière est mince entre exclu et sénile, militant et violent, différent et débile.

Alors il y en a qui se jurent de ne jamais renoncer à la liberté. Il y en a qui agissent. Qui refusent de rester dans leur coquille et tentent à tout prix d'éclore, et de donner un sens aux choses. Qui se réveillent après des années passées sous un chloroforme institutionnalisé à l'échelle du monde et tentent de le regarder autrement. Et qui sans se laisser prendre à l'utopie de croire qu'ils vont tout changer, refuseront jusqu'au bout d'être complice de mauvaises actions générales. Tout ceux là ont en commun d'espérer et de garder la foi en la capacité de chacun à s'éduquer et à devenir la personne qu'il est réellement dans l'idée d'un bien commun.

Si on juge que la norme est mauvaise, notre folie aux yeux des autres nous apparaitrait-elle comme une preuve de santé mentale ?


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