"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

dimanche 22 septembre 2013

Les chansons du dimanche










Nouvelle saison, reprendre la route après de belles vacances, espérer que ça se passe bien, qu'on saura rester droit et assumer les choix qu'on a fait quoi qu'il arrive, profiter de ces heures de la jeunesse, du temps qui passe à une vitesse affolante, se rappeler qu'on était très loin d'en être là il y a quelques mois et continuer à se battre pour des idées auxquelles on croit sincèrement. Parfois avoir le choix entre faire un pas en avant ou tourner le dos et s'en aller, souvent préférer fuir, les choses s'améliorent petit à petit, prouver que tout ce qu'on a fait en valait la peine et qu'on a eu raison de le faire.




jeudi 19 septembre 2013

Conversation de gens soucieux



Prends une chaise et assieds toi. Raconte moi. Tu peut parler avec moi tu sais. Raconte moi tes nuits dehors quand tu as peur et que tu as froid, sous la pluie, seule dans le noir et rien au monde pour te garder un peu d'espoir, juste la pensée que demain est un autre jour. Raconte moi la galère, les après-midi passés au Pole Emploi, au CCAS; les rendez-vous avec les assistantes sociales, les psychiatres et autres conseillers, les journées à attendre sur un banc que le temps s'écoule un peu, les fiches de paie, les attestations de domicile, la carte vitale qui ne fonctionne plus, le découvert impossible à rembourser. Raconte moi ou en sont tes rêves, toutes ces grandes choses que tu voulais faire, tes espérances les plus folles, les plus bancales, ou tu en es de la route que tu comptais te tracer avec ta liberté et toutes les belles valeurs que tu portais à bout de bras. C'est sur que tout n'es pas allé comme tu voulais, ça s'est un peu cassé la gueule en chemin mais tu vas sans doute te relever, c'est possible, en tout cas moi j'y crois. Tu peut pas tout plaquer à chaque fois que tes rêves se fissurent, tu l'as compris maintenant, enfin c'est ce que tu essaies de montrer. Ne lache pas prise, tu peut y parvenir si tu y crois, si tu y crois comme moi. Moi j'ai confiance, ça va bien se passer même si la route est longue, même s'il faut s'accrocher. Raconte moi comment c'était quand tu étais heureuse, ces moments d'harmonie ou on ne voyait que ton sourire à l'horizon, abrités de la malchance et de tout ce qui enferme. Tu sais que ça recommencera, on sera à nouveau bien, sans faire semblant, et tu pourras sourire très très longtemps. Raconte moi tes angoisses qu'on les chasse au loin, qu'on exorcise les démons et soigne tes peines les plus amères et tes cicatrices les plus douloureuses. Parle mo de ce qui te fait douter et te donne envie de fuir, ce qui te pousse à prendre de la drogue quotidiennement pour te faire penser à autre chose, faire passer les minutes pls vite, s'endormir plus rapidement, tard le soir ou tôt le matin, quand tu trouves enfin un lit. Mais c'est pas ça la solution, tu le sais mais tu essaies de l'ignorer, tu as l'impression de soigner le mal par le mal, et d'autres pensées abstraites, tu te laisses percher sur un nombre de choses absolument incaculable, ça va trop vite dans ta tête, trop souvent tu paniques pour des trucs tous bêtes et quand tu t'expliques c'est confus. Quand t'es dans la rue, tu croises des gens "biens" en polo et jean propre, un sourire discret aux lèvres, des gens qui ont sans doute un crédit et une voiture à leur nom, des revenus stables, des enfants en école de commerce, l'air heureux même s'ils ne le sont pas forcément. Un bonheur tranquille et préconçu qui baigne leur quotidiens malgré les quelques maux qui les agitent. Tu te demande pourquoi t'es pas comme eux. Pourquoi t'es pas sage et jolie, cultivée, avec un appart et de bonnes études, un poisson rouge et de gentils amis. Pourquoi toi tu as mal tourné, tu as fait de ta vie une lutte permanente contre les croques-morts silencieux qui t'entourent, te surveillent en permanence. Ils ont volés l'âme de tes meilleurs amis, de tes compagnons de route sans qui tu tente de continuer ton chemin malgré tout. Raconte moi comme il est long ce chemin, comme tu t'y sens seule parfois. Comme tu aimerais qu'il pense à toi parfois de son appartement au chaud, dans sa jolie vie bien rangée qui n'avait pas de place pour toi. Raconte moi comme parfois c'est dur et qu'il te manque, même si tu retiens ces souvenirs comme étant les plus belles choses que tu as pu connaitre. Comme tu es heureuse d'avoir pu connaitre au moins une fois de se coucher à côté de quelqu'un que l'on aime, se réveiller en pleine nuit pour se dire rout ce qu'on ne raconte pas le jour, de te cacher à l'écart d'un monde qui te terrorise quelques instants avant de repartir au combat. Tu sais que peut-être tu ne le retrouveras jamais car tu as placé ta liberté au dessus de tout ce pour lequel tu peut te battre. A la fin des hostilités, tu retourneras en territoire de paix, mais il sera sans doute trop tard. Mais moi je suis là et je ne te lacherai pas. Tu ne seras plus jamais seule.


mercredi 11 septembre 2013

Mirages




Je me fous de ton passé. Ce que tu as pu faire avant, les boulets que tu peut trainer, les filles que tu as aimé, les conneries que tu as dites, les personnes qui t'ont rendu heureux, les coups que tu as tirés, tes échecs, tes victoires, tes cris de joie, tes larmes, tout ça n'existe plus ou est sans importance. 

Seules comptent tes cicatrice sur les miennes le soir venu. Des mirages dans nos nuits blanches nous autorisent à nous recevoir, nos sacrifices s'effacent en nous laissant les traits tirés.  Tels que nous sommes devant le miroir. On est pas si fiers de ce qu'on est mais on s'en fout parce qu'on est plus seuls. On est ensembles. Dans nos regards on sent qu'on s'inquiète moins, qu'on est moins en guerre avec nous mêmes, que ça s'agite moins dans nos encéphales.

Dans le fond il faut se dire que ça peut arriver, même à nous. On a eu cette chance de parvenir à figer le bonheur pendant un temps ensemble, alors qu'on avait toujours l'habitude de tout foirer. Un moment d'harmonie au dessus du vide qui nous attends bientôt. Dans mes cernes ils croient lire que j'en chie mais ils ne comprennent pas qu'être aussi heureux ça épuise. Rire à en ébrecher les murs, faire du vélo dans la nuit, le bruit et les lumières, chercher les autres pour partager notre douceur. Oui, on s'est cachés, c'était possible, loin de tout ce qui tourne et qui rend fou, tout ce qui nous bouffe. On a construit quelque chose de splendide et d'éphémère.

 Il va bientôt être temps que je rentre, que je reprenne la route. Fuir à nouveau quand la situation commence à m'échapper et que les événements me dépassent. Déjà quand t'es pas là, que tu me laisses pendant des heures je sens bien qu'il y a un truc qui va pas, ça commence à bouillir dans ma tête, à aller dans tous les sens. On parle peu, pour éviter de se raccrocher à nos mots, sachant que déjà nos maux nous rongent assez de manière générale. Mais je tacherai d'être paisible. Je vais reprendre les choses là ou je les ai laissées. Essayer d'expliquer plus ou moins ce qui s'est passé.

Ca se termine comme ça a existé, on ne sait pas trop pourquoi, mais le temps nous porte et nous pousse à partir dans un calme absolu. Sans éclat de verre, sans mots d'amour. Un "au revoir" sur le quai de la gare, des souvenirs de cette vie qu'on a réussi à rendre tellement belle, un dernier verre, on se tourne le dos et on part en voyage des valises sous les yeux. On s'en retourne à nos chevaux de batailles, la solitude, le travail et le spleen silencieux.