"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide
jeudi 4 avril 2013
4 avril 2013
-Gabrielle? Cest moi. S'il te plait rapelle moi dés que tu as ce message. J'aimerais avoir de tes nouvelles, je suis inquiet. Je suis effondré. Je t'aime.
-Gabou, on a apris pour Noé, on pense tous très fort à toi, tiens le coup, garde courage ma grande. Bisous.
-Ca me fait pas rire Gab, sérieux appelle moi, ou es tu, que fais tu? J'aimerais tellement pouvoir être avec toi en ce moment même.
-Tu veux venir prendre un café à la maison?
-Ouais allo, t'es pas toute seule au moins ? Reste pas dehors surtout, c'est pas pour toi ça. Vas te mettre au chaud, appelle tes copains, je te rejoins plus tard.
-Gabrielle je t'ai cherché partout, je deviens fou, dis moi ou tu es pour que je puisse te rejoindre s'il te plait.
J'ai hurlé pendant quelques minutes, j'ai pris mon manteau et je suis partie, J'ai du revenir prendre mes clés. Je suis partie en laissant les portes ouvertes, en hurlant, en gémissant et en pleurant. J'avais mal au genou à cause de mon entorse et c'était dur de marcher mais je n'y pensais pas, j'avancais sous la pluie, c'était dur. Je ne voyais plus le sens de tout ça, et il y avait ces hurlements dans ma tête, et les miens qui couvraient le bruit des voitures qui roulaient à cent à l'heure et qui s'en foutaient que je pleure et que je crie et c'était pas plus mal. C'était pire que pas mal d'autres choses horribles que j'avais pu connaitre jusqu'à maintenant. C'était pire que ne pas avoir de drogue, avoir un plan cul qui part en cacahuète ou que de se casser le bras. C'était une douleur comme seul l'amour peut faire si mal, mon empire qui s'effondrait en inertie, j'étais terrifiée. Il pleuvait un déluge et je continuais de remonter l'avenue en boitant, sur mes joues se mélaient les gouttes de pluie, les larmes, la bave et la morve, tout ce qui pouvait sortir de mon visage, une tristesse infinie et tellement de peine. Plus je pleurais, plus j'avançais vite et je m'éloignais de mon ancien paradis, désormais déchu, je fuyais son cadavre et ma nouvelle solitude, et j'avais peur, tellement peur que tout ça me rattrape trop vite, sans que j'ai le temps de voir venir les fantômes qui allaient désormais me poursuivre. Et ça faisait mal, oh mon Dieu ça faisait tellement mal d'être aussi malheureuse. J'ai marché tant que j'avais des larmes, plusieurs kilomètres sous la pluie à attendre de me calmer, de pouvoir à nouveau tenter de maitriser en parallèle mes gestes et mes tristes pensées. Ca faisait vraiment mal à en crever, c'était très impressionant de souffrir comme ça même si je savais pertinemment que je vivais une de mes premières grandes peines, quand l'on ne sait pas encore ce que c'est de souffrir horriblement et d'y survivre. C'était vraiment douloureux. Mon genou m'a laché et j'ai cessé de pleurer. Je me suis assise sur un banc, pris ma tête dans mes mains, allumé un joint qui trainait dans ma poche. Ca faisait très bizarre d'être confronté à la mort à nouveau, surtout dans ces circonstances et ces conditions. Continuer à respirer et tenter de s'affranchir de mes peurs pour voir un peu plus loin que les débris de verre et de stupeur. Je traversais mille états d'ame à la seconde. Que reste t-il à faire désormais sinon prier pour les gens que j'aime encore, les quelques uns qui me restent, et tenter de marcher droit? Tenter de consumer ma vie moins vite et moins trainer dans les gares le midi. Réparer les torts. Essayer d'endiguer ce sentiment profond d'impuissance, de tristesse et de nullité.
J'ai toujours les mains écartées, prète à rattraper des chances qui ne tomberont plus, et accuser le coup, ce constat terrible d'abandon, par mon compagnon de route depuis deux ans, Noé.
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