"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

mardi 30 octobre 2012

Grimper aux arbres




C'est iréel. Il s'est écoulé à peine une fraction de secondes entre le moment ou tout allait bien et le moment ou j'ai fondu en larmes. Mais entre les deux c'était déjà trop tard. Le mal revient à la vitesse d'un cheval au galop alors que c'est tellement long d'aller bien. Ca tient à si peu de choses. Une phrase mal dite, une hésitation, un mot de travers, un ressenti.
Mais moi faut que j 'aille me coucher demain j'vais pas sauver le monde mais presque. J'ai 27 mômes, 3 stagiaires et mon patron sur les bras, enfin, à porter à bout de bras. Parce qu'ils vont mals. Et on va tous mal, et on ira tous mal toute notre foutue vie. J'avais dit que je me coucherai à 22h et comme toutes les nuits il est déjà 23h30 et je pianote, je pianote sur mon clavier. Foutue une heure et demie de trop. Je vais plus du tout dormir maintenant alors que dans d'autres bras un peu plus tôt je tombais de sommeil. A force de toujours vouloir des réponses, de toujours vouloir comprendre, et de toujours vouloir vouloir, toujours vouloir toujours plus... Alors que merde je ne veut rien obtenir, je ne veut rien AVOIR, je veux ETRE. Etre libre, sereine, heureuse, et tous ces mots que je n'ose plus utiliser dans des conversations par souci du ridicule.
Demain je vais arriver à HEC. Déambuler parmi quelques étudiants trop fauchés pour quitter le campus pendant ces maigres vacances de Toussaint. Sortir les clés de la poche de mon cuir, ouvrir les portes du centre aéré. Allumer mon ordi, mettre Keny Arkana à fond, lacher Noé dans la salle des maternelles, me rouler une clope et aller me chercher un thé à la cafet, sous le regard amusé du personnel d'entretien. A HEC c'est peut-être eux qui bossent le plus je me dis parfois. Pourtant c'est les seuls à remarquer les gamins.
Voir arriver les premiers enfants largués en vitesse par des parents débordés et nerveux, les yeux encore embués de sommeil. Se demander pourquoi on fait des gosses si c'est pour les laisser grandir à l'école et au centre aéré et se rendre à leur majorité qu'on a loupé une étape de construction. J'sais pas. On a peut-être l'impression de se racheter une vie après avoir passé la sienne à la gagner. Après il y a les cathos anti-avortement mais ça c'est une autre histoire. Entendre mon patron : "ça va, la plus belle?". Les stagiaires, les autres mômes, les parents en retard, les comptines, les pipi-lavage-de-main-on-prend-les-doudous-on-se-met-au-lit-les-monstres, remarquer que j'ai pris le réflexe de leur interdire de monter aux arbres pour une question juridiquement parlante alors que j'aimais tellement prendre de la hauteur à leur age. Maintenant j'ai le vertige, il est trop tard pour grimper aux arbres.


dimanche 28 octobre 2012

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite

Get free.




mais merde mon ange. je suis trop défoncée. on est dimanche soir. je t'envoie des messages bidons alors que t'es au ciné. j'ai Noé qui se ballade sur moi, être insignifiant et idiot et mignon qu'il est. a remuer ses petites moustaches futiles.il se met devant mes yeux comme si il avait compris que j'allais pleurer. il me tient en éveil tu me diras. je me lève pour le remettre dans sa cage et j'ai besoin de 8 minutes à mon retour sur mon lit pour surmonter l'effort que je viens de fournir. il pleut dehors. j'ai une pote de ma soeur qui dort à la maison ce soir. c'est une petite pétasse de science piste. mes parents lui ont parlé passionnément toute la soirée. ils auraient tellement aimé que ce soit leur fille. tellement. et moi dans tout ça? j'ai réussi à rater un plat de pâtes a l'arrière de la cuisine tandis qu'ils rigolaient dans le salon. petite pétasse de science piste. je les hais tous ces gens imbus d'eux même, c'est pas grâce à eux qu'ils sont là, ils ont juste eu de la chance. ils auraient pu naître en iran ou au soudan. ils ont aucun mérite à me remettre à ma place quand on parle de politique. ces gens vendent leurs âmes au diable quand j'essaie d'éviter des bleus à la mienne, dans quel monde on vit ? ils créent un enfer de tout ce qu'on vit en connaissance de cause ou presque. eux ont reçu l'opportunité de niquer le système de l'intérieur mais ils ont préféré en graisser les rouages. moi j'ai pas eu le courage de me lancer et je récolte les clous, le peu d'attention qu'on accorde au naïf personnel du social qui tente d'adoucir la vie des autres. mais les gens sont malades mon ange, les gens sont fous. c'est pas moi qui devait aller en clinique, c'est l'humanité entière. c'est ces dimanches soirs là que je comprend ce que tu veut dire par "on mérite mieux que tout ça, love, on devrait pouvoir être au dessus." on devrait, ouais, pouvoir s'élever un peu, prendre cette hauteur qui nous manque. l'air doit être bien plus doux la haut. ne pas avoir à verser des larmes à cause de la lenteur des flammes qui nous encerclent. défoncer nos bunkers, nous évader, libres. 
mais merde. aller se coucher toutes les nuits en se disant que demain est un autre jour, partir le matin, rentrer le soir, dans la même merde... trouver la montagne sacrée et aller  y prier un dieu qui nous ressemble. batir un avenir qui nous correspond, ensemble ou pas puisque c'est dans la solitude que l'on trouve nos forces. mais juste se certifier qu'on est à l'abri loin de leur conformisme terrifiant, de leur morale à deux francs, de leurs camisoles sociales et de toute leur grosse merde d'erreurs qui nous entravent depuis le départ. trouver la bonne voie et puis garder le cap malgré les intempéries. c'est trop tard pour la révolution mais la relève, c'est nous mon ange. c'est nous...


_toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite_


Les chansons du dimanche















Vacances bien chargées. Trois jours au centre aéré, un déménagement, un chat, une pendaison de crémaillère, Halloween, Noé, tous les cours à rattraper, les dossiers à boucler, les commandes de dessin à remplir... Une semaine qui passera malheureusement bien trop vite. 
Il va falloir encore du courage pour continuer, de la bonne volonté, et beaucoup d'espoir. Demain je retourne auprès des enfants, enfin... loin de tous ces gens pressés, en plein enfer. On va prendre le temps de rire, de jouer, de partager nos bonbons et de partir loin... loin... Après, ce sera le vrai départ, définitif. Charger 3 cartons, une valise, 2 gros sacs, la cage de Noé, une table de chevet, tout ça dans le 4x4, découvrir mon appartement repeint, défaire les cartons, faire le ménage, m'installer, prendre des repères, crever de froid en attendant l'arrivée du chauffage, aller chercher mon chat, lui acheter un panier, rencontrer des nouvelles personnes dans une nouvelle ville, me faire la bouffe tous les soirs, fermer la porte derrière moi, vivre seule. Faire attention à ce que l'indépendance ne vienne pas présenter une addition salée en solitude. Samedi soir on débouchera le champagne pour ma pendaison de crémaillère même si j'aime pas ça. Bon. J'espère que tout ira bien. C'est un nouveau départ, encore un. 



samedi 27 octobre 2012

"T'es qu'une petite pute doublée d'une grosse salope, et en plus t'es une enfant de garce."



Il y a des jours ou tout est difficile. Se lever, manger, se laver, les gestes simples du quotidien, affronter le regard des autres, vaciller. J'ai 18 ans aujourd'hui et depuis quelques mois déjà. Le temps passe à la vitesse d'un cheval au galop. Il nous coule entre les doigts, comme nos larmes, salées, assez nombreuses pour nous noyer dans un océan. Il y a des jours ou même avoir 18 ans est difficile, et pourtant ça on y peut rien. Ca arrive à des gens très biens d'avoir 18 ans, de même que se lever, affronter le regard des autres et tout ce qui s'en suis. Chanceler certaines fois. Ca peut arriver oui, même à des gens sains de corps et d'esprit. De ceux qui ne se foutent pas des pertes civiles. 18 ans, sèche tes larmes, ça passera un jour ou l'autre, dans un an, ou moins, ou je ne sais pas, ça dépendra sans doute du traitement. De ces jours ou même prendre les médicaments est difficile. Compter les pilules, le temps entre les prises, compter les heures, les rendez-vous chez le médecin, les jours, les années. 18 ans, 2 ans de cachets. 
Je pince les doigts nerveusement, la cendre tombe sur ma feuille désespérément blanche. Pourtant on avait tout prévu, de la weed, du fric, des clopes, des feuilles, du rhum, des fringues, de la bouffe pour le rat, des chewing-gums, et moi, inlassablement, mes carnets de notes et mes stylos. Mais quand il faut vivre, ça ne suffit pas de prévoir. Non, parce que c'est imprévisible la vie, ça te prend comme ça, et tu n'y peut rien, tu respires, tu bois, tu fumes, tu vis et puis voilà. Et tu peut bien pleurer, ça n'est jamais qu'une preuve en plus que tu es bien vivant et que personne ne t'as demandé ton avis pour ça. 
"T'es qu'une petite pute doublée d'une grosse salope, et en plus t'es une enfant de garce." - Ce sont tes derniers mots de toi à moi, ce sont ceux que je retiendrai. Prononcés en rigolant, ils se sont profondément ancrés dans mon coeur jusqu'à le faire saigner à torrent. Des fois on part pour mieux revenir et des fois on part pour toujours. Mais quand on part on ne peut pas d'ores et déjà savoir si on va être amené à se retourner. Moi je croyais que je ne t'aimais plus, oh comme le temps est trompeur. Ca devait sans doute être un jour ou aimer m'étais difficile. Au début, dans nos jeunes années, je me suis imposée en disant que je t'aimerais toute ta vie. J'en suis sortie en te disant que c'était fini, sans appel. Et maintenant je me retrouve le cul entre deux chaises, parce qu'il faut faire des choix, c'est une convenance, comme tant d'autre choses... Et on aimerai bien se le dire qu'on s'aime encore, se jeter dans les bras l'un de l'autre et se dévorer, comme le chagrin nous a dévoré, et te laisser essuyer mes larmes qui t'appartiennent... Mais quand quelqu'un d'autre s'acharne corps et âme à me faire retrouver le sourire, parce que pour lui j'en vaut la peine, alors qu'à tes yeux je suis fautive, il ne me reste que ma tour d'ivoire et ma feuille blanche pour m'installer au dessus de tout ça, au dessus de vous tous, et admirer les dégats irréparables que j'ai commis en quelques minutes simplement avec des mots, alors qu'il aurait pu s'agir en fait d'une guerre nucléaire. 
L'Amour est une machine à tout foutre en l'air. 


dimanche 21 octobre 2012

Les chansons du dimanche

Magnifique <3




Un dimanche après-midi à regarder des vidéos de discours ou de débats de Nicolas Sarkozy en mangeant des pains au lait avec du chocolat, par une chaleur étouffante de l'été indien de fin octobre, un trou du cul de chien allongé à mes pieds et mes connards de potes qui sont de base des connards mais qui m'aiment quand même. Une dure semaine qui s'annonce, puis une semaine de vacances bien méritées. 


Ca met de bonne humeur pour le lundi :)

vendredi 19 octobre 2012

Le bébé panda




Je suis un bébé panda,
Je pleure tout le temps,
Ca fait couler le mascara,
Mes yeux sont entourés de noir.
J'me fais vomir tous les soirs
Pour me supporter dans le miroir, 
Pour sentir que je contrôle encore
Tandis que j'me détruis au corps à corps.

Je suis moyenne,
Ni trop chiante ni trop chienne,
Un peu vénale, un peu vilaine,
Pas terne mais un peu vaine,
Et j'me complaît dans ma galère
Entre mes vrais et mes faux-frères
L'amitié est bradée chez le fossaire.

Et j'reve de partir loin, pour oublier
Oublier quoi, je sais même pas
De toute façon j'ai pas les moyens, 
Je travaillerais seulement quand on m'y obligera
J'ai toujours été une bonne à rien
C'est mon hymne, mon refrain
Je m'appelle "Peut mieux faire"
Je fous tout le temps tout en l'air
J'suis larguée par le système scolaire
Par mon mec, par mes pairs...
Sans repères et tout le temps,
Je me perds, sur la route vers le bonheur,
Je m'avance en marche arrière,
Le coeur rongé par la peur.

Mon ange, 
J'essaie de toucher le soleil 
En battant mes ailes de mésanges,
Je me brûle, tu t’émerveilles,
De toute manière il est gris le ciel,
J'ai trop peur de l'orage...
Tu ne me rattraperas pas, mon ange,
Les pandas ne se repentent pas.  



NB: Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.




mercredi 17 octobre 2012

La souris

Feu Max Weber ma souris




"J'voulais t'offrir une souris pour ton anniversaire." 

Je t'ai lâché ça comme un pavé dans la gueule ou dans la mare, je ne sais plus, sans fond, ni forme, ni rien. Juste ça voilà. Et une fois que les mots sont sortis ils ne m'appartiennent plus. Je t'ai laissé avec cette phrase, sans te laisser la possibilité de faire autre chose que d'accepter ce que je te disais. Parce que c'était dit, et que maintenant que ça l'était on ne pouvait plus y faire grand chose.
Au delà de la souris, c'était peut-être ton sourire que je voulais. Je ne sais pas.Ce matin sur mon RER il était écrit à la bombe noire : "merci la SNCF de nous donner des trains à graffer". Ca m'a fait sourire. Ca fait longtemps que mon Posca est aux oubliettes. Il m'avait couté 10,38 € au Gibert de Saint-Michel, je me rappelle, j'étais tellement fière. Mon vrai gros Posca pour taguer les rames de métro et les abribus. Je m'en suis jamais vraiment trop servi au final. C'était pas tellement que j'avais la trouille, mais une fois les frissons d'adrénaline passés je voyais plus trop l'intérêt de la chose. Moi je voulais juste montrer que je pouvais faire comme les grands garçons, que j'étais pareille et qu'il n'y avait pas de raisons. Aujourd'hui c'est fini, le Posca est rangé, mais je suis toujours un grand garçon manqué, je suis entourée de petits mecs et c'est avec eux que je me sens bien. Les filles c'est trop nul. 
N'empêche. J'ai pas réussi à en garder un pour moi toute seule, un que j'aurais aimé du début à la fin et avec qui il n'y aurait eu que des larmes de joie. Le bonheur il me file entre les doigts, toujours. A chaque fois que j'ai le sentiment de marcher à ses côtés, main dans la main, des cailloux se glissent dans mes chaussures. Je m'arrête pour les enlever, et pendant que je retire mes godasses, le bonheur, ce fils de pute, il se barre en courant. Lui il croit que la vie c'est un jeu de cache-cache, que j'ai que ça à faire de le chercher, de lui courir après, il croit que j'ai le temps peut-être. Quand j'ai viré les cailloux, remis mes chaussures, il s'est déjà tiré très loin. Le salaud. 
Parfois j'ai pu croire aussi que le bonheur c'était des garçons. Alors j'ai marché avec eux main dans la main, pareil. Mais là ça a commencé à me serrer trop fort les doigts, puis à m'étouffer complétement. Je me suis rendu compte que le garçon en question, c'était pas vraiment lui le bonheur. Et pour le coup c'est moi qui me suis tirée, en cassant tellement tout sur mon passage qu'il n'y a pas eu de cache-cache après. Le problème c'est que je ne supporte pas de marcher seule, sans personne à qui faire la gueule. Du coup, garçon après garçon, regards tendres aux morsures dans le cou... J'ai tout détruit, tout le temps.

Et j't'ai jamais offert de souris.




lundi 15 octobre 2012

Cellule de crise





Je suis clouée au lit avec la sensation d'être atteinte d'un mal incurable
 Et l'intention de rester sur place jusqu'à en crever définitivement. 
Foutue dépression, foutue maladie, foutue Interruption de tristesse inexistante, 
Foutue vie et foutue moi, foutu toi et foutus vous tous.
 Maudits poèmes, je croyais que vous me faisiez remonter la pente 
Alors que vous m'enfermiez dans ma douloureuse folie latente...
Tous ces mots, toutes ces phrases, juste des facades, un jeu d'acteur pour le public 
Quand sous les projecteurs en riant, je masque ma peur panique.
Comédienne ou guerrière, moi, la femme aimante ou meurtrière ?
Cellule de crise, je désespère en attendant mon analyse, 
Le temps passe et il n'est Clément que par méprise,
Alors que j'erre dans les couloirs interminables de mes souvenirs, 
Récupère tranquilement les restes de mon empire imaginaire
Les bris de miroir dans lequel je me voyais sereine.
Dans tes yeux peut-être, ou seulement dans le paraitre,
Cellule de crise, ma cervelle contre l'oreiller, je coexiste,
Tu t'attristes, tu t'inquiètes, tout se délite dans ma tête,
Avis de tempête, avides de trêve.
On rêve...






dimanche 14 octobre 2012

Les chansons du dimanche






"You said we were meant to be
Now this obsession is killing me
Until I have a heart attack
I'll keep on trying to win you back
Alone at last,
I can't wait till we're alone at last
All i wanted was a second chance, second chance
To hold you in my arms at last"


Du nouveau, le blog a désormais une page facebook que je vous encourage à visiter, la plupart des dessins sont en vente et je prend les commandes. C'est ici : HOPE


jeudi 11 octobre 2012

Dans une sombre époque de votre trouble passé



Dans une certaine époque de votre trouble passé, peut-être avez vous connu l'horreur des nuits sans fin. Peut-être avez vous vécu l'infinie obscurité et les fantômes qui s'agitent une fois passé minuit. Ils viennent ressasser une masse de souvenirs enfouis depuis longtemps, agiter leurs chaines sous le nez de vieux enfants. Ils repartent au petit matin, laissant derrière eux des yeux emplis d'effroi, qui n'ont pas connus le sommeil. Depuis combien de temps d'ailleurs? Cela fait fait un certain temps que ça ne se compte plus en heures, sur les doigts des mains qui ne servent plus à aimer, à caresser, mais seulement à ressasser des lignes vaines, d'une écriture penchée, sur son triste sort... 
Qu'avez vous de plus sombre en vous qui ne revienne pas dans vos cauchemars ? 


cahiers de janvier 2012 : "Je m'explose violemment, les neurones, les genoux, au sol. Mon ipod vole dans les airs, les restes de mon ego, en éclats. Ensanglantée, brûlée, la relève française la voilà, incapable de se relever. Chaussures de merde, bus de merde, et merde! Entre éclair de panique et avis de tempête, mon coeur esquive. Ne pas verser la moindre larme, ne pas laisser échapper la moindre plainte ne pas perdre son calme, ne surtout pas. En aucune circonstances.
Même les jours ou les mots "positif"et "négatif"changent soudain de sens. Positif, certes ca l'est, et positif, comme un plus en mathématiques, positif. Comme si c'était une bonne nouvelle ce plus sur un bout de plastique, mais c'est positif! Tout a fait positif, pas negatif, pas du tout. La sentence est sans appel. C'est positif. Alors quoi? Une cigarette. Un café. Je ferme les yeux pour mieux voir. Je les rouvre. Le monde ne s'est pas arrêté de tourner. C'est plutôt positif. Non négatif. Peu importe. Cet événement démontre a quel point les mots sont traîtres. En tout les cas, c'est sans appel, sans méprise, sans mensonge, sans contrefaçon, sans appel je disais donc, sans mentir c'est cent pour cent positif. Bon sang. Et sans rire, a force de faire les cent pas, je me suis vautrée donc, dans la rue. J'ai des taches bleues, rouges, violettes sur les genoux. Je n'ai pas pleuré. Ca a beau être négatif, non pardon, positif, bref, je ne pleure pas. Ne pas paniquer, ne pas, ne surtout pas. Garder les épaules froides et bien sur la tête. Bien sur c'est les épaules qui portent toute la misère humaine, je suis bien sure de moi. Pas la tête. Je la ménage celle ci. la fatigue joue son rôle, bref, la tête est au garde a moi, elle attend ses propres ordres. La pauvre. Pauvre de moi et d'elle, pauvre de vous tous.
Il faut partir maintenant. S'éloigner pour mieux revenir. Rejoindre la pollution de paris pour respirer. Il faut s'en aller, seule et surtout sans toi, toi l'angoisse, toi les larmes, toi mon cafard, moi je me barre. Mon double, mon terrifier, mon amour, ma peur, je pars et je reviendrai. Je pars et je ne me retourne pas. Je ne veux pas savoir. Le vent me portera, de ma folie me soignera, du temps me protégera. Tout va bien, tant que je ne suis plus..la! La, ou tout a commencé, ou tout finira, ou mes larmes, mes mots et mon sang se deversaient. La, la ou je ne veut pas rester, la, non, la ce ne sera pas possible, pas aujourd'hui, pas demain non plus. Pas la. Si, do. Non.
Les bas le coeur m'assènent de drôles de coups, pas si comiques d'ailleurs, non. Pendant que mes doigts envoient des sourires, mon ventre pleure en silence terrible. Et la tête, la tête, elle s'est arrêtée de tourner, et tant mieux. C'est pas facile de vomir quand on a la tete a l'envers."






vendredi 5 octobre 2012

La visite médicale



Elle a pas eu de chance. La visite tombait à l'heure ou je commence habituellement à être fatiguée, et j'aime pas trop parler dans ces moments là.. Mais là j'étais fatiguée depuis trois jours, à force de vagabonder avec mon sac de voyage et de me lever tous les matins sans savoir ou je dormirais le soir même, alors c'était pire. Pas chanceuse donc, la meuf.
Ce qu'elle pouvait pas savoir non plus, c'est qu'avant d'arriver dans son cabinet pourri, j'avais pris le métro, que je hais, pour la première fois depuis Mathusalem, je m'étais égarée dans Saint Germain des Prés sans réussir à demander mon chemin aux mille femmes guindées dans des vêtements en cuir trop serrés et élevée sur des chaussures brillantes de plusieurs dizaines de centimètres de talon. Un SDF  m'a proposé de venir m'asseoir à côté de lui, effectivement avec mon gros sac sur le dos, mon chignon mal coiffé dont dépassent pleins de petites nattes, mes fringues usées, de couleurs ternes, plusieurs pulls, plusieurs vestes, une grosse écharpe sale, tout ca parce qu'il fait froid, je porte à confusion. Je détonne confrontée à la rigidité des apparences de Saint Germain.
Non, tout ça elle pouvait pas le savoir. Et encore moins le désarroi que j'ai ressenti en parvenant enfin au 45 rue des Saints Pères. Un immense batiment, la faculté de médecine de Paris Descartes, et en face, à une dizaine de mètres, les lettres rouges "Science Po". Je bois la tasse dans une grosse vague de souvenirs, deux ans plus tard dans cette même rue des Saints Pères. Je me rappelle des Journées portes ouvertes un samedi matin en 2010, de mes déambulations tranquilles dans les couloirs avec ma mère, essayant de m'aggriper au plus de détails possibles songeant que bientôt tout cela serait à moi aussi. Deux concours et deux echecs plus tard, je suis juste perplexe devant cette enseigne aux lettres rouges, sans savoir si ce que je ressent s'approche plus du dégout, de l'amertume, de la tristesse ou de l'indifférence. Parce que quelque part, on m'a donné les moyens d'y parvenir, on m'a plus ou moins promis un avenir parmi l'élite de la nation, et aujourd'hui je suis en première année de DUT Carrières Sociales. Cherchez l'erreur.
Sauf que voilà, maintenant tout ça c'est fini, il n'y a plus aucun espoir pour Science Po, et quelque part je m'étais fait une raison, ou en tout cas j'ai tout mis dans un coin de ma tête pour ne pas y penser. Je sais très bien faire cela, éviter les problèmes. J'ai tourné les talons vers le numéro 45 et je me suis engagée dans un dédale de couloirs moches à pleurer. Tout ça pour arriver, après 3 étages montés par erreur, porte T145, devant le service de médecine préventive. Devant le médecin, appelons la Martine, chargée de remplir mon dossier médical pour certifier que je suis une bonne petite future Assistante sociale en bonne santé, ou pas, justement. Sauf que Martine, comme dit plus haut effectivement elle m'a pas vu au bon endroit, au bon moment.

Martine : "Vous fumez?"
"Oui."
"Combien?"
"6 à 10 par jour."
"Buvez vous de l'alcool régulièrement?"
Oui. J'ai répondu:
"Non."
"Consommez vous du cannabis?"
Oui.
"Non."
Elle pianotait mes réponses sur son clavier en regardant son écran, en me posant machinalement ses questions sans même faire semblant de s'y intéresser. Déjà ces intrusions dans ma vie ça m'agaçait, moi j'aime pas trop qu'on m'attaque de front comme ça.
"Vos parents ont-ils des problèmes de santé? Vos grand-parents ?"
"Qu'est ce qu'ils viennent faire là dedans ceux là? Vous pouvez pas les laisser là ou ils sont ?"
Coup d'oeil assassin de Martine qui apparement n'aime pas trop être contredite:
"Les chiens ne font pas des chats mademoiselle."
Connasse.
"Ecoutez tout le monde va bien, c'est cool et tout. Par contre moi je suis sous traitement antidépresseur depuis quelques temps déjà, ça peut être un truc sympa à noter dans votre machine, non?"
"On parlera de vous plus tard. Vos parents ont-ils des problèmes de santé ? "
"Non mais vous êtes sérieuse là ? Je viens de vous dire qu'ils vont bien, vous m'écoutez ou pas?"
"Pas de cancer, de maladie génétique, de diabète?"
"Mais NON putain."
"Vos grands-parents?"
"Quoi mes grands-parents?"
"Ils ont des problèmes de santé vos grand-parents?"
"Non. Ils sont vieux c'est tout. Ça va pas tarder à nous arriver. Enfin surtout à vous."

Dix minutes plus tard.

"Et donc vous êtes dépressive ? Pourquoi ?"
"Je suis pas dépressive. Je suis Gabrielle."
"..."
Elle attendait la suite Martine.
"J'ai souffert de dépression, maintenant c'est fini, voilà."
"Pourquoi?"
"Ca vous regarde pas."
"C'est dans votre intérêt."
"Quand même. Ca vous regarde pas."
"Vous avez votre carnet de santé?"
"Non."
"Pourquoi?"
Mais c'est pas possible cette manie de vouloir tout savoir sur tout, c'est incroyable ça.
"Parce que je vis plus chez moi en ce moment."
"Et alors ?"
"Ba c'est tout."
"On vous a demandé votre carnet de santé pour vous présenter à la visite médicale. Il vous appartient c'est à vous de le conserver. Vous êtes une adulte maintenant."
"Mais adulte ou pas j'ai pas besoin d'avoir ce truc pour me rappeler que mes vaccins sont faits, puisque je vous dit qu'ils sont faits."
"Mais moi je n'ai pas votre carnet de santé."
"C'est un fait. Je ne peut pas le nier. Après, quelque part, vous ne l'avez pas, je l'ai pas non plus. On peut en discuter longtemps, mais je peut rien faire pour vous aider. Etant donné que je ne l'ai pas."

Pas contente Martine. Après ces formalités nous avons pu entrer dans le vif du sujet, pesage, mesurage et tout ce qui s'en suit. A la fin de mon analyse, elle me lâche:
"Bon la santé physique ça va plutot bien. Par contre ce qui est de la santé psychique..."
"Déformation professionnelle Martine. C'est quoi ce lien de cause à effet tout minable ? C'est pas parce que je suis plus en contact avec mes parents et que je dors dehors que je vais mal dans ma tête. Ma santé psychique se porte très bien mais c'est gentil de s'en inquiéter."
Connasse.
"OK. Bon vous reviendrez avec votre carnet de santé dés que vous l'aurez."
"Non."
"Si."
"L'espoir fait vivre. Au revoir Martine."

J'ai donné un grand coup de pied dans sa porte et je me suis tirée. Devant la fac de médecine, pleins d'étudiants prenaient leur pause clope, impossible d'emprunter le trottoir. Avec mon gros sac j'en ai écarté quelques un de ma voie puis j'ai marché sur la route en faisant des doigts aux bagnoles qui me klaxonnaient. Je n'ai pas levé les yeux vers les lettres rouges de Science Po. J'ai tourné le dos à toute cette merde et je suis rentrée à Versailles pour retrouver le bordel et la pluie que j'avais quittés le matin même.Mais ça c'est une autre histoire.   



mardi 2 octobre 2012

Only so you know i'd never hurt you in spite

On the road again


La même routine recommence. Entasser des fringues dans un sac, m'engueuler avec ma soeur pour qu'elle me rende mes culottes, mettre Noé dans sa boite de transport, réunir quelques boites de médocs, rassembler clopes, slims et shit, chouiner un peu, parce que sinon ca ne serait pas moi, prendre trop de chaussures et pas assez de chaussettes, tout ça sous l'oeil indifférent de ma mère. 
Demain matin je partirai, mon sac sur le dos, le nez rougi par le froid, mon rat et mon ordi sous le coude, sans thune, sans savoir ou je dormirai le soir même. Combien de fois l'histoire s'est t-elle répétée? Combien de fois se répétera t-elle ? Partir, oui, l'été, avec de la weed, en vélo, sous les étoiles, avec un amoureux et de la peinture, le coeur gonflé d'espoir. Mais pas en période froide, les entretiens d'embauche, les yeux fermés, cernés, laissés de coté. 
Aujourd'hui c'est le dernier jour avant que tout recommence. Prendre le train avec mes bagages et parler à haute voix devant des gens, leur expliquer qui je suis et ce que je veux. Après tout quelle idée d'avoir besoin d'un toit au dessus de sa tête, autant se faire décapiter. Qui a besoin d'une maison, de Science Po, d'un emploi, de papiers d'identité, de parents, de chaussettes, d'argent, tant qu'on a nos propres lois, nos propres règles, et que nous sommes des gens instruits... C'est ça le plus important non? 
Devoir me séparer de Noé pendant quelques jours, attendre que tout cela se tasse, se plaindre un peu mais pas trop, au risque de lasser... Quitte à dormir sous les ponts autant le faire avec tendresse, puisque c'est tout ce qui nous reste hormis le cynisme et la haine. Après tout parler pour se défendre n'a pas grand intérêt, il faut pouvoir dire non et crier à l'injustice quand elle est aussi flagrante, et se foutre de tout, sauf de nous... Je sais, moi, que je peut aller très loin, au point que tu sois empli d'effroi, l'effroi de voir que je n'était pas celle que tu croyais.  Très loin, c'est peut-être là bas qu'il faut chercher, après tout dépend de la direction, je pars, je reviendrai et pour le reste aime moi un peu. 
Il y a des gens qui disent oui à tout, moi c'est l'inverse. Quand j'aime je proteste, peut-être est juste que je me protège, après tout. Evidemment que je tenterai de ne pas tout faire foirer, de ne pas imploser en plein vol, evidemment. Je vais essayer. De prendre, prendre jusqu'à plus soif, puisqu'on boit. J'ai trop pris moi aussi, toi, peut-être pas assez. J'ai eu des expériences par le passé que toi tu ne connais pas. Et pas des trucs dorés à l'or fin. J'ai beaucoup fait mon sac, j'ai beaucoup été tentée de tourner le dos aux problèmes et aux complications, et leur dire d'aller se faire foutre, me cacher au fond de mon trou comme si je ne savais pas, alors que tout le monde sait. Qu'il ne faut pas. 
Faut pas s'étonner si la nuit je me réveille en hurlant, tremblante, quand on me dérobe ma tranquilité même jusque dans mes rêves. Faut pas s'étonner. Mais t'es là, et quand je chiale peut-être sécheras tu mes larmes, même si je ne le mérite pas vraiment. Effectivement j'ai passé deux ans de ma vie avec seulement deux personnes à qui j'ai offert sur un plateau en or ma sereinité. Je t'ai pas attendu pour commencer à vivre ou à survivre. Et on est là, comme des crétins, à exhaler dans ton parcours de mon front à ma bouche, de mes mots à ma peau, froide mais qui ne demande qu'à aimer. 

Alors voilà, sur la route à nouveau, prète à affronter beaucoup de fatigue mais aussi à garder beaucoup de souvenirs, de ces heures de la jeunesse, mise à l'écart par ma famille, sous la pluie, et voir à ce moment là les personnes qu'on aime et pour qui l'on compte vraiment. 

Jusqu'ou peut-on laisser les gens nous faire du mal ?