"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide
lundi 18 mars 2013
Il n'y a pas d'age pour les courageux
C'était le soir de mon dernier jour de colo, la dernière nuit ou je couchais les filles avant le retour à Paris, loin des nuits étoilées, des après-midi sur les pistes et des gouters dégueu fournis par le centre. L'une d'elle m'avait demandé un peu plus tôt : "Est ce que vous les animateurs vous êtes tristes quand vous partez de colo et vous quittez les enfants ?". Je lui ai répondu en rigolant ce que je répond a chaque fois : "Bien sur que non, on a hate de ne plus vous voir !". Mais ce n'était pas tout et je les aimais bien ces mômes, gamines trop maquillées le soir de la Boom, sapées comme des grandes mais pas capables de se souvenir de mettre une culotte sous leur combi si je ne le rappelle pas ou de se laver les dents après manger des bonbons et non pas avant. Je me suis assise sur une chaise au milieu de leur chambre, leur huit petites têtes dépassaient de leurs lits superposés, et je leur ai parlé un certain temps, comme si elles m'écoutaient et me comprenaient, en parlant assez fort pour celles du fond mais assez doucement pour qu'elles s'apaisent au son de ma voix...
-Demain c'est la fin de la colo. On va rentrer chez nous à Paris, vous aller retourner à l'école, nous on va retourner au travail ou en cours. Ca ne va pas être facile pour nous non plus. On aimerai bien rester encore un peu. On fait beaucoup de colos par ans, c'est même le métier de certains. Chaque enfant nous apporte à sa manière quelque chose de différent et de particulier qu'il nous ai fait chier ou non. Chaque enfant est un mystère pour l'adulte qui souhaite s'ouvrir à lui. On aimerai pouvoir se souvenir de chaque enfant et de ce qu'il nous a appris mais il y en a trop. La mémoire, c'est un vrai problème, on n'arrive pas à se rappeler de tout ce qu'on voudrait alors que parfois on ne parvient jamais à oublier ce qu'on aimerait effacer. Vous êtes encore jeunes et vous êtes des filles futées. J'ai aimé passer cette semaine avec vous. J'espère que tout tournera bien dans vos petites têtes et que vous arriverez à comprendre que quelque chose ne va pas dans ce monde et qu'il nous faut à tout pris le changer. Les gens aimeraient bien que l'on marche droit mais il est important de rester intègre par rapport à ce qu'on pense et ce que l'on respecte. Je sais que certaines se souviendront encore de moi dans longtemps car vous vous avez encore de la mémoire et les idées larges, et j'espère vous laisser un bon souvenir et quelque chose qui vous encouragera à continuer quoi qu'il arrive. Il n'y a pas d'age pour les courageux. Ne grandissez pas trop vite, vous n'en avez pas besoin.
Le soir même, j'ai roulé en boule mes affaires dans ma valise, j'ai préparé mon arrivée à la maison et je me suis mis une cuite au rhum. On ne choisit pas toujours les moyens les plus simples d'en arriver là ou on veut.
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