"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

dimanche 15 juin 2014

Le cocard




Un oeil au beurre noir. C'est peut-être le meilleur cadeau que j'ai reçu de toi. Dans la violence de ton être, la rage que tu mettais à me remettre à ma place, moi la gosse indocile, dans le fracas de tes phalanges sur mon crâne, mon âme s'est redressée, incertaine. Je n'ai pas quitté tes yeux, je me suis relevée. J'ai fait mes bagages en silence, et j'ai fermé la porte derrière moi. Grace à toi et à la haine que tu m'as fait connaitre ce jour là j'ai découvert toute l'étendue de ma liberté. J'ai cru mourir de malheur, et puis finalement non, et j'ai bien du survivre. J'ai traversé d'étranges endroits, j'ai rencontré des gens qui ont prétendu te remplacer, et j'ai souffert encore à cause de toi. Mais plus jamais je n'ai douté que tu étais la personne qui m'avait fait le plus de mal dans ma vie, et que tout le reste de mon existence je devait tendre à tout l'opposé de ce que tu étais. Tu n'es plus qu'un nom pour moi, tu n'es qu'une grande balafre plus ou moins soignée, un mec qui en avait rien à foutre. Quelqu'un à qui j'aurais sans doute pu tout donner si il avait pris la peine de faire les choses correctement. Définitivement, ces baffes dans la gueule sont les meilleures choses que j'ai pu prendre de toi, tant elles m'ont amené à me connaitre et à mépriser ce que tu représentes, l'intolérance de tes propos, l'insuffisance de tes gestes, ton ego sans limites et le désamour que tu m'as voué. J'ai aboli le règne de la terreur que tu faisais vivre en moi, et j'ai volé loin de la cage dorée. Alors je te remercie de tout coeur pour ces coups, pour ce cocard qui m'ont permis de m'enfuir et d'aller chercher la paix ailleurs. La vie n'a jamais été aussi belle depuis.


mercredi 11 juin 2014

Mots de tête



Faudrait que j'arrête de penser à des trucs horribles tout le temps, à vivre dans la paranoia en permanence. Parfois tu me regardes et tu me dis "c'est pas grave. S'il te plait dis moi que c'est pas grave." Comme pour me faire accepter la chose, la marge d'erreur. "Tout va bien, tout ira bien." "C'est pas parce que je suis trippé que je te dis ca." Et tout s'emballe. Les mots ça va vite, ça fuse et on ne sait pas toujours s'en servir à bon escient. Quand je te raconte le passé, je sais que ça peut te faire peur, faire trembler certaines choses en toi. Pour moi c'est quand on évoque l'avenir. Parler moins pour dire plus de choses, c'est ca le projet de départ mais parfois ça nous échappe et on se perd un peu comme si on avait enfin trouvé le refuge de la pensée. On est terrorrisés depuis si longtemps qu'on s'y est habitués. Alors on parle pour qu'on en ai dit le plus possible avant de se quitter, qu'on se prouve qu'on s'aime sans se l'avouer vraiment, et on se permet le silence pour célébrer deux coeurs qui tentent de battre ensemble.