"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide
mardi 30 octobre 2012
Grimper aux arbres
C'est iréel. Il s'est écoulé à peine une fraction de secondes entre le moment ou tout allait bien et le moment ou j'ai fondu en larmes. Mais entre les deux c'était déjà trop tard. Le mal revient à la vitesse d'un cheval au galop alors que c'est tellement long d'aller bien. Ca tient à si peu de choses. Une phrase mal dite, une hésitation, un mot de travers, un ressenti.
Mais moi faut que j 'aille me coucher demain j'vais pas sauver le monde mais presque. J'ai 27 mômes, 3 stagiaires et mon patron sur les bras, enfin, à porter à bout de bras. Parce qu'ils vont mals. Et on va tous mal, et on ira tous mal toute notre foutue vie. J'avais dit que je me coucherai à 22h et comme toutes les nuits il est déjà 23h30 et je pianote, je pianote sur mon clavier. Foutue une heure et demie de trop. Je vais plus du tout dormir maintenant alors que dans d'autres bras un peu plus tôt je tombais de sommeil. A force de toujours vouloir des réponses, de toujours vouloir comprendre, et de toujours vouloir vouloir, toujours vouloir toujours plus... Alors que merde je ne veut rien obtenir, je ne veut rien AVOIR, je veux ETRE. Etre libre, sereine, heureuse, et tous ces mots que je n'ose plus utiliser dans des conversations par souci du ridicule.
Demain je vais arriver à HEC. Déambuler parmi quelques étudiants trop fauchés pour quitter le campus pendant ces maigres vacances de Toussaint. Sortir les clés de la poche de mon cuir, ouvrir les portes du centre aéré. Allumer mon ordi, mettre Keny Arkana à fond, lacher Noé dans la salle des maternelles, me rouler une clope et aller me chercher un thé à la cafet, sous le regard amusé du personnel d'entretien. A HEC c'est peut-être eux qui bossent le plus je me dis parfois. Pourtant c'est les seuls à remarquer les gamins.
Voir arriver les premiers enfants largués en vitesse par des parents débordés et nerveux, les yeux encore embués de sommeil. Se demander pourquoi on fait des gosses si c'est pour les laisser grandir à l'école et au centre aéré et se rendre à leur majorité qu'on a loupé une étape de construction. J'sais pas. On a peut-être l'impression de se racheter une vie après avoir passé la sienne à la gagner. Après il y a les cathos anti-avortement mais ça c'est une autre histoire. Entendre mon patron : "ça va, la plus belle?". Les stagiaires, les autres mômes, les parents en retard, les comptines, les pipi-lavage-de-main-on-prend-les-doudous-on-se-met-au-lit-les-monstres, remarquer que j'ai pris le réflexe de leur interdire de monter aux arbres pour une question juridiquement parlante alors que j'aimais tellement prendre de la hauteur à leur age. Maintenant j'ai le vertige, il est trop tard pour grimper aux arbres.
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