occupation de la BNP à Toulouse. 20/04/16 |
Dix heures du matin. Dans le miroir, la personne en face de moi a des rides au coins des yeux, et des grandes cernes noires. Elles sont toujours là maintenant, que je dorme dix heures ou que je ne dorme pas, je suis "fatiguée de la vie", qui épuise, qui me jette dans les coins. Et j'ai des petites rides, des rides quand je souris, des rides d'espoir. Je me souris un peu pour voir.
Je m'étire. J'ai des courbatures un peu partout. Hier j'ai participé à l'occupation d'une banque avec Nuit Debout Toulouse pour protester contre la fraude fiscale entre autre choses, et pendant deux heures nous avons dansé comme des dingues à l'intérieur, à grands renforts de colliers de fleurs et de confettis. On s'est fait traîner dehors par les forces de l'ordre, pour moi c'était la première fois. J'ai fait la teuf dans une banque. Ca me fait marrer.
Hier j'ai croisé E., drôle de fantôme d'un passé douloureux et très fort. "T'as l'air épanouie" qu'elle me dit. Je lui ai répondu que je grandissais énormément, tous les jours, et qu'accessoirement j'en prenais plein la gueule mais qu'il me semblait que l'un n'allait pas sans l'autre. Elle a dit que j'avais sans doute raison. On a cessé de parler car l'Assemblée Générale de la Nuit Debout a commencé et qu'on voulait toutes les deux écouter. Puis je suis partie sans lui dire au revoir.
J'ai peu travaillé cette année, j'ai eu le temps de réfléchir à beaucoup de choses. Je sais désormais qu'il est indispensable que je vive debout et que je me batte. Je n'ai pas encore de certitudes sur la manière dont ça doit se faire mais ça se précise doucement. Tout dans mon corps est vivant et révolté, tout dans mon esprit me mène à la lutte.
Il pleut. Je suis toute seule. Je sais qu'à partir de maintenant je serai toute seule très souvent. Mais tout va bien. Hier j'ai fumé un joint. Ca faisait 7 mois que je n'avais pas fumé, que je me suis débarrassée d'une addiction qui me poursuivait depuis 5 ans. Oui décidément j'ai beaucoup de choses à fêter aujourd'hui.
Vingt-deux ans. Cet age trop symétrique ne me plait pas trop. Disons vingt et un plus un. Vingt et un bis. J'ai de l'espoir plein le bide, tellement que ça commence à faire vraiment mal.