"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

mercredi 27 juin 2012

La fin du monde



Ne surtout pas oublier : la carte d'identité, la convocation, un blouson au cas ou il pleut, la date de la crise de Suez, une bouteille d'eau, de prendre un calmant avant de dormir, la brosse à dent, de prendre un rendez vous chez le véto, ne pas se coucher trop tard, un téléphone et le numéro du taxi, les citations de Freud et Durkheim, les antidépresseurs, un iPod, les billets de train, de manger un peu le matin, la crème anti-moustiques, que tu m'aimes.
Et dans deux jours, on pourra enfin dire que c'est la fin du monde.
C'est marrant on dit souvent que moins on en sait mieux on se porte, mais pour le coup j'aimerais bien en savoir plus, plus que maintenant, le grand vide, puis plus que tous les autres. Et pouvoir me dire au moins une fois dans ma vie: ah, là j'ai fait quelque chose de bien. Parce que vendredi soir, je rentrerai ici, et je retrouverai dix rouleurs de shit pour un seul briquet, je sentirai l'echec couler dans ma gorge, chaud comme pour me marquer au fer, à vie, l'echec, oui, la fin du monde.

Science po, tu m'auras, ou tu m'as déjà eu.


lundi 25 juin 2012

Mon cul sur la commode




En guise de prélude, mon cul sur la commode
Mon joint qui se consume, roulé avec ton Code. 
J'aurais du penser que tu ne te souviendrais pas
Des heures passées ensemble, de mon anniversaire, 
De nos galères d'ado, de nos maigres salaires, 
De notre weed amère au fond de nos sac à dos,
ça n'allait jamais mal, quelques larmes à peine
Puisque tout ça est bref, et que nous ne sommes qu'en trêve
La fumée danse, les neurones valsent, 
A quoi tu penses, mon amour, le temps passe, 
Je reste, à ma place, là ou tu m'as laissé
Avec nos aprems dans nos hamac, un peu drogués
Et mon enfance qui termine en cul de sac, à tes pieds
Je t'imagines te détruire à ton insu, hors de portée
Quand je m'instruit sans freins, alors reviens,
Reviens dans ma rue, sous mon abri-bus, 
Inverse ta fuite, repars du début...

En guise de fin, mon cul sur la commode, 
Devant mon joint éteint, roulé avec ton Code. 


vendredi 22 juin 2012

La fuite en avant

Not good enough - to J. from G. with love


Sous l'orage, à la lumière de l'insomnie,
Les hommes en cage,
Accaparés par leur survie,
Une aquarelle,
Et la page blanche,
Comme nos copies, 
Tache d'encre
Sous la pluie. 
C'est la fuite en avant, 
De ceux qui veulent s'en sortir
Et qui vivent maintenant
Comme s'il ne fallait jamais mourir
Mais demain, 
Reviendra t-elle ? 
Ta jolie bordélique, 
Si belle quand elle souris, 
Petite anorexique
Aux bras des ravages de la vie, 
Reviendras t-elle si tu fuis ?
En avant, en arrière, 
Et peu importe ta croix, 
Ta bannière, 
Tes regrets, ou ta guerre,
Si tu cours,
Mon amour,
C'est à ta perte. 


HOPE

Pour mon Minou d'amour à qui je dois tant. 

dimanche 17 juin 2012

Les chansons du dimanche


Vazy fait tourner c'est la besta



Journée de vote, de révisions, de deuil (K), et de détente (un peu quand même). Heureusement j'ai Noé, Weber et Tom, respectivement rat, souris et chien, qui m'empêchent de perdre pied en me rappelant leur existence toutes les 3 minutes. Bon courage à tous les premières et Terminales pour le Bac, je pense à vous ♥ mais vous verrez, c'est les années à venir les pires !
Et quoi que ma psy en dise, les mots "bonne fête papa" ne sortiront de ma bouche que le jour ou mon géniteur m'aura souhaité mes 3 anniversaires en retard.

A Kelly


Passé foutu en l'air, bousillé, à la folie des grandeur de mon cul, il ne reste plus rien, que du vide, plus aucune passion, plus jamais de motivation, quand notre raison de vivre deviens la plus belle raison de mourir. 14 ans jetés par la fenêtre, comme si j'avais sauté du 7e ciel sans parachute. La chute est lente, tout autant que l’ascension a été rude. Des souvenirs démolis, des amitiés brisés, une passion morte et enterrée avec toi mon amour, morte, morte, morte, le volet du boxe fermé et le camion de l'équarrisseur, les larmes et les cachets, la honte qui m'étreignait de ne pas avoir été là, d'avoir vécu la même chose deux fois, la douleur, le coeur qui explose, la rancoeur contre ceux qui m'ont séparés de toi, et l'abandon. La terre ne s'arrête pas de tourner, c'est la vie qui suit son cours, loin de ma tristesse qui s'isole en silence, entre 4 murs par phobie des grands espaces, je fuit tout ce qui se rapporte à toi, aujourd'hui, je n'ai plus rien devant, j'ai tout laissé derrière moi...  Le temps passe et la mort vient. J'ai jamais pu remonter à cheval, j'ai jamais pu en parler à personne. Un an après j'en pleure encore mais seulement seule, et je crois bien que c'est la fin, oui 14 ans d'équitation plus tard, ce 17 juin là, c'était définitivement la fin. Parce que c'était toi, et que moi, je n'existais même plus. Je leur en veux de m'avoir tué. Je leur en voudrais toute ma vie.
Puis faudrait tout de même qu'un jour je songe à relever la tête mais j'y peut rien c'est plus fort que moi. J'y peut rien, c'est comme ça, t'es jamais revenue, tu reviendras pas, j'ai fait comme si il ne s'était rien passé, rien passé depuis 14 ans, donc enfait j'ai tout stoppé net. Et dans ma tête toujours la même chanson qui résonne, mon hymne à toi, et mes larmes qui parlent, puisque je me tais. On est seuls dans la mort. On avait toujours été seules toutes les deux, et aujourd'hui encore plus qu'avant...


Balance ton coeur de l'autre côté de l'obstacle, ton cheval te suivra... à celle qui m'avait redonné le gout de tout. La plus belle, la dernière étoile de mon ciel. Juste un cheval, juste ça. 






lundi 11 juin 2012

Mémoires mortes

Crying Wolf



C'était il y a un an, la gène, la peine, qui laissent des cicatrices, et les sévices du temps qui, en grandissant, affaiblissent. Les bras striés, les yeux brouillés, un peu de shit, un an déjà. 

On est humains, des vieux enfants, des meurtriers. On s'apprivoise, on s'entrave, on se délie, on pleure sur le canapé des psys puis on s'aseptise de l'intérieurs, comme des condamnés à vivre. Sur la notice du paquet, c'était écrit "Fumer tue" alors j'en ai allumée une, puis deux, puis trois, puis rien. Publicité mensongère. Je suis toujours en vie mais je continue au cas ou un jour je tomberai sur une cigarette en parfait état de marche qui me tuera sur le coup.
Chaque jour de plus, un pas vers la fin, la vie rattrape, et sans doute la mort double. On veut tous vivre plus vite, mais on oublie souvent que ça a un prix. Et faudrait qu'on cesse de jouer sur les maux, ce qui ne tue pas ne rend pas plus fort, non, ça donne du rab, et tuera peut-être la prochaine fois. Mais il y a méprise de risque. La mort en larmes et ils étouffent tous, même les vieux, les tous ridés qui parlent seuls dans leurs jardins. Y a plus rien à faire. Belle nuit à tous les insomniaques. Je vais écrire mes mémoires mortes.

Un an déjà, en haut de mon toît, j'en suis pas morte, j'ai pleuré "papa" dans le froid, et je me suis rendu compte qu'il s'en fichait. Il a gueulé "la porte!" et il a monté le son de sa Hi-Fi. Ce jour là j'ai lâché l'affaire avec la mort, ça n'intéressais personne. 



samedi 9 juin 2012

"Un père comme celui-là, il vaut mieux ne pas en avoir. " Diderot

C'est ça l'esprit



Quand les larmes remplacent les rires
Et qu'on ne danse plus
Quand le meilleur devient le pire;
Qu'on a trop bu
Je parle de mon père;
Quand le piano ne suffit pas

Je plaide la colère
Face aux impairs d'un père,
Etre impartial et austère, 
Sans aucun respect
Pour le ressort de sa chair, sa fille,
comme victime d'adultère
d'un père qui n'a d'yeux que pour sa pair:
Mère exemplaire au demeurant;
Mais nécessaire reste
Le patriarche, dans l'imaginaire d'un enfant
en quête d'un modèle exemplaire.
Je voulais le meilleur
Mais j'en désespère
Aujourd'hui seulement
Je demande une trêve,
Mon père n'est pas le mien
Et n'est pas dans mes rêves,
Seulement dans mes cauchemars,
Papa, tend moi une fenêtre,
Que je saute au travers
Qu'on ne s'étonne pas
Si maintenant je me perds,
Née sans repères et misérable
Constamment dans l'erreur
D'un père inabordable
Qui m'a rendue amère. 

mardi 5 juin 2012

Syndrome d'echec

Le bout du bout


Là, c'était dépasser mes limites, c'était trop. L'entendre déblatérer sur l’échec au concours, et ce que l'on peut ressentir à ce moment précis, je n'ai pas pu. Dire que l'on devait être bien découragés, et que ça ne servait plus à rien de s'acharner, c'était presque perdu d'avance pour les retardataires. J'essaie de comprendre, j'observe, je réfléchis, mais je n'y vois pas clair du tout. Ce mec là, il essaie de me faire péter un plomb, c'est pas possible autrement.
Il a déclenché mon syndrome d'échec en moins de temps qu'il ne faut pour seulement envisager de le faire. Je me sens coupable, coupable d'être nulle et incapable de réussir, entraînée dans une spirale de déprime vicieuse et sans fin, je me suis même projetée dans un futur proche en train d'errer saoule et misérable comme les vieux fous qui parlent seuls dans le centre ville.
J'ai fini ma journée assise par terre sur un trottoir qui puait la pisse à sangloter à propos du fait que j'étais une merde et que je n'obtiendrais jamais Sciences po alors que concrètement la seule chose qui me restait à faire c'était rentrer chez moi et travailler jusqu'à ce que mort s'en suive.
Je deviens folle, si je ne le suis pas déjà (et depuis longtemps, en fait.), je n'en dors plus, je fais des insomnies toutes les nuits et je n'ai aucune manière d'en finir, à part définitivement, en me jetant sous les roues d'un poids lourd ou en essayant de communiquer avec ma soeur (appelons la Paté) quand elle a ses règles et un couteau dans les mains. Mais ça n'est pas d'actualité. Un mois, encore. Trois semaines et demie? Trois semaines? Pas beaucoup, pas assez, mais tellement trop en même temps, trop de temps à souffrir, s'impatienter, travailler, relire les mêmes notes de cours cent et cent fois pour essayer d'en retenir le maximum, tout est bon à prendre: les dates, les auteurs, les concepts, les théories, les événements, les titres d'ouvrages, les films, la Bible, le Coran, et Eurosport.
Je vis avec mon syndrome d’échec depuis toujours, depuis toute petite, il est au creux de moi et il m'envahit à chaque fois que je m'affaiblit. Je passe mes jours dans la terreur constante de quitter la route, de me perdre dans un monde qui n'est pas fait pour moi, et sans bagages. Sans diplôme. Dans ces cas là, que signifie demain quand on sait que tout, absolument tout peut se casser la gueule ?

"On est dans la cour des grands. Oubliez le bac, le concours Sciences po c'est pas une partie de Trivial pursuit." M. Milza


dimanche 3 juin 2012

Bonne fête maman




Maman,
J'espère que tout va bien en Camargue à ton séminaire de mes fesses avec ton boulot et que tu t'amuses bien, parce qu'ici c'est la merde. Je suis malade et j'ai recommencé les insomnies, je n'ai plus qu'un mois de révisions avant Science po et ça me terrorise. Ma chambre est devenu un vaste chantiers (oui ok ça a toujours été le bordel, mais là c'est pire). Il y a des livres de cours partout, que je lis jusqu'à la moitié avant de me rendre compte que je n'ai rien retenu et de devoir recommencer au début. Je ne mange quasiment plus rien tellement la peur me noue le bide. 
D'ailleurs papa crois que je passe mes après-midis à me gaver de bouffe et que c'est pour ça que je ne mange plus aux repas. Je sais pas si il a remarqué que j'avais 18 ans. Je faisais peut-être ça à 12 ans mais il y a eu du chemin de fait depuis, il serait plus près du but si il m'imaginait en train d'organiser un spectacle d'éléphants en tutu ou de me piquer dans un caniveau. Merde. Parce que je vais te dire maman. Je vous aime et tout mais alors je pense que lui et moi on pourra jamais se blairer tu vois. On est vraiment pas faits pour vivre ensemble, et encore moins quand t'es pas là. Je dis pas que t'es pas chiante hein, mais c'est déjà mieux. Parce que bon, ton chien il est moche, mais alors le sien il est con et il prend toute la place quand il est dans l'entrée. Et après on me gueule dessus pour un pauvre petit rat, c'est quand même un comble. Puis toi tu remplis le frigo. Genre pas avec de la salade de pieuvre ou des épinards en branche, avec des vrais trucs gras et pré-cuisinés, genre des pizzas. En plus ya que toi qui m'emmène monter à cheval depuis que Kelly est morte même si après tu sais que tu vas t'engueuler avec lui parce que vous êtes pas d'accord sur mon éducation. Et sur ma bouffe. Et des tas d'autres trucs. 
Enfin bref. Globalement t'as un capital sympathie plus élevé que lui, vu que les seuls mots qu'on s'est échangés depuis que t'es partis ça se résume à "Salut", "je sors" "Quand est ce que tu vas arrêter de bouffer de la merde?". Je sais que tu rentres en avion, si tu pouvais avoir la gentillesse de ne pas mourir pendant le voyage ca m'arrangerait bien. Isabelle ça la dérange pas, parce qu'elle fait pleins de trucs genre tout sauf travailler son bac et papa l'emmène monter à cheval. Puis même lui ça le fait chier quand t'es pas là, je pense qu'il s'ennuie. En tout cas il est de vachement mauvaise humeur. Enfin ouais comme souvent. 
Et pour terminer le procès, je te dirais que en plus, si c'était pas mon père, j'aurais pas ce caractère de merde, cette faculté à m'énerver aussi vite et cet humour pourri (oui, oui tout ça c'est héréditaire). Si ça se trouve je serais bien moins une déception pour vous deux. Peut-être même que je ressemblerai un peu plus à ton père à toi, va savoir. Dans cette histoire, je suis l'arroseur arrosée. Mais ça tout le monde le savais depuis la première ligne. 
Et le jour ou mourras ton père, je sais que je perdrais un modèle. Quand viendras le tour du mien, je perdrais mon reflet dans le miroir, sa réussite en moins. On ne devient adulte que le jour ou on arrive à pardonner à ses parents. 
Je vous aime. 
Bonne fête maman.

vendredi 1 juin 2012

La peur et la haine

De ses doigts il essuie les sanglots sur ses joues,
Il soigne sans suture, il efface les coups
Qu'il a lui même porté,
De sang froid,
Il s'en fout.

Le rimel dévale de ses cils
Tous les soirs depuis des mois
Ca va, ca vient, ca empire,
Pourtant elle reste là
Debout, face à la main qui la caresse, qui la claque,
A genoux, devant celui qu'elle aime et qui la frappe.

Elle maquille son oeil, farde de noir son cocard,
Dans un élan de douleur, brise son miroir
Pour sept ans de malheur et une vie de cauchemar.
Elle coupe ses cheveux noirs,
Qu'il lui a trop tiré,
Mais toujours, venu le soir
S'en va le retrouver.

Car l'amour pardonne tout.