"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

vendredi 9 mars 2012

Vertige de la liberté (gros brouillon de terreur digne d'un rapport psychiatrique)


Grèce - antonin

J'ai eu 15/20 aujourd'hui. La meilleure note de la classe. J'étais restée seulement une heure à l'examen parce que je m'en foutait complétement et que j'avais du pain sur la planche pour mes autres devoirs. Et j'ai eu 15/20.
Alors oui c'est génial. Oui ca prouve que j'ai vraiment des chances d'avoir ce putain de concours commun et d'être envoyée dans un IEP de province, Rennes, Lilles, voir Lyon selon leur bon désir. Et c'est cool de savoir qu'on a un cerveau qui fonctionne bien, des compétences et un avenir en vue. Fut un temps pas si lointain ou les seules compétences que je m'accordait à avoir était celles concernant l'éducation des enfants.
Et puis quoi maintenant?
J'ai peur. Je suis terrorisée. Mon angoisse traduit le vertige de ma liberté, la force de me rendre compte que désormais ma vie présente et future m'appartiennent alors que je n'ai eu aucun controle sur mon passé. Difficile de concevoir l'avenir quand j'étais encore en clinique il y a quelques mois de ça, assistée par ma mère, par mes amis, escortée jusqu'à chez moi, surveillée pendant mes repas, droguée par les médecins. Aujourd'hui, si réussite il y a, je pars au bout de la France, en autonomie. Pour des études prestigieuses et, il faut le dire, casse-gueules.
La peur d'échouer est paralysante, si je n'obtient aucun IEP, je deviendrais animatrice, peut-être éducatrice, bref, je ferais dans le social. Quelle ironie quand on sait d'ou je vient. D'ou je revient peut-être aussi. Ca jaserait chez les Perrot, "quel gachis la petite Gabrielle, je me souviens encore enfant, elle était si intelligente, elle savait lire à 4 ans, comme son grand-père. Nous aurions pu être si fiers d'elle". Je m'en fous. C'est pas à vous de réussir à travers moi. Et je vivrai tout pour moi.
Mais quel malheur justement, cette liberté. Réussir, oui mais loin de tout, loin de ma mère qui m'aide tant, loin de mes repères dont j'ai tant besoin, et rien que d'y penser, la terreur me paralyse. Entreprendre des "vraies" études, vivre seule, et grandir, devenir adulte, mais pour de vrai, partir, oui, mais partir pour toujours, car rien ne sera plus jamais pareil. Vieillir, définitivement. Savoir qu'il n'y aura plus de retour en arrière. Etre seule.
Il faut se libérer de cette peur continuelle, envahissante. Moi, je met tout dans un coin de ma tête, et je n'y pense plus. Peu importe l'avenir, vivons dans le présent. Mais à faire taire le passé et le futur, au final l'esprit est vide. Impassible, je ne pleure pas, je ne ris plus, ou seulement trop fort, de mon rire faux. J'ai endurci mon âme contre la terreur. Plus rien ne rentre, mes yeux se ferment, je me tais. Il ne faut pas parler trop de soi aux gens qui ne comprennent pas. Et personne, plus personne ne prend le temps de me comprendre. Le silence oppresse, et soulage dans le même temps, car parler c'est s'effondrer. Avouer que c'est la fin, et que je ne vois pas le bout du combat.

1 commentaire:

  1. Je sais pas si les berlingots tic et tac se font encore, je suis pas allée voir mais j'ai entendu dire que ça n'existait plus qu'en tube :(

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