"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

dimanche 19 octobre 2014

"Même si tu n'as plus grand chose dans le coeur et que tu le sais, tu as toujours un coeur." C. Bukowski



Si je devais raconter à voix haute tout ce qui s'est passé, te refaire l'histoire depuis le début, qu'est ce que je pourrais bien te dire ? Si tu me demandais d'expliquer les stigmates dans une espèce de logique chronologique je suis pas certaine de savoir quel bilan je pourrais tirer de tout ça. Je pourrais te parler d'aujourd'hui, peut-être. Du futur proche. On s'obstine à construire un monde parfait dans nos têtes et plus on s'en approche plus le monde réel devient invivable. On est contraint d'assister à l'amère dégradation de tout et de toute chose. Immobiles, muets. Incapables. On la connait l'ivresse de l'impuissance, le rêve de pouvoir tout refaire de nos bras, le rêve qu'on démolisse enfin la violence et qu'on arrête de se meurtrir en contemplant cette merde qui se dissémine partout, partout... Alors on se réfugie encore un peu plus à l'intérieur de nous même, au risque de ne plus y tenir au bout d'un trop long moment. De déferler. L'introversion devenant refuge mais pas échappatoire. Et le temps passe, on ne récupérera plus rien, à part peut-être la folie récurrente. Et on y revient. Comment je pourrais faire pour te raconter le trouble, l'angoisse ? Ca n'aurait pas de sens, plus aucun sens. Et pourtant, si tout redevenait comme avant? La machine qui repartirait en arrière, la régression, et que tu me voyais les yeux révulsés, prostrée sur une misérable souffrance qui a à peine un motif pour exister ? Peut être que tu me haïrais comme je l'ai fait. Alors, à quoi bon promettre désormais? Quand on est si faibles, si nuls ? On ne vaut vraiment pas grand chose et c'est une certaine délivrance de se le répéter.