"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

jeudi 18 décembre 2014

Secouer la dépression





Bientôt on dépassera le point ou tous les gestes deviennent incontrôlables,
Ne s'apparentent plus qu'à une espèce de frénésie. 
Et je peut pas te demander de sauter avec moi de la falaise ;
Les yeux qui roulent, qui fuient, qui implorent pour un hypothétique salut.


C'est l'hiver le plus chaud de l'histoire et on a froid,
Enlisés dans des pensées pitoyables et qui empêchent de secouer la dépression,
Incapables d'envisager qu'on arrivera sans doute pas à se réparer l'un l'autre
Juste se dire merci d'avoir fait un bout de chemin ensemble. 


L'engagement est un horizon à atteindre qui s'éloigne toujours de nous,
Alors on se doit de faire la promesse de toujours avancer
Reléguer la peur au second rang, retrouver la confiance, 
La foi en notre capacité à faire les choses bien. 


Ce qu'il y a à l'intérieur de nous ? 
La crainte sans bornes d'être sur la mauvaise route, 
Un espoir meurtri qui ne se laisse jamais briser totalement, 
Une capacité infinie à se reconstruire et à grandir ensemble. 









samedi 6 décembre 2014

Au nom de la liberté



Si nous n'étions assujettis qu'à la liberté, serait ce un esclavage tout aussi semblable aux autres ? Sainte liberté. Tous les jours on se lève avec la possibilité de construire quelque chose qui pourra permettre de ne pas regretter hier. Nous sommes potentiellement aptes de renouveler, d'écrire, de faire au mieux. Capables de lutter, de comprendre et d'avancer. D'un simple geste on pourrait aussi bien tout bousiller. Perdre le contrôle dans un accès maniaque, et détruire désespérément. Dans une déviance de la liberté... La plupart vivent bien souvent entre les absolus, ne parvenant pas à rejoindre un extrême, à part pour certains une modération extrême. Ne pas choisir pour ne pas avoir à s'opposer, à se positionner. Par delà le bien et le mal, on peut suivre les garde-fous. Décider de ne jamais rien décider. Au nom de la liberté, les uns mettent le monde à feu et à sang, quand d'autres se construisent des remparts en espérant que personne jamais ne viendra les y chercher. C'est la peur qui parle, la toute puissante peur qui renvoie à la fragilité de leur vies.
Mais il y a ceux qui toujours tendent à se rapprocher de ce qu'ils pensent être le bien, qui sans emmerder personne tenteront de faire leur chemin dans ce qu'ils croient être le plus juste. Ceux qui s'en fichent que la vie soit pas facile tant qu'elle est vouée à permettre de se regarder en face sans honte, en se disant qu'ils n'ont jamais laissé la peur ou la lassitude guider leur choix. Et si un jour, alors qu'on aura toujours espéré, avec l'espoir le plus humain, avoir fait au mieux, on se rendait compte en se retournant qu'on avait fait fausse route? Se pourrait-il que ce soit ceux là qui aient tort ?

J'entends distinctement le murmure stérile de ceux qui font des projets à la pelle et ne bougent jamais une phalange. Ils parlent longtemps et disent très peu de choses. Je m'en imprègne afin de me rappeler ce à quoi je dois m'opposer. La fatigue de leurs regards mangés par l'inertie me consterne. En les voyant je me répète : "je ne veux plus jamais avoir peur. Je ne veux pas finir comme eux."
Et quasiment tout de suite après : "et si un jour j'étais comme eux ?"
"Et si j'étais déjà comme eux ?"




dimanche 23 novembre 2014

viande vivante




Tu l'imagine nue devant toi, tu parles à ses courbes, tu penses à ce corps sur lequel tu t'accordes un droit de regard. Il est un produit dont tu peut juger de la qualité, avec lequel tu peut t'inventer des histoires, tu peut le prendre, l'essayer, le comparer. Tu soupèses ses seins, ses cuisses, tu mesures ses cheveux. Tu la vois dans le noir, tu visualises, sans personne, la musique, le bruit. Jamais qu'un produit, de la viande vivante. Jamais que pour toi. Peu importe qui elle est, enfermée dans ce misérable corps. Peu importe l'idée même qu'elle se fait de toi. Peu importe ce qu'elle dit ou elle pense. Toi tu penses à tes mains sous ses vêtements, qui la cherchent ou qui te cherchent toi, peut-être, sans succès. C'est le cul qui fait tourner le monde. 


L'amitié est dérisoire devant la potentialité des rapports charnels. Regard inquisiteur: elle veut, elle veut pas? Ne s'aiment que ceux qui baisent, et encore, sur une période définie. S'aimeront peut-être enfin ceux qui comprendront que l'essentiel est bien au delà.




samedi 1 novembre 2014

Mauvais voyage




Un corps crispé au dessus du vide, dans la bataille entre le chimique et de l'inconscient, avec au dessus de ses yeux cinglés, le plafond qui bouge et se déforme. Sale plafond, arrête de faire n'importe quoi! Ca rend fou, et c'est si long, tellement long qu'on pourrait oublier que ça va finir un jour. Il faut toujours s'en rappeler, bientôt on dormira, bientôt on pourra fermer les yeux, tout oublier. S'oublier, oublier cette enveloppe corporelle qui nous cloue au sol perpétuellement, la douloureuse existence physique dans un spasme halluciné. Oublier la mort si présente, partout autour, dans l'obscurité comme la lumière, dans les ombres sur les murs blancs, les ombres qui se déplacent et s'essaient à rentrer dans nos âmes et pourtant le désespoir de souffrir comme seule une personne parfaitement en vie en est capable. Le buste n'est plus qu'une nausée gigantesque. Et ce plafond qui n'arrête pas de bouger. Le sang se fige dans un froid assassin, il n'est possible ni de rester en place, ni de bouger, la douleur est totale. Les yeux qui cherchent une présence, une vie autre à laquelle se raccrocher, comme à une bouée dans la noyade, une main pour s'agripper à un espoir, une voix. Une voix peut retenir à la vie, écouter un murmure qui tranche avec le silence des angoisse. Des paroles qui nous emmènent ailleurs, nous font voyager hors des murs qui se referment sur nous, hors de la psychose, une histoire sans autre prétention que d'esquiver la terreur en faisant marcher l'esprit plus vite qu'elle. Dès qu'elle s'arrête, le cauchemar recommence. C'est très rapide, et les larmes inondent les joues fiévreuses, quand est ce que ça va cesser, il faut que ça cesse... On ne cède pas à la panique. Jamais. Il faut garder conscience de ce qui se passe, parler encore. Parler jusqu'à revivre. Créer de toute pièce un monde mental ou la souffrance n'existe pas. C'est long, ça demande du temps de retrouver la raison après un voyage si éprouvant, la raison elle a comme disparu, on dit des choses sans aucun sens, mais les pensées retrouvent couleur, nos encéphales tournent à plein régime mais sont moins agités. Et commence un second voyage à l'apogée de l'imagination, avec le soulagement de constater qu'on n'est pas morts, qu'on n'est pas fous non plus, juste un peu abîmés. On sait qu'il va nous falloir du temps avant de comprendre tout ça, avant de pouvoir se raconter réellement ce qui s'est passé, et de se remettre de ces heures de lente aliénation, de cette violence insensée.
Alors on demande : si rien n'est important pourquoi on s'obstine à faire des choses ? Pourquoi on a parlé, pourquoi on s'en est sorti ? Pourquoi on se lève quand même, qu'on range le carnage, qu'on rince nos épidermes fatigués, qu'on s'alimente même péniblement ? Pourquoi on baise, pourquoi on va à l'école, pourquoi on s'obstine à travailler pour des salaires, pourquoi chaque jour on essaie de devenir meilleur, ou de s'en tirer du mieux possible ? Si rien n'est important, pourquoi on prend des drogues, et pourquoi on s'aime ? Est ce qu'on s'acharne à donner du sens à tout ça pour mettre de côté le fait que nos existences sont désespérément vides d'absolu ? Nos vies sont infiniment petites. On ne saura peut-être jamais ce qui est important. Chercher plus loin que ce qu'on perd à chaque fois qu'on se regarde, les yeux qui cherchent à se comprendre... Peut-être que c'est à nous de décider ce qui doit être important dans nos vies.



dimanche 19 octobre 2014

"Même si tu n'as plus grand chose dans le coeur et que tu le sais, tu as toujours un coeur." C. Bukowski



Si je devais raconter à voix haute tout ce qui s'est passé, te refaire l'histoire depuis le début, qu'est ce que je pourrais bien te dire ? Si tu me demandais d'expliquer les stigmates dans une espèce de logique chronologique je suis pas certaine de savoir quel bilan je pourrais tirer de tout ça. Je pourrais te parler d'aujourd'hui, peut-être. Du futur proche. On s'obstine à construire un monde parfait dans nos têtes et plus on s'en approche plus le monde réel devient invivable. On est contraint d'assister à l'amère dégradation de tout et de toute chose. Immobiles, muets. Incapables. On la connait l'ivresse de l'impuissance, le rêve de pouvoir tout refaire de nos bras, le rêve qu'on démolisse enfin la violence et qu'on arrête de se meurtrir en contemplant cette merde qui se dissémine partout, partout... Alors on se réfugie encore un peu plus à l'intérieur de nous même, au risque de ne plus y tenir au bout d'un trop long moment. De déferler. L'introversion devenant refuge mais pas échappatoire. Et le temps passe, on ne récupérera plus rien, à part peut-être la folie récurrente. Et on y revient. Comment je pourrais faire pour te raconter le trouble, l'angoisse ? Ca n'aurait pas de sens, plus aucun sens. Et pourtant, si tout redevenait comme avant? La machine qui repartirait en arrière, la régression, et que tu me voyais les yeux révulsés, prostrée sur une misérable souffrance qui a à peine un motif pour exister ? Peut être que tu me haïrais comme je l'ai fait. Alors, à quoi bon promettre désormais? Quand on est si faibles, si nuls ? On ne vaut vraiment pas grand chose et c'est une certaine délivrance de se le répéter.






mercredi 27 août 2014

Le cauchemar est fini



Si on laisse un peu de nous même dans chaque chose qu'on ne fini pas c'est normal qu'à la fin on se retrouve défaits. Mais qu'est ce qu'on y peut si face à la violence on renonce, si elle nous oppresse à nous dégouter de tout, à nous réfugier dans le silence total, en espérant qu'on nous oublie. De crise en crise tout s'est dégradé, au point de ne plus pouvoir regarder personne dans les yeux... La peur s'est emparé de tout, elle vit dans chaque geste que l'on fait, chaque phrase que l'on prononce, même si l'on sait qu'il est défendu de montrer quoi que ce soit. La solitude est devenue écrasante, et l'envie d'en finir avec tout ça omniprésente, dans les nuits montagneuses et blanches, la douleur affreuse, les dos courbés par l'épuisement, la blessure de la violence ordinaire.

Tout est fini. Tout recommence. "On fait quoi ce soir?" C'est la seule chose qui importe désormais. Savoir si il y aura de quoi boire, fumer et manger, si on va pouvoir rire aux éclats, de verre cassé sur les tables dans un passé triste. C'est fini et on va tout reprendre du commencement, un nouveau septembre, la fin des carnages. L'abolition de la peur pour une durée indéterminée, car elle revient toujours quels que soient nos efforts, mais elle est belle et on repousse sas arrêt la limite. Esquiver l'absurde, la violence, retrouver une certaine forme d'espérance, la beauté du discours, la patience. L'automne va revenir, avec lui l'amour, la douceur du soir, et on va se débarrasser de nos carcasses abimées, la vie reprendra ses droits en tout, dans les trucs incertains que l'on dit parfois sans vraiment les penser. C'est l'absence qui règne souvent en maitre sur tout, sur nos âmes défaites et déconstruites, la peur de pleurer dans l'oubli, la peur de se perdre trop loin, si loin qu'on ne viendrait pas nous chercher. Mais c'est fini, maintenant, on va se retrouver nous même. On va déjouer la tristesse, la peur, on va déjouer l'oubli. Le cauchemar est fini.



mercredi 30 juillet 2014

Nouveau début




Un mélange de larmes, de sueur, de salive, de morve et de sable sur les lèvres, qui tombe sur la crinière de Romeo. J'ai beau donner du sens à cette séparation, la douleur reste brute devant la fin de cette époque. Les mains crispées autour de son encolure, je ne me débat plus contre l'hystérie et la fatigue immense qui tentent de me retrouver depuis des mois, je les laisse m'envahir et me secouer de tristesse. Je ne m'appartiens plus, je laisse la peine me guider entièrement, ivre d'absolu et d'abandon, du désertement avéré des remparts dont je me jette aujourd'hui, ces murs que j'avais bâtit pour m'y abriter et y grandir sereinement.
On va enfin pouvoir dormir, fermer les yeux dans le petit matin et le silence absolu, nous permettre l'oubli. On va se retrouver seuls à nouveau, entourés peut-être mais dans une solitudes splendide, à tenter de rétablir un équilibre entre la violence qui se fracasse en nous et l'amour qu'on voudrait pouvoir donner. Et agir comme si on aimait, toujours et en toute circonstance, essayer en permanence de tendre non pas vers la perfection, mais vers le mieux, le mieux que l'on peut faire avec les moyens que l'on nous donne. Si parfois on se fait du mal c'est uniquement la faute à la fatigue et à la drogue qui nous empêchent de nous calmer et nous donnent envie de fuir. Je dis pas que c'est grave, juste qu'on en chie un peu et que l'habitude nous guette du coin de l'oeil, on est pas forcément prêts pour ça, alors il faut partir parce qu'aller voir ce qui se trame plus loin ça ne doit pas nous empêcher de nous construire.
On ne doit jamais parler de fin, c'est toujours un nouveau début. Une autre histoire qui se dessine au loin, même si ça prend du temps de toujours tout reconstruire. C'est soi qu'on érige en cours de route, une belle idée de qui on est et de ce qu'on doit faire pour s'y tenir et pouvoir s'aimer enfin un peu. Dans le chaos du départ, on laisse une quantité incroyable d'amour et de confiance derrière nous, et pourtant on part quand même. C'est bien la preuve que l'amour n'est pas le but mais seulement le moyen, le but c'est la grandeur de l'âme, c'est la connaissance, le but c'est la vie en elle même. On survivra de tout, dans une perche infinie, si on se permet le courage d'y croire, si on s'accorde un peu d'espoir dans le vide incertain du spleen, si on n'oublie rien.


dimanche 15 juin 2014

Le cocard




Un oeil au beurre noir. C'est peut-être le meilleur cadeau que j'ai reçu de toi. Dans la violence de ton être, la rage que tu mettais à me remettre à ma place, moi la gosse indocile, dans le fracas de tes phalanges sur mon crâne, mon âme s'est redressée, incertaine. Je n'ai pas quitté tes yeux, je me suis relevée. J'ai fait mes bagages en silence, et j'ai fermé la porte derrière moi. Grace à toi et à la haine que tu m'as fait connaitre ce jour là j'ai découvert toute l'étendue de ma liberté. J'ai cru mourir de malheur, et puis finalement non, et j'ai bien du survivre. J'ai traversé d'étranges endroits, j'ai rencontré des gens qui ont prétendu te remplacer, et j'ai souffert encore à cause de toi. Mais plus jamais je n'ai douté que tu étais la personne qui m'avait fait le plus de mal dans ma vie, et que tout le reste de mon existence je devait tendre à tout l'opposé de ce que tu étais. Tu n'es plus qu'un nom pour moi, tu n'es qu'une grande balafre plus ou moins soignée, un mec qui en avait rien à foutre. Quelqu'un à qui j'aurais sans doute pu tout donner si il avait pris la peine de faire les choses correctement. Définitivement, ces baffes dans la gueule sont les meilleures choses que j'ai pu prendre de toi, tant elles m'ont amené à me connaitre et à mépriser ce que tu représentes, l'intolérance de tes propos, l'insuffisance de tes gestes, ton ego sans limites et le désamour que tu m'as voué. J'ai aboli le règne de la terreur que tu faisais vivre en moi, et j'ai volé loin de la cage dorée. Alors je te remercie de tout coeur pour ces coups, pour ce cocard qui m'ont permis de m'enfuir et d'aller chercher la paix ailleurs. La vie n'a jamais été aussi belle depuis.


mercredi 11 juin 2014

Mots de tête



Faudrait que j'arrête de penser à des trucs horribles tout le temps, à vivre dans la paranoia en permanence. Parfois tu me regardes et tu me dis "c'est pas grave. S'il te plait dis moi que c'est pas grave." Comme pour me faire accepter la chose, la marge d'erreur. "Tout va bien, tout ira bien." "C'est pas parce que je suis trippé que je te dis ca." Et tout s'emballe. Les mots ça va vite, ça fuse et on ne sait pas toujours s'en servir à bon escient. Quand je te raconte le passé, je sais que ça peut te faire peur, faire trembler certaines choses en toi. Pour moi c'est quand on évoque l'avenir. Parler moins pour dire plus de choses, c'est ca le projet de départ mais parfois ça nous échappe et on se perd un peu comme si on avait enfin trouvé le refuge de la pensée. On est terrorrisés depuis si longtemps qu'on s'y est habitués. Alors on parle pour qu'on en ai dit le plus possible avant de se quitter, qu'on se prouve qu'on s'aime sans se l'avouer vraiment, et on se permet le silence pour célébrer deux coeurs qui tentent de battre ensemble.


jeudi 29 mai 2014

De ceux




Je veux pas être de ceux qui se laissent vivre, de ceux qui ne se battent pas. Je veux pas être de ceux qui sont terrifiés tout le temps, qui se mangent les lèvres dans une foule de sentiment hasardeux, laissant les démons s'infiltrer partout. Je veux pas être des faibles, des opprimés, des malheureux, faire partie des trouillards prèts à prendre la fuite à tout instant, des oubliés, des paumés en pleine névrose d'échec. Je ne veux pas être des gens qui s'enferment dans le mensonge ou dans des mécanismes dangereux, qui creusent leur propre tombe et qui se sabordent eux même, ceux qui ont tellement peur qu'ils ne vivent pas. Je ne veux pas être de ceux qui n'ont confiance en rien, qui ne rêvent plus et ratent toujours tout ou presque. Je ne veux pas être de ceux qui maigrissent par peur de prendre de la place, des drogués qui se nourissent d'illusions, je ne veux faire partie ni des filles tristes ni des gars violents. Je ne veux pas être de ceux qui se blessent eux mêmes, qui mordent et ne lachent plus prise, qui ne se sentent vivants qu'en crise, je ne veux pas être de ceux qui oublient la vie ou méprisent la paix. Je ne veux pas être de ceux qui se tordent les mains, qui se rongent les ongles, je ne veux pas être de ceux qui s'en veulent et qui pleurent sans raisons, des camés qui vacillent. Je ne veux pas être des fous, des pyjamas violets dans les hopitaux, je ne veux pas être de ceux qui s'endorment pour survivre ou qui explosent dans une tempête. Je ne veux pas faire partie des dépressifs, des solitaires, de ceux qui se noient. Je voudrai être un de ceux qui arriveront à comprendre la mécanique du coeur et à s'en extraire. Je ne veux plus jamais avoir peur. Je ne veux plus jamais avoir peur. Je ne veux plus jamais avoir peur.



samedi 24 mai 2014

les rêve plus gros que le ventre



La fêlure de l'inconscient qui vient sortir l'âme de son silence forcé dans une sorte de chaos, c'est ça la culpabilité? Je te dirais qui je suis et ce que je sais mais pas ce que je fuis, et dans la terreur des nuits je m'accrocherai à toi en plein cauchemar. Quand la fissure se creuse et que je recommence à avoir peur, j'ai le sentiment que la vie nous abime. Je ne perd pas de vue que la chance est vagabonde et que le malheur peut tomber à tout moment. Et si c'était ma faute ? Si je faisais tout foirer comme j'avais l'habitude de faire avant, l'échec gravé sur les avant-bras, imprimé dans le coeur.

Mais non. Il faut pas. Faut pas penser à ça.

Je ne dois plus jamais avoir peur, on survivra de tout, ou du moins je m'en sortirai quoi qu'il arrive. Nous avons les rêves plus gros que le ventre et on anéanti chaque jour un peu plus la crainte. Il faut garder courage pour résister au pire en soi, pour surmonter tout ce qui tremble ou heurte. Fidèles à la liberté quand d'autres le sont strictement, tristement, fidèles à ce qu'on ne doit jamais oublier: la mer et le vent collés sur la peau, l'espoir dans des mains qui se serrent, qui s'empoignent, et le projet d'être heureux toute la vie.



lundi 5 mai 2014

Tout ira bien

best winter


Faire abstraction de tout et de tout le monde. Rester souriant mais impassible dans le fond, ne rien laisser savoir. Se couper de ce qui se trame en dehors de soi, s'absorber dans l'ailleurs sur un souffle de drogue, fuire vers un monde intérieur qui n'appartient qu'à nous, se retrancher derrière un air absent, chercher le peu de stoïcisme qui reste en nous passé deux heures du matin. Essayer de comprendre ce qui se passe en nous et l'accepter. S'abstraire au plus loin des gens fatigués qui s'endorment sur un canapé ou ceux qui perchent en s'enivrant de non-sens.
On pourrait oublier tout ça, ça n'existerait plus. Un jour tu te réveilleras et je ne serai plus là. Et puis la vie continuera. C'est ça qu'il faut se dire, il n'y a rien de compliqué, juste des personnes défoncées qui ne parviennent pas toujours à faire les choses correctement. Ca doit toujours aller bien à partir de maintenant, si on en décide ainsi c'est possible en théorie. Mais parfois, non, ça ne marche pas, je tourne en rond, ça m'emmerde, et faut pas se raccrocher à tes yeux, faut pas se laisser faire par la torpeur qui nous encombre, au contraire essayer de rester au dessus de tout en permanence, à l'abri de tout ce qui peut faire mal ou heurter, tout ce qui peut laisser des traces. Ne jamais laisser la peur prendre la main, la foutre dehors sans conditions.
Un jour peut-être on en aura marre, ou peut-être qu'on s'en foutra de ce qui peut se passer, ou alors qu'on s'aimera comme des fous. Tout ira bien, c'est ça qu'il faut garder à l'esprit, tout ira toujours bien.


vendredi 14 mars 2014

Au bout du tunnel




J'écris mes trous de mémoire en buvant du rosé sur les quais de Seine
L'insolence violente de la brillante jeunesse parisienne quand viens le printemps
On est au coeur de tout. 
Pour désinfecter les plaies en douceur dans la fraicheur du vent du Nord
Au soleil des sentiments, une cicatrice gigantesque au fond du coeur
La bouteille est presque vide, mais parle moi encore,
De cet hiver radieux qui nous a vu éclore, plénitude amusée
Jeunes perchés en technicolor qui marchent souvent sans but
Juste pour vivre un peu plus fort tandis que d'autres s'entravent
On délaisse leurs sens atrophiés la lumière dans la ganache
Les astres nous sourient.
Tu peut rêver tant que tu veux d'une vie normale, 
Sauf que nos regards ne sont pas fait pour le vide, mais pour le ciel
Nos jambes aiment trop la route et cette fois je pars si loin
Le début de l'été séchera les larmes, et peut-être se retrouvera t-on indemnes
Pourvu que l'amour veille sur toi, sans naïveté ni mélancolie
Juste l'espérance qu'au bout du tunnel il y aura quelqu'un. 




jeudi 13 février 2014

Coeur vagabond



Un départ ou un retour, on ne sais plus très bien car le mouvement est permanent quand on a pas de point d'attaches. Alors on se contente de bouger, pour ceux qui restent, on part, pour ceux vers qui on va, on revient. Nous, en réalité, savons que nous ne faisons que fuir. Ne jamais rester trop longtemps au même endroit, c'est la règle pour ne pas se retrouver privé de liberté, attaché, enfermé dans sa propre tête. Nous sommes des gens qui fuient les contraintes, tout en acceptant qu'il est très contraignant de vouloir vivre libre et sans emmerdements. C'est une existence dans laquelle on trouve peu de repos. Partir longtemps, c'est devenir un étranger pour là d'ou l'on vient, presque plus que pour l'endroit vers ou l'on va.
Parfois c'est vraiment dur de partir d'un lieu ou l'on est bien, heureusement, on y est forcés, sinon on resterais statiques au même endroit, histoire de profiter jusqu'à ce que tout s'écroule... Il ne faut jamais perdre de vue que l'on part pour se trouver, aller rechercher les morceaux de soi égarés, dans l'amour de la route, une quête énorme. S'arrêter trop longtemps c'est s'oublier. S'installer c'est se résigner au peu que l'on connait, abandonner tout ce qu'on a jamais vu. Il nous faut pourtant frapper à toutes les portes avant de trouver enfin la notre. 
On part avec des gens qui nous inspire plus ou moins de sympathie et de confiance, ou bien on fait des rencontres dans les détours du voyage, mais le seul compagnon de route sempiternel sera toujours la peur. L'insomnie qui imprègne la mâchoire et la colonne vertébrale, l'angoisse qui fait grincer des dents. L'idée n'est plus de combattre les démons qui nous assaillent, mais de tracer son chemin, droit, en attendant qu'ils se lassent d'y sillonner. Parfois en vivant comme ça, dans un mouvement frénétique et insatiable vers l'ailleurs, on se rend compte que l'on est pas au bon endroit, que nos pas nous on mis sur la mauvaise route, et on est déjà tellement loin. Attendre est la réponse à beaucoup de questions qui ne peuvent trouver la leur dans l'immédiat. 
Les mots d'amour ou de confiance sont souvent impossibles à prononcer, impensables pour des gens comme nous. Nous sommes de ceux qui se contraignent à regarder l'avenir avec patience, dans un monde désordonné, en espérant se faire une place au soleil des sentiments, une place dans un coeur ou peut-être un jour nous pourrons poser nos valises sans nous sacrifier. 


mardi 4 février 2014

Je suis un soir sans toi



Je suis le froid qui accompagne la nuit dans un fin rayon de lune,
Je suis une dune dans le desert qui t'habite au sein d'un grand oubli
Qui se veut rassurant et dénué d'amertume quand le présent se délite
Je suis les rires dans le vent et les luttes qui nous lient
Je suis les cris d'enfants qui viennent nous chercher se croyant tous permis
Vagabonds peu meurtris, Insolents ils grandissent en ayant peur de rien, 
Dans nos matins bien souvent s'imiscent et guident nos lendemains
Je suis les rêves d'hier toujours remis à plus loin, les trêves de nos guerres, 
Je suis nos silences dans le lointain, et nos artêres qui flambent
Je suis le feu qui crame sans peine nos veines et nos poumons
Le poison qui nous gene et tend à nous faire toucher le fond, 
Je suis nos âmes à l'unisson, la déroute qui s'achève,
Le démon qui se perd et nous rend la raison, 
Je suis notre regard qui est fait pour le ciel, je suis la belle étoile,
Les longues aubes sans sommeil et la vie qui se dévoile,
Un bonheur très instable dans l'ennui qui s'efface
Je suis la liberté se voulant insaisissable, la fierté dans nos yeux
Les traces d'un vieux passé laissant peu à peu place
A un avenir patient à l'écart des menaces, 
Je suis la pluie qui nous glace, le soleil qui nous grise
Je suis nos sourires sans remise et le bon temps qui passe
L'amour que l'on attise et nos reflets sereins dans la glace,
Je suis la jeunesse que l'on réveille, la fièvre dans le sang, 
Je suis la haine des gens, je suis un coeur vermeil, 
La paix de ceux qui s'émerveillent, l'espoir dans le néant,
Je suis un soir sans toi sur une route solitaire
Un verre vide aux deux tiers et l'ivresse qui aboie, 
Je suis une rêverie amère et une prière sans foi
 Un bonheur éphémère qui cherche encore sa voie.






samedi 18 janvier 2014

Kilomètres



C'est un départ comme les autres. Il faut penser à tout un tas de trucs, prendre des sacs à vomis pour dans le car, vérifier les étiquettes sur les sacs à dos des enfants, regarder sous leurs lits et dans leurs armoires qu'ils n'aient rien laissé traîner, s'asseoir sur sa propre valise pour la boucler, sortir les draps dans le couloir et plier les couvertures, emmener des bouteilles d'eau et le goûter à prendre dans le train, dire "au revoir merci c'était sympa" au personnel qui était plus ou moins sympa, monter dans le car et essayer de s'endormir au plus vite pour ne pas penser à là ou on va se réveiller. Seulement cette fois la valise était un peu plus lourde que d'habitude, le trajet m'a paru un peu plus long et pénible que d'habitude et j'avais un peu plus de poussières dans les yeux en disant adieu aux enfants, des poussières qui coulent et qui strient les joues comme tous ces souvenirs dont on fait déjà partie pour eux. C'était une arrivée comme les autres, on descend du train dans une cohue pas possible, on recompte les gamins mille fois, on arrive à l'école, il fait déjà nuit et une foule de parents nous attendent prèts à happer leur progéniture, ceux qui nous disent merci comme si on avait sauvé le monde et ceux qui ne nous regardent même pas, ceux qui arrivent en retard et n'embrassent pas leurs enfants, ceux qui râlent... Mais tous ils partent bien vite, emmenant loin de nous leurs gosses sans compter nous les rendre un jour. On le sait pourtant à force que une fois que les enfants ont aperçus leur famille on ne fait plus partie que du passé, un passé très heureux, mais déjà fini et clôturé. Et puis tout ce qu'on a fait avant, les rires, les jeux, les cris, les longues marches, les histoires avant de s'endormir, en marge de l'atmosphère étouffante dans laquelle ils grandissent, tout ça se retrouve relégué au rang de photo sur un CD souvenir qu'on nous enverra par la poste, peut être, si ils y pensent. On le sait déjà avant tout ça, on est prévenu, c'est écrit sur le contrat. On a pas le droit d'être déçus, après tout, c'est des gamins.
Puis il y a les autres aussi, les adultes. Ceux avec qui tu te moque des enfants quand ils sont couchés, rigolant bien fort, sans pouvoir s'en empêcher, ceux qui t'apprennent pleins de choses de fil en aiguille, qui te prennent sous leurs ailes et te guident pour t'aider à avancer plus loin, plus longtemps, ceux qui te serrent dans tes bras quand tu te sens seul parmi tous ces gosses. Dans le monde des grands j'ai jamais trouvé beaucoup de gens qui en vaillent la peine, mais il y a ceux là qui t'aiment sans contrepartie, entier, vivant, avec qui tu regardes les étoiles la nuit sur les balcons de toute la France, et avec qui tu voudrais vivre encore et toujours sans jamais que ça s'arrête parce que l'équilibre est fragile mais parfait. Ces personnes avec qui tu vis peu de temps mais tellement plus fort qu'avec tous les gens que tu as pu connaitre avant. A qui tu ouvres ton âme sans même y prendre garde, ceux qui t'aident à grandir. Et comme les enfants, il faut s'en séparer, car nos routes diffèrent. En acceptant ça tu as parfois l'impression de t'enfoncer des bouts de verre dans le coeur. Des kilomètres de rires qui s'évanouissent dans le fracas de rapides adieux amers.
C'est un départ qui brise un peu, qui fracasse. Les sentiments qui se tordent soudain et puis des larmes pas attendues, pas prévues au programme mais qui sont là quand même. Alors on leur fait une place. On essaie d'accueillir la tristesse correctement puisque de toute manière elle est là. On sait que ça ira mieux, dans quelques jours, quelques semaines. Que d'autres enfants viendront remplacer ceux du précédent groupe puis que petit à petit leur prénoms s'effaceront pour laisser place à de nouveaux. D'autres lieux s'imposeront à nous, d'autres montagnes, d'autres vallées, d'autres centres, toujours entre deux escales à Paris, ou l'on rencontrera d'autres collègues, d'autres adultes... Clope au bec au sommet d'une montagne, se raconter des histoires avec un de mes formidables amis à durée éphémère. J'aime la vie, c'est elle qui m'a amené ici, qui me permet de mettre de côté la crasse de nos existences baclées et défaites. Nous sommes des soldats et j'ai envie de t'aider, envie de t'aimer comme tu le mérites. 


mercredi 1 janvier 2014

Un mental de tigre du bengale




Ici commence la partie ou ça déconne complètement.
On ne comprend plus rien de ce qui se passe.
Mais on continue à faire des choses.
Se débattre contre le spleen.
Contre nous mêmes.

Se laisser diluer dans la magnificence du chaos environnant.
Marcher toute la journée à perte.
Tourner à vide.

On fait saigner ce qu'en nous on a de plus beau.
Une pensée salutaire, un murmure soucieux.
Ce train emmène ce qu'il reste d'espoir,
Loin du chagrin qui règne ici en maitre.
Loin des débris, des erreurs.

La tristesse tente de reprendre le monopole de nos vies.
Elle s'éveille au contact entre deux âmes blessées.
Jaillit des cicatrices et détruit tout.
Inhumaine.

L'espérance laissée pour morte.
Sur une route déserte.
L'enfance rouée de coups.

Renaitre.
Fuir le doute.
Planter des étoiles dans les yeux des gosses.
Trouver un déroulement alternatif au plan initial.
Se sauver.

Se remettre de tout.
Toujours prêts à la riposte.
Les griffes acérées.
Le regard fier.

La solitude deviendra le seul amour possible.
Dans un mutisme absolu.
La peur du ciel.

Un mental de tigre du bengale.