"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

mardi 2 avril 2013

Question contemporaine



Tout a commencé par une décision, l'histoire ne nous dit pas encore si elle est bonne ou mauvaise. Suite à celle ci s'en suivent des événements, heureux et malheureux parce qu'il faut de tout pour faire un monde moyen, ni trop pourri, ni trop bien parce que sinon les gens seraient contents et ça, ça n'existe pas. Une décision, donc, à la suite de laquelle on prépare ses bagages pour les poser ailleurs, dans un monde ou l'on peut changer de vie et de réinventer une fois par semaine. Attention au dédoublement de personnalité qui guette dangereusement entre la "fausse vie", quand on pars loin de chez nous mais qu'au final ça représente les 3/4 de notre temps, et la "vraie vie", qui dure disons deux week-end par mois. On part à l'aventure, sac au dos, on lache son joint pour s'ouvrir un peu l'esprit, on se déleste des soucis du quotidien, de la paperasse, des dettes, de l'ennui des jours gris de Paris, certes... Mais au retour ils nous attendent de pied ferme. Ou seraient-ils passés? Même si on prend bien soin de ne pas les mettre dans nos valises, ils se font une joie de nous rappeler leur existence dès le pas de la porte franchis. Et sur qui se reposer à ce moment là ? Nos vieux amis de toujours, que l'on abandonne désormais quasiment en permanence? Ou les autres, ceux que l'on rencontre au gré des vents, que l'on connait une semaine, voire deux, très vite et très fort puisque l'intensité rapproche, mais dont on se sépare tout aussi rapidement puisque personne ne nous demande notre avis ? Parce que c'est ça aussi de voguer sans jamais s'ammarer. On vit constamment dans a rencontre mais également dans la séparation, et chaque jour que Dieu fait, on se fend d'au revoirs parfois anodins, mais pour la plupart troublants. On se retrouve tout à coup à devoir tourner des pages certes brèves mais à une vitesse incroyable alors qu'on ne parvient pas à faire le point sur celles de notre lourd passé, plein de cadavres dans le placard. Parfois à aller trop vite on arrache ces pages mais qu'importe puisque l'on vit dans un éternel recommencement? Certains se permettent de faire n'importe quoi comme de tromper l'amour pour des mains baladeuses sans savoir qu'en réalité c'est l'inverse qui se prépare. L'amour de la route et des kilomètres, de la liberté, de l'indépendance, du changement perpétuel, et toutes nos peurs qui se contrebalançent entre celles qui disent oui, celles qui disent non, la peur de partir, la peur de rester, la peur de voir les choses se casser la gueule, la peur de l'échec quand on connait déjà la peur du jeu, et vient l'espoir qui se fait la malle avec ses potes le courage et la clairvoyance. Et on se retrouve au milieu d'une ancienne vie désuette, dont on nous a volé les meubles, on y entre par un grand coup d'épaule dans la porte branlante et on retrouve ses souvenirs posés les uns à côtés des autres recouverts d'une sale couche de poussière et d'amertume. C'est ça de se tailler sans laisser d'adresse ni donner de nouvelles à personne. On est bien loin d'avoir tenté de détruire pour tout reconstruire, on a juste essayé de vivre au maximum, sans prendre de responsabilités aucune, et tout est détruit derrière, mais il n'y a rien à construire devant.


Et moi dans tout ça, au fils des nuits blanches passées auprès des enfants, des vomissures qui nous salissent, des cicatrices à recoudre, sans fil et sans aiguille, de ma mère qui n'en ferme pas l'oeil, des gens que j'aime qui ne parviennent plus à me suivre, de l'infini que je laisse derrière moi à chaque départ pour le peu que je récupère à mon arrivée, tourmentée par mille choses extrêmement noires qui profitent des temps obscures du changement... Assoupie par la défonce, d'un coup je relève la tête et je gueule : "J'ai soif de la vie, que je reparte encore..."



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