Eclairés par le lustre de la salle Rameau
La pédale dorée sous tes baskets en cuir
Assis à la manière russe derrière le piano
Grace auquel tu te hasardes à nous faire sourire
Ton auditoire imaginaire se tient silencieux
Et je brade mon avenir dans un soupir respectueux
De chacune de tes notes comme de chacun de tes souffles
Comme chaque fois que tu pianotes je me sens au bord du gouffre
Tel un fantôme je m’éloigne des miroirs qui me rappellent mon existence
Dans une pièce ou seuls l'espoir et la musique font présence,
Je perds patience
Tes ongles usés par la résine cherchent la fuite sur le clavier
Quand tu joues tête baissée, les idées en conflit,
Les gestes saccadés, comme esquivant l'hérésie,
Quand l'hystérie me guette mais que tu mène la danse
Devant l'assemblée muette en attendant la sentance
Qui serait selon moi de lever les yeux de l'instrument et se remettre en piste
D'Agir enfin au lieu d'écrire des comptines pour les oreilles égoïstes
Recoudre nos sales gueules qui ont pris les tempêtes
Nous décharger du poids amer de nos précédentes défaites
Et réunir nos colères pour n'en former qu'une seule
Reprendre ce qu'ils nous doivent sans leur demander ce qu'ils veulent
Partir à la révolte hurler contre ce monde de merde
Avant qu'ils nous attrapent entre le ciel bleu et l'averse
Loin du piano, loin des autres et loin du bon Dieu
Reconstruire une terre ou l'on pourrait mourir vieux
Se regarder en face mais ne pas se la voiler
Et retourner à nos places la nuit sous le ciel étoilé
Mon ami, mon céladon, cher pianiste,
Recherche toujours la paix et surtout ne deviens pas triste
Dans ce monde pourri ils ont tant besoin de ton rire.
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