"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

dimanche 23 décembre 2012

La fin du monde




"Et ce mot d'amour qu'on a sans cesse à la bouche. Et ces marmots qu'on fait tous pour avoir chacun le sien alors qu'il y en a des milliers qui crèvent de faim, orphelins. Mais tu t'en fous, toi hein, tu t'en fous! Les gens ne réfléchissent plus de nos jours, ça ne les intéresse pas."
 J'ai pris ma veste et la porte, en disant au revoir au chat, et j'ai fermé à double tour derrière moi. J'ai bu, beaucoup bu, et fumé... On avait la nuit devant nous. J'avais raté mes partiels, j'avais un peu d'argent pour la fin du mois (on était le 21), j'avais mal au crane et j'étais fatiguée. Le temps s'était réchauffé ces derniers temps à Versailles. J'ai beaucoup marché. J'ai rencontré des gens, des amis, des inconnus, de la famille, des connaissances. J'ai prié pour les gens que j'aime et ça ne m'a guère pris longtemps. J'ai acheté de la drogue et de la nourriture. J'ai bu pendant 3 jours. C'était la fin du monde et enfin, là on pouvait se permettre d'avoir un peu d'espoir pour la suite puisqu'il n'y avait pas de lendemains. Mais au final, un soir a passé, puis deux, puis trois. Et nous étions ivres, ivres morts mais pas morts. La fin du monde c'était juste la fin catastrophique d'une année décevante, comme toujours mais cependant moins pitoyables que les 18 précédentes. Et pourtant on aurait pu croire qu'on serait morts à nos places. De la grippe aviaire, de la vache folle, du 11 septembre, d'un cancer, de la coqueluche, du bug de l'an 2000, ou même juste de Paris ou que sais je... Ils auraient pu me retrouver morte, pendue à ton cou! Mais je ne sais même plus à qui je m'adresse. Je me suis réveillée d'une nuit de trois jours, et personne n'était mort, excepté l'Amour. Il n'existe pas, le con.
Je suis rentrée, j'ai rangé ma veste. Le chat était toujours là. 



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