"L'apparence n'est rien, c'est au fond du coeur qu'est la plaie" Euripide

lundi 28 mai 2012

C'est l'histoire d'un koala

Danseuse


Je sais pas.
Le koala d'Alexandre m'observe sur le mur en face de moi. Je l'ai enfin obtenu ce foutu koala. Ça faisait un an que je le voulais, depuis que Alexandre s'était mis à la peinture et avait peint ce koala. Mais j'en ai bavé pour l'obtenir, hein, parce que un coup il était réservé pour quelqu'un d'autre (une fille avec qui il voulait baiser sans doute, bref), un coup je passais chez lui pour le prendre et Alexandre n'était pas là (ça arrive régulièrement) et puis pleins d'autres trucs. Bon l'autre jour j'étais chez lui et je me suis rappelé de l'existence du koala, Alexandre a ouvert sa vieille pochette à dessin et Gaétane me l'a enroulée en tube pour pas l’abîmer. Je me suis trimbalée chez la psy avec, et à la sortie évidemment il pleuvait.
Et maintenant il est accrochée au mur, au dessus de mon bureau. Joli koala.

Noé va même plus se coucher dans son lit, il s'allonge sur le sol, et il ouvre plus un oeil. Je sais qu'il est pas mort parce qu'il respire mais quand même. Fait chier. Puis mon père croit que je boit trop alors que je fais juste une grosse rechute. Enfin, "juste". J'ai pas envie de demander du réconfort. Ca sert à rien de compliquer ce qui est déjà mal foutu. J'oscille. C'est ça le mot. Enfin peut-être.
L'homme est un animal, j'entends. Du coup en enchaînant les cigarettes, je me demande ou est passé mon instinct de survie. Des allers-retours en scoot. Encore des cigarettes. Un cookie, un café, un chapitre d'histoire. Tout ça, avalé à la va-vite, pour être mieux recraché plus tard, et pour ne pas être à la bourre.
J'entends la "moi"-gosse qui hurle de chagrin tous les soirs, quand ma mère me repousse, quand ma soeur m'insulte, et des personnes qui s'interessent à moi pour les mauvaises raisons m'ignorent, de lassitude. L'an dernier je passais mon oral de bac d'anglais, puis mon père prenait 60 balais très loin de la maison. Il est revenu depuis, et tout est passé tellement vite.
A quoi ça tient? un sourire, un coup de fil, en pleine écriture de son drame, de l'herbe, une chanson, mais pas n'importe la quelle. Non. Ce serait trop facile. Mais si tout pouvais l'être, si on pouvait desserrer ses doigts sans se tordre le poignet de douleur, si l'air de Paris remplaçait les bouffées de weed, si on avait toujours quelqu'un à frôler de la main à 4 heures du matin... Peut être que tout irait mieux, si c'était pas déjà le chaos.  Si on avait un plan de secours.
J'aimerais que quelqu'un comprennes, mais je n'ai pas envie de me raconter. Avoir à parler, encore. A expliquer aux gens qui on est et ce que l'on veut. Ils n'y comprennent jamais rien. Des fois comme ça, j'ai envie que ce soit l'hiver et qu'il fasses -5 degrés pour avoir une bonne raison de ne pas sortir. Mais non, avec 25 à l'ombre, je suis obligée de me traîner à l'extérieur, assurer le minimum syndical: une bise, deux sourires, trois cafés, quatres mots, cinq clopes. Et finalement rentrer, gober un calmant, faire un cauchemar, et relancer le compte à rebours jusqu'au prochain calmant.

Je ne sais toujours pas quoi dire d'intéressant.
J'aurais peut-être du m'en tenir au koala.



dimanche 27 mai 2012

Les chansons du dimanche


"J'voulais entretenir la flamme, j'ai tout foutu en cendres..."






Je ne comprends pas ce qui se passe, je ne comprend pas comment ni pourquoi ca marche.
Non, pourquoi ça ne marche pas.

Car dans le fond, ce n'est pas une si grande victoire que de gagner les larmes aux yeux. Je ne comprend pas pourquoi tout est allé si mal alors que je prétendais aller si bien. La tristesse et la fatigue s'alternent. Quand on est habitué à avoir quelqu'un qui nous aime quelque part quoi qu'il arrive, c'est drôlement dur de se battre quand plus personne ne nous aime nulle part.



Un hommage à Brel par Lucio Bukowski <3



"je jouis du privilège de pouvoir observer le chaos de monde de temps en temps" M. Milza

vendredi 25 mai 2012

"J'ai dormi 16 heures"

Noé aime bien ma peinture 


"Qui me porte ? -T'as le sol pour te porter!"
"comment voulez vous réussir un concours bac + 1 quand mentalement vous êtes des débiles à bac - 3 ?"
"Il s'en remettra."
"Comment elle va ta souris ? -C'est un rat."
"Raconte moi une blague"
"Vous êtes en prépa et vous ne travaillez pas ? Et en plus vous payez pour ne pas travailler ?"
"La plus belle!"
"Gandhi est un anorexique complétement allumé du bocal"
"Je me suis couché à 1 heure, mon réveil a sonné à 7 heures, je l'ai pas entendu, je me suis réveillé seulement à 17 heures...j'ai dormi 16 heures"
"Il faut renoncer à certaines choses, pour faire ses choix, et grandir."
"Un science pallien bien éduqué est capable de travailler pendant un tremblement de terre de force 7 sur l'échelle de Richter. "
"T'es pas vraiment une soeur pour moi... nan t'es plutôt comme un frère."
"si l'administration vous impose de faire trois tours de la salle topless avant de composer, ba si vous voulez faire votre compo, vous devrez le faire. "
"Ah lalala, on a encore trop bu"
"Tu vas leur montrer que tu es quelqu'un d'extraordinaire, même à moitié mort."
"Tu fais n'importe quoi."
"C'est une bonne aryenne Gabrielle. -Nan, c'est un homme. C'est un bon à rien."


J'ai pas envie de me justifier de quoi que ce soit. J'ai plus envie de me laisser emmerder par quoi que ce soit en dehors du travail. Maintenant c'est ma vie le travail. Alors quand je m'accorde des pauses, j'ai pas l'intention de les passer à faire autre chose que ce dont j'ai envie. 
D'ailleurs si j'ai envie de balancer des phrases entre guillemets sans organisation et sans préciser mes sources je le fais. J'aime bien retranscrire à l'écrit tout ce qui se dit à l'oral, les mots prennent plus de sens et je me rend compte à quel point il y a du génie dans mon entourage, au détours de leurs phrases. 



jeudi 24 mai 2012

Impact





J'avance dans Versailles avec un groupe de gens divers de ma connaissance, dont un ou deux animateurs de ma dernière colo, et mon père. Environ 5 ou 6. tout est très flou. Soudain mon père essaie de me tuer. J'essaie de m'enfuir avec une personne du groupe, on court se cacher dans des hautes herbes... Les autres sont sur un trottoir de l'autre côté de la route. Mon père nous guette avec un flingue, je crois. 
Puis celui qui veut me tuer ressemble de moins en moins à mon père, c'est en fait un inconnu total, mais il me cherche toujours. La gamine avec qui je me suis enfuie a disparu. Elle est peut-être morte, mais je n'ai pas entendu de coups de feu. Je ne pense plus à elle. Je me retrouve piégée dans un magasin de bonbons, ou on m'accuse d'avoir volé les courses d'une vieille, le groupe de personne du départ, et le mec qui veut me tuer. Je me fais séquestrer dans une espèce de maison blanche de forme circulaire. Grace à l'aide des autres je parviens à m'échapper mais l'Homme part à ma recherche. Il est seul maintenant les autres ne le suivent plus. Je me cache quelques temps chez une vendeuse et son mari qui me font accroupir derrière le comptoir, c'était des bouchers je crois. 
A la fin de longs moments à me cacher ou à fuir, je me retrouve devant une immense allée. Je sais que si je reste ici, l'Homme va me retrouver et me tuer. Si j'arrive au bout de l'allée je suis sauvée, c'est la "Frontière". Mais je sais que l'Homme est proche. Si je cours je vais peut-être mourir, mais si je reste, c'en est certain. 
Je m'élance de toutes mes forces en vue de la frontière. Je suis presque au bout de l'allée quand une détonation retentit. Je meurs d'une balle en plein front. L'impact est rond, entre mes deux yeux, le sang ne gicle pas. Je suis morte en essayant de sauver ma vie. Je suis morte. Et je me réveille...

Réponse de ma psy : "Vous devez avoir des relations conflictuelles avec votre père."
Elle a fait dix ans d'études pour me dire ça. 80 euros.
Je l'adore.


mercredi 23 mai 2012

Elle est comme ça

Elle a le profil type "hippie-bobo-artiste-musicienne". Le genre de fille qui sait tout faire, avec l'air de pas y toucher. Sauf les cours. Les cours elle sait pas trop faire. Enfin pas encore. Enfin déjà ça va beaucoup mieux qu'avant. Bref, c'est pas ça l'important. Donc elle sait tout faire. Et vas-y que je te joue de la guitare, et vas-y que je chante par dessus, et puis vas-y que j'écris mes paroles moi même. En anglais presque correct. Elle fait ses compos chez elle avec son matos, et elle a appris à jouer quasi seule. Elle fait des dessins psychédéliques avec un stylo bic noir. "quand elle s'ennuie".

Voilà, déjà ça donne le ton, elle est assez fondamentalement cool. Et comme elle est cool, elle a de beaux cheveux blonds vénitiens, elle est ultra mince, elle porte des jeans slims, le regard absent et son sac bandoulière sur l'épaule. Elle est pas bonne, elle est juste belle. Elle est réservée, mais elle mord pas. Elle est juste pas bavarde. Du coup, elle dit moins de conneries que la moyenne des gens. Elle demande jamais d'aide. Elle se débrouille toujours toute seule. Elle est blindée, depuis qu'elle travaille à Carrefour. Elle se plaint pas. Elle se fait chier dans ce boulot pourri, mais elle en rigole. Elle rigole souvent et ça la rend encore plus belle.

Alors forcément, elle est drôle. Rien que pour moi au début. On s'est connues comme ça, en fait, en se marrant. Bref, maintenant elle a un copain, cool lui aussi, et des amis parfois un peu moins cool. Elle rigole avec eux aussi, ça en fait un peu moins pour moi. Mais toujours, avec un petit coup dans le nez, et même parfois sobres, on se marre comme ça. Ca la fait chier quand je parle de politique, de mes lectures, de mes études. Mais en fait quand elle est là, c'est l'euphorie, je redeviens la personne que j'étais quand je l'ai connue, version améliorée. Je me dit que quand elle sera plus là, je me ferais sacrément chier. A Science Po l'humour c'est assez mal vu. Peut-être, avant de partir, on fumera la fin d'un pochon de weed sur un toit. On boira une bouteille. Sur le quai de la gare, mes valises sous les yeux, pour un nouveau départ, je sais qu'on s'appellera pas. On s'appelle jamais. J'espere juste qu'elle sera là à mon retour.

Elle est complètement folle.


mardi 22 mai 2012

Délit de fuite - Chapitre 3



mai 2011 -

Il l'a aimé comme il l'a quitté, sans vraiment savoir pourquoi. Fidèle à la vie, il lui a été infidèle à elle qui l'étouffait, elle qui pleurait sans arrêt, qui ne faisait plus le poids et ne pesait plus ses mots.
Il ne se rappelle plus à quel moment elle a commencé à devenir compliquée. Et c'était dur de la voir dans cet état, des lieux, décombres, c'était un gros bordel. Il préférait regarder ailleurs en fumant une cigarette. Même plus d'espoir, rien du tout. Il faudrait qu'elle prenne, merde!
Qu'elle prenne sur elle. 

Il observe, ne dit jamais rien. Elle ne pleure plus, elle raconte, les cicatrices, la peur, les nuits interminables, le rouge enfer des amours enfantines... Elle lui raconte tout. Il voudrait foutre le camp, mais pour ça il faudrait prendre une décision, à cause de cette foutue liberté. 
C'est bien beau la liberté. Mais merde quoi. Liberté de parole pour blesser les gens qui nous aiment et liberté d'opinion pour leur donner le droit de ne plus nous aimer. 

Il ne l'aime plus ou alors il s'en persuade. Peu importe au final, l'important c'est le résultat. Leurs regards qui ne se croisent plus, leurs corps qui ne supportent pas de se toucher, leurs discussions qui tournent court et les silences pleins de malaise, voilà le résultat. Il essaie de faire les choses bien, et si c'est pas possible, de limiter la casse. Voilà tout. 


La première chose qu'il fait au réveil c'est de fumer une clope.
Il est retourné à l'anormal. 
Il ne reviendra plus. 

dimanche 20 mai 2012

Lacrymal


"Les plombs ont sauté, ma plaque chauffante a explosé, on a plus d'électricité, ni d'eau, on ne peut pas manger, il fait tout noir, mon frère était tellement malheureux qu'il s'est suicidé : il s'est pendu puis il a sauté par la fenêtre, ma chienne est morte, elle s'est débranchée, moi je me suis coupé un pied et mes parents ne rentrent que cet après-midi !"

C'est magnifique l'amour, mais c'est quand même bien de se raconter des blagues jusqu'à 4 heures du matin. J'ai jamais vraiment vu de gens qui se sont bien quittés. Déjà parce que je si on était "bien" on ne se quitterait pas. Tout est menacé d'implosion.
Et je détruit tout sur mon passage, car c'est tout ce que je sais faire, c'est ma seconde peau, ma sale manie, une habitude vieille de mille ans. J'arrange tout, je reconstruis, pour mieux briser. Affreuse, sale et méchante, devant les affres de ta misère, tu déchantes...
Alors je voudrais que tout soit au mieux, même si je fait tout mal.

No more hope.



jeudi 17 mai 2012

mercredi 16 mai 2012

En espérant.

Dunhill


Des baskets fleuries, un jean troué, une marinière rose;
Deux paquets de clopes, alors que je ne fume plus;
Un café et un monaco à 4 euros 50.
En terrasse sous le soleil, à Versailles
Loin de ma chambre, noire. 
Vers la fin de mon mémoire, c'était pas écrit. 
Alors on prend les mêmes, et on recommence
Sans comptes à rendre, sans rien. 
En espérant qu'on soit heureux. 
Parce qu'imagine. 
Imagine qu'on soit libres,
Et que personne t'oblige. 
Imagine que tu n'imagines pas.
Imagine que jamais personne ne t'oblige à rien.
Tu vois le bordel ?
Le fond oui, mais alors la forme... à retravailler.
Imagine qu'on puisse trinquer!
Mais seulement à notre santé.
De comptes à rendre à personne.
Sauf qu'on est deux.
Alors...en espérant qu'on soit intègres.
Parce que s'aimer ne suffit pas.
Même si, ça donne envie d'espérer encore plus.
Enfin parfois.
Mais moi de l'espoir j'en ai plein !
Et tout va bien, en espérant...
Entre autre.


PS : J'écoute la merveilleuse "Lettre à Elise" (non Arthur, ne me frappe pas), j'ai mangé des sushis, je pars (peut-être) en Espagne cet été, j'ai recu ma carte Visa, mon mémoire est presque bouclé, Noé ne mord plus (youpi), je vais prendre un café avec C., diner avec les copains samedi soir, j'ai enfin pu remonter à cheval hier grace à ma formidable maman,  et tout va merveilleusement bien, tout retrouve couleur, et je souris comme une idiote dans la rue, toute seule, et j'ai envie de danser, de faire l'amour, d'écouter pink floyd et de fumer des joints en même temps. 

dimanche 13 mai 2012

Les chansons du dimanche



Beaucoup de thé, un mémoire qui n'avance pas, de la peinture, les yeux secs, le coeur creux. Je ne me sens ni mal ni bien, je ne suis ni triste ni en colère, je ne ressent absolument rien. Je suis cloisonnée dans ma chambre, devenue refuge et tour d'ivoire. Je ne fume plus. Je ne sors plus. Je reste dans ce lit, ou nous dormions ensemble, et j'attends. Je me sens morte dans ma tête.


vendredi 11 mai 2012

Tragédie d'une trajectoire



Alors c'est comme ça que ça s'arrête
Ni porte qui claque, ni tempête,
Ni rien; juste mes larmes sur le bitume
L'amère désillusion de mes tourments qui se répètent
On se fait des romans, on s'entête
Et ce n'est que tristesse qui se jette de ma plume
Trop inquiète pour la suite. Ou trop pleine d'amertume.



Je n'ai jamais eu aussi mal à la cheville depuis 7 mois et 11 jours.

mardi 8 mai 2012

Tout va bien





Il s'est passé beaucoup de choses, et j'en ai retenu peu. 
Juste ce qu'il fallait. 


Tout va bien. J'ai passé la soirée à pleurer de rire, toucher les cheveux de tout le monde et parler politique sur un toit. Ce matin je me suis réveillée dans un squat hippie, allongée sur des cendres, des téléphones, de la nourriture, enroulée dans un drap, ou une serviette peut-être, et agressée verbalement par trois affreux junkies qui me réclamaient des feuilles slims. Ca puait la drogue.
J'aime bien cette expression, "se droguer". Les verbes pronominaux, comme ça, on les emploie pas trop. Ca fait rentrer notre interlocuteur dans notre sphère privée et ça c'est absolument intolérable. Tout le monde dit : "Je vais boire/fumer" et on entend jamais "je vais me droguer". On est peut-être frères, mais on est pas jumeaux, donc de là à avouer devant les autres qu'on est quelqu'un derrière l'enveloppe... "Se droguer" c'est comme "s'aimer". Quand on les utilise, ça veut dire qu'on est conscients que c'est nos actes qui se répercutent sur nos vies. Mais aussi et surtout sur le fait que nous agissons de notre plein gré. On aurait presque tendance à l'oublier.

Tout va bien.

Tout va bien, et ça ne fait pas de mal de le rappeler. C'est la fin des regards fuyants, pour la première fois depuis un an. Enfin, la reconnaissance, l'armistice. La guerre est finie. On a oublié l'echec mais pas les leçons. Et je suis libre comme l'air, ma nouvelle aire.


Je ne veux plus m'ennuyer, je ne veux plus me sentir étouffée, je ne veux plus pleurer pour rien, m’énerver, devoir m'arrêter de rire, je ne veux plus me faire de soucis, je veux faire tout ce que je veux quand je veux, mais surtout tout ce que j'ai à faire, et avec le sourire. Je ne veut que les bons côtés, alors il va falloir t'accrocher. Parce que je ne veux pas attendre non plus. Mais l'important c'est maintenant, et tu vois, je suis là. Comme promis. 



dimanche 6 mai 2012

Les chansons du dimanche




"Gabrielle Marie Richard, a voté !" pour la première fois de ma vie, avec ma maman et mon papa, un dimanche gris qui annonce bien la suite. L'endettement c'est maintenant chers français. enfin jusqu'à preuve du contraire, mais ça sert plus à rien de prier


QUITTE MOI


J'ai pas envie de travailler, j'ai pas envie de sortir, de faire des efforts, d'être jolie et gentille, j'ai pas envie de voir des gens, j'ai pas envie de soleil, ni d'amour, ni de rien du tout, sauf peut être rester enfermée, Noé sur le ventre, en mangeant du raisin et en buvant du thé au fruits rouges. 



On se tient la main juste pour ne pas se lacher,
Juste pour s'assurer qu'on est pas seuls,
Qu'il y a bien quelqu'un. - Gab


samedi 5 mai 2012

Aire libre




J'ai 18 ans. Et en écrivant ces mots, je me souviens. 

L'an dernier, mon anniversaire avais gout de fracas, au son du meurtre de la meilleure amie de ma mère, du tourbillon science-pallien dans lequel je m'étais engouffré sans trop savoir comment et des rendez-vous psychiatriques qui commencaient. J'avais 17 ans, et je voyais là le dernier anniversaire de ma vie. Oui c'est une enfant qui parle, une gosse qui ne sait pas, qui n'a pas vécu. Un déménagement, une maladie, une rupture et c'est la fin. Mais les adultes ne mesurent les pertes qu'en choses matérielles. Je n'ai jamais été sans toit, j'ai recouvré la santé et des amours, j'en ai eu d'autres. 
Mais là, je vous parle à coeur ouvert, je vous parle d'une souffrance qui ne se mesure pas en euros, ni en années, ni en larmes. Un mal qui vient du fond de l'être, qui déploie des tentacules dans l'âme entière, qui la broie, la désintègre et la bousille. On peut parler de maladie, puisque j'ai vu des médecins. On peut parler de folie, puisque je ne contrôlais plus rien. On peut parler de crise d'ado aussi, puisque je n'étais-et ne suis- qu'une môme. Mais je ne parle pas dans le vide, je vous parle de ce que je sais, de ce dont je revient. Je vous parle de dépression, sans parler de "nerveuse" car ce n'est pas une affaire de nerfs qui lache; c'est bien pire. Quand on a peur de l'obscurité, tout devient noir. Une terreur absolue de l'abandon a étouffé mes amitiés les plus sincères. Des bouffées de panique m'ont contraint à tout détruire sur mon passage. Du rire aux larmes, lunatiques pour les uns, bipolaires pour les autres, et la sentence tombe : "vous souffrez de dépression majeure réactionnelle". 

Silence. Ah bon.

"On peut vous aider". J'aquiesce. 
C'est ce qu'on dit. 

Puis ras-le-bol. Les voix dans ma tête, le chaos total, une frénésie destructrice me guidait, je fumais et je buvais trop; j'essayais d'oublier, mais quoi? je ne savais même plus. J'était le boureau et la victime. Je ne pensais qu'au suicide, à la mort, à la douleur. Il n'y avait plus de place pour le pardon, le travail, la reconnaissance, il n'y avait plus de place pour rien. Avec mes ciseaux, je me dessinait les poignets quand sur des grandes feuilles blanches je tentais d'exorciser ma folie à coup de crayons. Tout était dans ma tête. Le désordre, le désequilibre, le "trouble mental". De tout ça, j'en suis revenue, j'en reviens encore, et je tente d'arriver parmi vous. De vous comprendre, d'apprendre et de vous apprendre, le peu que je sais. 

J'ai 18 ans. 
Je me souviens du reste. Des mains tendues qui tentaient de me tirer de mes errances, des appels à la raison, de la bienveillance. Des clopes et des sourires les jours de pluie. Je me souviens de tout. 
Ceux qui m'ont épaulé malgré mon mal de vivre, et sans m'appesantir sur le sujet je voudrais les remercier, ceux sans qui aujourd'hui, je ne sais pas ou j'en serai. J'ai eu la chance de connaitre beaucoup et souvent des personnes admirables et pleines d'humanité. J'ai été un calvaire qu'ils ont porté avec force. J'ouvre les yeux tous les jours sur tout l'amour dont j'ai bénéficié sans pouvoir le rendre. Ceci est un hommage, aux gens qui m'ont sauvés. 
Certains se reconnaitront, d'autres non, la liste est longue, des mères qui m'ont accueuillies chez elles aux amis qui m'ont soutenus, aux simples dialogues ou sourires, des rencontres qui ouvrent les yeux. 
De nouvelles personnes partagent ma vie aujourd'hui. Je guéris toujours. Je suis en paix et je souhaite à tous de la trouver un jour. Mes écrits sont jugés tristes, celui là se veut plein d'espoir. Il n'y a pas de honte à être aidé, tant que c'est dans le but de s'en sortir. Aujourd'hui, je compte vivre longtemps, assez longtemps pour remercier ceux qui m'ont aidé, assez longtemps pour aider ceux qui n'ont pas la chance d'avoir un entourage comme le mien. Je vais bien, et même si c'était mon combat, je vous doit beaucoup. 


Ici on veut tous voir nos cicatrices guérir. 

"Dépression : on n'a pas le droit d'utiliser ce terme sous n'importe quel prétexte. C'est lourd, ce mot, c'est sérieux. Parce qu'ils n'ont pas obtenus ce qu'ils convoitaient, parce qu'il pleuvait dehors ou qu'il faisait gris, ils ont dit qu'ils avaient la "déprime". Le mot et sa réalité recouvrent une autre tragédie, physique et psychique, un mystère, un mal, et ce mal, il est indispensable qu'on le traite, qu'on le soigne et, surtout, qu'on le dise, qu'on l'exprime. " P. Labro


mardi 1 mai 2012

amertume





Je te legue mes lignes acerbes,
te sers ma verbe amère
et te dépeint ma rancoeur
sans desserrer les poings
Jusqu'au fond de mon coeur
je brule de colère,
et je lache ta main;
embarque mon revolver
et m'écarte de ta lumière;
reste donc au dehors
tandis qu'en moi je me terre
loin de nos désaccords
ma haine est linéaire
j'éclate donc en plein vol
et en avant première
tu sentiras mes lèvres
au gout de somnifères
N'attends pas que je m'endorme
pour refermer la porte
au risque qu'on m'ignore,
je m'isole avec mes nerfs
J'espere que tu m'entends:
je ne souhaite pas qu'on me libère
Puis de toute manière
Peu importe mon sort
Ecoeurée de nos pleurs
et je n'en suis pas fière
mais tout cela s'évapore
au gré de mes prières
S'emerveille dans mes veines
et que Dieu me pardonne.