"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

jeudi 13 février 2014

Coeur vagabond



Un départ ou un retour, on ne sais plus très bien car le mouvement est permanent quand on a pas de point d'attaches. Alors on se contente de bouger, pour ceux qui restent, on part, pour ceux vers qui on va, on revient. Nous, en réalité, savons que nous ne faisons que fuir. Ne jamais rester trop longtemps au même endroit, c'est la règle pour ne pas se retrouver privé de liberté, attaché, enfermé dans sa propre tête. Nous sommes des gens qui fuient les contraintes, tout en acceptant qu'il est très contraignant de vouloir vivre libre et sans emmerdements. C'est une existence dans laquelle on trouve peu de repos. Partir longtemps, c'est devenir un étranger pour là d'ou l'on vient, presque plus que pour l'endroit vers ou l'on va.
Parfois c'est vraiment dur de partir d'un lieu ou l'on est bien, heureusement, on y est forcés, sinon on resterais statiques au même endroit, histoire de profiter jusqu'à ce que tout s'écroule... Il ne faut jamais perdre de vue que l'on part pour se trouver, aller rechercher les morceaux de soi égarés, dans l'amour de la route, une quête énorme. S'arrêter trop longtemps c'est s'oublier. S'installer c'est se résigner au peu que l'on connait, abandonner tout ce qu'on a jamais vu. Il nous faut pourtant frapper à toutes les portes avant de trouver enfin la notre. 
On part avec des gens qui nous inspire plus ou moins de sympathie et de confiance, ou bien on fait des rencontres dans les détours du voyage, mais le seul compagnon de route sempiternel sera toujours la peur. L'insomnie qui imprègne la mâchoire et la colonne vertébrale, l'angoisse qui fait grincer des dents. L'idée n'est plus de combattre les démons qui nous assaillent, mais de tracer son chemin, droit, en attendant qu'ils se lassent d'y sillonner. Parfois en vivant comme ça, dans un mouvement frénétique et insatiable vers l'ailleurs, on se rend compte que l'on est pas au bon endroit, que nos pas nous on mis sur la mauvaise route, et on est déjà tellement loin. Attendre est la réponse à beaucoup de questions qui ne peuvent trouver la leur dans l'immédiat. 
Les mots d'amour ou de confiance sont souvent impossibles à prononcer, impensables pour des gens comme nous. Nous sommes de ceux qui se contraignent à regarder l'avenir avec patience, dans un monde désordonné, en espérant se faire une place au soleil des sentiments, une place dans un coeur ou peut-être un jour nous pourrons poser nos valises sans nous sacrifier. 


mardi 4 février 2014

Je suis un soir sans toi



Je suis le froid qui accompagne la nuit dans un fin rayon de lune,
Je suis une dune dans le desert qui t'habite au sein d'un grand oubli
Qui se veut rassurant et dénué d'amertume quand le présent se délite
Je suis les rires dans le vent et les luttes qui nous lient
Je suis les cris d'enfants qui viennent nous chercher se croyant tous permis
Vagabonds peu meurtris, Insolents ils grandissent en ayant peur de rien, 
Dans nos matins bien souvent s'imiscent et guident nos lendemains
Je suis les rêves d'hier toujours remis à plus loin, les trêves de nos guerres, 
Je suis nos silences dans le lointain, et nos artêres qui flambent
Je suis le feu qui crame sans peine nos veines et nos poumons
Le poison qui nous gene et tend à nous faire toucher le fond, 
Je suis nos âmes à l'unisson, la déroute qui s'achève,
Le démon qui se perd et nous rend la raison, 
Je suis notre regard qui est fait pour le ciel, je suis la belle étoile,
Les longues aubes sans sommeil et la vie qui se dévoile,
Un bonheur très instable dans l'ennui qui s'efface
Je suis la liberté se voulant insaisissable, la fierté dans nos yeux
Les traces d'un vieux passé laissant peu à peu place
A un avenir patient à l'écart des menaces, 
Je suis la pluie qui nous glace, le soleil qui nous grise
Je suis nos sourires sans remise et le bon temps qui passe
L'amour que l'on attise et nos reflets sereins dans la glace,
Je suis la jeunesse que l'on réveille, la fièvre dans le sang, 
Je suis la haine des gens, je suis un coeur vermeil, 
La paix de ceux qui s'émerveillent, l'espoir dans le néant,
Je suis un soir sans toi sur une route solitaire
Un verre vide aux deux tiers et l'ivresse qui aboie, 
Je suis une rêverie amère et une prière sans foi
 Un bonheur éphémère qui cherche encore sa voie.