"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

jeudi 24 novembre 2016

Bon vent




J'ai trouvé la liberté dans les crins d'un cheval qui virevoltaient dans le grand galop me portant à travers les Cévennes.

J'ai trouvé quelques minutes de paix en haut de montagnes démesurées dont l’ascension douloureuse valait bien plus de mille fois la vue que j'y ai trouvé.

J'ai trouvé tant d'amour et de rires au fil de tous mes séjours avec des enfants, au rythme des jeux, des rires et des découvertes.

J'ai trouvé des amis et des personnes tellement incroyables que parfois j'ai encore du mal à croire à tous ces souvenirs hautement riches en couleurs et en aventures.

J'ai trouvé de la bienveillance partout ou j'ai eu l'occasion d'aller, le plus souvent sans même la rechercher.

Peu importe la désapprobation, empreinte d'amour et d'inquiétude, probablement, de ma famille, car je n'aurai de cesse de leur expliquer que je m'enrichis de ces expériences et pas de l'argent qui gouverne leur vie en grande partie.

Que tous les dangers m'attendent au seuil de ma porte, alors autant les braver heureux et libre.

Peu importe la peur qui tente de m'étreindre quotidiennement, l'incertitude de mes lendemains, le vieux syndrome d’échec si bien connu depuis toutes ces années qui ne me lâche pas et refait surface systématiquement à chaque difficulté.

Peu importe toutes les désillusions, les faux pas, les moments de perdition et les peines.

Désormais j'attrape ma peur et la berce au creux de moi en lui intimant avec indulgence de se calmer. Je n'ai aucun cas de conscience ni aucune difficulté à aller chercher de l'aide quand j'en ai besoin, et j'en ai eu souvent tellement besoin

J'accepte le contrat qui me mène à l'autonomie et au savoir avec son lot de tristesses et de renoncement. Je ne sais avec certitude ce qu'est le bonheur mais je pense pouvoir affirmer que je m'oriente vers lui, à tâtons et avec acharnement.

Les séparations sont terriblement difficiles mais certaines retrouvailles sont une des plus belles choses qu'il m'ait été donné de vivre.

Je suis partie il y a longtemps, mais la différence est qu'aujourd'hui je ne fuis plus. Je me construit, brique après brique, et je souhaite du plus profond de moi même, ne jamais cesser d'apprendre.



"Et à ceux qui mettent les voiles, car ils savent qu'ils ont quelque chose à découvrir au delà de l'horizon, on peut seulement leur dire "Bon vent" "


samedi 1 octobre 2016

ébriété





j'en attendais pas moins de toi
Ça peut être positif ou négatif selon la manière dont s'est dit
J'aurais raté ça pour rien au monde
j'avais sans doute trop bu
mais je ne voulais pas le réveiller
de son profond sommeil

J'en attendais pas moins de toi
c'est dur de comprendre que tu as compris
si je ne comprends pas moi même
je pars
je pars pour toujours ou presque
Six mois
une infinitude

Six heures du matin
Je suis épuisée
et je n'ai pas avancée dans ma compréhension de quoi que ce soit
Rien compris
Tant pis


Et toutes les photos sur les murs que je ne pourrai pas emmener quand je serai partie
C'est bien il faut s'en foutre
Ne pense qu'à toi ça ira bien
Je suis épuisée
et je ne dors pas
je compte les jours


Vas t'allonger
quand bien même tu ne dormiras pas
et le bruit de sifflet dans la tête
mais pas question de le réveiller
lui qui dors loin du chaos
utopiquement
comme si ça allait aller mieux demain
tant qu'il y croit
je ne peux pas
le réveiller


Je pars,
Si je le dis à tout le monde c'est pour y croire moi même
Je pars
J'ai mon billet
Je pars, loin de lui
loin d'eux
je pars toute seule
Oui jai de la chance, oui youpi
La peur  me paralyse mais bravo
Allons y
Allons voir ce qui se passera
Quand je partirai enfin


Je pars et je ne dis rien
a part que vous allez me manquer
que j'ai tellement d'amis qui vont me manquer
Mais je ne le dis pas vraiment
ils sont juste là
et ils disent qu'ils sont contents pour moi
cest ca les amis
et sans doute que quand je reviendrai ils seront toujours là
les amis


je pars
et je suis terrorisée
d'aller aussi loin des gens que j'aime
mais je pars quand même


dimanche 18 septembre 2016

Paris la pluie




Six heures de train
Et Paris, la pluie
Le Ricard, trois quarante
Antonin aux platines
La musique qui effleure
Le clic clac des photos
qui se souviendront pour nous
De ce jour ou
je suis là
Tu souris
Je me rappelle très bien
Pourquoi je suis partie
Paris, la pluie
La musique, 
j'y comprends rien
Je danse pas
Envie de rien
Sauf de te voire sourire 
encore. 

Paris, la pluie,
La vodka, huit cinquante
Et la nuit détrempée
Chaussures léopard
Glissant sur les pavés
Poule mouillée
Qui vole pas
Poule plumée, elle a froid
Pas faite pour vivre ici
Dans la violence de tes sourires
Toi tes yeux ta musique
Moi ma fuite 
et mon amour
et toute ma vie
Paris, la pluie
Je me rappelle très bien
Pourquoi je suis partie. 



mardi 14 juin 2016

Horizons




Et cent ans après on se réveille hébété,
terrifié à l'idée de perdre toute sa vie
Alors qu'on avait tout quitté avec courage
Pour se ressembler enfin, 
Pour être soi
Et nous y revoila.
On s'est aimés sans raisons,
peut-être aurions du nous quitter pour la même.
Car plus la liste s'allonge plus le poids nous pèse
et plus il devient difficile de s'envoler.
Nous qui sommes si nuls au sol.
Pourquoi on attends toujours d'être mal pour se sauver,
pourquoi on passe tant de temps à de dire
"pour l'instant ça  va, c'est ça le plus important"
Alors qu'on sait pertinemment qu'en raisonnant ainsi
on cloture nos horizons à la longue.
T'inquiètes je m'en vais, on se revoit pour les vacances
Pense à envoyer une lettre ou deux,
C'est tout ce que je demande
A quel point je t'aime, si tu savais
Mais si j'étais si merveilleuse, t'aurais pu venir me chercher...

T'es beau comme le couteau que tu pointes sur moi,
quand tu dis que tu vas me tuer,que tu sais pas trop pourquoi,
T'es beau comme la défaite et comme le vide
Quand je m'allonge sur toi et que je m'endors sur ton bide
T'es beau comme la clémence dans tes yeux 
Quand il ya de la démence dans les miens
T'es beau comme la défonce, comme une journée sous les draps
T'es beau comme un premier jour de vacances
Comme tous ces mots que je ne trouve pas
comme un bateau amarré sous un feu d'artifice
Et deux gosses de 18 ans à peine
Qui ne le savent pas encore mais qui s'aimeront longtemps comme des fous
 puis finiront par tout gacher. 






vendredi 27 mai 2016

Le héron de Amsterdam





Amsterdam. Il fait nuit et je suis seule. Une redescente d'une violence vibrante et agréable d'un tout premier trip aux psychédéliques me ramène dans un monde monstrueusement vide et plein en même temps. Les lampadaires immenses reflètent leur lueur sur les canaux tellement paisibles qu'on pourrait croire des miroirs. Je décide de marcher jusqu'à comprendre quelque chose.
Chaque pas sensé me ramener à moi même par la force des choses et de l'habitude ne fait que m'éloigner physiquement de chez moi. J'ai marché pendant plus d'une heure, les sens en veille, et me suis arrêté en me rendant compte que j'étais déjà très loin et que je ne pouvais pas espérer de mon corps qu'il continue sa route et revienne sur ses pas plus tard. J'étais sur un grand quai, d'une géométrie exemplaire, qui donnait sur la mer. J'avais peur mais je ne savais pas de quoi, comme ça m'arrivait souvent à cette période là, quand je n'avais pas encore compris que les choses les plus sombres qui me terrifiaient étaient profondément ancrées en moi même. Et sur ce quai gigantesque ou ne se trouvait pas un seul bateau ou âme, j'ai été frappée par ce grand lieu commun qu'est l'absence totale de sens. Tout était plus que jamais désespérément vide et plein.

J'ai pris le chemin du retour, ma peur sous le bras, les jambes alertes mais un peu fébriles. Les méninges crispés toujours dans cette même volonté de comprendre qui n'aboutit pas.

Je me rappelle avoir écouté High Voltage Queen sur la fin du trajet et y avoir pris un pied absolument incroyable que seuls peuvent comprendre ceux qui ont vécu l'association virulente de drogue et de musique, capable de remuer, indomptable, tout ce qu'on a soigneusement enfoui dans les tréfonds de notre inconscient depuis si longtemps. Jamais les tremblements de cette chanson ne cesseront de parcourir ma peau, comme l'application ferme d'une loi juste. Jamais je n'oublierai la rue déserte et droite qui menait jusqu'au terrain de basket devant la péniche ou nous habitions depuis quelques jours. Tout transpirait une sérénité absolue dont je m'imprégnais sans tenter de le faire, la musique obsédante s'occupait de tout, il n'y avait plus besoin de réfléchir. Tout allait bien.

J'ai grimpé sur le pont de la péniche et suis tombée nez à nez avec un héron qui avait l'air habitué des lieux. On s'est regardés pendant quelques temps, parfaitement calmes, lui lissant ses plumes et vaquant à ses activités d'oiseau, et moi roulant un joint, nous faisions partie du même monde, on ne se dérangeait pas, silencieux. Au petit jour, je suis allée réveiller L. pour partager avec lui la douceur de cet univers que je découvrais petit à petit, qui cependant avait probablement toujours été là. Nous nous sommes installés sur le pont, enlacés. Le héron était parti.

J'étais à ce moment là, lovée dans la chaleur humaine après des heures de pèlerinage solitaire, recrachant une fumée de la même couleur que mes songes, très proche d'une forme d'amour considérée comme pur, incroyablement vide et incroyablement pleine.  



mardi 26 avril 2016

vingt et un plus un

occupation de la BNP à Toulouse. 20/04/16


Dix heures du matin. Dans le miroir, la personne en face de moi a des rides au coins des yeux, et des grandes cernes noires. Elles sont toujours là maintenant, que je dorme dix heures ou que je ne dorme pas, je suis "fatiguée de la vie", qui épuise, qui me jette dans les coins. Et j'ai des petites rides, des rides quand je souris, des rides d'espoir. Je me souris un peu pour voir.
Je m'étire. J'ai des courbatures un peu partout. Hier j'ai participé à l'occupation d'une banque avec Nuit Debout Toulouse pour protester contre la fraude fiscale entre autre choses, et pendant deux heures nous avons dansé comme des dingues à l'intérieur, à grands renforts de colliers de fleurs et de confettis. On s'est fait traîner dehors par les forces de l'ordre, pour moi c'était la première fois. J'ai fait la teuf dans une banque. Ca me fait marrer.
Hier j'ai croisé E., drôle de fantôme d'un passé douloureux et très fort. "T'as l'air épanouie" qu'elle me dit. Je lui ai répondu que je grandissais énormément, tous les jours, et qu'accessoirement j'en prenais plein la gueule mais qu'il me semblait que l'un n'allait pas sans l'autre. Elle a dit que j'avais sans doute raison. On a cessé de parler car l'Assemblée Générale de la Nuit Debout a commencé et qu'on voulait toutes les deux écouter. Puis je suis partie sans lui dire au revoir.
J'ai peu travaillé cette année, j'ai eu le temps de réfléchir à beaucoup de choses. Je sais désormais qu'il est indispensable que je vive debout et que je me batte. Je n'ai pas encore de certitudes sur la manière dont ça doit se faire mais ça se précise doucement. Tout dans mon corps est vivant et révolté, tout dans mon esprit me mène à la lutte.

Il pleut. Je suis toute seule. Je sais qu'à partir de maintenant je serai toute seule très souvent. Mais tout va bien. Hier j'ai fumé un joint. Ca faisait 7 mois que je n'avais pas fumé, que je me suis débarrassée d'une addiction qui me poursuivait depuis 5 ans. Oui décidément j'ai beaucoup de choses à fêter aujourd'hui.
Vingt-deux ans. Cet age trop symétrique ne me plait pas trop. Disons vingt et un plus un. Vingt et un bis. J'ai de l'espoir plein le bide, tellement que ça commence à faire vraiment mal.


dimanche 10 avril 2016

dimanche après-midi




Nos deux corps enchevêtrés 
dans le silence d'un dimanche après-midi
Et nos respirations qui se suivent, dans l'annonce d'un été, 
le printemps revenu
Putain, que j'aime vivre 
dans ce monde que j'ai construit
La peur abolie et les détresses disparues, 
Tranquille pause dans les combats
Ce pourquoi l'on s'est battu
Ceux pour qui l'on ne se battra pas
Se contenter d'être là
Ou tout est beau
Ou il n'y a rien à rater
Et rien à réussir
Ou il faut juste être là
être présente 
Car ce dimanche après-midi 
ne recommencera pas
Et tous les petits matins
Ou je me lève sans toi
Sont tous aussi pénibles
Et différents à la fois
Mais ce n'est pas aujourd'hui
Et même si c'est demain
Aujourd'hui tout va bien. 


samedi 26 mars 2016

Des relations humaines ébréchées





La ou les adieux sont des je t'aime
Ou les journées sont des semaines
il faudra se battre pour devenir deux
Et nous même à la fois
Petit bout de chemin;
Pourquoi pas devenir trois
Ou même mille si l'on veut
L'amour n'engage que soi
Et moi je crois que j'aime trop
En tout cas trop pour toi
Trop pour tout ceux que j'aime
Et qui savent que tu es là


Je veux juste exister, 
Exister juste pour moi
Mais pour ça j'ai toujours
Besoin d'une paire de bras
Ou déposer mon coeur
Le laisser en lieu sur
D'écarter mes frayeurs
Et faire taire mes blessures
Tu sais les cicatrices
Ca ne s'en va pas comme ca
Mais celles que tu m'as faites
Je les garde pour moi
En mon for intérieur
Je prie donc pour que cesse
La pénible douceur
Des matins sans caresses


Une amitié vertigineuse
Des sourires, des points communs
Une violente envie de vomir
Quand finalement il prend son train
Peu importe les regards 
Qui n'avaient rien besoin de dire
Qui voulaient déjà tout dire
Car maintenant c'est trop tard
Peu importe qu'il parte loin
Tout ce qui compte c'est  mon empire
Qui s'écroulera demain
Parce que tu n'y tient pas
Mais tout plutôt que d'entendre
"J'aime un autre que toi"
Tout ce qui compte
C'est de ne rien dire
Comme ça on ne ment pas.






jeudi 10 mars 2016

Questions plus ou moins pertinentes cherchent réponses




Est ce qu'aimer la liberté c'est laisser les autres partir si loin qu'ils pourraient se blesser au point d'en crever ? Est ce que permettre aux gens qu'on aime de courir à leur perte c'est vraiment les rendre libres ?

Est ce qu'on se remet jamais de l'absurdité totale de nos échafaudages internes ? Combien de temps ça prend de tout déconstruire puis reconstruire quand on a été monté de travers et qu'on a fait qu'accumuler par dessus ça depuis le début ?

Est ce qu'on a le temps dans une vie de se soigner de ces aberrations pour ensuite tenter d'aller soigner le monde, qui est également dans un état dramatique niveau incohérences ?

Est il possible de n'avoir aucun besoin de reconnaissance au point d'être en capacité de parler dans le vide indéfiniment ?

Est ce qu'on aimerait mieux les autres si on parvenait à s'aimer pleinement nous même ? Est ce qu'on s'aimerait mieux si on cessait d'aimer les personnes qui nous blessent ?




vendredi 4 mars 2016

Couleurs




Des insomnies noires et des petits matins tous blancs
Des angoisses multicolores absolument formidables
La certitude qu'à la fin de l'histoire il y aura quelqu'un
Devant une grande tasse jaunie par tous les thés successifs
Qui se demandera impunément ce qui lui a pris
De ne pas laver cette tasse avant.

Dans le ciel gris se découpe la silhouette des palmiers un peu verts
Qu'on ne voyait pas dans la nuit daltonienne
Frémissant sous les assauts du vent qui existait avant eux
Et dont on ne connais pas vraiment le but
Si les palmiers sont lassés, ils ne le laissent pas savoir,
Sans doute qu'à force, ils ont appris à l'aimer.

Peut être que l'amour est comme un arbre qui est toujours capable de grandir
Malgré qu'il soit soumis aux bon désirs de la météo
Enfin c'est probablement ce qu'il devrait être
Dans les entrailles rougeoyantes de chacun d'entre nous
Ce matin en tout cas la peur recule un peu, mais l'altruisme reste
Désespérément abordable et incroyablement loin.



mardi 9 février 2016

2012-2016




Gros coup de vieux
PAn dans les dents
J'ai 21ans et ça fait 4 ans que je traine ici.
Je suis arrivée avec A., et je sortais tout juste d'une période d'une noirceur sans nom.
J'en ai connu d'autres depuis mais jamais pire que ça
Il y a des gens qui m'ont remis debout, qui m'ont appris à me battre pour moi. Il y a des gens qui ont cru en moi et j'ai une sacrée chance.
Parce qu'aujourd'hui je crois en moi aussi.
Bref
C'était super marrant
Et ça ne fait que commencer
Ces derniers temps j'ai moins écrit parce que je me heurtais à des prises de conscience qui me dépassaient complètement. Et aussi parce que je ne vois plus la nécessité de parler de choses qui ne concernent que moi.
J'ai beaucoup voyagé, et ce n'est que le début.
En 2016 je me remet au travail
Et il y a tellement de choses à faire que je ne sais pas trop par ou commencer.