"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

vendredi 28 décembre 2012

Joyeux anniversaire Jesus

Goodbye Graceful, I'm so Grateful
You helped to change my wicked ways
When I was in my darkest days



Voilà, c'est Noël. Et puis quoi? On laisse le chien se pisser dessus parce qu'on a la flemme de le sortir? On décide de ne pas travailler le 26 parce qu'on veut jouer avec nos moutards et leurs nouveaux Legos qu'on se plante dans les pieds en traversant n'importe quelle pièce de la maison? On a mal au ventre à cause de la deuxième part de buche qu'on aurait pas du reprendre?
Non, la vie ne s’arrête pas aux fêtes de fin d'année. On a du mal à y croire mais la gueule de bois d'après-fêtes nous le rappelle vivement. On a joué la comédie. On a menti en faveur de cette douce utopie qui tient quasiment du délire, cette frénésie du bonheur, l'image d'Epinal de la famille traditionnelle, heureuse, qui se réunit pour des fêtes de fin d'année sans nuages. La surconsommation de Noël en tout, affection, bouffe, cadeaux qui seront relégués au grenier, alcool... au détriment de la tranquilité, cette tendre torpeur par laquelle on se laisse engourdir depuis que c'est l'hiver.
Retourner dans la maison de famille, affronter le regard déçu des géniteurs, retrouver notre vieux chien qui va bientôt mourir, passer les portes la tête basse et le sentiment d'être coupable, se faire réveiller à dix heures le matin parce que "c'est pas des heures pour dormir, ça, merde!"... Dans cette maison ou on se cachait pour fumer des joints, faire l'amour, manger en dehors des repas... Alors qu'aujourd'hui c'est nos quotidiens de faire ce qu'on veut à peu près quand on veut.. Passer la journée en pyjama, boire du rosé devant un film à 5 heures du matin, manger un calendrier de l'Avent en 3 jours, et même pas en Décembre, adopter un chat, faire de la peinture sur le sol, laisser s'entasser la vaisselle, déjeuner à 16h30, faire ses devoirs un gros joint à la main... Et ça se lit dans nos yeux, qu'on est pas heureux libres. On ne l'était pas plus en captivité dans une chambre d'adolescent trop étroite pour les souvenirs. On ne le sera pas être jamais.
Plus personne ne croit au Père Noël. Les blinis au tarama, dans l'absolu, c'est dégueulasse. On est même pas cathos. On va chercher la buche et les escargots chez Picard. Le vin nous donne mal au crane. On s'aime bien mais sans plus. On se connait à peine. Notre aïeul va bientôt mourir et il ne supporte plus ces allés-venus. Qu'importe la raison. Cessons de nous mentir et supprimons Noël.

Noé approche de la fin. Tu parles d'un Noël, shitty world.


dimanche 23 décembre 2012

La fin du monde




"Et ce mot d'amour qu'on a sans cesse à la bouche. Et ces marmots qu'on fait tous pour avoir chacun le sien alors qu'il y en a des milliers qui crèvent de faim, orphelins. Mais tu t'en fous, toi hein, tu t'en fous! Les gens ne réfléchissent plus de nos jours, ça ne les intéresse pas."
 J'ai pris ma veste et la porte, en disant au revoir au chat, et j'ai fermé à double tour derrière moi. J'ai bu, beaucoup bu, et fumé... On avait la nuit devant nous. J'avais raté mes partiels, j'avais un peu d'argent pour la fin du mois (on était le 21), j'avais mal au crane et j'étais fatiguée. Le temps s'était réchauffé ces derniers temps à Versailles. J'ai beaucoup marché. J'ai rencontré des gens, des amis, des inconnus, de la famille, des connaissances. J'ai prié pour les gens que j'aime et ça ne m'a guère pris longtemps. J'ai acheté de la drogue et de la nourriture. J'ai bu pendant 3 jours. C'était la fin du monde et enfin, là on pouvait se permettre d'avoir un peu d'espoir pour la suite puisqu'il n'y avait pas de lendemains. Mais au final, un soir a passé, puis deux, puis trois. Et nous étions ivres, ivres morts mais pas morts. La fin du monde c'était juste la fin catastrophique d'une année décevante, comme toujours mais cependant moins pitoyables que les 18 précédentes. Et pourtant on aurait pu croire qu'on serait morts à nos places. De la grippe aviaire, de la vache folle, du 11 septembre, d'un cancer, de la coqueluche, du bug de l'an 2000, ou même juste de Paris ou que sais je... Ils auraient pu me retrouver morte, pendue à ton cou! Mais je ne sais même plus à qui je m'adresse. Je me suis réveillée d'une nuit de trois jours, et personne n'était mort, excepté l'Amour. Il n'existe pas, le con.
Je suis rentrée, j'ai rangé ma veste. Le chat était toujours là. 



mercredi 12 décembre 2012

La vérité



La vérité, qu'est ce que c'est la vérité ? La vérité, c'est toi, c'est moi, c'est nous, c'est tous les autres, ceux qui crèvent de faim dehors dans le froid, ceux qui s'étouffent dans leur gerbe, ceux qui sont heureux ou juste idiots, la vérité c'est les pavés, la mer, le chat qui dort à mes pieds et ses croquettes dans sa gamelle, la pluie qui tombera demain quand des millions de personnes traverseront Paris demain pour aller travailler, la nuit qui tombe, le soleil qui se lève, la vérité c'est qu'on nait, qu'on vit et qu'on meurt, avec notre sueur, notre morve, notre pisse, notre salive, c'est ça la vérité. C'est ça le seul universalisme.

Le génocide arménien, la hauteur du Kilimandjaro, la théorie de l'évolution, chacun peut avoir sa propre vision de la réalité... Et on s'en fout, on s'en fout ! Ca n'est pas ça la vérité, ça en est tellement loin... Sans aller jusqu'à dire que tout se vaut, au contraire. Juste que la vérité n'existe pas. Pas même dans la souffrance, dans la peur ou dans l'humanité... Il n'y a pas d'universalisme. Le monde est un chaos total, fascinant, décevant. Et nous sommes encore des enfants, oui les enfants non désirés de Dieu. Une erreur dans le plan, la règle qui glisse pendant que l'on trace un trait, un préservatif qui craque... La seule raison qui fait que nous restons en vie pour la plupart est seulement le fait que nous le sommes déjà. C'est ça la vérité.


samedi 8 décembre 2012

La cachette




C'est une cachette. Un petit bout de chaleur au creux d'un grand hiver, vous appelez ça les saisons, j'appelle ça le monde. Et doucement, on se remet de tout ce qui abime, incise les coeurs. J'oublie petit à petit quand je dors, et tout m'éloigne.Je disparais de la surface. Psychopathes.
C'est vrai. C'est aussi vrai que quand je te dis que si tu me détestais, au lieu de te gueuler dessus je te mettrais des kicks. Je te foutrai, dehors, en l'air, au paradis. C'est l'amertume de nos jours qui est à la limite du masochisme... Et quelle ingratitude. Comme si on allait si bien que ça, comme si tout était normal et qu'on pouvait tous se regarder et sourire ensemble. Ou fumer de la beu dans le Colorado... Et ce sera tout pour ce soir.


dimanche 2 décembre 2012

Heart skipped a beat








Pas grand chose à se mettre sous la dent, comprenez moi je suis au régime et surtout j'ai perdu 10 pages de texte récemment, par mégarde, c'est un peu décourageant dirons nous.
Sale période qui arrive, les examens, le froid glacial qui sévit déjà sur le pont du Garigliano le matin, mais pourtant il faut, perséverer, traverser la Seine et aller en cours, même si on a arrêté de comprendre et d'apprendre depuis longtemps...Les fêtes également, mon premier Noël seule dans mon appartement, un mal pour un bien au final, car je serais loin de tous ces gens hypocrites qui sourient car bien obligés...
Pas grand chose à raconter, donc, et la fatigue, et les emmerdes, et l'espoir... L'Espoir.



dimanche 25 novembre 2012

"De tous tes rêves il ne reste que des vestiges"



"C'est ce que je voulais faire en juillet. Tout détruire pour tout reconstruire. Tu ne m'en as pas laissé le temps. "

Et ta voix comme mille couteaux se plantant dans mon cœur. La souffrance au sens le plus triste, de celle de l'assassin revenant sur les lieux de son crime. Alors que dans le fond je m'en foutais, puisque c'était seulement un échec, comme tant d'autres. Les victoires sont éphémères, provisoires, mortelles et souvent défaillantes; alors que l'échec est éternel. Toujours on pourra se retourner, et déclarer : voilà, ça je l'ai raté, cela c'est moi qui l'ai gâché. Qu'en sera t-il de nos œuvres ? Brûlées, évanouies, victimes de leur succès ? Nos muses seront défuntes, nos admirateurs endormis, et que restera t-il à part l'amère note que nous présente la vie et ses étourdissements?
Et c'est là qu'est la boucle. Sortir d'un échec pour en amorcer un nouveau. Échouer sur plusieurs plans en même temps. Echouer sur toute la ligne. Et peut-être qu'on l'a mérité, ça et nos âmes pleines de bleues, à force de nous conduire comme des cons. A essayer de creuser au fond de l'impasse pour avoir le sentiment d'avancer encore un peu. Et moi de te dire que l'amour n'existe pas, qu'il n'est qu'égoïsme et miroir de nos bétises, et toi de me déclarer que je n'ai pas été intègre... Et ta voix d'enfant, et tes yeux qui sourient, et ton innocence disparue.









jeudi 22 novembre 2012

Délit de fuite - Chapitre 6




Juin 2011 [flashback] -

Ça fait quatre jours. Quatre jours à ne rien faire, ne rien dire, ne rien manger, quatre jour à rester de côté, à l'écart, pleurer souvent, perdre l'équilibre, tomber et ne pas se relever. C'est une détresse comme on en voit peu, l'âme pleine de bleus qui se retourne pour lui faire face, et lui fait un doigt d'honneur. Les médicaments n'agissent pas. En réalité, ce n'est qu'une gosse, derrière ses longues mèches blondes et ses yeux trop noirs, son pétard à la main. A l’hôpital, c'est une gosse qu'ils ont voulu interner. C'est une gosse qui s'en est enfui. Quand la liberté importe plus que la survie.
Sur le toit, il y a quatre jours, elle avait peur et froid. La douleur était plus atroce que jamais, les sanglots étaient des cascades et rien ne semblaient pouvoir les arrêter. Vivre ou mourir. Sauter ou affronter le merdier derrière.
Le briquet a craqué quand elle a allumé son joint, elle a sursauté dans ses larmes, les pieds dans le vide. Rien n'arrêtera la chute. Son corps s'explosera sur le sol. Et ce sera la fin.

"La voisine m'a sauvé la vie", qu'elle expliquait à l'infirmière à l'hôpital la gosse. "Elle est passé dans la rue quand j'allais sauter, et elle m'a parlé pendant 2 heures, pour me faire descendre. A minuit. Quand je suis redescendue, j'ai prié jusqu'à arrêter de pleurer. Pourtant j'ai jamais cru en Dieu, mais là, cette nana là elle le méritait. Cette nuit là j'ai cru en Dieu, grâce à elle. Mais je suis venue ici parce que j'ai besoin d'aide vous comprenez. Puis de mes médicaments."
Mais la psychiatrie, c'est comme tout, plein de fissures. Elle a pris son iPod, son shit et son ordonnance et elle s'est cassée comme une voleuse. Ça fait quatre jour qu'elle est chez X. Il pleut. Des valises sous les yeux, le cœur à marée haute, la gosse a pleuré toutes les nuits. Elle souffre. Un cœur brisé a failli toucher le bitume.


Octobre 2011-

"Alors c'est à ça que ça ressemble les souvenirs. Se faire poursuivre par les moments les plus atroces de nos vies. C'était bien d'avoir tout oublié."


lundi 19 novembre 2012

Les moutons





13h30, j'ouvre les yeux péniblement, il fait déjà jour et je ne suis toujours pas morte. Merde. Je regarde autour de moi, l'appartement est un capharnaüm. Je me lève, je donne des coups de pieds dans quelques objets sur mon passage, j'allume la lumière, réveillant du même coup les deux rats dans leur cage et l'être humain dans mon lit. Ils clignent tous trois des yeux, l'air perdu.

L'être humain: -Bonjour mon ange.
-Hm.
-T'as bien dormi?
-Ah ça suffit tes agressions dés le matin hein! Bordel.
-T'es complètement cinglée Gabrielle.
-Ta gueule.
-...
-Aujourd'hui on va faire de grandes choses! On va devenir des gens socialement respectables. On va affronter le vaste monde extérieur, voir des gens, des Vrais gens ! Il était temps, on est vendredi. Bouge ton cul. Au fait ya rien à manger pour le petit-dej.
-OK.
-On va aller à Nanterre.
-Ah. OK.
-Tu peut t'occuper du médicament de Noé s'il te plait? Je me prépare et on y va.

Vingt minutes après, le médicament de Noé n'était toujours pas prêt, on est partis quand même avec le-dit Noé sous le coude. J'avais mis mes chaussures de pute en cuir rouge à talons de 10 cm, un pull à paillettes et deux écharpes. Ca me mettais d'attaque pour affronter le monde extérieur, d'avoir l'impression de m'y être un peu préparée, même si les chaussures de putes n'étaient pas tellement homologuées au final mais ça je ne pouvais pas le savoir.

On a pris le train jusqu'à la Défense puis le RER A jusqu'à Nanterre et c'est là que j'ai commencé à comprendre dans quoi je m'étais embarqué quand j'ai réalisé que la station de RER donnait directement sur le campus et qu'en fait elle était même là pour ça. Ca m'a donné une petite idée du massacre de voir autant d'étudiants massés sur le quai, prêts à pousser celui d'à côté sur les rails pour monter plus vite dans le train. Des moutons qui s'échappaient de l'abbatoir, voilà ce qu'on a du traverser pour arriver sur le campus, Noé, E. et moi. Un sacré bordel.

On est arrivés indemnes et sans perte civile à l'université. Elle se présente comme un terrain recouvert de pelouse à perte de vue, surplombé d'un grand batiment alphabétiquement classé tous les 200 mètres, aux murs recouverts d'affiches communistes mignonnes et désuettes. "Salauds de gauchistes", on a laché en coeur avec E. parce que c'est plus une question d'habitude qu'autre chose et qu'on aime bien être en contradiction avec tout et tout le temps.

E. a voulu voir quel cours il avait, plus par curiosité que par tentative de se donner bonne conscience. Je l'ai suivi jusqu'à son amphithéatre, par curiosité également. Dans la théorie on aurait du passer innaperçus mais dans la pratique, en nous voyant entrer, la prof s'est interrompue dans sa phrase.
"Je vais faire une pause quelques instants puisque deux jeunes gens nous ont rejoints et ils n'ont pas du tout l'air de savoir ce qu'ils font là."

Et merde, démasqués.

Tout l'amphi se retourne pour nous fixer, ce qui au final ne faisait pas tant que ça parce qu'au mois de novembre on ne peut pas s'attendre à ce que tous les sièges soient pris en pleine après-midi, mais c'était génant quand même. Moi, juchée que j'étais sur mes talons de pute, je tente un repli stratégique afin de m'enfuir de cette salle pleine de monde ayant notifié ma présence dont je n'avais foutrement rien à carrer. Evidemment à l'inverse E. était parti s'asseoir dans l'amphi pour se renseigner sur la nature du cours en question. Naturellement, le mec à côté de qui il avait posé son cul n'était pas plus au courant que lui, occupé qu'il était à jouer sur son iPad.
Il aurait pas eu mon rat que peut-être je l'aurais laissé tout seul tellement ça m'effrayait tous ces gens qui me regardaient, mais il l'avait. J'ai pris mon courage à deux mainsj'ai fini par le trainer au dehors en maugréant "mais viens, putain, on s'en bat les couilles de ce cours, fais pas genre ça t'intéresse". Je me suis dit que de toute manière pour qu'on s'arrête pendant plusieurs minutes sur notre arrivée dans la salle ça ne devait pas être un cours passionant.

On a rejoint Minou qui séchait son amphi de sociologie, P. qui sortait de la B.U. ou ils prètent des Mac Book Pro en libre service alors qu'il n'y a ni papier toilette, ni lumière dans les chiottes, et M. qui sortait d'un rattrapage. On a fumé des joints sur la pelouse, dessiné des bites sur les bancs et j'ai appris une nouvelle formidable : il y a une ferme à Nanterre avec des moutons et même peut-être un ane. Sauf qu'on savait pas trop ou elle était. J'ai mis E. dans le coup et il a promis de m'y emmener, les autres sont partis vaquer à leurs occupations et on s'est retrouvé à déambuler sur le campus en demandant au personnel d'entretien ou se trouver la ferme.

On s'est retrouvés dans un espèce de cirque désafecté à la recherche d'un certain Roger qui était sensé nous montrer les moutons, bref encore un sacré bordel. Il y avait deux ou trois grands chapitaux, un parc à oiseaux, une roulotte aménagée qui servait de chiottes mais pas de moutons... Ca a fini par nous gonfler cette histoire surtout que j'avais très mal aux pieds à cause de mes chaussures de pute et on s'est assis dans un ancien squatt entouré de murs en pierres taggués de bas en haut à fumer notre dernier joint.

Un homme d'une soixantaine d'année est passé, il avait un bonnet rastafari, deux trous à chaque oreille et il marchait en sandales, alors que merde, on était en novembre. Sur le coup je me suis dit que c'était probablement la personne la plus intéressante que j'avais vu de la journée. Et qu'en fait des moutons, j'en avais vu, et d'ailleurs pas mal depuis mon arrivée en RER A. Qui a besoin d'une ferme quand la fac en est une à elle toute seule ? Et si pour valider une de leur matière aux examens on demandait aux élèves d'aller brouter le gazon dehors, la plupart le ferait. Après les gens me demandent ce qui m'intéressent tant chez les animaux, mais ils devraient se regarder dans un miroir, ça les fascinerait aussi.

Mon téléphone a sonné.

-Allo Gab?

Et merde c'était le dealos.

-En fait je t'explique là je rentre de Nanterre avec E., on a vu Minou puis on a cherché les moutons mais on les a pas trouvé et maintenant j'ai mal aux pieds. Passe vers 21 heures, bisous.

Ca l'a fait marré, j'ai raccroché.


vendredi 16 novembre 2012

Extrémisme




Toutes ces cicatrices que l'ont tait, toutes ces choses que l'on ne dit pas, jamais, ne jamais chier la ou on mange, c'est tout, toujours à contre temps, coutre courant au bras de la rivière, des flots de la mer, ma mère qui pleure, dans la galère, amère est la souffrance quand on est plus bas que terre. Illicite désillusion, dans la matrice de toutes les passions, l'amour, la tristesse, le sel dans la gorge et les larmes aux yeux les pieds dans l'eau, mon coeur, inondés, dépassés, observons une minute de silence à nos ames meurtries pleines de bleus, et elles l'ont bien méritées ces salopes... On voudra peut-être vouloir faire ressentir notre douleur à la société... Quand on sera des génies du mal.
Et à la fin ils se suicident tous, on ne sais pas trop pourquoi. Il faut de la patience pour comprendre, et beaucoup d'humanité, mais ça ça n'existe plus tellement, c'est mal vu de vouloir aider les gens, on peut pas entrer dans leurs vies comme ça on est plus des enfants qui déboulent n'importe ou sans envoyer de mail de confirmation. On devient adulte, on est content d'avoir une machine à laver qui fait aussi seche linge et d'avoir acheté un balai assorti au tire bouchon, on se couche l'un a coté de l'autre tous les soirs sur le même lit, à la même place, pleins d'espoir mais quand même loin de nos rêves de gosse, de faire l'ENA, d'adopter un chiot, de sortir tous les samedis soirs avec nos meilleurs copains et de bosser le dimanche à la B.U. , aller dans des expos et nous réconcilier avec nos exs, être tous en harmonie et heureux, alors on s'entoure de licornes artificielles, dans une vie faussement fastueuse mais qui nous plait, après toutes ces épreuves, bon. Des mondes parallèles ou on rigole tous les soirs et ou on fais nos devoirs ensemble. De l'extrémisme un peu dans ce monde de merde désespérément modéré...
Tu protestes, tu protestes on se débat , c'est émouvant et tout, dans un monde à part... La jungle ou l'anarchie? quitte à choisir je préfèrerais la jungle, ici c'est plutôt une ruche, on fume l'aprem devant le batiment F à Nanterres, c'est des primates qui sont nos profs, dans mon paradis j'ai pas envie que tu y sois, j'ai de la beu, du whisky, des calissons d'Aix avec des cascades et des loutres, est ce que j'ai besoin de toi? T'es pas indispensable, qui l'est quand on a 18 ans, les yeux bleus, et tout à piller jusqu'à nos derniers centimes pour un peu de drogue? Qui? Pas toi pas moi, personne. C'est une escroquerie ce grand mot "d'amour", ca n'existe pas et tout le monde se couvre les yeux, c'est ça notre distil d'espoir, qu'on achète à bas prix chez le dealos qui se déplace en scooter mais qui est quand même moins bien que l'ancien. Mais bon, on a pas trop les moyens de faire autrement, merde.



jeudi 15 novembre 2012

Gandhi était un anorexique allumé du bocal




On m'a demandé de cesser-s-il-te-plait-gabrielle d'écrire des textes tristes, "on" représentant ici la demande générale (oui, oui, au moins tout ça). C'est plutôt difficile étant donné que la seule chose dont j'ai envie de parler actuellement est pourquoi, nom de dieu, pourquoi dés que j'essaie de faire bien tout se passe toujours mal? Le dernier exemple en date étant que mes moules spécial micro-ondes on fait explosé le dit four micro-ondes en question, immergeant ma cuisine dans un brouillard digne de celui de 20 toxicomanes empilés dans une salle de bain de 3 m².
Ceci ajouté au fait que Noé a une tumeur, que le petit Léon, nouveau rat engagé sur le radeau de la galère pour tenir compagnie au sus-nommé Noé, s'avère être plutôt idiot, et que d'ailleurs il va bientôt avoir bien mal au ventre vu qu'il a mangé mon savon au chocolat, le con, que mon copain est assis dans mon lit à côté de moi à lire BIBA en faisant des blagues sur les bambous, bref, tout va à veau-l'eau, de mal en pis et nous brûlerons tous dans les flammes de l'enfer. Sans aucun doute.
Ceci est donc un message un peu creux, sans fond ni formes, des phrases dans le vide comme on en entend par milliers en zappant sur TF1. Voici de la non-information, juste quelques mots pour vous dire que je suis vivante et pour vous rappeler que vous l'êtes aussi, on aurait tendance à l'oublier. J'écris ce soir comme beaucoup parlent, sans avoir rien à dire, et pourtant je continue tout de même, comme toute personne se devant d'être insignifiante le ferait. De toute manière, pourquoi parler de choses importantes, de sujets qui nous tiennent à coeur ? Dans ce monde ou rien n'est fait correctement, ou plaider sa cause est vain, dans un pays des droits de l'Homme ou ceux-ci pleurent en silence chez eux, ceux dans la rue pleurent à haute voix de gros sanglots le ventre gonflé d'alcool pour se tenir chaud...
Nous sommes des choses futiles. Si petites et vulnérables. On se parle d'amour pour oublier la misère, on s'invente des passions pour pallier à la guerre, des rêves pour diluer l'absurdité de nos vies désunies, on se tient la main pour ne pas songer que certains tiennent le monde dans la leur et on rit juste pour ne pas penser à nos peurs. Tout est factice ici. Nous sommes assemblés pièces par pièces, coordonnés, rassemblés et lâchés en semblant de liberté sur des pelouses cloisonnées ou l'on a pas le droit de marcher parce que l'herbe repousse. Alors ? Alors quoi, parler, me trouver une cause à défendre et aller au bout de mes idées? Me révolter ? Dénoncer, manifester, me débattre? Alors que je peut juste rester au chaud chez moi, Noé roulé en boule sur mon ventre, et me cacher de ce monde que je hais ? En sortir pour en rire de temps en temps et me perdre sur la belle voie de l'échec scolaire, m'enfermer pour pleurer, faire l'amour ou tout casser si l'envie me prend. Méditer sur mes névroses jusqu'à ce qu'elles soient ancrées au plus profond de moi pendant que celles de l'humanité empirent. Voilà ma vie et sachez que Gandhi n'était qu'un anorexique complètement allumé du bocal.



lundi 12 novembre 2012

Cavalière

par Marie HGT



Si ce n'est pas le cheval qui t'arraches ta vie, c'est la vie qui t'enlève ton cheval. Et ça, ça te démolit. Ca te brise. Il n'y a rien de plus puissant que l'amour qui lie un cavalier à son cheval. Un cheval qui s'éteint c'est tout un monde qui s'écroule. Un jour tout s'effondre et on ne se relève jamais. On n'en parle pas. On ne dit pas. On ne trahit pas sa peine, on ne devrait pas souffrir d'un animal, non. Ca n'est pas acceptable...
Mais on a une faille à l'intérieur de nous même, qui ne se remplit pas. Le cheval nous a démoli. Plus jamais on ne pourra prononcer ce nom sereinement, se séparer de ses affaires et laisser la vie reprendre un cours normal. La mort nous a achevé sans préméditation. Les chevaux n'auront plus jamais d'âme, la vie n'est plus la même avec cette lourde pierre au fond du coeur.



à elle qui me manque tant

En retrait, loin de ces sabots, on voit nos proches continuer dans leur voie, alors on s'entoure de remparts infranchissables, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Qui pourra leur raconter mes nuits à trembler dans une tristesse infinie ? Qui pourra leur dire que quand elles courent vers le podium, moi c'est seulement à ma perte. Un monde désenchanté s'offre à nous, ici bas. Plus de passion puisqu'elle est morte. Ils s'appelaient Isidor, Kiss, Kelly... Ils construit ma vie pour la détruire enfin. Il en reste des lambeaux, quelques vieilles connaissances qui m'épargnent un peu leur récits d'aventure, un porte clé sur mon trousseau aux couleurs de mon ancien club, des prixs et récompenses, foutus à la poubelle lors du déménagement. Rien chez moi ne me rappelle à eux, j'ai tout brulé, jeté aux ordures, rangé au fond du garage, hors de ma vue. Je n'en parle jamais. Et je ne remonterai sans doute jamais. Je manquerai d'air là haut, les larmes m'étoufferai, et rien ne me ramènera Kelly ou Kiss. Tout a une fin, même si c'était un peu tôt.  Il parait qu'à la fin tout ira bien... Vu que tout ne va pas bien, est ce que ça veut dire que ce n'est pas la fin?
Dorénavant, dans leurs yeux, je lis seulement mes propres peurs. Ma tristesse. C'est un monde trop dur pour les gens aimants.




"Kelly est morte, j'ai plus rien à regretter, c'était la seule qui valait la peine que je me batte, maintenant j'en ai plus rien à faire, ceux qui ne donneront pas de nouvelles n'en auront pas des miennes... J'ai des choses plus importantes à faire, me reconstruire en premier. Ca prend du temps. " juin 2011 

"Je me mords l'intérieur des joues, je regarde ailleurs pour ne pas montrer à quel point les larmes débordent de partout mais le maquillage laisse des grandes traces sur mon visage malgré tout... Jai pas encore réalisé pour Kelly, cest juste une parenthèse, je sais pas ou elle estm ais elle va revenir, cest sur. Elle me manqurait tellement sinon... Ce serait juste impossible, invivable sans elle. Elle est pas morte, j'y crois pas moi." juillet 2011





jeudi 8 novembre 2012

Délit de fuite - Chapitre 5


Septembre 2011

Tout d'abord, enchantée de savoir que tu vas bien, ça me tient vraiment à coeur. Après ce qui s'est passé, on aurait pu croire que tu serait déprimé, maladif, ou que sais-je? au bout du bout du fond du puit? Mais non. Tu as bien. Oui, enchantée de le savoir. 
Moi? Si je vais bien? Evidemment voyons. Non parce que quitte à venir aux nouvelles, autant prendre les bonnes et repartir. Puisque de toute façon on les oublie à force de ne se pencher que sur le passe. Alors oui, ça va. Je ne me suis pas tirée une balle, comme on le craignait. Tu me diras en même temps je n'ai pas de flingue. Personne n'est assez inconscient pour m'en mettre un entre les mains. C'est plutôt une bonne nouvelle ça, non ? 
En second lieu, je suis venir que je m'en vais. Je ne te laisserai jamais plus me faire souffrir du moins j'essaierai. Je regarde le plafond. Merde. Tu m'as vraiment usé, usé à la corde. Raide comme nos figures, ammaigries. Nos routes se séparent ici. J'en aime un autre, du moins je crois. 
Donc voilà. Tout a une fin, ici est la notre. Je te quitte 6 mois apres que tu m'ai quitté, oui c'est un peu tard, mais bon. En espérant que tout aille bien, et pour le mieux. Je vais essayer loin de toi un peu, pour voir comment ça fait. Après tout, ce n'est pas vraiment de ta faute si tu as foutu ma vie en l'air. 



dimanche 4 novembre 2012

Délit de fuite - Chapitre 4




Juillet 2011 - Service psychiatrique


"Je ne me rappelle plus tout cela. Ma mémoire me joue des tours.Qui êtes vous? Êtres en blouses blanches, aux chaussures en plastique, évoluant dans un dédale de couloirs aseptisés. Vous faites pleurer ma maman le soir. Vous voulez ma sécurité mais vous n'entendez pas qu'elle ne se trouve pas dans vos bras, ni dans ceux de substituts d'amour chimique. Qu'attendez vous de moi? Que je vous raconte ce qui s'est produit ? Je vous dit que je ne m'en souviens pas. Qu'y a t-il de plus à dire? Cela appartient au passé.
Vous évoquez la figure paternelle quand je vous parle d'amour. Je ne comprend pas vos questions. Vous ne savez rien de moi, je ne vous en ai pas tant dit. J'ai beaucoup parlé, certes, parce qu'une fois que beaucoup est déjà dit, il n'y a plus tant de place pour les questions. Séance de 45 minutes, 80 euros remboursé par la Sécu et la mutuelle. Je ne vous ai rien dit de lui, ni son nom, ni ce qu'il m'a fait, ni rien. C'est mon secret. Mon ultime cicatrice que je ne vous laisserai pas soigner, car derrière la camisole chimique, ce recel de souffrance, c'est ce qui me permet de me rappeller quej e suis encore en vie. C'est lui qui jugera de ma peine. Pour ce que j'ai fait, à moi, à lui. Au simuli de stabilité dont je l'avais convaincu. C'est lui seul qui en décidera. Tout le reste m'appartient.
Empire dévasté au seuil de l'asile de fous. Poignets abimés sur lequel un autre pose fermement la main. Cellule fermée à double tour, sans fenêtre sur l'extérieur. De l'espoir distillé dans des cachets au nom d'inspiration douteuse. Pour eux je suis sur la voie de la guérison. Ils ne savent pas que tu me rendras malade encore bien longtemps. Mon amour. "


Silence



Un mal de ventre nocturne. Une bouteille de whisky vide. Des ballons décrochés du mur. 
Un petit jardin rue Michelet. L'écharpe du descendant de Guillaume le conquérant. 
Un cendrier plein et un stylo vide. Un radiateur électrique. Le silence. 





mardi 30 octobre 2012

Grimper aux arbres




C'est iréel. Il s'est écoulé à peine une fraction de secondes entre le moment ou tout allait bien et le moment ou j'ai fondu en larmes. Mais entre les deux c'était déjà trop tard. Le mal revient à la vitesse d'un cheval au galop alors que c'est tellement long d'aller bien. Ca tient à si peu de choses. Une phrase mal dite, une hésitation, un mot de travers, un ressenti.
Mais moi faut que j 'aille me coucher demain j'vais pas sauver le monde mais presque. J'ai 27 mômes, 3 stagiaires et mon patron sur les bras, enfin, à porter à bout de bras. Parce qu'ils vont mals. Et on va tous mal, et on ira tous mal toute notre foutue vie. J'avais dit que je me coucherai à 22h et comme toutes les nuits il est déjà 23h30 et je pianote, je pianote sur mon clavier. Foutue une heure et demie de trop. Je vais plus du tout dormir maintenant alors que dans d'autres bras un peu plus tôt je tombais de sommeil. A force de toujours vouloir des réponses, de toujours vouloir comprendre, et de toujours vouloir vouloir, toujours vouloir toujours plus... Alors que merde je ne veut rien obtenir, je ne veut rien AVOIR, je veux ETRE. Etre libre, sereine, heureuse, et tous ces mots que je n'ose plus utiliser dans des conversations par souci du ridicule.
Demain je vais arriver à HEC. Déambuler parmi quelques étudiants trop fauchés pour quitter le campus pendant ces maigres vacances de Toussaint. Sortir les clés de la poche de mon cuir, ouvrir les portes du centre aéré. Allumer mon ordi, mettre Keny Arkana à fond, lacher Noé dans la salle des maternelles, me rouler une clope et aller me chercher un thé à la cafet, sous le regard amusé du personnel d'entretien. A HEC c'est peut-être eux qui bossent le plus je me dis parfois. Pourtant c'est les seuls à remarquer les gamins.
Voir arriver les premiers enfants largués en vitesse par des parents débordés et nerveux, les yeux encore embués de sommeil. Se demander pourquoi on fait des gosses si c'est pour les laisser grandir à l'école et au centre aéré et se rendre à leur majorité qu'on a loupé une étape de construction. J'sais pas. On a peut-être l'impression de se racheter une vie après avoir passé la sienne à la gagner. Après il y a les cathos anti-avortement mais ça c'est une autre histoire. Entendre mon patron : "ça va, la plus belle?". Les stagiaires, les autres mômes, les parents en retard, les comptines, les pipi-lavage-de-main-on-prend-les-doudous-on-se-met-au-lit-les-monstres, remarquer que j'ai pris le réflexe de leur interdire de monter aux arbres pour une question juridiquement parlante alors que j'aimais tellement prendre de la hauteur à leur age. Maintenant j'ai le vertige, il est trop tard pour grimper aux arbres.


dimanche 28 octobre 2012

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite

Get free.




mais merde mon ange. je suis trop défoncée. on est dimanche soir. je t'envoie des messages bidons alors que t'es au ciné. j'ai Noé qui se ballade sur moi, être insignifiant et idiot et mignon qu'il est. a remuer ses petites moustaches futiles.il se met devant mes yeux comme si il avait compris que j'allais pleurer. il me tient en éveil tu me diras. je me lève pour le remettre dans sa cage et j'ai besoin de 8 minutes à mon retour sur mon lit pour surmonter l'effort que je viens de fournir. il pleut dehors. j'ai une pote de ma soeur qui dort à la maison ce soir. c'est une petite pétasse de science piste. mes parents lui ont parlé passionnément toute la soirée. ils auraient tellement aimé que ce soit leur fille. tellement. et moi dans tout ça? j'ai réussi à rater un plat de pâtes a l'arrière de la cuisine tandis qu'ils rigolaient dans le salon. petite pétasse de science piste. je les hais tous ces gens imbus d'eux même, c'est pas grâce à eux qu'ils sont là, ils ont juste eu de la chance. ils auraient pu naître en iran ou au soudan. ils ont aucun mérite à me remettre à ma place quand on parle de politique. ces gens vendent leurs âmes au diable quand j'essaie d'éviter des bleus à la mienne, dans quel monde on vit ? ils créent un enfer de tout ce qu'on vit en connaissance de cause ou presque. eux ont reçu l'opportunité de niquer le système de l'intérieur mais ils ont préféré en graisser les rouages. moi j'ai pas eu le courage de me lancer et je récolte les clous, le peu d'attention qu'on accorde au naïf personnel du social qui tente d'adoucir la vie des autres. mais les gens sont malades mon ange, les gens sont fous. c'est pas moi qui devait aller en clinique, c'est l'humanité entière. c'est ces dimanches soirs là que je comprend ce que tu veut dire par "on mérite mieux que tout ça, love, on devrait pouvoir être au dessus." on devrait, ouais, pouvoir s'élever un peu, prendre cette hauteur qui nous manque. l'air doit être bien plus doux la haut. ne pas avoir à verser des larmes à cause de la lenteur des flammes qui nous encerclent. défoncer nos bunkers, nous évader, libres. 
mais merde. aller se coucher toutes les nuits en se disant que demain est un autre jour, partir le matin, rentrer le soir, dans la même merde... trouver la montagne sacrée et aller  y prier un dieu qui nous ressemble. batir un avenir qui nous correspond, ensemble ou pas puisque c'est dans la solitude que l'on trouve nos forces. mais juste se certifier qu'on est à l'abri loin de leur conformisme terrifiant, de leur morale à deux francs, de leurs camisoles sociales et de toute leur grosse merde d'erreurs qui nous entravent depuis le départ. trouver la bonne voie et puis garder le cap malgré les intempéries. c'est trop tard pour la révolution mais la relève, c'est nous mon ange. c'est nous...


_toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite_


Les chansons du dimanche















Vacances bien chargées. Trois jours au centre aéré, un déménagement, un chat, une pendaison de crémaillère, Halloween, Noé, tous les cours à rattraper, les dossiers à boucler, les commandes de dessin à remplir... Une semaine qui passera malheureusement bien trop vite. 
Il va falloir encore du courage pour continuer, de la bonne volonté, et beaucoup d'espoir. Demain je retourne auprès des enfants, enfin... loin de tous ces gens pressés, en plein enfer. On va prendre le temps de rire, de jouer, de partager nos bonbons et de partir loin... loin... Après, ce sera le vrai départ, définitif. Charger 3 cartons, une valise, 2 gros sacs, la cage de Noé, une table de chevet, tout ça dans le 4x4, découvrir mon appartement repeint, défaire les cartons, faire le ménage, m'installer, prendre des repères, crever de froid en attendant l'arrivée du chauffage, aller chercher mon chat, lui acheter un panier, rencontrer des nouvelles personnes dans une nouvelle ville, me faire la bouffe tous les soirs, fermer la porte derrière moi, vivre seule. Faire attention à ce que l'indépendance ne vienne pas présenter une addition salée en solitude. Samedi soir on débouchera le champagne pour ma pendaison de crémaillère même si j'aime pas ça. Bon. J'espère que tout ira bien. C'est un nouveau départ, encore un. 



samedi 27 octobre 2012

"T'es qu'une petite pute doublée d'une grosse salope, et en plus t'es une enfant de garce."



Il y a des jours ou tout est difficile. Se lever, manger, se laver, les gestes simples du quotidien, affronter le regard des autres, vaciller. J'ai 18 ans aujourd'hui et depuis quelques mois déjà. Le temps passe à la vitesse d'un cheval au galop. Il nous coule entre les doigts, comme nos larmes, salées, assez nombreuses pour nous noyer dans un océan. Il y a des jours ou même avoir 18 ans est difficile, et pourtant ça on y peut rien. Ca arrive à des gens très biens d'avoir 18 ans, de même que se lever, affronter le regard des autres et tout ce qui s'en suis. Chanceler certaines fois. Ca peut arriver oui, même à des gens sains de corps et d'esprit. De ceux qui ne se foutent pas des pertes civiles. 18 ans, sèche tes larmes, ça passera un jour ou l'autre, dans un an, ou moins, ou je ne sais pas, ça dépendra sans doute du traitement. De ces jours ou même prendre les médicaments est difficile. Compter les pilules, le temps entre les prises, compter les heures, les rendez-vous chez le médecin, les jours, les années. 18 ans, 2 ans de cachets. 
Je pince les doigts nerveusement, la cendre tombe sur ma feuille désespérément blanche. Pourtant on avait tout prévu, de la weed, du fric, des clopes, des feuilles, du rhum, des fringues, de la bouffe pour le rat, des chewing-gums, et moi, inlassablement, mes carnets de notes et mes stylos. Mais quand il faut vivre, ça ne suffit pas de prévoir. Non, parce que c'est imprévisible la vie, ça te prend comme ça, et tu n'y peut rien, tu respires, tu bois, tu fumes, tu vis et puis voilà. Et tu peut bien pleurer, ça n'est jamais qu'une preuve en plus que tu es bien vivant et que personne ne t'as demandé ton avis pour ça. 
"T'es qu'une petite pute doublée d'une grosse salope, et en plus t'es une enfant de garce." - Ce sont tes derniers mots de toi à moi, ce sont ceux que je retiendrai. Prononcés en rigolant, ils se sont profondément ancrés dans mon coeur jusqu'à le faire saigner à torrent. Des fois on part pour mieux revenir et des fois on part pour toujours. Mais quand on part on ne peut pas d'ores et déjà savoir si on va être amené à se retourner. Moi je croyais que je ne t'aimais plus, oh comme le temps est trompeur. Ca devait sans doute être un jour ou aimer m'étais difficile. Au début, dans nos jeunes années, je me suis imposée en disant que je t'aimerais toute ta vie. J'en suis sortie en te disant que c'était fini, sans appel. Et maintenant je me retrouve le cul entre deux chaises, parce qu'il faut faire des choix, c'est une convenance, comme tant d'autre choses... Et on aimerai bien se le dire qu'on s'aime encore, se jeter dans les bras l'un de l'autre et se dévorer, comme le chagrin nous a dévoré, et te laisser essuyer mes larmes qui t'appartiennent... Mais quand quelqu'un d'autre s'acharne corps et âme à me faire retrouver le sourire, parce que pour lui j'en vaut la peine, alors qu'à tes yeux je suis fautive, il ne me reste que ma tour d'ivoire et ma feuille blanche pour m'installer au dessus de tout ça, au dessus de vous tous, et admirer les dégats irréparables que j'ai commis en quelques minutes simplement avec des mots, alors qu'il aurait pu s'agir en fait d'une guerre nucléaire. 
L'Amour est une machine à tout foutre en l'air. 


dimanche 21 octobre 2012

Les chansons du dimanche

Magnifique <3




Un dimanche après-midi à regarder des vidéos de discours ou de débats de Nicolas Sarkozy en mangeant des pains au lait avec du chocolat, par une chaleur étouffante de l'été indien de fin octobre, un trou du cul de chien allongé à mes pieds et mes connards de potes qui sont de base des connards mais qui m'aiment quand même. Une dure semaine qui s'annonce, puis une semaine de vacances bien méritées. 


Ca met de bonne humeur pour le lundi :)

vendredi 19 octobre 2012

Le bébé panda




Je suis un bébé panda,
Je pleure tout le temps,
Ca fait couler le mascara,
Mes yeux sont entourés de noir.
J'me fais vomir tous les soirs
Pour me supporter dans le miroir, 
Pour sentir que je contrôle encore
Tandis que j'me détruis au corps à corps.

Je suis moyenne,
Ni trop chiante ni trop chienne,
Un peu vénale, un peu vilaine,
Pas terne mais un peu vaine,
Et j'me complaît dans ma galère
Entre mes vrais et mes faux-frères
L'amitié est bradée chez le fossaire.

Et j'reve de partir loin, pour oublier
Oublier quoi, je sais même pas
De toute façon j'ai pas les moyens, 
Je travaillerais seulement quand on m'y obligera
J'ai toujours été une bonne à rien
C'est mon hymne, mon refrain
Je m'appelle "Peut mieux faire"
Je fous tout le temps tout en l'air
J'suis larguée par le système scolaire
Par mon mec, par mes pairs...
Sans repères et tout le temps,
Je me perds, sur la route vers le bonheur,
Je m'avance en marche arrière,
Le coeur rongé par la peur.

Mon ange, 
J'essaie de toucher le soleil 
En battant mes ailes de mésanges,
Je me brûle, tu t’émerveilles,
De toute manière il est gris le ciel,
J'ai trop peur de l'orage...
Tu ne me rattraperas pas, mon ange,
Les pandas ne se repentent pas.  



NB: Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.




mercredi 17 octobre 2012

La souris

Feu Max Weber ma souris




"J'voulais t'offrir une souris pour ton anniversaire." 

Je t'ai lâché ça comme un pavé dans la gueule ou dans la mare, je ne sais plus, sans fond, ni forme, ni rien. Juste ça voilà. Et une fois que les mots sont sortis ils ne m'appartiennent plus. Je t'ai laissé avec cette phrase, sans te laisser la possibilité de faire autre chose que d'accepter ce que je te disais. Parce que c'était dit, et que maintenant que ça l'était on ne pouvait plus y faire grand chose.
Au delà de la souris, c'était peut-être ton sourire que je voulais. Je ne sais pas.Ce matin sur mon RER il était écrit à la bombe noire : "merci la SNCF de nous donner des trains à graffer". Ca m'a fait sourire. Ca fait longtemps que mon Posca est aux oubliettes. Il m'avait couté 10,38 € au Gibert de Saint-Michel, je me rappelle, j'étais tellement fière. Mon vrai gros Posca pour taguer les rames de métro et les abribus. Je m'en suis jamais vraiment trop servi au final. C'était pas tellement que j'avais la trouille, mais une fois les frissons d'adrénaline passés je voyais plus trop l'intérêt de la chose. Moi je voulais juste montrer que je pouvais faire comme les grands garçons, que j'étais pareille et qu'il n'y avait pas de raisons. Aujourd'hui c'est fini, le Posca est rangé, mais je suis toujours un grand garçon manqué, je suis entourée de petits mecs et c'est avec eux que je me sens bien. Les filles c'est trop nul. 
N'empêche. J'ai pas réussi à en garder un pour moi toute seule, un que j'aurais aimé du début à la fin et avec qui il n'y aurait eu que des larmes de joie. Le bonheur il me file entre les doigts, toujours. A chaque fois que j'ai le sentiment de marcher à ses côtés, main dans la main, des cailloux se glissent dans mes chaussures. Je m'arrête pour les enlever, et pendant que je retire mes godasses, le bonheur, ce fils de pute, il se barre en courant. Lui il croit que la vie c'est un jeu de cache-cache, que j'ai que ça à faire de le chercher, de lui courir après, il croit que j'ai le temps peut-être. Quand j'ai viré les cailloux, remis mes chaussures, il s'est déjà tiré très loin. Le salaud. 
Parfois j'ai pu croire aussi que le bonheur c'était des garçons. Alors j'ai marché avec eux main dans la main, pareil. Mais là ça a commencé à me serrer trop fort les doigts, puis à m'étouffer complétement. Je me suis rendu compte que le garçon en question, c'était pas vraiment lui le bonheur. Et pour le coup c'est moi qui me suis tirée, en cassant tellement tout sur mon passage qu'il n'y a pas eu de cache-cache après. Le problème c'est que je ne supporte pas de marcher seule, sans personne à qui faire la gueule. Du coup, garçon après garçon, regards tendres aux morsures dans le cou... J'ai tout détruit, tout le temps.

Et j't'ai jamais offert de souris.




lundi 15 octobre 2012

Cellule de crise





Je suis clouée au lit avec la sensation d'être atteinte d'un mal incurable
 Et l'intention de rester sur place jusqu'à en crever définitivement. 
Foutue dépression, foutue maladie, foutue Interruption de tristesse inexistante, 
Foutue vie et foutue moi, foutu toi et foutus vous tous.
 Maudits poèmes, je croyais que vous me faisiez remonter la pente 
Alors que vous m'enfermiez dans ma douloureuse folie latente...
Tous ces mots, toutes ces phrases, juste des facades, un jeu d'acteur pour le public 
Quand sous les projecteurs en riant, je masque ma peur panique.
Comédienne ou guerrière, moi, la femme aimante ou meurtrière ?
Cellule de crise, je désespère en attendant mon analyse, 
Le temps passe et il n'est Clément que par méprise,
Alors que j'erre dans les couloirs interminables de mes souvenirs, 
Récupère tranquilement les restes de mon empire imaginaire
Les bris de miroir dans lequel je me voyais sereine.
Dans tes yeux peut-être, ou seulement dans le paraitre,
Cellule de crise, ma cervelle contre l'oreiller, je coexiste,
Tu t'attristes, tu t'inquiètes, tout se délite dans ma tête,
Avis de tempête, avides de trêve.
On rêve...






dimanche 14 octobre 2012

Les chansons du dimanche






"You said we were meant to be
Now this obsession is killing me
Until I have a heart attack
I'll keep on trying to win you back
Alone at last,
I can't wait till we're alone at last
All i wanted was a second chance, second chance
To hold you in my arms at last"


Du nouveau, le blog a désormais une page facebook que je vous encourage à visiter, la plupart des dessins sont en vente et je prend les commandes. C'est ici : HOPE


jeudi 11 octobre 2012

Dans une sombre époque de votre trouble passé



Dans une certaine époque de votre trouble passé, peut-être avez vous connu l'horreur des nuits sans fin. Peut-être avez vous vécu l'infinie obscurité et les fantômes qui s'agitent une fois passé minuit. Ils viennent ressasser une masse de souvenirs enfouis depuis longtemps, agiter leurs chaines sous le nez de vieux enfants. Ils repartent au petit matin, laissant derrière eux des yeux emplis d'effroi, qui n'ont pas connus le sommeil. Depuis combien de temps d'ailleurs? Cela fait fait un certain temps que ça ne se compte plus en heures, sur les doigts des mains qui ne servent plus à aimer, à caresser, mais seulement à ressasser des lignes vaines, d'une écriture penchée, sur son triste sort... 
Qu'avez vous de plus sombre en vous qui ne revienne pas dans vos cauchemars ? 


cahiers de janvier 2012 : "Je m'explose violemment, les neurones, les genoux, au sol. Mon ipod vole dans les airs, les restes de mon ego, en éclats. Ensanglantée, brûlée, la relève française la voilà, incapable de se relever. Chaussures de merde, bus de merde, et merde! Entre éclair de panique et avis de tempête, mon coeur esquive. Ne pas verser la moindre larme, ne pas laisser échapper la moindre plainte ne pas perdre son calme, ne surtout pas. En aucune circonstances.
Même les jours ou les mots "positif"et "négatif"changent soudain de sens. Positif, certes ca l'est, et positif, comme un plus en mathématiques, positif. Comme si c'était une bonne nouvelle ce plus sur un bout de plastique, mais c'est positif! Tout a fait positif, pas negatif, pas du tout. La sentence est sans appel. C'est positif. Alors quoi? Une cigarette. Un café. Je ferme les yeux pour mieux voir. Je les rouvre. Le monde ne s'est pas arrêté de tourner. C'est plutôt positif. Non négatif. Peu importe. Cet événement démontre a quel point les mots sont traîtres. En tout les cas, c'est sans appel, sans méprise, sans mensonge, sans contrefaçon, sans appel je disais donc, sans mentir c'est cent pour cent positif. Bon sang. Et sans rire, a force de faire les cent pas, je me suis vautrée donc, dans la rue. J'ai des taches bleues, rouges, violettes sur les genoux. Je n'ai pas pleuré. Ca a beau être négatif, non pardon, positif, bref, je ne pleure pas. Ne pas paniquer, ne pas, ne surtout pas. Garder les épaules froides et bien sur la tête. Bien sur c'est les épaules qui portent toute la misère humaine, je suis bien sure de moi. Pas la tête. Je la ménage celle ci. la fatigue joue son rôle, bref, la tête est au garde a moi, elle attend ses propres ordres. La pauvre. Pauvre de moi et d'elle, pauvre de vous tous.
Il faut partir maintenant. S'éloigner pour mieux revenir. Rejoindre la pollution de paris pour respirer. Il faut s'en aller, seule et surtout sans toi, toi l'angoisse, toi les larmes, toi mon cafard, moi je me barre. Mon double, mon terrifier, mon amour, ma peur, je pars et je reviendrai. Je pars et je ne me retourne pas. Je ne veux pas savoir. Le vent me portera, de ma folie me soignera, du temps me protégera. Tout va bien, tant que je ne suis plus..la! La, ou tout a commencé, ou tout finira, ou mes larmes, mes mots et mon sang se deversaient. La, la ou je ne veut pas rester, la, non, la ce ne sera pas possible, pas aujourd'hui, pas demain non plus. Pas la. Si, do. Non.
Les bas le coeur m'assènent de drôles de coups, pas si comiques d'ailleurs, non. Pendant que mes doigts envoient des sourires, mon ventre pleure en silence terrible. Et la tête, la tête, elle s'est arrêtée de tourner, et tant mieux. C'est pas facile de vomir quand on a la tete a l'envers."






vendredi 5 octobre 2012

La visite médicale



Elle a pas eu de chance. La visite tombait à l'heure ou je commence habituellement à être fatiguée, et j'aime pas trop parler dans ces moments là.. Mais là j'étais fatiguée depuis trois jours, à force de vagabonder avec mon sac de voyage et de me lever tous les matins sans savoir ou je dormirais le soir même, alors c'était pire. Pas chanceuse donc, la meuf.
Ce qu'elle pouvait pas savoir non plus, c'est qu'avant d'arriver dans son cabinet pourri, j'avais pris le métro, que je hais, pour la première fois depuis Mathusalem, je m'étais égarée dans Saint Germain des Prés sans réussir à demander mon chemin aux mille femmes guindées dans des vêtements en cuir trop serrés et élevée sur des chaussures brillantes de plusieurs dizaines de centimètres de talon. Un SDF  m'a proposé de venir m'asseoir à côté de lui, effectivement avec mon gros sac sur le dos, mon chignon mal coiffé dont dépassent pleins de petites nattes, mes fringues usées, de couleurs ternes, plusieurs pulls, plusieurs vestes, une grosse écharpe sale, tout ca parce qu'il fait froid, je porte à confusion. Je détonne confrontée à la rigidité des apparences de Saint Germain.
Non, tout ça elle pouvait pas le savoir. Et encore moins le désarroi que j'ai ressenti en parvenant enfin au 45 rue des Saints Pères. Un immense batiment, la faculté de médecine de Paris Descartes, et en face, à une dizaine de mètres, les lettres rouges "Science Po". Je bois la tasse dans une grosse vague de souvenirs, deux ans plus tard dans cette même rue des Saints Pères. Je me rappelle des Journées portes ouvertes un samedi matin en 2010, de mes déambulations tranquilles dans les couloirs avec ma mère, essayant de m'aggriper au plus de détails possibles songeant que bientôt tout cela serait à moi aussi. Deux concours et deux echecs plus tard, je suis juste perplexe devant cette enseigne aux lettres rouges, sans savoir si ce que je ressent s'approche plus du dégout, de l'amertume, de la tristesse ou de l'indifférence. Parce que quelque part, on m'a donné les moyens d'y parvenir, on m'a plus ou moins promis un avenir parmi l'élite de la nation, et aujourd'hui je suis en première année de DUT Carrières Sociales. Cherchez l'erreur.
Sauf que voilà, maintenant tout ça c'est fini, il n'y a plus aucun espoir pour Science Po, et quelque part je m'étais fait une raison, ou en tout cas j'ai tout mis dans un coin de ma tête pour ne pas y penser. Je sais très bien faire cela, éviter les problèmes. J'ai tourné les talons vers le numéro 45 et je me suis engagée dans un dédale de couloirs moches à pleurer. Tout ça pour arriver, après 3 étages montés par erreur, porte T145, devant le service de médecine préventive. Devant le médecin, appelons la Martine, chargée de remplir mon dossier médical pour certifier que je suis une bonne petite future Assistante sociale en bonne santé, ou pas, justement. Sauf que Martine, comme dit plus haut effectivement elle m'a pas vu au bon endroit, au bon moment.

Martine : "Vous fumez?"
"Oui."
"Combien?"
"6 à 10 par jour."
"Buvez vous de l'alcool régulièrement?"
Oui. J'ai répondu:
"Non."
"Consommez vous du cannabis?"
Oui.
"Non."
Elle pianotait mes réponses sur son clavier en regardant son écran, en me posant machinalement ses questions sans même faire semblant de s'y intéresser. Déjà ces intrusions dans ma vie ça m'agaçait, moi j'aime pas trop qu'on m'attaque de front comme ça.
"Vos parents ont-ils des problèmes de santé? Vos grand-parents ?"
"Qu'est ce qu'ils viennent faire là dedans ceux là? Vous pouvez pas les laisser là ou ils sont ?"
Coup d'oeil assassin de Martine qui apparement n'aime pas trop être contredite:
"Les chiens ne font pas des chats mademoiselle."
Connasse.
"Ecoutez tout le monde va bien, c'est cool et tout. Par contre moi je suis sous traitement antidépresseur depuis quelques temps déjà, ça peut être un truc sympa à noter dans votre machine, non?"
"On parlera de vous plus tard. Vos parents ont-ils des problèmes de santé ? "
"Non mais vous êtes sérieuse là ? Je viens de vous dire qu'ils vont bien, vous m'écoutez ou pas?"
"Pas de cancer, de maladie génétique, de diabète?"
"Mais NON putain."
"Vos grands-parents?"
"Quoi mes grands-parents?"
"Ils ont des problèmes de santé vos grand-parents?"
"Non. Ils sont vieux c'est tout. Ça va pas tarder à nous arriver. Enfin surtout à vous."

Dix minutes plus tard.

"Et donc vous êtes dépressive ? Pourquoi ?"
"Je suis pas dépressive. Je suis Gabrielle."
"..."
Elle attendait la suite Martine.
"J'ai souffert de dépression, maintenant c'est fini, voilà."
"Pourquoi?"
"Ca vous regarde pas."
"C'est dans votre intérêt."
"Quand même. Ca vous regarde pas."
"Vous avez votre carnet de santé?"
"Non."
"Pourquoi?"
Mais c'est pas possible cette manie de vouloir tout savoir sur tout, c'est incroyable ça.
"Parce que je vis plus chez moi en ce moment."
"Et alors ?"
"Ba c'est tout."
"On vous a demandé votre carnet de santé pour vous présenter à la visite médicale. Il vous appartient c'est à vous de le conserver. Vous êtes une adulte maintenant."
"Mais adulte ou pas j'ai pas besoin d'avoir ce truc pour me rappeler que mes vaccins sont faits, puisque je vous dit qu'ils sont faits."
"Mais moi je n'ai pas votre carnet de santé."
"C'est un fait. Je ne peut pas le nier. Après, quelque part, vous ne l'avez pas, je l'ai pas non plus. On peut en discuter longtemps, mais je peut rien faire pour vous aider. Etant donné que je ne l'ai pas."

Pas contente Martine. Après ces formalités nous avons pu entrer dans le vif du sujet, pesage, mesurage et tout ce qui s'en suit. A la fin de mon analyse, elle me lâche:
"Bon la santé physique ça va plutot bien. Par contre ce qui est de la santé psychique..."
"Déformation professionnelle Martine. C'est quoi ce lien de cause à effet tout minable ? C'est pas parce que je suis plus en contact avec mes parents et que je dors dehors que je vais mal dans ma tête. Ma santé psychique se porte très bien mais c'est gentil de s'en inquiéter."
Connasse.
"OK. Bon vous reviendrez avec votre carnet de santé dés que vous l'aurez."
"Non."
"Si."
"L'espoir fait vivre. Au revoir Martine."

J'ai donné un grand coup de pied dans sa porte et je me suis tirée. Devant la fac de médecine, pleins d'étudiants prenaient leur pause clope, impossible d'emprunter le trottoir. Avec mon gros sac j'en ai écarté quelques un de ma voie puis j'ai marché sur la route en faisant des doigts aux bagnoles qui me klaxonnaient. Je n'ai pas levé les yeux vers les lettres rouges de Science Po. J'ai tourné le dos à toute cette merde et je suis rentrée à Versailles pour retrouver le bordel et la pluie que j'avais quittés le matin même.Mais ça c'est une autre histoire.