Parfois c'est vraiment dur de partir d'un lieu ou l'on est bien, heureusement, on y est forcés, sinon on resterais statiques au même endroit, histoire de profiter jusqu'à ce que tout s'écroule... Il ne faut jamais perdre de vue que l'on part pour se trouver, aller rechercher les morceaux de soi égarés, dans l'amour de la route, une quête énorme. S'arrêter trop longtemps c'est s'oublier. S'installer c'est se résigner au peu que l'on connait, abandonner tout ce qu'on a jamais vu. Il nous faut pourtant frapper à toutes les portes avant de trouver enfin la notre.
On part avec des gens qui nous inspire plus ou moins de sympathie et de confiance, ou bien on fait des rencontres dans les détours du voyage, mais le seul compagnon de route sempiternel sera toujours la peur. L'insomnie qui imprègne la mâchoire et la colonne vertébrale, l'angoisse qui fait grincer des dents. L'idée n'est plus de combattre les démons qui nous assaillent, mais de tracer son chemin, droit, en attendant qu'ils se lassent d'y sillonner. Parfois en vivant comme ça, dans un mouvement frénétique et insatiable vers l'ailleurs, on se rend compte que l'on est pas au bon endroit, que nos pas nous on mis sur la mauvaise route, et on est déjà tellement loin. Attendre est la réponse à beaucoup de questions qui ne peuvent trouver la leur dans l'immédiat.
Les mots d'amour ou de confiance sont souvent impossibles à prononcer, impensables pour des gens comme nous. Nous sommes de ceux qui se contraignent à regarder l'avenir avec patience, dans un monde désordonné, en espérant se faire une place au soleil des sentiments, une place dans un coeur ou peut-être un jour nous pourrons poser nos valises sans nous sacrifier.