"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

mardi 30 juillet 2013

La lettre à Elise

"La muerta es una calle sin salida" - La mort est une rue sans sortie.

" Tu nous entends la mort ? Est ce que tu nous entends ? Si oui, saches que déjà, on a pas peur de toi. On t'as déjà vu de très très près, on sait à quoi tu ressembles avec ta sale gueule de cadavre et tes griffes gigantesques qui essaient de nous tirer vers toi dès qu'on a un instant de faiblesse. Mais c'est pas parce que tu nous fait pas peur que tu peut pas aller te faire enculer bien profond, t'entends ? Parce qu'on a pas besoin de toi, ni aujourd'hui, ni plus tard, parce qu'on sait que parfois tu préviens pas avant de débarquer mais là c'est pas pareil, t'as pas le droit d'être là, de nous prendre, de nous emmener, t'as pas le droit de faire ça. De nous voler notre jeunesse. Parce qu'on est des gamines encore. Parce qu'on l'a pas mérité ce qui nous arrive. Parce que c'est pas de notre faute.
Mais tu sais quoi, vas te faire foutre la mort, on veut pas de toi, tu peut aller te faire voir ailleurs, très loin, chez les vieux, les miséreux, ceux qui n'ont plus que leurs cheveux blancs et l'attente de crever tranquillement dans tes bras. Alors perds pas trop ton temps avec nous, parce que même si tu nous as beaucoup affaiblies, avec tes copines l'angoisse et la dépression, on ne baissera pas la tête une nouvelle fois encore, on ne se laissera plus faire si facilement. Alors oui c'est vrai, encore une fois on va devoir tout reprendre à la case départ, mais nous on a ce truc que toi t'as pas, qui s'appelle l'espoir et qui vas nous permettre de continuer la bagarre encore longtemps. Faut qu'on te dise quand même, tu fais chier la mort, tu fais chier, parce que sans toi et tous les trucs ignobles que tu impliques, on avait tout, tout pour être heureuses. Mais on le sera à nouveau, j'en suis certaine. Quand on t'aura enfin déglingué définitivement, quand on t'aura sorti de nos têtes, quand on aura rattrapé la vie que tu essaies de nous voler. Des fois on a envie de te gueuler dessus, de te hurler, de te crier, mais enfin, pourquoi tu t'acharnes sur nous, sale pute ? Tu crois pas que tu fais déjà assez de mal comme ça ? C'est ça ton kiff, ton trip, c'est ça qui te fait prendre ton pied ? Tuer impunément, comme ça, des gosses perdues qu'ont rien demandé, des âmes perdues qui tentent juste de retrouver un peu de sérénité. Mais promis juré, on se laissera pas faire. C'est fini maintenant les conneries. On te le redis une dernière fois: tu peut aller te faire foutre. De nos cendres nous renaîtrons, et si derrière toi tu laisses des plaines et des ruines dévastées, sur celles ci se dresseront de vaste champs d'amour et d'espoir.  "



Parce que j'ai rencontré la vraie Elise de la lettre et c'était sans doute la plus belle et la plus triste personne de la terre. 


La Lettre à Elise- Beethoven


mercredi 24 juillet 2013

Un bon début




Tu crois qu'il pense quoi de toi en même temps ? Regarde toi, t'es pitoyable, tu te conduis comme une petite pute. Si tu veut avoir une chance de le retrouver un jour il faudrait arrêter de coucher avec tous les types que tu croises, ce serait déjà un bon début. Cesser de prêter ton lit aux inconnus de grand chemin, à n'importe qui, n'importe quand. Il faudrait arrêter de fumer, mais sans grossir. Il faudrait dormir un peu plus, faire des nuits complètes, se coucher à des heures décentes, se lever avant 16 heures. Arrêter de manger de la merde, de te maquiller comme un camion volé, de chialer pour un oui ou pour un non, le soir quand t'es bourrée, le lendemain matin quand t'as honte. Faudrait d'ailleurs penser à arrêter de boire, de se mettre des taules, des mines, des caisses, les pires cuites du monde, faut arrêter de te déglinguer. Puis tu devrais essayer de sortir toutes ces choses qui te tourmentent de ta tête, les poser sur un papier, les écrire, les dessiner. En parler. De te sortir de ta merde, de tes idées noires, tes souvenirs tristes. Il faudrait aussi faire du sport, trouver des opinions politiques, et quelque chose pour lequel tu pourrais te battre. Aller voir ta mère plus souvent, elle est toute seule tu sais, toute seule. Téléphone lui au moins. Il faudrait trouver un travail stable, avoir des revenus réguliers. Économiser. Prendre un appart, passer ton permis, devenir quelqu'un de respectable. Arrêter de fumer des joints toute la journée. De traîner dans des lieux étranges avec des personnes bizarres ou de squatter chez des gens que tu connais à peine. Il faudrait te faire de vrais amis, des personnes de confiance. Retrouver un peu espoir. 

 Il faudrait que tu lui montres que tu l'aimes, je sais pas comment, mais il faudrait. Peut-être qu'il faudrait que tu lui écrive, que tu lui hurle, que tu le lui glisse quand tu le croises dans un couloir, que tu le peigne sur les murs de chez lui, que tu le dessines dans le ciel. Ce serait un bon début. 



dimanche 21 juillet 2013

Le Mal du siècle




Dans la main droite, un joint qui se consume
Dans un recoin du crane, l'esprit qui s'embrume
Souvent le rouge aux yeux, la jeunesse s'affole, 
Brule du feu de la vie attisé par l'alcool
Boit dans une grande danse désincarnée
Le gigantesque ballet des camés oubliés

Humains si jeunes, déjà désenchantés
Se cherchent dans les nuits sombres des raisons d'exister
Comme dans leurs addictions un moyen de s'échapper
Ils sont les cancres de l'époque qui se saisissent de l'encre
Tentent de réécrire leur sort loin des nombreux esclandres
Mais fumant en chemin se réduisent en cendre...

Dans un bar puis un autre, sècher ses larmes
Sur une épaule qui s'attardera peut être sous le charme
Il n'est pas difficile de faire baisser les armes
A une ame esseulée assaillie par l'ivresse
Quand dans les heures du soir ils frisent l'aliénation
Dérisoire parait parfois tout espoir de guérison



lundi 15 juillet 2013

Disparue, envolée, libre et triste...




"Reviens vite et heureux",  elle lache ça dans un soupir. "S'il te plait, ne tombe pas amoureux de quelqu'un d'autre" dernier sursaut d'égoïsme avant de tourner le dos à un an de patient oscillement entre l'espoir et la crainte. De qui pourrait-il bien tomber amoureux ? Sans doute n'importe qui. Une fille jolie, marrante, qui s'appellerait Kelly ou Valentine, qui serait souriante et gentille. Une fille qui ne se mettrait pas à pleurer au bout de trois verres de vodka quasiment systématiquement. Une fille qui boirait de la bière et du café comme tout le monde, avec qui il pourrait aller au cinéma, parler de littérature et la présenter à ses amis. Une fille qui habiterait ici ou dans le bled à côté, pas une espèce de manouche sans toit, qui se ballade sac au dos, parfois pieds nus, qui n'a pas d'amares, pas d'attaches et qui peut disparaitre du jour au lendemain pendant plusieurs mois sans donner de nouvelles à personne... Pas une fille comme elle.
Il fait déjà jour à 5 heures quinze du matin. La ville est silencieuse. Elle est partie sur la pointe des pieds, dans un souffle, sans réveiller personne. Dans quelques heures, au réveil, qui sait peut-être que quelqu'un s'inquiétera. Peut-être lui sera t-il reconnaissant tout de même de lui avoir épargné des adieux pénibles et douloureux, toujours décevants pour elle. Toujours tristes. Elle est partie également car il commencait à être tôt et elle ne voulait plus attendre. Constamment portée par un flot de courants contradictoires, elle était toujours en perspective de fuite et ne savait pas patienter.
"Mais toi je t'attends pourtant...Et ça fait un an. Sauf qu'aujourd'hui tu vois, je n'ai plus vraiment le temps de t'attendre. Attendre c'est bien quand il y a de l'espoir, sinon ça ne sert à rien. Toi tu n'en as jamais eu, moi je n'en ai plus, alors à quoi bon ? Je crois que l'amour nous met des œillères. Enfin "nous"...façon de parler. En me voilant les yeux j'ai accepté pas mal de choses sans broncher. Parce que je t'aime et que j'ai promis que je serais toujours là pour toi. Mais est ce que ça compte ça maintenant? Et puis est ce que ça t'aide vraiment que je sois toujours là pour regonfler ton ego quand tu en as besoin? C'est rassurant de savoir que quoi qu'il arrive et quoi que l'on fasse, une personne nous aimera toujours inconditionnellement  Et c'est exactement pour ça qu'on se permet de dépasser les limites. Mais regarde moi, si tu arrives à de détacher de ton reflet espèce de prétentieux, regarde moi un peu. Les limites arrivent. Je suis brisée, je n'en peut plus. Loin de toi je suis emplie de nostalgie mais en ta présence je suis triste. Tes gestes sans précaution, des sautes d'humeur, tes regards qui s'en foutent, et mes yeux qui disent "aime moi un peu" dans une larme que tu n’apercevras sans doute pas. Je n'ai jamais compris pourquoi tu avais voulu me garder auprès de toi. Tu disais qu'on ne serait jamais amis, qu'on était pas fait pour ça mais pourtant tu ne voulais pas me lâcher complètement, définitivement... Aujourd'hui je commence à me dire que ce n'est qu'une autre facette de ton égoisme. Et petit à petit je crois que tu es en train de me perdre. Je suis libre après tout. Triste, mais libre. Tu ne m'aimes plus. Je m'en vais."

Elle s'avance sans bruit dans la jungle urbaine qui se réveille calmement. Le ciel est encore un peu rose. Que se dira t-il en découvrant ses draps vides ? Disparue, envolée...


dimanche 7 juillet 2013

Deux âmes en accord ou deux amants en corps à corps



Qu'est ce qu'on a encore fait ?
Est ce qu'on peut accuser l'alcool, la drogue, la chaleur ou la fatigue pour nos actes? Est ce qu'on avait besoin d'être bourrés pour faire ce qu'on a fait ? Disons le autrement, l'aurai t-on fait sobre ? Se réveiller le matin la tête en vrac, dans des draps sales en ayant mal au dos, sans aucun souvenir de la veille. Les doigts enchevêtrés dans d'autres qui ne sont pas ceux qu'on voulait. Parce qu'on s'est loupés sur toute la ligne, quand ceux qu'on aime sont à des centaines de kilomètres, on essaie de se trouver d'autres bras, d'autres bouches à aimer mais on a plus aucun espoir.  C'est pas parce qu'on ne se deteste pas ou qu'on n'est pas amoureux qu'il y a de la place pour l'amitié. Et c'est comme ça qu'on reste vides, à force d'accueillir momentanément les âmes, sans leur faire de place réelle. Des grands garçons passent, piétinent un peu sur leur passage et déménagent aussitôt. Se confondre avec un autre l'espace d'un instant dans des étreintes brèves et décevantes, se permettre parfois d'y humilier des années d'amitié qui valaient bien mieux. Parce que c'est pas comme si on se contentait de dormir avec des inconnus, des gens de passage, sans blesser personne. Pour une caresse, un geste déplacé, on arrive à rabaisser ce qu'on construit depuis longtemps avec des êtres qu'on apprécie au rang de rapport désuni entre deux corps. Tant de pertes pour si peu, des grimaces gênées, des lendemains sans aveux... Et ça peut aller très loin. Car personne n'a de respect pour des gosses qui n'en ont pas pour eux mêmes et personne ne les aidera à en avoir. S'installe alors la censure qui use patiemment les consciences au point de les rendre honteuses d'elles-mêmes. On ne sait plus trop qui on est, partagés par trop de courants contraires. Les gens qu'on aimait ne nous aiment plus. Alors on continue à essayer de fuir. Mais c'est sans fin. 



samedi 6 juillet 2013

Mélodie d'un début d'été




Faudrait qu'on s'casse
Loin de se caser, petit voleur je t'emmène
On a pas besoin d'être adulte ni même que l'été revienne
Seulement 3 sous et un peu d'herbe dans les poches
On s'en va sans claquer les portes
Sans en faire tout un cinoche

"Alors c'était comment ?"
Le sourire jusqu'aux oreilles, le regard insolent,
Ils attendent tous que je craque, que je lave le maquillage,
Que devant eux enfin je montre mon vrai visage
Il ne veulent plus m'entendre dire "ici tout va bien"
Quand ca sonne si faux, si lointain

Je t'ai vu te retourner
Les yeux qui ne cherchent pas à rester
Juste un geste pour embrasser les bris de notre amitié passée
Dans l'absence d'une conscience ou de quelqu'un à protéger
Trois pas plus loin
La page est déjà tournée.