"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

dimanche 15 juillet 2012

Coeur de plomb




La flamme bleue au dessus de l'alcool,
Fumée qui tourne, ruisselle et s'envole,
Dans l'atmosphere saunatre de la métropole,
Sous la nuit, sous la pluie,
Tout Paris dégringole.

Je pleure dans ma tête
La folie qui nous lie,
Les scandales les tempêtes,
Mais dans mes yeux je rie.

Essaie de m'envoler quand la Seine me racolle
Pour vol désarmé alors que tu flageoles
Loin des matons délurés de l'école
Je décollerai du pont,
Je prendrais mon envol,
Car je n'ai jamais joui que de mon coeur de plomb
Assez lourd, obsession, que je puisse toucher le fond,
Ce saturnisme latent sera donc ma prison.

Décolore les souvenirs,
Dé-peinturlure les murs,
Je veut béton à vif débarrassé de peinture,
Armé jusqu'au dents de lait,
Et un peu de cyanure,
Recommencer une vie entre des cloisons pures,
Et réparer mon âme à coup de points de suture.
Tout ce qu'on accumule preservé sous l'armure
Celle qui fait de nous des gens biens sans ratures
Et sous tous rapports,
Sous toutes les coutures,
Capturez ces instants qu'on les affiche au mur
Qu'on puisse cracher dessus à la fin de la torture,
Quand l'amour se brise et qu'il ne reste rien,
Quand le présent effraie et que demain est vain
Rappelons nous d'hier pour affronter le destin.

Je ne t'aime plus mon amour,
Mais continuons le chemin.
Tu m'as dit ça hier,
En me tenant la main.
On mourra vieux et cons.
On ne regrettera rien.




Merci à Twan pour le récit de l'atelier avec Virus et pour l'envie de continuer le travail entamé que tu nous inspire dans ces moments là, quand tu es heureux. Merci à Kamos le chevelu pour le coup de pouce. Merci à Minou parce que je l'aime, à la besta pour éclairer ma vie dans les moments gris, merci le mexicain pour la péniche, et merci les gars d'être là. 
Je vous dit bye jusqu'à mi-aout, ou peut-être avant, si je ne me fais pas enlever par des bandits de grand chemin, qui sait. Je pars à Noirmoutier avec Noé. J'attends les résultats de Science Po, la vie est grise, il est grand temps que je me tire. 


samedi 14 juillet 2012

I love you forever.


Forever is over




"Ce lieu, ces murs blancs. La cendre sur les draps. Oublie moi, oublie moi, oublie moi. C'est dur, tout ce qu'on a jamais pu obtenir, toutes ces latences, tout cet alcool. Minuit quatre, je n'attends plus, non, plus le courage de rester au garde à toi, ou plutôt gare à moi si ca continue... Je ne suis pas à la hauteur, à ta hauteur et je suis fatiguée d'avoir à devenir moi même. J'avale quelques cachets, c'est ma chimie du désespoir et je voudrais bien lester mon coeur avec une pierre histoire qu'il sombre pour de bon, au lieu de stagner en surface. Puis quand je te dis que je vais mal, ça t'emmerde parce que tu le sais déjà. Tu es déjà au courant parce que toi aussi ça t'arrives, tout le temps même. Tu crois comprendre. Se sentir vide, triste, gris, au douzième étage sans ascenceur, moche de chez moche, redondant, abruti, raté, pas droit. T'es trop sur de toi, ou pas assez peut-être. Alors tu as laissé faire, sans batailler. Alors que tout le monde sait. Que ça ne suffit pas. Le train part, j'y vais et tu restes en gare. En hommage à tous ces grands garçons fatigués par la vie qui déçoit. A eux qui malmènent, qui hésitent, ne savent pas et ne choisissent pas. Ne choisissent jamais. Ne risquent pas. Restent là. Dans cette gare, sans trouver le courage de courir après le train. Salut. "


mardi 10 juillet 2012

Avis de tempête


N.O. avril



Il était un peu tard, déjà, le soleil se couchait. J'ai tout laissé en plan, dans la grande maison trop vide, et je suis partie. J'ai escaladé le portail et j'ai marché jusqu'à la plage. Il faisait froid, j'avais chaud, tout était inondé de la lumière du soir. J'ai traversé la dune au hasard jusqu'à être lasse, et je me suis étendue dans le sable. J'ai fumé deux ou trois joints, bu un peu de whisky. Tout allait si bien et si mal en même temps.
Je me suis déshabillée, mise à nu devant la mer, mère de tous  et épouse de tant d'hommes. Les femmes n'aiment pas la mer qui trop souvent leur vole leurs maris et noie leurs enfants. Elle est trop belle, bien plus belle qu'une femme qui vieillit, s'aigri, et voit le temps passer. Elle est belle, orageuse et ses larmes sont douces et amères. Les miennes coulaient doucement devant ce spectacle puissant, inchangé des vagues qui s'abattent sur la grève. J'étais seule sur la plage et minuscule. Je m'en voulais d'être si petite. Je pleurais de rage et d'impuissance, et je déversais ma colère dans le sable.
J'ai marché jusqu'à l'eau, et sans m'arrêter me suis enfoncée jusqu'aux épaules. Les vagues étaient furieuses de cette intrusion et tentaient de me repousser sur la plage. J'ai nagé au travers des rouleaux et me suis laissée emporter. Plus rien ne comptait. J'ai bu la tasse à pleins poumons. Dans ma chute j'ai heurté le sable et mes vieilles plaies se sont rouvertes. Brutales. J'ai perdu connaissance en pleine mer. Mon dernier souvenir est la vue de mon sang qui se confondait avec le reflet rougeoyant du soleil. J'ai laché prise.
Quand je me suis réveillée, il faisait nuit noire. Les vagues m'ont déposées sur le sable, au pied de la dune, et la mer s'est retirée. Il faisait froid. Au début j'ai cru que j'étais morte, mais malheureusement j'étais bien vivante, celà se sentait à la façon dont j'avais mal. La mer m'avait délaissée, je n'avais plus rien à faire là. Je suis rentrée. J'ai désinfecté mes cicatrices avec du whisky et j'ai bu le reste de la bouteille. A la fenêtre, l'air était doux.
Je jette un oeil au téléphone, à la boite aux lettres: toujours pas de nouvelles.
A quoi bon.

lundi 9 juillet 2012

Sois poli et dis bonjour







J'ai fait la guerre avec moi même
Dans un monde mental parallèle 
Dont personne ne soupconne la couleur
Pas de garde fou pour protéger de la douleur
Juste des anti-délires qui scandent la vérité 
Au seuil de mon empire, j'étais malade ravagée
Sous alcool j'hallucine bien avant ma majorité
Et dans ma forteresse je dessine tout ce que j'essaie de crier
Les lignes détonnent en noir sur blanc
Je m'aggripe à la réalité désespérément 
Et maladroitement j'essaie d'exprimer mon supplice
A des gens méfiants sur qui mes paroles glissent
En pleine déchéance on m'envoie en psychanalyse.



Que du réchauffé, plus rien de nouveau. Je n'écris plus, ne dessine plus, ne sors plus Fred. Je ne fais qu'attendre les résultats de Science Po, en me fendant de vivre le reste du temps. Yaura pas de bébé chien, pas de Lamotte, pas de baignades, pas de psy, pas de concerts, pas de couvre-feu, pas de Bretagne, pas de parents cet été. C'est nul mais c'est pas plus mal. Et pour les nouvelles, un sms tous les quinze jours suffira, c'est pas comme si j'étais une as des relations humaines, puis c'est pas comme si j'en avais quelque chose à foutre. Moi j'aurais bien voulu partir me changer les idées noires, mais je devrais me contenter d'un bisou de Noé et d'un vernis à paillettes cet été. 

mercredi 4 juillet 2012

Le jour ou j'ai croisé Benoit Poelvoorde




-Gab, tu veut quoi pour le petit dej ?
-Hein ? 

J'ouvre les yeux, putain, il est déjà 13 heures. Je me rappelle plus quand on s'est couchés ni comment j'ai réussi à remonter dans mon lit, mais bon j'y suis,  la tête de A. au dessus de mon visage en train de m'agresser verbalement. J'enfonce ma tête dans l'oreiller, si je m'étouffes et que je meurs, il se tairas peut-être. 

-Alors? 
-Putain. Putain. Putain!!!!!
-Tu veux dormir encore ? Tu veut un café? Tu veut peut-être déjeuner en fait, parce que là pour le petit dej... On va faire des pates. 
-Ta gueule on a déjà mangé des pates hier. Et avant-hier. 
-Et alors? 

Sacré A. Il a déjà du ranger tout l'appart tout seul, mes copains ont du partir à l'aube sans l'aider, et laisser un bordel complet derrière eux. Mais en sortant de mes vagues cinq heures de sommeil bourrée aux médicaments j'en avais carrément rien à carrer, d'ailleurs depuis que je suis revenue de Lyon, du concours Science Po, j'en ai quasiment plus rien à carrer de rien. On a fini par arriver à un compromis tacite assez satisfaisant, étant que A. s'occupe de tout, pendant que je branle rien et je me contente de me la fermer. On se complète bien. 
Une fois prête, vers 17 heures, la journée commence, et on retrouve P. au square des musiciens. C'est une de ces personnes à qui l'été va bien. Elle a changé, après toutes ces années, jolie P. Premiers pétards, puis on se fait prendre en stop par une gendarme pour traverser Versailles, A. a entamé avec elle une discussion "politique intérieure française" pendant que j'essayais de ne pas avoir l'air trop loin de la réalité. Arrivés à destination, on remercie gentiment la fliquette, et on rejoint B., sorti de sa caverne. Je lui promet de le rembourser, étonnée de constater qu'il y a encore des gens qui me croient quand je fais ce genre de promesse et il m'invite au resto avec la besta et E. avant notre soirée dans la forêt, autour d'un feu de camp. 
On les repère de loin. Les volutes du brasier se mêlent à la fumée des pétards. Ils sont assis par terre, dans une clairière du bois Saint-Martin, autour du feu. J'ai une bouteille de Malibu, un joint, mes amis, et la vie est belle, cette putain de vie est belle. Je me suis sentie revivre, loin de mes examens moches des sols aux plafonds, ratés, déprimants, grotesques, loin de Lyon la bordélique, loin de nos spasmes. C'était comme une scène dans un film, une bande de post-ados bourrés autour des flammes, leurs clopes à la main en chantant des vieux tubes des années 80 ou des génériques de dessins animés. A. et la besta regardaient le feu silencieusement, côte à côte. P. me voit les regarder en rentrant d'un grand moment de solidarité féminine et lâche dans un tourbillon de phrases incohérentes et joyeuses: 

-Gab, le lache pas ton petit A. Il est bien, il est bien tout court, et il est bien pour toi. Garde le celui là. Il est vraiment bien. 
-Je sais. 

On est rentrés exténués au petit matin, nos voix cassées murmurant encore de vagues mots d'amour. J'ai fait un scandale pour passer par Place d'Armes parce que j'aime regarder le Château la nuit. C'est vrai quoi. Des milliers de chinois s'y bousculent chaque jour que Dieu fait, improvisant Versailles en ambassade d'Asie, mais à l'aube, c'est tellement mieux. Main dans la main, à la lumière des lampadaires, on profitait de notre ville, notre ville à nous. 
Mais quand même, pour cette heure de la nuit, le Château était bien plus éclairé que d'habitude. En nous avançant on a pu voir une troupe de cinéastes qui étaient postés devant la grande grille, et une flic désabusée, enfin une flic quoi. C'était une scène avec une bagnole. En tout cas il y avait une bagnole, et une quantité d'éclairages comme je n'en avais jamais vu de ma vie. C'est là que devant moi est passé Benoit Poelvoorde, suivi par Charlotte Le Bon qui discutaient avec le réalisateur. C'est aussi là que j'ai serré la main de A., et je lui ai dit, "on se casse?". Parce que merde, j'étais venue pour voir la place d'Arme déserte et j'étais fatiguée, je voulais retrouver mon lit, enfin, celui de A, qui, en repartant, dans un sourire a lâché: 

-Nos vies sont formidables quand même. 



dimanche 1 juillet 2012

La fin du monde (2)

Tu jettes ta bouteille dans les airs, elle sera vite remplacée par une autre tandis que ton cul de joint t'échappes des mains. Le sol est mouvant, ton équilibre est limité, tu veux danser, puis tu te retrouves par terre sans vraiment avoir compris ce qui s'était passé. Demain, tu te lèveras chez lui, dans sa chambre, et tu t'applaudiras pour avoir réussi à effectuer le trajet du retour dans cet état. 
 Tu es sortie de l'abattoir une heure avant la fin. Tu pensais pleurer de soulagement; crier de joie après cette année de bordel. Puis tu t'assois, tu te prends la tête dans les mains, et tu ne réalises pas. Tu ne réalises pas, les vacances, enfin, la fin de l'angoisse, le soulagement. Parce que quand t'as passé deux ans de ta vie à l'exécution d'une seule chose, une fois que c'est fini, il ne reste plus rien. Plus que du vide. 
Et en fait, en sortant du centre d'examen de Villeurbane, au milieu des quelques milles élèves déjà sortis d'épreuve d'histoire sur les quatre mille présents, je me suis sentie vaine.