Goodbye Graceful, I'm so Grateful You helped to change my wicked ways When I was in my darkest days |
Voilà, c'est Noël. Et puis quoi? On laisse le chien se pisser dessus parce qu'on a la flemme de le sortir? On décide de ne pas travailler le 26 parce qu'on veut jouer avec nos moutards et leurs nouveaux Legos qu'on se plante dans les pieds en traversant n'importe quelle pièce de la maison? On a mal au ventre à cause de la deuxième part de buche qu'on aurait pas du reprendre?
Non, la vie ne s’arrête pas aux fêtes de fin d'année. On a du mal à y croire mais la gueule de bois d'après-fêtes nous le rappelle vivement. On a joué la comédie. On a menti en faveur de cette douce utopie qui tient quasiment du délire, cette frénésie du bonheur, l'image d'Epinal de la famille traditionnelle, heureuse, qui se réunit pour des fêtes de fin d'année sans nuages. La surconsommation de Noël en tout, affection, bouffe, cadeaux qui seront relégués au grenier, alcool... au détriment de la tranquilité, cette tendre torpeur par laquelle on se laisse engourdir depuis que c'est l'hiver.
Retourner dans la maison de famille, affronter le regard déçu des géniteurs, retrouver notre vieux chien qui va bientôt mourir, passer les portes la tête basse et le sentiment d'être coupable, se faire réveiller à dix heures le matin parce que "c'est pas des heures pour dormir, ça, merde!"... Dans cette maison ou on se cachait pour fumer des joints, faire l'amour, manger en dehors des repas... Alors qu'aujourd'hui c'est nos quotidiens de faire ce qu'on veut à peu près quand on veut.. Passer la journée en pyjama, boire du rosé devant un film à 5 heures du matin, manger un calendrier de l'Avent en 3 jours, et même pas en Décembre, adopter un chat, faire de la peinture sur le sol, laisser s'entasser la vaisselle, déjeuner à 16h30, faire ses devoirs un gros joint à la main... Et ça se lit dans nos yeux, qu'on est pas heureux libres. On ne l'était pas plus en captivité dans une chambre d'adolescent trop étroite pour les souvenirs. On ne le sera pas être jamais.
Plus personne ne croit au Père Noël. Les blinis au tarama, dans l'absolu, c'est dégueulasse. On est même pas cathos. On va chercher la buche et les escargots chez Picard. Le vin nous donne mal au crane. On s'aime bien mais sans plus. On se connait à peine. Notre aïeul va bientôt mourir et il ne supporte plus ces allés-venus. Qu'importe la raison. Cessons de nous mentir et supprimons Noël.
Noé approche de la fin. Tu parles d'un Noël, shitty world.