Juillet 2011 - Service psychiatrique
"Je ne me rappelle plus tout cela. Ma mémoire me joue des tours.Qui êtes vous? Êtres en blouses blanches, aux chaussures en plastique, évoluant dans un dédale de couloirs aseptisés. Vous faites pleurer ma maman le soir. Vous voulez ma sécurité mais vous n'entendez pas qu'elle ne se trouve pas dans vos bras, ni dans ceux de substituts d'amour chimique. Qu'attendez vous de moi? Que je vous raconte ce qui s'est produit ? Je vous dit que je ne m'en souviens pas. Qu'y a t-il de plus à dire? Cela appartient au passé.
Vous évoquez la figure paternelle quand je vous parle d'amour. Je ne comprend pas vos questions. Vous ne savez rien de moi, je ne vous en ai pas tant dit. J'ai beaucoup parlé, certes, parce qu'une fois que beaucoup est déjà dit, il n'y a plus tant de place pour les questions. Séance de 45 minutes, 80 euros remboursé par la Sécu et la mutuelle. Je ne vous ai rien dit de lui, ni son nom, ni ce qu'il m'a fait, ni rien. C'est mon secret. Mon ultime cicatrice que je ne vous laisserai pas soigner, car derrière la camisole chimique, ce recel de souffrance, c'est ce qui me permet de me rappeller quej e suis encore en vie. C'est lui qui jugera de ma peine. Pour ce que j'ai fait, à moi, à lui. Au simuli de stabilité dont je l'avais convaincu. C'est lui seul qui en décidera. Tout le reste m'appartient.
Empire dévasté au seuil de l'asile de fous. Poignets abimés sur lequel un autre pose fermement la main. Cellule fermée à double tour, sans fenêtre sur l'extérieur. De l'espoir distillé dans des cachets au nom d'inspiration douteuse. Pour eux je suis sur la voie de la guérison. Ils ne savent pas que tu me rendras malade encore bien longtemps. Mon amour. "
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