"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

mercredi 11 septembre 2013

Mirages




Je me fous de ton passé. Ce que tu as pu faire avant, les boulets que tu peut trainer, les filles que tu as aimé, les conneries que tu as dites, les personnes qui t'ont rendu heureux, les coups que tu as tirés, tes échecs, tes victoires, tes cris de joie, tes larmes, tout ça n'existe plus ou est sans importance. 

Seules comptent tes cicatrice sur les miennes le soir venu. Des mirages dans nos nuits blanches nous autorisent à nous recevoir, nos sacrifices s'effacent en nous laissant les traits tirés.  Tels que nous sommes devant le miroir. On est pas si fiers de ce qu'on est mais on s'en fout parce qu'on est plus seuls. On est ensembles. Dans nos regards on sent qu'on s'inquiète moins, qu'on est moins en guerre avec nous mêmes, que ça s'agite moins dans nos encéphales.

Dans le fond il faut se dire que ça peut arriver, même à nous. On a eu cette chance de parvenir à figer le bonheur pendant un temps ensemble, alors qu'on avait toujours l'habitude de tout foirer. Un moment d'harmonie au dessus du vide qui nous attends bientôt. Dans mes cernes ils croient lire que j'en chie mais ils ne comprennent pas qu'être aussi heureux ça épuise. Rire à en ébrecher les murs, faire du vélo dans la nuit, le bruit et les lumières, chercher les autres pour partager notre douceur. Oui, on s'est cachés, c'était possible, loin de tout ce qui tourne et qui rend fou, tout ce qui nous bouffe. On a construit quelque chose de splendide et d'éphémère.

 Il va bientôt être temps que je rentre, que je reprenne la route. Fuir à nouveau quand la situation commence à m'échapper et que les événements me dépassent. Déjà quand t'es pas là, que tu me laisses pendant des heures je sens bien qu'il y a un truc qui va pas, ça commence à bouillir dans ma tête, à aller dans tous les sens. On parle peu, pour éviter de se raccrocher à nos mots, sachant que déjà nos maux nous rongent assez de manière générale. Mais je tacherai d'être paisible. Je vais reprendre les choses là ou je les ai laissées. Essayer d'expliquer plus ou moins ce qui s'est passé.

Ca se termine comme ça a existé, on ne sait pas trop pourquoi, mais le temps nous porte et nous pousse à partir dans un calme absolu. Sans éclat de verre, sans mots d'amour. Un "au revoir" sur le quai de la gare, des souvenirs de cette vie qu'on a réussi à rendre tellement belle, un dernier verre, on se tourne le dos et on part en voyage des valises sous les yeux. On s'en retourne à nos chevaux de batailles, la solitude, le travail et le spleen silencieux.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire