"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

mercredi 30 juillet 2014

Nouveau début




Un mélange de larmes, de sueur, de salive, de morve et de sable sur les lèvres, qui tombe sur la crinière de Romeo. J'ai beau donner du sens à cette séparation, la douleur reste brute devant la fin de cette époque. Les mains crispées autour de son encolure, je ne me débat plus contre l'hystérie et la fatigue immense qui tentent de me retrouver depuis des mois, je les laisse m'envahir et me secouer de tristesse. Je ne m'appartiens plus, je laisse la peine me guider entièrement, ivre d'absolu et d'abandon, du désertement avéré des remparts dont je me jette aujourd'hui, ces murs que j'avais bâtit pour m'y abriter et y grandir sereinement.
On va enfin pouvoir dormir, fermer les yeux dans le petit matin et le silence absolu, nous permettre l'oubli. On va se retrouver seuls à nouveau, entourés peut-être mais dans une solitudes splendide, à tenter de rétablir un équilibre entre la violence qui se fracasse en nous et l'amour qu'on voudrait pouvoir donner. Et agir comme si on aimait, toujours et en toute circonstance, essayer en permanence de tendre non pas vers la perfection, mais vers le mieux, le mieux que l'on peut faire avec les moyens que l'on nous donne. Si parfois on se fait du mal c'est uniquement la faute à la fatigue et à la drogue qui nous empêchent de nous calmer et nous donnent envie de fuir. Je dis pas que c'est grave, juste qu'on en chie un peu et que l'habitude nous guette du coin de l'oeil, on est pas forcément prêts pour ça, alors il faut partir parce qu'aller voir ce qui se trame plus loin ça ne doit pas nous empêcher de nous construire.
On ne doit jamais parler de fin, c'est toujours un nouveau début. Une autre histoire qui se dessine au loin, même si ça prend du temps de toujours tout reconstruire. C'est soi qu'on érige en cours de route, une belle idée de qui on est et de ce qu'on doit faire pour s'y tenir et pouvoir s'aimer enfin un peu. Dans le chaos du départ, on laisse une quantité incroyable d'amour et de confiance derrière nous, et pourtant on part quand même. C'est bien la preuve que l'amour n'est pas le but mais seulement le moyen, le but c'est la grandeur de l'âme, c'est la connaissance, le but c'est la vie en elle même. On survivra de tout, dans une perche infinie, si on se permet le courage d'y croire, si on s'accorde un peu d'espoir dans le vide incertain du spleen, si on n'oublie rien.